La charité, mais ce mot existe depuis le commencement de l’humanité.
Depuis le jour où un homme tendit la main à un autre homme, il y eut acte de charité, et depuis ce temps inconnu, que de faits, que d’exemples vivaces de cette pensée profonde de la conscience humaine. Ces exemples : des historiens, des moralistes, les ont relatés dans des ouvrages présents à la mémoire de tous.
Mais ce que je voudrais vous voir réellement aimer, messieurs, c’est cette charité du cœur vraiment spirite qui ne disserte pas sur un procédé, sur une manière de faire, sur des distinctions subtiles.
Donner est douce chose, et jamais la main droite dût-elle voir ce que fait la main gauche !
Chers spirites, frères aimés, soulagez vos semblables sans parti pris, donnez à ceux qui souffrent, à ceux qui attendent ; à ces mères, à ces enfants abandonnés, à tous les déshérités et vous ferez œuvre véritable.
Mais ce n’est là que de la charité banale que tous les hommes pratiquent comme vous à quelque croyance qu’ils appartiennent. Le spirite doit voir plus loin ; le spirite doit par étude, par intention, sonder ces douleurs cachées, honteuses, douloureuses qui rongent tant de belles et excellentes natures, tous ces martyrs du devoir, de la conscience, tous ces forçats de l’épreuve humaine, voués par des fautes antérieures à se purifier de toute une existence de méfaits ignorés. Ah ! pour ceux-là ayez du cœur, des attentions délicates, des paroles consolantes ; partagez avec ces vaillants de la vie qui luttent sourdement contre la force irritée, mais juste qui les frappe et les frappe sans cesse.
Voyez-les, ces parias au front inspiré ; les uns sont des épaves commerciales frappées et coulées comme des navires en détresse ; d’autres voient toutes les affections les fuir ; femme, enfants bien-aimés, intérieur laborieusement édifié, tout disparaît. Celui-là, c’est la maladie qui le frappe lui ou les siens ; torture incessante, enfer de la vie, où l’espoir semble fuir devant des douleurs sans cesse renaissantes.
Oui, sondez ingénieusement les plaies de tous ces déshérités, allez à eux ; consolez, donnez votre cœur, votre bourse, votre main, votre appui, car savoir chercher délicatement, c’est le mérite de la charité spirite ; c’est là l’œuvre choisie et le sens intime de l’épigraphe chérie du maître : « Hors la Charité point de salut. » ( † )
Quatre mots doivent être la base de la langue spirite : Pardon, amour, solidarité, charité.
Bernard.