Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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La Genèse.

(Langue portugaise)

LES MIRACLES SELON LE SPIRITISME.

Chapitre XIV.


LES FLUIDES.

I. NATURE ET PROPRIÉTÉS DES FLUIDES : Éléments fluidiques. (1-7.) — Formation et propriétés du périsprit. (7-12.) — Action des Esprits sur les fluides ; créations fluidiques ; photographie de la pensée. (13-15.) — Qualités des fluides. (16-21.)

II. EXPLICATION DE QUELQUES PHÉNOMÈNES RÉPUTÉS SURNATURELS : Vue spirituelle ou psychique ; double vue ; somnambulisme. Rêves. (22-28.) — Catalepsies ; résurrections. (29-30.) — Guérisons. (31-34.) — Apparitions ; transfigurations. (35-39.) — Manifestations matérielles ; médiumnité. (40-44.) — Obsessions et possessions. (45-49.)



ELÉMENTS FLUIDIQUES.


1. — La science a donné la clef des miracles qui ressortent plus particulièrement de l’élément matériel, soit en les expliquant, soit en en démontrant l’impossibilité, par les lois qui régissent la matière ; 2 mais les phénomènes où l’élément spirituel a une part prépondérante, ne pouvant être expliqués par les seules lois de la matière, échappent aux investigations de la science : c’est pourquoi ils ont, plus que les autres, les caractères apparents du merveilleux. 3 C’est donc dans les lois qui régissent la vie spirituelle qu’on peut trouver la clef des miracles de cette catégorie.


2. — Le fluide cosmique universel est, ainsi que cela a été démontré, la matière élémentaire primitive, dont les modifications et transformations constituent l’innombrable variété des corps de la nature. (Chap. X.) 2 En tant que principe élémentaire universel, il offre deux états distincts : celui d’éthérisation ou d’impondérabilité, que l’on peut considérer comme l’état normal primitif, et celui de matérialisation ou de pondérabilité, qui n’est en quelque sorte que consécutif. 3 Le point intermédiaire est celui de la transformation du fluide en matière tangible ; mais, là encore, il n’y a pas de transition brusque, car on peut considérer nos fluides impondérables comme un terme moyen entre les deux états. (Chap. IV, nº 10 et suiv.)

4 Chacun de ces deux états donne nécessairement lieu à des phénomènes spéciaux : au second appartiennent ceux du monde visible, et au premier ceux du monde invisible. 5 Les uns, appelés phénomènes matériels, sont du ressort de la science proprement dite ; les autres, qualifiés de phénomènes spirituels ou psychiques, parce qu’ils se lient plus spécialement à l’existence des Esprits, sont dans les attributions du Spiritisme ; 6 mais, comme la vie spirituelle et la vie corporelle sont en contact incessant, les phénomènes de ces deux ordres se présentent souvent simultanément. 7 L’homme, à l’état d’incarnation, ne peut avoir la perception que des phénomènes psychiques qui se lient à la vie corporelle ; ceux qui sont du domaine exclusif de la vie spirituelle échappent aux sens matériels, et ne peuvent être perçus qu’à l’état d’Esprits. n


3. — A l’état d’éthérisation, le fluide cosmique n’est pas uniforme ; sans cesser d’être éthéré, il subit des modifications aussi variées dans leur genre, et plus nombreuses peut-être qu’à l’état de matière tangible. 2 Ces modifications constituent des fluides distincts qui, bien que procédant du même principe, sont doués de propriétés spéciales, et donnent lieu aux phénomènes particuliers du monde invisible.

3 Tout étant relatif, ces fluides ont pour les Esprits, qui sont eux-mêmes fluidiques, une apparence aussi matérielle que celle des objets tangibles pour les incarnés, et sont pour eux ce que sont pour nous les substances du monde terrestre ; 4 ils les élaborent, les combinent pour produire des effets déterminés, comme font les hommes avec leurs matériaux, toutefois par des procédés différents.

