1. Dieu et l’infini. (1-3.)
— 2. Preuves
de l’existence de Dieu. (4-9.) — 3. Attributs
de la Divinité. (10-13.) — 4. Panthéisme.
(14-16.) |
Dieu et l’infini.
1. Qu’est-ce que Dieu ?
« Dieu est l’intelligence suprême, cause première de toutes choses. » n
2. Que doit-on entendre par l’infini ?
« Ce qui n’a ni commencement ni fin : l’inconnu ; tout ce qui est inconnu est infini. » n
3. Pourrait-on dire que Dieu c’est l’infini ?
1 « Définition incomplète. Pauvreté de la langue des hommes qui est insuffisante pour définir les choses qui sont au-dessus de leur intelligence. »
2 Dieu est infini dans ses perfections, mais l’infini est une abstraction ; dire que Dieu est l’infini, c’est prendre l’attribut pour la chose même, et définir une chose qui n’est pas connue par une chose qui ne l’est pas davantage.
4. Où peut-on trouver la preuve de l’existence de Dieu ?
1 « Dans un axiome que vous appliquez à vos sciences : il n’y a pas d’effet sans cause. Cherchez la cause de tout ce qui n’est pas l’œuvre de l’homme, et votre raison vous répondra. »
2 Pour croire en Dieu, il suffit de jeter les yeux sur les œuvres de la création. L’univers existe, il a donc une cause. 3 Douter de l’existence de Dieu, serait nier que tout effet a une cause, et avancer que rien a pu faire quelque chose.
5. Quelle conséquence peut-on tirer du sentiment intuitif que tous les hommes portent en eux-mêmes de l’existence de Dieu ?
« Que Dieu existe ; car d’où lui viendrait ce sentiment s’il ne reposait sur rien ? C’est encore une suite du principe qu’il n’y a pas d’effet sans cause. »
6. Le sentiment intime que nous avons en nous-mêmes de l’existence de Dieu ne serait-il pas le fait de l’éducation et le produit d’idées acquises ?
1 « Si cela était, pourquoi vos sauvages auraient-ils ce sentiment ? »
2 Si le sentiment de l’existence d’un être suprême n’était que le produit d’un enseignement, il ne serait pas universel, et n’existerait, comme les notions des sciences, que chez ceux qui auraient pu recevoir cet enseignement.
7. Pourrait-on trouver la cause première de la formation des choses dans les propriétés intimes de la matière ?
1 « Mais alors, quelle serait la cause de ces propriétés ? Il faut toujours une cause première. »
2 Attribuer la formation première des choses aux propriétés intimes de la matière serait prendre l’effet pour la cause, car ces propriétés sont elles-mêmes un effet qui doit avoir une cause.
8. Que penser de l’opinion qui attribue la formation première à une combinaison fortuite de la matière, autrement dit au hasard ?
1 « Autre absurdité ! Quel homme de bon sens peut regarder le hasard comme un être intelligent ? Et puis, qu’est-ce que le hasard ? Rien. »
2 L’harmonie qui règle les ressorts de l’univers décèle des combinaisons et des vues déterminées, et, par cela même, révèle la puissance intelligente. Attribuer la formation première au hasard serait un non-sens, car le hasard est aveugle et ne peut produire les effets de l’intelligence. 3 Attribuer la formation première au hasard serait un non-sens, car le hasard est aveugle et ne peut produire les effets de l’intelligence. 4 Un hasard intelligent ne serait plus le hasard.
9. Où voit-on dans la cause première une intelligence suprême et supérieure à toutes les intelligences ?
1 « Vous avez un proverbe qui dit ceci : A l’œuvre, on reconnaît l’ouvrier. Eh bien ! Regardez l’œuvre et cherchez l’ouvrier. C’est l’orgueil qui engendre l’incrédulité. L’homme orgueilleux ne veut rien au-dessus de lui, c’est pourquoi il s’appelle esprit fort. Pauvre être, qu’un souffle de Dieu peut abattre ! »
2 On juge la puissance d’une intelligence par ses œuvres ; 3 nul être humain ne pouvant créer ce que produit la nature, la cause première est donc une intelligence supérieure à l’humanité.
4 Quels que soient les prodiges accomplis par l’intelligence humaine, cette intelligence a elle-même une cause, et plus ce qu’elle accomplit est grand, plus la cause première doit être grande. C’est cette intelligence qui est la cause première de toutes choses, quel que soit le nom sous lequel l’homme l’a désignée.
10. L’homme peut-il comprendre la nature intime de Dieu ?
« Non ; c’est un sens qui lui manque. »
11. Sera-t-il un jour donné à l’homme de comprendre le mystère de la Divinité ?
1 « Quand son esprit ne sera plus obscurci par la matière et que, par sa perfection, il se sera rapproché de lui, alors il le verra et il le comprendra. »
2 L’infériorité des facultés de l’homme ne lui permet pas de comprendre la nature intime de Dieu. 3 Dans l’enfance de l’humanité, l’homme le confond souvent avec la créature dont il lui attribue les imperfections ; mais à mesure que le sens moral se développe en lui, sa pensée pénètre mieux le fond des choses, et il s’en fait une idée plus juste et plus conforme à la saine raison, quoique toujours incomplète.
12. Si nous ne pouvons comprendre la nature intime de Dieu, pouvons-nous avoir une idée de quelques-unes de ses perfections ?
« Oui, de quelques-unes. L’homme les comprend mieux à mesure qu’il s’élève au-dessus de la matière ; il les entrevoit par la pensée. »
13. Lorsque nous disons que Dieu est éternel, infini, immuable, immatériel, unique, tout-puissant, souverainement juste et bon, n’avons-nous pas une idée complète de ses attributs ?
