Preuves de l’existence de Dieu.
— Dieu est un être individuel. — Attributs de la divinité. (Questions
1 à 10 a.) |
1. — Qu’est-ce que Dieu ? ( † )
(Définition ci-à-côté.) [Au-dessous.]
« Dieu est l’intelligence suprême, cause première de toutes choses.
»
2. — Où peut-on trouver la preuve de l’existence de Dieu ? ( † )
« Dans un axiome que vous appliquez à vos sciences : il n’y a pas d’effet
sans cause. Cherchez la cause de tout ce qui n’est pas l’œuvre de l’homme,
et votre raison vous répondra. »
Pour croire en Dieu il suffit de jeter les yeux sur les
œuvres de la création.
L’univers existe, il a donc une cause. Douter de l’existence
de Dieu, serait nier que tout effet a une cause, et avancer que rien
peut faire quelque chose.
3. — Quelle conséquence peut-on tirer du sentiment intuitif que tous les
hommes portent en eux-mêmes de l’existence de Dieu ? ( † )
« Que Dieu existe. »
3 a. —
Le sentiment intime que nous avons en nous-mêmes de l’existence de Dieu
ne serait-il pas le fait de l’éducation et le produit d’idées acquises
? ( † )
« Si cela était, pourquoi vos sauvages auraient-ils ce sentiment ? »
Dieu a mis en nous-mêmes la preuve de son existence par
le sentiment instinctif qui se trouve chez tous les peuples, dans tous
les siècles et à tous les degrés de l’échelle sociale.
Si le sentiment
de l’existence d’un être suprême n’était que le produit d’un enseignement,
il ne serait pas universel, et n’existerait, comme les notions des sciences,
que chez ceux qui auraient pu recevoir cet enseignement.
4. — Pourrait-on trouver la cause première de la formation des choses dans
les propriétés intimes de la matière ? ( † )
« Mais alors quelle serait la cause de ces propriétés ? Il faut toujours
une cause première. »
Attribuer la formation première des choses aux propriétés
intimes de la matière, serait prendre l’effet pour la cause, car ces
propriétés sont elles-mêmes un effet qui doit avoir une cause.
5. — Que penser de l’opinion qui attribue la formation première à une combinaison
fortuite de la matière, autrement dit au hasard ? ( † )
« Autre absurdité ! quel homme de bon sens peut regarder le hasard comme
un être intelligent ? Et puis, qu’est-ce que le hasard ? Rien. »
L’harmonie qui règle les ressorts de l’univers décèle des
combinaisons et des vues déterminées, et, par cela même, révèle une
puissance intelligente. Attribuer la formation première au hasard serait
un non-sens, car le hasard est aveugle et ne peut produire les effets
de l’intelligence.
6. — Où voit-on dans la cause première une intelligence suprême et supérieure
à toutes les intelligences ? ( † )
« Vous avez un proverbe qui dit ceci : A l’œuvre on reconnaît l’ouvrier.
Eh bien ! regardez l’œuvre et cherchez l’ouvrier. »
« C’est l’orgueil qui engendre l’incrédulité. L’homme orgueilleux ne
veut rien au-dessus de lui, c’est pourquoi il s’appelle esprit fort.
Pauvre être qu’un souffle de Dieu peut abattre ! »
On juge la puissance d’une intelligence par ses œuvres ;
nul être humain ne pouvant créer ce que produit la nature, la cause
première est donc une intelligence supérieure à l’humanité.
Quels que soient les prodiges accomplis par l’intelligence humaine,
cette intelligence a elle-même une cause, et plus ce qu’elle accomplit
est grand, plus la cause première doit être grande. C’est cette intelligence
qui est la cause première de toutes choses, quel que soit le nom sous
lequel l’homme l’a désignée.
7. — Des philosophes ont dit que Dieu c’est l’infini ; des esprits même
l’ont ainsi désigné. Que doit-on penser de cette explication ? ( † )
« Définition incomplète. Pauvreté de la langue des hommes qui est insuffisante
pour définir les choses qui sont au-dessus de leur intelligence. »
7 a. —
Que doit-on entendre par l’infini ? ( † )
« Ce qui n’a ni commencement ni fin. »
Dieu est infini dans ses perfections ; mais l’infini est
une abstraction ; dire que Dieu c’est l’infini, c’est prendre
l’attribut pour la chose même, et définir une chose qui n’est pas connue,
par une chose qui ne l’est pas davantage. C’est ainsi qu’en voulant
pénétrer ce qu’il n’est pas donné à l’homme de connaître, on s’engage
dans une voie sans issue, et l’on ouvre la porte aux discussions.
