Ce qu’il faut pour être sauvé. Parabole du bon Samaritain.
(1-3.) — Le plus grand commandement. (4, 5.)
— Nécessité de la charité selon saint Paul. (6, 7.)
— Hors l’Église point de salut. Hors la vérité point de salut.
(8, 9.)
— Instructions des Esprits : Hors la charité point
de salut. (10.) |
Ce qu’il faut pour être sauvé. Parabole du bon Samaritain.
1. Or, quand le Fils de l’homme viendra dans sa majesté, accompagné de tous les anges, il s’assoira sur le trône de sa gloire ; — et toutes les nations étant assemblées devant lui, il séparera les uns d’avec les autres, comme un berger sépare les brebis d’avec les boucs, — et il placera les brebis à sa droite, et les boucs à sa gauche.
Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui avez été bénis par mon Père, possédez le royaume qui vous a été préparé dès le commencement du monde ; — car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’ai eu besoin de logement, et vous m’avez logé ; — j’ai été nu, et vous m’avez revêtu ; j’ai été malade, et vous m’avez visité ; j’ai été en prison, et vous m’êtes venu voir.
Alors les justes lui répondront : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vu avoir faim, et que nous vous avons donné à manger, ou avoir soif, et que nous vous avons donné à boire ? — Quand est-ce que nous vous avons vu sans logement, et que nous vous avons logé ; ou sans habits, et que nous vous avons revêtu ? — Et quand est-ce que nous vous avons vu malade ou en prison, et que nous sommes venus vous visiter ? — Et le Roi leur répondra : Je vous dis en vérité, autant de fois que vous l’avez fait à l’égard de l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi-même que vous l’avez fait.
Il dira ensuite à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits ; allez au feu éternel, qui a été préparé pour le diable et pour ses anges ; — car j’ai eu faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’ai eu soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; — j’ai eu besoin de logement, et vous ne m’avez pas logé ; j’ai été sans habits, et vous ne m’avez pas revêtu ; j’ai été malade et en prison, et vous ne m’avez point visité.
Alors ils lui répondront aussi : Seigneur, quand est-ce que nous vous avons vu avoir faim, avoir soif, ou sans logement, ou sans habits, ou malade, ou dans la prison, et que nous avons manqué à vous assister ? — Mais il leur répondra : Je vous dis en vérité, autant de fois que vous avez manqué à rendre ces assistances à l’un de ces plus petits, vous avez manqué à me les rendre à moi-même.
Et alors ceux-ci iront dans le supplice éternel, et les justes dans la vie éternelle. (Saint Matthieu, ch. XXV, v. de 31 à 46.)
2. Alors un docteur de la loi s’étant levé, lui dit pour le tenter : Maître, que faut-il que je fasse pour posséder la vie éternelle ? — Jésus lui répondit : Qu’y a-t-il d’écrit dans la loi ? Qu’y lisez-vous ? — Il lui répondit : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, de toutes vos forces et de tout votre esprit, et votre prochain comme vous-même. — Jésus lui dit : Vous avez fort bien répondu ; faites cela et vous vivrez.
Mais cet homme, voulant faire paraître qu’il était juste, dit à Jésus : Et qui est mon prochain ? — Et Jésus prenant la parole lui dit :
Un homme qui descendait de Jérusalem à Jéricho tomba entre les mains des voleurs qui le dépouillèrent, le couvrirent de plaies, et s’en allèrent, le laissant à demi mort. — Il arriva ensuite qu’un prêtre descendait par le même chemin, lequel, l’ayant aperçu, passa outre. — Un lévite, qui vint aussi au même lieu, l’ayant considéré, passa outre encore. — Mais un Samaritain qui voyageait, étant venu à l’endroit où était cet homme, et l’ayant vu, en fut touché de compassion. — Il s’approcha donc de lui, versa de l’huile et du vin dans ses plaies, et les banda ; et l’ayant mis sur son cheval, il le mena dans une hôtellerie, et prit soin de lui. — Le lendemain il tira deux deniers qu’il donna à l’hôte, et lui dit : Ayez bien soin de cet homme, et tout ce que vous dépenserez de plus, je vous le rendrai à mon retour.
