Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année XI — Juin 1868.

(Langue portugaise)

PHOTOGRAPHIE DE LA PENSÉE.

1. — Le phénomène de la photographie de la pensée se liant à celui des créations fluidiques, décrit dans notre livre de la Genèse au chapitre des fluides, pour plus de clarté nous reproduisons le passage de ce chapitre où ce sujet est traité, et nous le complétons par de nouvelles remarques.

Les fluides spirituels, qui constituent un des états du fluide cosmique universel, sont, à proprement parler, l’atmosphère des êtres spirituels ; c’est l’élément où ils puisent les matériaux sur lesquels ils opèrent ; c’est le milieu où se passent les phénomènes spéciaux, perceptibles à la vue et à l’ouïe de l’Esprit, et qui échappent aux sens charnels impressionnés par la seule matière tangible, où se forme cette lumière particulière au monde spirituel, différente de la lumière ordinaire par sa cause et par ses effets ; c’est, enfin, le véhicule de la pensée comme l’air est le véhicule du son.

Les Esprits agissent sur les fluides spirituels, non en les manipulant comme les hommes manipulent les gaz, mais à l’aide de la pensée et de la volonté. La pensée et la volonté sont aux Esprits ce que la main est à l’homme. Par la pensée, ils impriment à ces fluides telle ou telle direction ; ils les agglomèrent, les combinent ou les dispersent ; ils en forment des ensembles ayant une apparence, une forme, une couleur déterminées ; ils en changent les propriétés comme un chimiste change celles des gaz ou autres corps, en les combinant suivant certaines lois ; c’est le grand atelier ou laboratoire de la vie spirituelle.

Quelquefois, ces transformations sont le résultat d’une intention ; souvent, elles sont le produit d’une pensée inconsciente ; il suffit à l’Esprit de penser à une chose pour que cette chose se produise, comme il suffit de moduler un air pour que cet air se répercute dans l’atmosphère.

C’est ainsi, par exemple, qu’un Esprit se présente à la vue d’un incarné doué de la vue psychique, sous les apparences qu’il avait de son vivant à l’époque où on l’a connu, aurait-il eu plusieurs incarnations depuis. Il se présente avec le costume, les signes extérieurs, – infirmités, cicatrices, membres amputés, etc., – qu’il avait alors ; un décapité se présentera avec la tête de moins. Ce n’est pas à dire qu’il ait conservé ces apparences ; non, certainement ; car, comme Esprit, il n’est ni boiteux, ni manchot, ni borgne, ni décapité, mais, sa pensée se reportant à l’époque où il était ainsi, son périsprit en prend instantanément les apparences, qu’il quitte de même instantanément, dès que la pensée cesse d’agir. Si donc il a été une fois nègre et une autre fois blanc, il se présentera comme nègre ou comme blanc, selon celle de ces deux incarnations sous laquelle il sera évoqué, et où se reportera sa pensée.

Par un effet analogue, la pensée de l’Esprit crée fluidiquement les objets dont il avait l’habitude de se servir : un avare maniera de l’or ; un militaire aura ses armes et son uniforme ; un fumeur, sa pipe ; un laboureur, sa charrue et ses bœufs ; une vieille femme sa quenouille. Ces objets fluidiques sont aussi réels pour l’Esprit qui est lui-même fluidique, qu’ils l’étaient à l’état matériel pour l’homme vivant ; mais, par la même raison qu’ils sont créés par la pensée, leur existence est aussi fugitive que la pensée.

Les fluides étant le véhicule de la pensée, ils nous apportent la pensée comme l’air nous apporte le son. On peut donc dire, en toute vérité, qu’il y a, dans ces fluides, des ondes et des rayons de pensées, qui se croisent sans se confondre, comme il y a dans l’air des ondes et des rayons sonores.


