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Ajoutons que l’étude d’une doctrine, telle que la doctrine spirite,
qui nous lance tout à coup dans un ordre de choses si nouveau et si
grand, ne peut être faite avec fruit que par des hommes sérieux, persévérants,
exempts de préventions, et animés d’une ferme et sincère volonté d’arriver
à un résultat. 2
Nous ne saurions donner cette qualification à ceux qui jugent à priori,
légèrement et sans avoir tout vu ; qui n’apportent à leurs études ni
la suite, ni la régularité, ni le recueillement nécessaires ; 3
nous saurions encore moins la donner à certaines personnes qui, pour
ne pas faillir à leur réputation de gens d’esprit, s’évertuent à trouver
un côté burlesque aux choses les plus vraies, ou jugées telles par des
personnes dont le savoir, le caractère et les convictions ont droit
aux égards de quiconque se pique de savoir vivre. 4
Que ceux donc qui ne jugent pas les faits dignes d’eux et de leur attention
s’abstiennent ; personne ne songe à violenter leur croyance, mais qu’ils
veuillent bien respecter celle des autres.
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Ce qui caractérise une étude sérieuse, c’est la suite que l’on y apporte.
6
Doit-on s’étonner de n’obtenir souvent aucune réponse sensée à des questions,
graves par elles-mêmes, alors qu’elles sont faites au hasard et jetées
à brûle-pourpoint au milieu d’une foule de questions saugrenues ? 7
Une question d’ailleurs est souvent complexe et demande, pour être éclaircie,
des questions préliminaires ou complémentaires. 8
Quiconque veut acquérir une science doit en faire une étude méthodique,
commencer par le commencement, et suivre l’enchaînement et le développement
des idées. 9
Celui qui adresse par hasard à un savant une question sur une science
dont il ne sait pas le premier mot, sera-t-il plus avancé ? 10
Le savant lui-même pourra-t-il, avec la meilleure volonté, lui donner
une réponse satisfaisante ? Cette réponse isolée sera forcément incomplète,
et souvent par cela même inintelligible, ou pourra paraître absurde
et contradictoire. 11
Il en est exactement de même dans les rapports que nous établissons
avec les esprits. Si l’on veut s’instruire à leur école, c’est un cours
qu’il faut faire avec eux ; mais, comme parmi nous, il faut choisir
ses professeurs et travailler avec assiduité.
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Nous avons dit que les esprits supérieurs ne viennent que dans les réunions
sérieuses, et dans celles surtout où règne une parfaite communion de
pensées et de sentiments pour le bien. 13
La légèreté et les questions oiseuses les éloignent, comme, chez les
hommes, elles éloignent les gens raisonnables ; le champ reste alors
libre à la tourbe des esprits menteurs et frivoles, toujours à l’affût
des occasions de se railler et de s’amuser à nos dépens. 14
Que devient dans une telle réunion une question sérieuse ? Il y sera
répondu ; mais par qui ? 15
C’est comme si au milieu d’une troupe de joyeux vivants vous alliez
jeter ces questions : Qu’est-ce que l’âme ? Qu’est-ce que la mort ?
et autres choses d’aussi récréatif. 16
Si vous voulez des réponses sérieuses, soyez sérieux vous-mêmes dans
toute l’acception du mot, et placez-vous dans toutes les conditions
voulues : alors seulement vous obtiendrez de grandes choses ; 17
soyez de plus laborieux et persévérants dans vos études, sans cela les
esprits supérieurs vous délaissent, comme le fait un professeur pour
ses écoliers négligents. >>>
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(Première édition - 1857)