Lequel de ces trois vous semble-t-il avoir été le prochain de celui qui tomba entre les mains des voleurs ? — Le docteur lui répondit : Celui qui a exercé la miséricorde envers lui. — Allez donc, lui dit Jésus, et faites de même. (Saint Luc, ch. X, v. de 25 à 37.)
3. Toute la morale de Jésus se résume dans la charité et l’humilité, c’est-à-dire dans les deux vertus contraires à l’égoïsme et à l’orgueil. 2 Dans tous ses enseignements, il montre ces vertus comme étant le chemin de l’éternelle félicité : Bienheureux, dit-il, les pauvres d’esprit, c’est-à-dire les humbles, parce que le royaume des cieux est à eux ; bienheureux ceux qui ont le cœur pur ; bienheureux ceux qui sont doux et pacifiques ; bienheureux ceux qui sont miséricordieux ; aimez votre prochain comme vous-même ; faites aux autres ce que vous voudriez qu’on vous fît ; aimez vos ennemis ; pardonnez les offenses, si vous voulez être pardonné ; faites le bien sans ostentation ; jugez-vous vous-même avant de juger les autres. 3 Humilité et charité, voilà ce qu’il ne cesse de recommander et ce dont il donne lui-même l’exemple ; orgueil et égoïsme, voilà ce qu’il ne cesse de combattre ; 4 mais il fait plus que de recommander la charité, il la pose nettement et en termes explicites comme la condition absolue du bonheur futur.
5 Dans le tableau que donne Jésus du jugement dernier, il faut, comme dans beaucoup d’autres choses, faire la part de la figure et de l’allégorie. A des hommes comme ceux à qui il parlait, encore incapables de comprendre les choses purement spirituelles, il devait présenter des images matérielles, saisissantes et capables d’impressionner ; pour mieux être accepté, il devait même ne pas trop s’écarter des idées reçues, quant à la forme, réservant toujours pour l’avenir la véritable interprétation de ses paroles et des points sur lesquels il ne pouvait s’expliquer clairement. 6 Mais à côté de la partie accessoire et figurée du tableau, il y a une idée dominante : celle du bonheur qui attend le juste et du malheur réservé au méchant.
7 Dans ce jugement suprême, quels sont les considérants de la sentence ? sur quoi porte l’enquête ? Le juge demande-t-il si l’on a rempli telle ou telle formalité, observé plus ou moins telle ou telle pratique extérieure ? Non ; il ne s’enquiert que d’une chose : la pratique de la charité, 8 et il prononce en disant : Vous qui avez assisté vos frères, passez à droite ; vous qui avez été durs pour eux, passez à gauche. 9 S’informe-t-il de l’orthodoxie de la foi ? fait-il une distinction entre celui qui croit d’une façon et celui qui croit d’une autre ? Non ; car Jésus place le Samaritain, regardé comme hérétique, mais qui a l’amour du prochain, au-dessus de l’orthodoxe qui manque de charité. 10 Jésus ne fait donc pas de la charité seulement une des conditions du salut, mais la seule condition ; 11 s’il y en avait d’autres à remplir, il les aurait exprimées. 12 S’il place la charité au premier rang des vertus, c’est qu’elle renferme implicitement toutes les autres : l’humilité, la douceur, la bienveillance, l’indulgence, la justice, etc. ; et parce qu’elle est la négation absolue de l’orgueil et de l’égoïsme.
4. Mais les Pharisiens, avant appris qu’il avait fermé la bouche aux Sadducéens, s’assemblèrent ; — et l’un d’eux, qui était docteur de la loi, vint lui faire cette question pour le tenter : — Maître, quel est le grand commandement de la loi ? — Jésus lui répondit : Vous aimerez le Seigneur votre Dieu de tout votre cœur, de toute votre âme, et de tout votre esprit. — C’est là le plus grand et le premier commandement. — Et voici le second qui est semblable à celui-là : Vous aimerez votre prochain comme vous-même. — Toute la loi et les prophètes sont renfermés dans ces deux commandements. (Saint Matthieu, ch. XXII, v. de 34 à 40.)