8. — Dieu est-il un être distinct, ou bien serait-il, selon l’opinion de
quelques-uns, la résultante de toutes les forces et de toutes les intelligences
de l’univers réunies, ce qui ferait de chaque être une portion de la
divinité ? ( † )
« Orgueil de la créature qui veut se croire Dieu. Fils ingrat qui renie
son père. »
Dieu est un être distinct de tous les autres êtres. Voir
Dieu dans le produit de toutes les forces réunies de l’univers serait
nier son existence, car il serait ainsi l’effet et non la cause.
L’intelligence de Dieu se révèle dans ses œuvres comme celle d’un peintre
dans son tableau ; mais les œuvres de Dieu ne sont pas plus Dieu lui-même
que le tableau n’est le peintre qui la conçu et exécuté. Ce serait encore
là prendre l’effet pour la cause.
9. — L’homme peut-il comprendre la nature intime de Dieu ? ( † )
« Non. »
9 a. — Pourquoi n’est-il pas donné à l’homme de comprendre l’essence de la
divinité ? ( † )
« C’est un sens qui lui manque. »
9 b. —
Sera-t-il un jour donné à l’homme de comprendre le mystère de la divinité
? ( † )
« Quand son esprit ne sera plus obscurci par la matière et que, par
sa perfection, il se sera rapproché de lui, alors il le verra et il
le comprendra. »
L’infériorité des facultés de l’homme ne lui permet pas
de comprendre la nature intime de Dieu. Dans l’enfance de l’humanité,
l’homme le confond souvent avec la créature dont il lui attribue les
imperfections ; mais à mesure que le sens moral se développe en lui,
sa pensée pénètre mieux le fond des choses, et il s’en fait une idée
plus juste et plus conforme à la saine raison, quoique toujours incomplète.
10. — Si nous ne pouvons comprendre la nature intime de Dieu, pouvons-nous
avoir une idée de quelques-unes de ses perfections ? ( † )
« Oui, de quelques-unes. L’homme les comprend mieux à mesure qu’il s’élève
au-dessus de la matière ; il les entrevoit par la pensée. »
10 a. — Lorsque nous disons que Dieu est éternel, infini, immuable, immatériel,
unique, tout-puissant, souverainement juste et bon, n’avons-nous pas
une idée complète de ses attributs ? ( † )
« A votre point de vue, oui, parce que vous croyez tout embrasser ;
mais sachez bien qu’il est des choses au-dessus de l’intelligence de
l’homme le plus intelligent, et pour lesquelles votre langage, borné
à vos idées et à vos sensations, n’a point d’expressions. »
« La raison vous dit en effet que Dieu doit avoir ces perfections au
suprême degré, car s’il en avait une seule de moins, ou bien qui ne
fût pas à un degré infini, il ne serait pas supérieur à tout, et par
conséquent ne serait pas Dieu. Pour être au-dessus de toutes choses
Dieu ne doit subir aucune vicissitude, et n’avoir aucune des imperfections
que l’imagination peut concevoir. » (Note 1).
La raison nous dit que Dieu est éternel, immuable, immatériel,
unique, tout-puissant, souverainement juste et bon, et infini
dans toutes ses perfections.
Dieu est éternel ; s’il avait eu un commencement il serait sorti
du néant, ou bien il aurait été créé lui-même par un être antérieur.
C’est ainsi que de proche en proche nous remontons à l’infini et à l’éternité.
Il est immuable ; s’il était sujet à des changements, les lois
qui régissent l’univers n’auraient aucune stabilité.
Il est immatériel ; c’est-à-dire que sa nature diffère de tout
ce que nous appelons matière, autrement il ne serait pas immuable, car
il serait sujet aux transformations de la matière.
Il est unique ; s’il y avait plusieurs Dieux il n’y aurait ni
unité de vues, ni unité de puissance dans l’ordonnance de l’univers.
Il est tout-puissant, parce qu’il est unique. S’il n’avait pas
la souveraine puissance, il y aurait quelque chose de plus puissant
ou d’aussi puissant que lui ; il n’eût pas fait toutes choses, et celles
qu’il n’aurait pas faites seraient l’œuvre d’un autre Dieu.
Il est souverainement juste et bon. La sagesse providentielle
des lois divines se révèle dans les plus petites choses comme dans les
plus grandes, et cette sagesse ne permet de douter ni de sa justice,
ni de sa bonté.
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