5 Mais là, comme ici-bas, il n’est donné qu’aux Esprits les plus éclairés de comprendre le rôle des éléments constitutifs de leur monde. 6 Les ignorants du monde invisible sont aussi incapables de s’expliquer les phénomènes dont ils sont témoins, et auxquels ils concourent souvent machinalement, que les ignorants de la terre le sont d’expliquer les effets de la lumière ou de l’électricité, de dire comment ils voient et entendent.


4. — Les éléments fluidiques du monde spirituel échappent à nos instruments d’analyse et à la perception de nos sens, faits pour la matière tangible et non pour la matière éthérée. 2 Il en est qui appartiennent à un milieu tellement différent du nôtre, que nous n’en pouvons juger que par des comparaisons aussi imparfaites que celles par lesquelles un aveugle-né cherche à se faire une idée de la théorie des couleurs.

3 Mais parmi ces fluides, quelques-uns sont intimement liés à la vie corporelle, et appartiennent en quelque sorte au milieu terrestre. 4 A défaut de perception directe, on peut en observer les effets, comme on observe ceux du fluide de l’aimant que l’on n’a jamais vu, et acquérir sur leur nature des connaissances d’une certaine précision. 5 Cette étude est essentielle, car c’est la clef d’une foule de phénomènes inexplicables par les seules lois de la matière.


5. — Le point de départ du fluide universel est le degré de pureté absolue, dont rien ne peut donner une idée ; le point opposé est sa transformation en matière tangible. 2 Entre ces deux extrêmes, il existe d’innombrables transformations, qui se rapprochent plus ou moins de l’un et de l’autre. 3 Les fluides les plus voisins de la matérialité, les moins purs par conséquent, composent ce qu’on peut appeler l’atmosphère spirituelle terrestre. 4 C’est dans ce milieu, où l’on trouve également différents degrés de pureté, que les Esprits incarnés et désincarnés de la terre puisent les éléments nécessaires à l’économie de leur existence. 5 Ces fluides, quelque subtils et impalpables qu’ils soient pour nous, n’en sont pas moins d’une nature grossière comparativement aux fluides éthérés des régions supérieures.

6 Il en est de même à la surface de tous les mondes, sauf les différences de constitution et les conditions de vitalité propres à chacun. 7 Moins la vie y est matérielle, moins les fluides spirituels ont d’affinité avec la matière proprement dite.

8 La qualification de fluides spirituels n’est pas rigoureusement exacte, puisque, en définitive, c’est toujours de la matière plus ou moins quintessenciée. 9 Il n’y a de réellement spirituel que l’âme ou principe intelligent. 10 On les désigne ainsi par comparaison, et en raison surtout de leur affinité avec les Esprits. 11 On peut dire que c’est la matière du monde spirituel : c’est pourquoi on les appelle fluides spirituels.


6. — Qui connaît, d’ailleurs, la constitution intime de la matière tangible ? 2 Elle n’est peut-être compacte que par rapport à nos sens, et ce qui le prouverait, c’est la facilité avec laquelle elle est traversée par les fluides spirituels et les Esprits auxquels elle ne fait pas plus obstacle que les corps transparents n’en font à la lumière.

3 La matière tangible, ayant pour élément primitif le fluide cosmique éthéré, doit pouvoir, en se désagrégeant, retourner à l’état d’éthérisation, comme le diamant, le plus dur des corps, peut se volatiliser en gaz impalpable. 4 La solidification de la matière n’est en réalité qu’un état transitoire du fluide universel, qui peut retourner à son état primitif quand les conditions de cohésion cessent d’exister.

5 Qui sait même si, à l’état de tangibilité, la matière n’est pas susceptible d’acquérir une sorte d’éthérisation qui lui donnerait les propriétés particulières ? Certains phénomènes, qui paraissent authentiques, tendraient à le faire supposer. 6 Nous ne possédons encore que les jalons du monde invisible, et l’avenir nous réserve sans doute la connaissance de nouvelles lois qui nous permettront de comprendre ce qui est encore pour nous un mystère.