5. Charité et humilité, telle est donc la seule voie du salut ; égoïsme et orgueil, telle est celle de la perdition. 2 Ce principe est formulé en termes précis dans ces paroles : « Vous aimerez Dieu de toute votre âme et votre prochain comme vous-même ; toute la loi et les prophètes sont renfermés dans ces deux commandements. » 3 Et pour qu’il n’y ait pas d’équivoque sur l’interprétation de l’amour de Dieu et du prochain, il ajoute : « Et voici le second commandement qui est semblable au premier ; » c’est-à-dire qu’on ne peut vraiment aimer Dieu sans aimer son prochain, ni aimer son prochain sans aimer Dieu ; donc tout ce que l’on fait contre le prochain, c’est le faire contre Dieu. 4 Ne pouvant aimer Dieu sans pratiquer la charité envers le prochain, tous les devoirs de l’homme se trouvent résumés dans cette maxime : HORS LA CHARITÉ POINT DE SALUT.
6. Quand je parlerais toutes les langues des hommes, et la langue des anges même, si je n’ai point la charité, je ne suis que comme un airain sonnant, et une cymbale retentissante ; — et quand j’aurais le don de prophétie, que je pénétrerais tous les mystères, et que j’aurais une parfaite science de toutes choses ; quand j’aurais encore toute la foi possible, jusqu’à transporter les montagnes, si je n’ai point la charité, je ne suis rien. — Et quand j’aurais distribué mon bien pour nourrir les pauvres, et que j’aurais livré mon corps pour être brûlé, si je n’ai point la charité, tout cela ne me sert de rien.
La charité est patiente ; elle est douce et bienfaisante ; la charité n’est point envieuse ; elle n’est point téméraire et précipitée ; elle ne s’enfle point d’orgueil ; — elle n’est point dédaigneuse ; elle ne cherche point ses propres intérêts ; elle ne se pique et ne s’aigrit de rien ; elle n’a point de mauvais soupçons ; elle ne se réjouit point de l’injustice, mais elle se réjouit de la vérité ; elle supporte tout, elle croit tout, elle espère tout, elle souffre tout.
Maintenant ces trois vertus : la foi, l’espérance et la charité demeurent ; mais entre elles la plus excellente est la charité. (Saint Paul, 1º Épître aux Corinthiens, ch. XIII, v. de 1 à 7 et 13.)
7. Saint Paul a tellement compris cette grande vérité, qu’il dit : « Quand j’aurais le langage des anges ; quand j’aurais le don de prophétie, que je pénétrerais tous les mystères ; quand j’aurais toute la foi possible jusqu’à transporter les montagnes, si je n’ai point la charité, je ne suis rien. Entre ces trois vertus : la foi, l’espérance et la charité, la plus excellente est la charité. » 2 Il place ainsi, sans équivoque, la charité au-dessus même de la foi ; 3 c’est que la charité est à la portée de tout le monde, de l’ignorant et du savant, du riche et du pauvre, et parce qu’elle est indépendante de toute croyance particulière. 4 Il fait plus : il définit la vraie charité ; il la montre, non pas seulement dans la bienfaisance, mais dans la réunion de toutes les qualités du cœur, dans la bonté et la bienveillance à l’égard du prochain.
8. Tandis que la maxime : Hors la charité point de salut, s’appuie sur un principe universel, ouvre à tous les enfants de Dieu l’accès du bonheur suprême, le dogme : Hors l’Église point de salut, s’appuie, non pas sur la foi fondamentale en Dieu et en l’immortalité de l’âme, foi commune à toutes les religions, mais sur la foi spéciale en des dogmes particuliers ; il est exclusif et absolu ; 2 au lieu d’unir les enfants de Dieu, il les divise ; au lieu de les exciter à l’amour de leurs frères, il entretient et sanctionne l’irritation entre les sectaires des différents cultes qui se considèrent réciproquement comme maudits dans l’éternité, fussent-ils parents ou amis dans ce monde ; méconnaissant la grande loi d’égalité devant la tombe, il les sépare même dans le champ du repos. 3 La maxime : Hors la charité point de salut, est la consécration du principe de l’égalité devant Dieu et de la liberté de conscience ; avec cette maxime pour règle, tous les hommes sont frères, et quelle que soit leur manière d’adorer le Créateur, ils se tendent la main et prient les uns pour les autres. 4 Avec le dogme : Hors l’Église point de salut, ils se lancent l’anathème, se persécutent et vivent en ennemis ; le père ne prie pas pour le fils, ni le fils pour le père, ni l’ami pour l’ami, s’ils se croient réciproquement damnés sans retour. Ce dogme est donc essentiellement contraire aux enseignements du Christ et à la loi évangélique.
