LES ESPRITS MARQUÉS.
Il y a beaucoup d’Esprits supérieurs qui concourront puissamment à l’œuvre réorganisatrice, mais tous ne sont pas des messies. Il faut distinguer :
1º Les Esprits supérieurs qui agissent librement, et de leur propre volonté ;
2º Les Esprits marqués, c’est-à-dire désignés pour une mission importante. Ils ont le rayonnement lumineux qui est le signe caractéristique de leur supériorité. Ils sont choisis parmi les Esprits capables de la remplir ; cependant, comme ils ont leur libre arbitre, ils peuvent faillir par manque de courage, de persévérance ou de foi, et ils ne sont pas à l’abri des accidents qui peuvent abréger leurs jours. Mais comme les desseins de Dieu ne sont pas à la merci d’un homme, ce qu’un ne fait pas, un autre est appelé à le faire. C’est pourquoi il y a beaucoup d’appelés et peu d’élus. Heureux celui qui accomplit sa mission selon les vues de Dieu et sans défaillance !
3º Les Messies, êtres supérieurs parvenus au plus haut degré de la hiérarchie céleste, après avoir atteint une perfection qui les rend désormais infaillibles et au-dessus des faiblesses humaines, même dans l’incarnation.
Admis dans les conseils du Très-Haut, ils reçoivent directement sa parole, qu’ils sont chargés de transmettre et de faire accomplir. Véritables représentants de la Divinité, dont ils ont la pensée, c’est parmi eux que Dieu choisit ses envoyés spéciaux, ou ses Messies pour les grandes missions générales, dont les détails d’exécution sont confiés à d’autres Esprits incarnés ou désincarnés, agissant par leurs ordres et sous leur inspiration.
Des Esprits de ces trois catégories doivent concourir au grand mouvement régénérateur qui s’opère.
(Extase somnambulique ; Paris, † 1866.)
Je viens, mes amis, confirmer l’espérance des hautes destinées qui attendent le Spiritisme. Ce glorieux avenir que nous vous annonçons sera accompli par la venue d’un Esprit supérieur qui résumera, dans l’essence de leur perfection, toutes les doctrines anciennes et nouvelles et qui, par l’autorité de sa parole, ralliera les hommes aux croyances nouvelles.
Semblable au soleil levant, il dissipera toutes les obscurités amoncelées sur l’éternelle vérité par le fanatisme et l’inobservance des préceptes du Christ.
L’étoile de la nouvelle croyance, le futur Messie, grandit dans l’ombre ; mais déjà ses ennemis frémissent, et les vertus des cieux sont ébranlées.
Vous demandez si ce nouveau Messie est la personne même de Jésus de Nazareth ? Que vous importe, si c’est la même pensée qui les anime tous les deux ! Ce sont les imperfections qui divisent les Esprits ; mais quand les perfections sont égales, rien ne les distingue ; ils forment des unités collectives sans perdre leur individualité.
Le commencement de toutes choses est obscur et vulgaire ; ce qui est petit grandit ; nos manifestations, accueillies d’abord par le dédain, la violence ou l’indifférence banale de la curiosité oisive, répandront des flots de lumière sur les aveugles et les régénéreront.
Tous les grands événements ont eu leurs prophètes, tour à tour encensés et méconnus. Ainsi que Moïse conduisait les Hébreux, nous vous conduirons vers la terre promise de l’intelligence.
Similitude frappante ! les mêmes phénomènes se reproduisent, non plus dans le sens matériel destiné à frapper des hommes enfants, mais dans leur acception spirituelle. Les enfants sont devenus adultes ; le but grandissant, les exemples ne s’adressent plus aux yeux ; la verge d’Aaron est brisée, et la seule transformation que nous opérons est celle de vos cœurs rendus attentifs au cri d’amour qui, du ciel, se répercute sur la terre.
Spirites ! comprenez la gravité de votre mission ; tressaillez d’allégresse, car l’heure n’est pas éloignée où le divin envoyé réjouira le monde. Spirites laborieux, soyez bénis dans vos efforts, et soyez pardonnés dans vos erreurs.
L’ignorance et le trouble vous dérobent encore une partie de la vérité que le céleste Messager peut seul révéler tout entière.
(SAINT LOUIS ; Paris, † 1862.)
La venue du Christ a ramené votre terre à des sentiments qui l’ont, pour un instant, soumise à la volonté de Dieu ; mais les hommes, aveuglés par leurs passions, n’ont pu garder en leur cœur l’amour du prochain, l’amour du Maître du ciel. L’envoyé du Tout-Puissant a ouvert à l’humanité la route qui conduit au séjour bienheureux ; mais l’humanité a reculé du pas immense que Christ lui avait fait faire ; elle est retombée dans l’ornière de l’égoïsme, et l’orgueil lui a fait oublier son Créateur.
Dieu permet qu’une fois encore sa parole soit prêchée sur la terre, et vous aurez à le glorifier de ce qu’il a bien voulu vous appeler, des premiers, à croire ce qui plus tard sera enseigné. Réjouissez-vous, car les temps sont proches où cette parole se fera entendre. Améliorez-vous en profitant des enseignements qu’il nous permet de vous donner.
Que l’arbre de la foi, qui prend en ce moment de si vivaces racines, porte ses fruits ; que ces fruits mûrissent comme mûrira la foi qui anime aujourd’hui quelques-uns d’entre vous !
Oui, mes enfants, le peuple se pressera sur les pas du nouveau messager annoncé par Christ lui-même, et tous viendront écouter cette divine parole, car ils y reconnaîtront le langage de la vérité et la voie du salut. Dieu qui nous a permis de vous éclairer, de soutenir votre marche jusqu’à ce jour, nous permettra encore de vous donner les instructions qui vous sont nécessaires.
Mais vous aussi, qui des premiers avez été favorisés de la croyance, vous avez votre mission à remplir ; vous aurez à amener ceux d’entre vous qui doutent encore de ces manifestations que Dieu permet ; vous aurez à faire luire à leurs yeux les bienfaits de ce qui vous a tant consolés ; car dans vos jours de tristesse et d’abattement, votre croyance ne vous a-t-elle pas soutenue ; n’a-t-elle pas fait naître en votre cœur cette espérance qui, sans elle, vous eût laissés dans le découragement ?
C’est là ce qu’il faudra faire partager à ceux qui ne croient pas encore, non par une précipitation intempestive, mais avec prudence et sans heurter de front des préjugés dès longtemps enracinés. On n’arrache pas un vieil arbre d’un seul coup, comme un brin d’herbe, mais peu à peu.
Semez dès à présent ce que plus tard vous voudrez récolter ; semez le grain qui viendra fructifier sur le terrain que vous aurez préparé et dont vous-mêmes recueillerez les fruits, car Dieu vous tiendra compte de ce que vous aurez fait pour vos frères.
(LAMENNAIS ; le Havre, † 1862.)