AVENIR DU SPIRITISME.
Après ses premières étapes, le Spiritisme, aguerri, se dégageant de plus en plus des obscurités qui lui ont servi de langes, fera bientôt son apparition sur la grande scène du monde.
Les événements marchent avec une rapidité telle, qu’on ne peut méconnaître la puissante intervention des Esprits qui président aux destinées de la terre. Il y a comme un tressaillement intime dans les flancs de votre globe en travail d’enfantement ; de nouvelles races sorties des hautes sphères viennent tourbillonner autour de vous, attendant l’heure de leur incarnation messianique, et s’y préparant par l’étude des vastes questions qui remuent aujourd’hui la terre.
On voit de tous côtés des signes de décrépitude sur les usages et les législations qui ne sont plus en rapport avec les idées modernes. Les vieilles croyances endormies depuis des siècles semblent se réveiller de leur torpeur séculaire, et s’étonnent de se voir aux prises avec de nouvelles croyances émanées des philosophes et des penseurs de ce siècle et du siècle passé. Le système abâtardi d’un monde qui n’était qu’un simulacre s’écroule devant l’aurore du monde réel, du monde nouveau. La loi de solidarité, de la famille a passé aux habitants des États pour conquérir ensuite la terre entière ; mais cette loi si sage, si progressive, cette loi divine, en un mot, ne s’est pas bornée à ce résultat unique ; s’infiltrant dans le cœur des grands hommes, elle leur a enseigné que, non-seulement elle était nécessaire à la grande amélioration de votre séjour, mais qu’elle s’étendait à tous les mondes de votre système solaire, pour s’étendre de là à tous les mondes de l’immensité !
Elle est belle, cette loi de la solidarité universelle, car dans cette loi se trouve cette sublime maxime : Tous pour chacun et chacun pour tous.
Voilà, mes fils, la vraie loi du Spiritisme, la véritable conquête d’un avenir prochain. Marchez donc dans votre voie imperturbablement, sans vous soucier des railleries des uns et des amours-propres froissés des autres. Nous sommes et nous resterons avec vous, sous l’égide de l’Esprit de Vérité, mon maître et le vôtre.
(ERASTE ; Paris, † 1863.)
Le Spiritisme étend chaque jour le cercle de son enseignement moralisateur. Sa grande voix a retenti d’une extrémité de la terre à l’autre. La société s’en est émue, et de son sein sont partis des adeptes et des adversaires.
Adeptes fervents, adversaires habiles, mais dont l’habileté même et la renommée ont servi la cause qu’ils voulaient combattre, en appelant sur la doctrine nouvelle le regard des masses, et en leur donnant le désir de connaître les enseignements régénérateurs que préconisaient ses adeptes, et qui les faisaient bafouer et tourner en ridicule.
Contemplez le travail accompli et jouissez du résultat ! Mais quelle effervescence indicible se produira chez les peuples, alors que les noms de leurs écrivains les plus aimés viendront se joindre aux noms plus obscurs ou moins connus de ceux qui se serrent autour du drapeau de la vérité !
Voyez ce qu’ont produit les travaux de quelques groupes isolés, pour la plupart entravés par l’intrigue et le mauvais vouloir, et jugez de la révolution qui s’opérera alors que tous les membres de la grande famille spirite se tendront la main, et déclareront, le front haut et le cœur fier, la sincérité de leur foi et de leur croyance dans la réalité de l’enseignement des Esprits.
Les masses aiment le progrès, elles le cherchent, mais elles le craignent.
L’inconnu inspire une secrète terreur aux enfants ignorants d’une société bercée de préjugés, qui essaie ses premiers pas dans la voie de la réalité et du progrès moral. Les grands mots de liberté, de progrès, d’amour, de charité, frappent le peuple sans l’émouvoir ; souvent, il préfère son état présent et médiocre à un avenir meilleur, mais inconnu.
La raison de cet effroi de l’avenir est dans l’ignorance du sentiment moral chez un grand nombre, et du sentiment intelligent chez les autres. Mais il n’est pas vrai, comme l’ont dit plusieurs philosophes célèbres, qu’une conception fausse de l’origine des choses a fait errer, comme je l’ai dit moi-même, — pourquoi rougirais-je de le dire ; n’ai-je pu me tromper ? — il n’est pas vrai, dis-je, que l’humanité soit mauvaise par essence ; non, en perfectionnant son intelligence, elle ne donnera pas un essor plus étendu à ses dualités mauvaises. Eloignez de vous ces pensées désespérantes qui reposent sur une fausse connaissance de l’esprit humain.
L’humanité n’est pas mauvaise par nature ; mais elle est ignorante, et par cela même plus apte à se laisser gouverner par ses passions. Elle est progressive et doit progresser pour atteindre ses destinées ; éclairez-la ; montrez-lui ses ennemis cachés dans l’ombre ; développez son essence morale, qui est innée en elle, et seulement assoupie sous l’influence des mauvais instincts, et vous ranimerez l’étincelle de l’éternelle vérité, de l’éternelle prescience de l’infini, du beau et du bon qui réside à jamais dans le cœur de l’homme, même le plus pervers.
Enfants d’une doctrine nouvelle, réunissez vos forces ; que le souffle divin et le secours des bons Esprits vous soutiennent, et vous ferez de grandes choses. Vous aurez la gloire d’avoir posé les bases des principes impérissables dont vos descendants recueilleront les fruits.
(MONTAIGNE ; Paris, † 1865.)