9. Hors la vérité point de salut serait l’équivalent de : Hors l’Église point de salut, et tout aussi exclusif, car il n’est pas une seule secte qui ne prétende avoir le privilège de la vérité. 2 Quel est l’homme qui peut se flatter de la posséder tout entière, alors que le cercle des connaissances grandit sans cesse, et que les idées se rectifient chaque jour ? 3 La vérité absolue n’est le partage que des Esprits de l’ordre le plus élevé, et l’humanité terrestre ne saurait y prétendre, parce qu’il ne lui est pas donné de tout savoir ; elle ne peut aspirer qu’à une vérité relative et proportionnée à son avancement. 4 Si Dieu avait fait de la possession de la vérité absolue la condition expresse du bonheur futur, ce serait un arrêt de proscription générale ; tandis que la charité, même dans son acception la plus large, peut être pratiquée par tous. 5 Le Spiritisme, d’accord avec l’Évangile, admettant que l’on peut être sauvé quelle que soit sa croyance, pourvu que l’on observe la loi de Dieu, ne dit point : Hors le Spiritisme point de salut ; et comme il ne prétend pas enseigner encore toute la vérité, il ne dit pas non plus : Hors la vérité point de salut, maxime qui diviserait au lieu d’unir, et perpétuerait l’antagonisme.
INSTRUCTIONS DES ESPRITS.
10. Mes enfants, dans la maxime : Hors la charité point de salut, sont contenues les destinées des hommes sur la terre et dans le ciel ; 2 sur la terre, parce qu’à l’ombre de cet étendard ils vivront en paix ; 3 dans le ciel, parce que ceux qui l’auront pratiquée trouveront grâce devant le Seigneur. 4 Cette devise est le flambeau céleste, la colonne lumineuse qui guide l’homme dans le désert de la vie pour le conduire à la Terre Promise ; 5 elle brille dans le ciel comme une auréole sainte au front des élus, 6 et sur la terre elle est gravée dans le cœur de ceux à qui Jésus dira : Allez à droite, vous les bénis de mon Père. 7 Vous les reconnaissez au parfum de charité qu’ils répandent autour d’eux. 8 Rien n’exprime mieux la pensée de Jésus, rien ne résume mieux les devoirs de l’homme que cette maxime d’ordre divin ; le Spiritisme ne pouvait mieux prouver son origine qu’en la donnant pour règle, car elle est le reflet du plus pur Christianisme ; avec un tel guide, l’homme ne s’égarera jamais. 9 Appliquez-vous donc, mes amis, à en comprendre le sens profond et les conséquences, à en chercher pour vous-mêmes toutes les applications. 10 Soumettez toutes vos actions au contrôle de la charité, et votre conscience vous répondra ; non seulement elle vous évitera de faire le mal, mais elle vous fera faire le bien : car il ne suffit pas d’une vertu négative, il faut une vertu active ; 11 pour faire le bien, il faut toujours l’action de la volonté ; pour ne pas faire le mal, il suffit souvent de l’inertie et de l’insouciance.
12 Mes amis, remerciez Dieu qui a permis que vous pussiez jouir de la lumière du Spiritisme ; non pas que ceux qui la possèdent puissent seuls être sauvés, mais parce qu’en vous aidant à mieux comprendre les enseignements du Christ, elle fait de vous de meilleurs chrétiens ; 13 faites donc qu’en vous voyant on puisse dire que vrai spirite et vrai chrétien sont une seule et même chose, car tous ceux qui pratiquent la charité sont les disciples de Jésus à quelque culte qu’ils appartiennent. (PAUL, apôtre. Paris, 1860.)
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