1 « A votre point de vue, oui, parce que vous croyez tout embrasser ; mais sachez bien qu’il est des choses au-dessus de l’intelligence de l’homme le plus intelligent, et pour lesquelles votre langage, borné à vos idées et à vos sensations, n’a point d’expressions. 2 La raison vous dit, en effet, que Dieu doit avoir ces perfections au suprême degré, car s’il en avait une seule de moins, ou bien qui ne fût pas à un degré infini, il ne serait pas supérieur à tout et, par conséquent, ne serait pas Dieu. 3 Pour être au-dessus de toutes choses, Dieu ne doit subir aucune vicissitude et n’avoir aucune des imperfections que l’imagination peut concevoir. »
4 Dieu est éternel ; s’il avait eu un commencement il serait sorti du néant, ou bien il aurait été créé lui-même par un être antérieur. C’est ainsi que de proche en proche nous remontons à l’infini et à l’éternité.
5 Il est immuable ; s’il était sujet à des changements, les lois qui régissent l’univers n’auraient aucune stabilité.
6 Il est immatériel ; c’est-à-dire que sa nature diffère de tout ce que nous appelons matière, autrement il ne serait pas immuable, car il serait sujet aux transformations de la matière.
7 Il est unique ; s’il y avait plusieurs Dieux, il n’y aurait ni unité de vues, ni unité de puissance dans l’ordonnance de l’univers.
8 Il est tout-puissant ; parce qu’il est unique. S’il n’avait pas la souveraine puissance, il y aurait quelque chose de plus puissant ou d’aussi puissant que lui ; il n’eût pas fait toutes choses, et celles qu’il n’aurait pas faites seraient l’œuvre d’un autre Dieu.
9 Il est souverainement juste et bon. La sagesse providentielle des lois divines se révèle dans les plus petites choses comme dans les plus grandes, et cette sagesse ne permet de douter ni de sa justice, ni de sa bonté.
14. Dieu est-il un être distinct, ou bien serait-il, selon l’opinion de quelques-uns, la résultante de toutes les forces et de toutes les intelligences de l’univers réunies ?
1 « S’il en était ainsi, Dieu ne serait pas, car il serait l’effet et non la cause ; il ne peut être à la fois l’un et l’autre. »
2 « Dieu existe, vous n’en pouvez douter, c’est l’essentiel ; 3 croyez-moi, n’allez pas au-delà ; ne vous égarez pas dans un labyrinthe d’où vous ne pourriez sortir ; cela ne vous rendrait pas meilleurs, mais peut-être un peu plus orgueilleux, parce que vous croiriez savoir, et qu’en réalité vous ne sauriez rien. 4 Laissez donc de côté tous ces systèmes ; vous avez assez de choses qui vous touchent plus directement, à commencer par vous-mêmes ; étudiez vos propres imperfections afin de vous en débarrasser, cela vous sera plus utile que de vouloir pénétrer ce qui est impénétrable. »
15. Que penser de l’opinion d’après laquelle tous les corps de la nature, tous les êtres, tous les globes de l’univers seraient des parties de la Divinité et constitueraient, par leur ensemble, la Divinité elle-même ; autrement dit de la doctrine panthéiste ?
« L’homme ne pouvant se faire Dieu, veut tout au moins être une partie de Dieu. »
16. Ceux qui professent cette doctrine prétendent y trouver la démonstration de quelques-uns des attributs de Dieu : Les mondes étant infinis, Dieu est, par cela même, infini ; le vide ou néant n’étant nulle part, Dieu est partout ; Dieu étant partout, puisque tout est partie intégrante de Dieu, il donne à tous les phénomènes de la nature une raison d’être intelligente. Que peut-on opposer à ce raisonnement ?
1 « La raison ; réfléchissez mûrement, et il ne vous sera pas difficile d’en reconnaître l’absurdité. »
2 Cette doctrine fait de Dieu un être matériel qui, bien que doué d’une intelligence suprême, serait en grand ce que nous sommes en petit. Or, la matière se transformant sans cesse, s’il en était ainsi Dieu n’aurait aucune stabilité ; il serait sujet à toutes les vicissitudes, à tous les besoins même de l’humanité ; il manquerait d’un des attributs essentiels de la Divinité : l’immuabilité. 3 Les propriétés de la matière ne peuvent s’allier à l’idée de Dieu sans le rabaisser dans notre pensée, et toutes les subtilités du sophisme ne parviendront pas à résoudre le problème de sa nature intime. 4 Nous ne savons pas tout ce qu’il est, mais nous savons ce qu’il ne peut pas ne pas être, et ce système est en contradiction avec ses propriétés les plus essentielles ; 5 il confond le créateur avec la créature, absolument comme si l’on voulait qu’une machine ingénieuse fût une partie intégrante du mécanicien qui l’a conçue.
6 L’intelligence de Dieu se révèle dans ses œuvres comme celle d’un peintre dans son tableau ; mais les œuvres de Dieu ne sont pas plus Dieu lui-même que le tableau n’est le peintre qui l’a conçu et exécuté.
[1] Le texte placé entre guillemets à la suite des questions est la réponse même donnée par les Esprits. On a distingué par un autre caractère les remarques et développements ajoutés par l’auteur, lorsqu’il y aurait eu possibilité de les confondre avec le texte de la réponse. Quand ils forment des chapitres entiers, la confusion n’étant pas possible, on a conservé le caractère ordinaire.
[2] [Inconnu et infini — v. dans l’ Revue Spirite : Infini et indéfini.]
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- Recherche de livres (Deuxième
édition - 1860) et (Quatorzième
édition - 1866.)