2. — C’est, comme on le voit, un ordre de faits tout nouveaux qui se passent en dehors du monde tangible, et constituent, si l’on peut s’exprimer ainsi, la physique et la chimie spéciales du monde invisible. Mais comme, pendant l’incarnation, le principe spirituel est uni au principe matériel, il en résulte que certains phénomènes du monde spirituel se produisent conjointement avec ceux du monde matériel, et sont inexplicables pour quiconque n’en connaît pas les lois. La connaissance de ces lois est donc aussi utile aux incarnés qu’aux désincarnés, puisque seule elle peut expliquer certains faits de la vie matérielle.

La pensée créant des images fluidiques, se reflète dans l’enveloppe périspritale comme dans une glace, ou encore comme ces images d’objets terrestres qui se réfléchissent dans les vapeurs de l’air ; elle y prend un corps et s’y photographie en quelque sorte. Qu’un homme, par exemple, ait l’idée d’en tuer un autre, quelque impassible que soit son corps matériel, son corps fluidique est mis en action par la pensée dont il reproduit toutes les nuances ; il exécute fluidiquement le geste, l’acte qu’il a le dessein d’accomplir ; sa pensée crée l’image de la victime, et la scène entière se peint, comme dans un tableau, telle qu’elle est dans son esprit.

C’est ainsi que les mouvements les plus secrets de l’âme se répercutent dans l’enveloppe fluidique ; qu’une âme, incarnée ou désincarnée, peut lire dans une autre âme comme dans un livre, et voir ce qui n’est pas perceptible par les yeux du corps. Les yeux du corps voient les impressions intérieures qui se reflètent sur les traits de la figure : la colère, la joie, la tristesse ; mais l’âme voit sur les traits de l’âme les pensées qui ne se traduisent pas au-dehors.

Toutefois, d’après l’intention, le voyant peut bien pressentir l’accomplissement de l’acte qui en sera la suite, mais il ne peut déterminer le moment où il s’accomplira, ni en préciser les détails, ni même affirmer qu’il aura lieu, parce que des circonstances ultérieures peuvent modifier les plans arrêtés et changer les dispositions. Il ne peut voir ce qui n’est pas encore dans la pensée ; ce qu’il voit, c’est la préoccupation du moment, ou habituelle, de l’individu, ses désirs, ses projets, ses intentions bonnes ou mauvaises ; de là les erreurs dans les prévisions de certains voyants, lorsqu’un événement est subordonné au libre arbitre d’un homme ; ils ne peuvent qu’en pressentir la probabilité d’après la pensée qu’ils voient, mais non affirmer qu’il aura lieu de telle manière et à tel moment. Le plus ou moins d’exactitude dans les prévisions dépend en outre de l’étendue et de la clarté de la vue psychique ; chez certains individus, Esprits ou incarnés, elle est diffuse ou limitée à un point, tandis que chez d’autres elle est nette, et embrasse l’ensemble des pensées et des volontés devant concourir à la réalisation d’un fait ; mais par-dessus tout, il y a toujours la volonté supérieure qui peut, dans sa sagesse, permettre une révélation ou l’empêcher ; dans ce dernier cas, un voile impénétrable est jeté sur la vue psychique la plus perspicace. (Voir dans la Genèse, le chap. de la Prescience.)


3. — La théorie des créations fluidiques, et par suite de la photographie de la pensée, est une conquête du Spiritisme moderne, et peut être désormais considérée comme acquise en principe, sauf les applications de détail qui sont le résultat de l’observation. Ce phénomène est incontestablement la source des visions fantastiques, et doit jouer un grand rôle dans certains rêves.

Nous pensons qu’on peut y trouver l’explication de la médiumnité par le verre d’eau. (Voir l’art. précédent.) Dès lors que l’objet que l’on voit ne peut être dans le verre, l’eau doit faire l’office d’une glace qui réfléchit l’image créée par la pensée de l’Esprit. Cette image peut être la reproduction d’une chose réelle, comme elle peut être celle d’une création de fantaisie. Le verre d’eau n’est, dans tous les cas, qu’un moyen de la reproduire, mais ce n’est pas le seul, ainsi que le prouve la diversité des procédés employés par quelques voyants ; celui-ci convient peut-être mieux à certaines organisations.


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