FORMATION ET PROPRIÉTÉS DU PÉRISPRIT.


7. — Le périsprit, ou corps fluidique des Esprits, est un des produits les plus importants du fluide cosmique ; c’est une condensation de ce fluide autour d’un foyer d’intelligence ou âme. 2 On a vu que le corps charnel a également son principe dans ce même fluide transformé et condensé en matière tangible ; 3 dans le périsprit, la transformation moléculaire s’opère différemment, car le fluide conserve son impondérabilité et ses qualités éthérées. 4 Le corps périsprital et le corps charnel ont donc leur source dans le même élément primitif ; l’un et l’autre sont de la matière, quoique sous deux états différents.


8. — Les Esprits puisent leur périsprit dans le milieu où ils se trouvent, c’est-à-dire que cette enveloppe est formée des fluides ambiants ; 2 il en résulte que les éléments constitutifs du périsprit doivent varier selon les mondes. 3 Jupiter étant donné comme un monde très avancé, comparativement à la Terre, où la vie corporelle n’a pas la matérialité de la nôtre, les enveloppes périspritales doivent y être d’une nature infiniment plus quintessenciée que sur la terre. 4 Or, de même que nous ne pourrions pas exister dans ce monde avec notre corps charnel, nos Esprits ne pourraient y pénétrer avec leur périsprit terrestre. 5 En quittant la terre, l’Esprit y laisse son enveloppe fluidique, et en revêt une autre appropriée au monde où il doit aller.


9. — La nature de l’enveloppe fluidique est toujours en rapport avec le degré d’avancement moral de l’Esprit. 2 Les Esprits inférieurs ne peuvent en changer à leur gré, et par conséquent ne peuvent, à volonté, se transporter d’un monde à l’autre. 3 Il en est dont l’enveloppe fluidique, bien qu’éthérée et impondérable par rapport à la matière tangible, est encore trop lourde, si l’on peut s’exprimer ainsi, par rapport au monde spirituel, pour leur permettre de sortir de leur milieu. 4 Il faut ranger dans cette catégorie ceux dont le périsprit est assez grossier pour qu’ils le confondent avec leur corps charnel, et qui, par cette raison, se croient toujours vivants. 5 Ces Esprits, et le nombre en est grand, restent à la surface de la terre comme les incarnés, croyant toujours vaquer à leurs occupations ; 6 d’autres, un peu plus dématérialisés, ne le sont cependant pas assez pour s’élever au-dessus des régions terrestres. n


7 Les Esprits supérieurs, au contraire, peuvent venir dans les mondes inférieurs et même s’y incarner. 8 Ils puisent, dans les éléments constitutifs du monde où ils entrent, les matériaux de l’enveloppe fluidique ou charnelle appropriée au milieu où ils se trouvent. 9 Ils font comme le grand seigneur qui quitte ses beaux habits pour se revêtir momentanément de la bure, sans cesser pour cela d’être grand seigneur.

10 C’est ainsi que des Esprits de l’ordre le plus élevé peuvent se manifester aux habitants de la terre, ou s’incarner en mission parmi eux. 11 Ces Esprits apportent avec eux, non l’enveloppe, mais le souvenir par intuition des régions d’où ils viennent, et qu’ils voient par la pensée. Ce sont des voyants parmi des aveugles.


10. — La couche des fluides spirituels qui environnent la terre peut être comparée aux couches inférieures de l’atmosphère, plus lourdes, plus compactes, moins pures que les couches supérieures. 2 Ces fluides ne sont pas homogènes ; c’est un mélange de molécules de diverses qualités, parmi lesquelles se trouvent nécessairement les molécules élémentaires qui en forment la base, mais plus ou moins altérées. 3 Les effets produits par ces fluides seront en raison de la somme des parties pures qu’ils renferment. 4 Tel est, par comparaison, l’alcool rectifié ou mélangé, en différentes proportions, d’eau ou d’autres substances : sa pesanteur spécifique augmente par ce mélange, en même temps que sa force et son inflammabilité diminuent, bien que dans le tout il y ait de l’alcool pur.

