Petite goutte d’eau qu’emporte le nuage,
Sais-tu quel sera ton destin ?
Sur quelle couche de feuillage
Viendront te déposer les baisers du matin ?
Quel sillon brûlant dans la plaine,
Quel torrent écumeux sur le flanc du coteau,
Quel océan, quelle fontaine
Attendent ton baiser, petite goutte d’eau ?
Formeras-tu d’Iris la robe diaprée ?
Iras-tu dans la fange expier ta candeur,
Ou dormir, amante adorée, Dans le calice de la fleur ?
Eh ! que te font, à toi, les hasards de la vie,
Ses voluptés ou ses douleurs ?
Sous le niveau de l’harmonie,
Esclave, tu nais et tu meurs?
Mais l’âme, sublime mystère,
Rayon tombé du ciel pour l’immortalité,
L’âme grandit ou dégénère
Au souffle de la liberté.
(Esprit frappeur de Carcassonne.) |