5 Les Esprits appelés à vivre dans ce milieu y puisent leur périsprit ; mais, selon que l’Esprit est plus ou moins épuré lui-même, son périsprit se forme des parties les plus pures ou les plus grossières du fluide propre au monde où il s’incarne. 6 L’Esprit y produit, toujours par comparaison et non par assimilation, l’effet d’un réactif chimique qui attire à lui les molécules assimilables à sa nature.

7 Il en résulte ce fait capital, que la constitution intime du périsprit n’est pas identique chez tous les Esprits incarnés ou désincarnés qui peuplent la terre ou l’espace environnant. 8 Il n’en est pas de même du corps charnel, qui, comme cela a été démontré, est formé des mêmes éléments, quelle que soit la supériorité ou l’infériorité de l’Esprit. 9 Aussi, chez tous, les effets produits par le corps sont-ils les mêmes, les besoins pareils, tandis qu’ils diffèrent pour tout ce qui est inhérent au périsprit.

10 Il en résulte encore que : l’enveloppe périspritale du même Esprit se modifie avec le progrès moral de celui-ci à chaque incarnation, bien que s’incarnant dans le même milieu ; 11 que les Esprits supérieurs, s’incarnant exceptionnellement en mission dans un monde inférieur, ont un périsprit moins grossier que celui des indigènes de ce monde.


11. — Le milieu est toujours en rapport avec la nature des êtres qui doivent y vivre ; les poissons sont dans l’eau ; les êtres terrestres sont dans l’air ; les êtres spirituels sont dans le fluide spirituel ou éthéré, même sur la terre. 2 Le fluide éthéré est pour les besoins de l’Esprit ce que l’atmosphère est pour les besoins des incarnés. 3 Or, de même que les poissons ne peuvent vivre dans l’air ; que les animaux terrestres ne peuvent vivre dans une atmosphère trop raréfiée pour leurs poumons, les Esprits inférieurs ne peuvent supporter l’éclat et l’impression de fluides les plus éthérés. 4 Ils n’y mourraient pas, parce que l’Esprit ne meurt pas, mais une force instinctive les en tient éloignés, comme on s’éloigne d’un feu trop ardent ou d’une lumière trop éblouissante. 5 Voilà pourquoi ils ne peuvent sortir du milieu approprié à leur nature ; 6 pour en changer, il faut qu’ils changent d’abord leur nature ; qu’ils se dépouillent des instincts matériels qui les retiennent dans les milieux matériels ; 7 en un mot, qu’ils s’épurent et se transforment moralement ; alors, graduellement, ils s’identifient avec un milieu plus épuré, qui devient pour eux un besoin, une nécessité, comme les yeux de celui qui a longtemps vécu dans les ténèbres s’habituent insensiblement à la lumière du jour et à l’éclat du soleil.


12. — Ainsi tout se lie, tout s’enchaîne dans l’univers ; tout est soumis à la grande et harmonieuse loi d’unité, depuis la matérialité la plus compacte jusqu’à la spiritualité la plus pure. 2 La terre est comme un vase d’où s’échappe une fumée épaisse qui s’éclaircit à mesure qu’elle s’élève, et dont les parcelles raréfiées se perdent dans l’espace infini.

3 La puissance divine éclate dans toutes les parties de cet ensemble grandiose, et l’on voudrait que, pour mieux attester sa puissance, Dieu, non content de ce qu’il a fait, vînt troubler cette harmonie ! qu’il s’abaissât au rôle de magicien par de puérils effets dignes d’un prestidigitateur ! 4 Et l’on ose, par surcroît, lui donner pour rival en habileté Satan lui-même ! Jamais, en vérité, on ne rabaissa davantage la majesté divine, et l’on s’étonne du progrès de l’incrédulité !

5 Vous avez raison de le dire : « La foi s’en va ! » mais c’est la foi en tout ce qui choque le bon sens et la raison qui s’en va ; la foi pareille à celle qui fit dire jadis : « Les dieux s’en vont ! » 6 Mais la foi dans les choses sérieuses, la foi en Dieu et en l’immortalité est toujours vivace dans le cœur de l’homme, et si elle a été étouffée sous les puériles histoires dont on l’a surchargée, elle se relève plus forte dès qu’elle en est dégagée, comme la plante comprimée se relève dès qu’elle revoit le soleil !

7 Oui, tout est miracle dans la nature, parce que tout est admirable et témoigne de la sagesse divine ? Ces miracles sont pour tout le monde, pour tous ceux qui ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre, et non au profit de quelques-uns. 8 Non ! il n’y a point de miracles dans le sens qu’on attache à ce mot, parce que tout ressort des lois éternelles de la création et que ces lois sont parfaites.


ACTION DES ESPRITS SUR LES FLUIDES.

CRÉATIONS FLUIDIQUES. PHOTOGRAPHIE DE LA PENSÉE.

13. — Les fluides spirituels, qui constituent un des états du fluide cosmique universel, sont, à proprement parler, l’atmosphère des êtres spirituels ; 2 c’est l’élément où ils puisent les matériaux sur lesquels ils opèrent ; 3 c’est le milieu où se passent les phénomènes spéciaux, perceptibles à la vue et à l’ouïe de l’Esprit, et qui échappent aux sens charnels impressionnés par la seule matière tangible ; 4 où se forme cette lumière particulière au monde spirituel, différente de la lumière ordinaire par sa cause et par ses effets ; 5 c’est enfin le véhicule de la pensée, comme l’air est le véhicule du son.


14. — Les Esprits agissent sur les fluides spirituels, non en les manipulant comme les hommes manipulent les gaz, mais à l’aide de la pensée et de la volonté. 2 La pensée et la volonté sont aux Esprits ce que la main est à l’homme. 3 Par la pensée, ils impriment à ces fluides telle ou telle direction ; ils les agglomèrent, les combinent ou les dispersent ; ils en forment des ensembles ayant une apparence, une forme, une couleur déterminées ; ils en changent les propriétés comme un chimiste change celle des gaz ou autres corps en les combinant suivant certaines lois. 4 C’est le grand atelier ou laboratoire de la vie spirituelle.

5 Quelquefois, ces transformations sont le résultat d’une intention ; souvent, elles sont le produit d’une pensée inconsciente ; 6 il suffit à l’Esprit de penser à une chose pour que cette chose se produise, comme il suffit de moduler un air pour que cet air se répercute dans l’atmosphère.

7 C’est ainsi, par exemple, qu’un Esprit se présente à la vue d’un incarné doué de la vue psychique, sous les apparences qu’il avait de son vivant à l’époque où on l’a connu, aurait-il eu plusieurs incarnations depuis. 8 Il se présente avec le costume, les signes extérieurs, — infirmités, cicatrices, membres amputés, etc., — qu’il avait alors ; un décapité se présentera avec la tête de moins. 9 Ce n’est pas à dire qu’il ait conservé ces apparences ; non certainement, car, comme Esprit, il n’est ni boiteux, ni manchot, ni borgne, ni décapité ; mais sa pensée se reportant à l’époque où il était ainsi, son périsprit en prend instantanément les apparences, qu’il quitte de même instantanément dès que la pensée cesse d’agir. 10 Si dont il a été une fois nègre et une autre fois blanc, il se présentera comme nègre ou comme blanc, selon celle de ces deux incarnations sous laquelle il sera évoqué et où se reportera sa pensée.

11 Par un effet analogue, la pensée de l’Esprit crée fluidiquement les objets dont il avait l’habitude de se servir ; un avare maniera de l’or, un militaire aura ses armes et son uniforme, un fumeur sa pipe, un laboureur sa charrue et ses bœufs, une vieille femme sa quenouille. 12 Ces objets fluidiques sont aussi réels pour l’Esprit, qui est lui-même fluidique, qu’ils l’étaient à l’état matériel pour l’homme vivant ; mais, par la même raison qu’ils sont créés par la pensée, leur existence est aussi fugitive que la pensée. n


15. — Les fluides étant le véhicule de la pensée, celle-ci agit sur les fluides comme le son agit sur l’air ; ils nous apportent la pensée comme l’air nous apporte le son. 2 On peut donc dire, en toute vérité, qu’il y a, dans ces fluides, des ondes et des rayons de pensées, qui se croisent sans se confondre, comme il y a dans l’air des ondes et des rayons sonores.

3 Il y a plus : La pensée créant des images fluidiques, elle se reflète dans l’enveloppe périspritale comme dans une glace ; elle y prend un corps et s’y photographie en quelque sorte. 4 Qu’un homme, par exemple, ait l’idée d’en tuer un autre, quelque impassible que soit son corps matériel, son corps fluidique est mis en action par la pensée, dont il reproduit toutes les nuances ; il exécute fluidiquement le geste, l’acte qu’il a le dessein d’accomplir ; la pensée crée l’image de la victime, et la scène entière se peint, comme dans un tableau, telle qu’elle est dans son esprit.

5 C’est ainsi que les mouvements les plus secrets de l’âme se répercutent dans l’enveloppe fluidique ; qu’une âme peut lire dans une autre âme comme dans un livre, et voir ce qui n’est pas perceptible pour les yeux du corps. 6 Toutefois, en voyant l’intention, elle peut pressentir l’accomplissement de l’acte qui en sera la suite, mais elle ne peut déterminer le moment où il s’accomplira, ni en préciser les détails, ni même affirmer qu’il aura lieu, parce que des circonstances ultérieures peuvent modifier les plans arrêtés et changer les dispositions. 7 Elle ne peut voir, ce qui n’est pas encore dans la pensée ; ce qu’elle voit, c’est la préoccupation habituelle de l’individu, ses désirs, ses projets, ses desseins bons ou mauvais.


QUALITÉS DES FLUIDES.


16. — L’action des Esprits sur les fluides spirituels a des conséquences d’une importance directe et capitale pour les incarnés. 2 Dès l’instant que ces fluides sont le véhicule de la pensée, que la pensée peut en modifier les propriétés, il est évident qu’ils doivent être imprégnés des qualités bonnes ou mauvaises des pensées qui les mettent en vibration, modifiés par la pureté ou l’impureté des sentiments. 3 Les mauvaises pensées corrompent les fluides spirituels, comme les miasmes délétères corrompent l’air respirable. 4 Les fluides qui entourent ou que projettent les mauvais Esprits sont donc viciés, tandis que ceux qui reçoivent l’influence des bons Esprits sont aussi purs que le comporte le degré de la perfection morale de ceux-ci.


17. — Il serait impossible de faire une énumération ou classification des bons et des mauvais fluides, ni de spécifier leurs qualités respectives, attendu que leur diversité est aussi grande que celle des pensées.

2 Les fluides n’ont pas de qualités sui generis, mais celles qu’ils acquièrent dans le milieu où ils s’élaborent ; ils se modifient par les effluves de ce milieu, comme l’air par les exhalaisons, l’eau par les sels des couches qu’elle traverse. 3 Suivant les circonstances, ces qualités sont, comme l’air et l’eau, temporaires ou permanentes, ce qui les rend plus spécialement propres à la production de tels ou tels effets déterminés.

4 Les fluides n’ont pas non plus de dénominations spéciales ; comme les odeurs, ils sont désignés par leurs propriétés, leurs effets et leur type originel. 5 Sous le rapport moral, ils portent l’empreinte des sentiments de la haine, de l’envie, de la jalousie, de l’orgueil, de l’égoïsme, de la violence, de l’hypocrisie, de la bonté, de la bienveillance, de l’amour, de la charité, de la douceur, etc. ; 6 sous le rapport physique, ils sont excitants, calmants, pénétrants, astringents, irritants, adoucissants, soporifiques, narcotiques, toxiques, réparateurs, expulseurs ; ils deviennent force de transmission, de propulsion, etc. 7 Le tableau des fluides serait donc celui de toutes les passions, des vertus et des vices de l’humanité, et des propriétés de la matière correspondant aux effets qu’ils produisent.


18. — Les hommes étant des Esprits incarnés, ils ont, en partie, les attributions de la vie spirituelle, car ils vivent de cette vie tout autant que de la vie corporelle : d’abord pendant le sommeil, et souvent à l’état de veille. 2 L’Esprit, en s’incarnant, conserve son périsprit avec les qualités qui lui sont propres, et qui, comme on le sait, n’est pas circonscrit par le corps, mais rayonne tout alentour et l’enveloppe comme d’une atmosphère fluidique.

3 Par son union intime avec le corps, le périsprit joue un rôle prépondérant dans l’organisme ; 4 par son expansion, il met l’Esprit incarné en rapport plus direct avec les Esprits libres et aussi avec les Esprits incarnés.

5 La pensée de l’Esprit incarné agit sur les fluides spirituels comme celle des Esprits désincarnés ; elle se transmet d’Esprit à Esprit par la même voie, et, selon qu’elle est bonne ou mauvaise, elle assainit ou vicie les fluides environnants.

6 Si les fluides ambiants sont modifiés par la projection des pensées de l’Esprit, son enveloppe périspritale, qui est partie constituante de son être, qui reçoit directement et d’une manière permanente l’impression de ses pensées, doit plus encore porter l’empreinte de ses qualités bonnes ou mauvaises. 7 Les fluides viciés par les effluves des mauvais Esprits peuvent s’épurer par l’éloignement de ceux-ci, mais leur périsprit sera toujours ce qu’il est, tant que l’Esprit ne se modifiera pas lui-même.

8 Le périsprit des incarnés étant d’une nature identique à celle des fluides spirituels, il se les assimile avec facilité, comme une éponge s’imbibe de liquide. 9 Ces fluides ont sur le périsprit une action d’autant plus directe, que, par son expansion et son rayonnement, il se confond avec eux.

10 Ces fluides agissant sur le périsprit, celui-ci, à son tour, réagit sur l’organisme matériel avec lequel il est en contact moléculaire. 11 Si les effluves sont de bonne nature, le corps en ressent une impression salutaire ; si elles sont mauvaises, l’impression est pénible ; 12 si les mauvaises sont permanentes et énergiques, elles peuvent déterminer des désordres physiques : certaines maladies n’ont pas d’autre cause.

13 Les milieux où abondent les mauvais Esprits sont donc imprégnés de mauvais fluides que l’on absorbe par tous les pores périspritaux, comme on absorbe par les pores du corps les miasmes pestilentiels.


19. — Ainsi s’expliquent les effets qui se produisent dans les lieux de réunion. 2 Une assemblée est un foyer où rayonnent des pensées diverses ; c’est comme un orchestre, un choeur de pensées où chacun produit sa note. 3 Il en résulte une multitude de courants et d’effluves fluidiques dont chacun reçoit l’impression par le sens spirituel, comme dans un choeur de musique chacun reçoit l’impression des sons par le sens de l’ouïe.

4 Mais, de même qu’il y a des rayons sonores harmoniques ou discordants, il y a aussi des pensées harmoniques ou discordantes. 5 Si l’ensemble est harmonieux, l’impression est agréable ; s’il est discordant, l’impression est pénible. 6 Or, pour cela, il n’est pas besoin que la pensée soit formulée en paroles ; le rayonnement fluidique n’existe pas moins, qu’elle soit exprimée ou non.

7 Telle est la cause du sentiment de satisfaction que l’on éprouve dans une réunion sympathique, animée de bonnes et bienveillantes pensées ; il y règne comme une atmosphère morale salubre, où l’on respire à l’aise ; on en sort réconforté, parce qu’on s’y est imprégné d’effluves fluidiques salutaires ; 8 mais s’il s’y mêle quelques pensées mauvaises, elles produisent l’effet d’un courant d’air glacé dans un milieu tiède ou d’une note fausse dans un concert. 9 Ainsi s’expliquent aussi l’anxiété, le malaise indéfinissable que l’on ressent dans un milieu antipathique, où des pensées malveillantes provoquent comme des courants d’air nauséabonds.


20. — La pensée produit donc une sorte d’effet physique qui réagit sur le moral ; c’est ce que le Spiritisme seul pouvait faire comprendre. 2 L’homme le sent instinctivement, puisqu’il recherche les réunions homogènes et sympathiques où il sait qu’il peut puiser de nouvelles forces morales ; on pourrait dire qu’il y récupère les pertes fluidiques qu’il fait chaque jour par le rayonnement de la pensée, comme il récupère par les aliments les pertes du corps matériel. 3 C’est qu’en effet la pensée est une émission qui occasionne une perte réelle dans les fluides spirituels et par suite dans les fluides matériels, de telle sorte que l’homme a besoin de se retremper dans les effluves qu’il reçoit de dehors.

4 Quand on dit qu’un médecin guérit son malade par de bonnes paroles, on est dans le vrai absolu, car la pensée bienveillante apporte avec elle des fluides réparateurs qui agissent sur le physique autant que sur le moral.


21. — Il est sans doute possible, dira-t-on, d’éviter les hommes que l’on sait malintentionnés, mais comment se soustraire à l’influence des mauvais Esprits qui pullulent autour de nous et se glissent partout sans être vus !

2 Le moyen est fort simple, car il dépend de la volonté de l’homme même, qui porte en lui le préservatif nécessaire. 3 Les fluides s’unissent en raison de la similitude de leur nature ; les fluides dissemblables se repoussent ; 4 il y a incompatibilité entre les bons et les mauvais fluides, comme entre l’huile et l’eau.

5 Que fait-on lorsque l’air est vicié ? on l’assainit, on l’épure, en détruisant le foyer de miasmes, en chassant les effluves malsaines par des courants d’air salubre plus forts. 6 A l’invasion des mauvais fluides, il faut donc opposer les bons fluides ; et, comme chacun a dans son propre périsprit une source fluidique permanente, on porte le remède en soi-même ; 7 il ne s’agit que d’épurer cette source et de lui donner des qualités telles, qu’elles soient pour les mauvaises influences un repoussoir, au lieu d’être une force attractive. 8 Le périsprit est donc une cuirasse à laquelle il faut donner la meilleure trempe possible ; 9 or, comme les qualités du périsprit sont en raison des qualités de l’âme, il faut travailler à sa propre amélioration, car ce sont les imperfections de l’âme qui attirent les mauvais Esprits.

10 Les mouches vont où des foyers de corruption les attirent ; détruisez ces foyers, et les mouches disparaîtront. 11 De même les mauvais Esprits vont où le mal les attire ; détruisez le mal, et ils s’éloigneront. 12 Les Esprits réellement bons, incarnés ou désincarnés, n’ont rien à redouter de l’influence des mauvais Esprits.



[1] La dénomination de phénomène psychique rend plus exactement la pensée que celle de phénomène spirituel, attendu que ces phénomènes reposent sur les propriétés et les attributs de l’âme, ou mieux des fluides périspritaux qui sont inséparables de l’âme. Cette qualification les rattache plus intimement à l’ordre des faits naturels régis par des lois ; on peut donc les admettre comme effets psychiques, sans les admettre à titre de miracles.


[2] Exemples d’Esprits qui se croient encore de ce monde : Revue spirite, déc. 1859, p. 310 ; — nov. 1864, p. 339 ; — avril 1865, p. 117.


[3] Revue spirite, juillet 1859, page 184. Livre des Médiums, chap. VIII.


Il y a deux images de ce chapitre dans le service Google - Recherche de livres (Première édition - 1868) et (Cinquième édition - 1872.)


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