Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année XI — Septembre 1868.

(Langue portugaise)

BIBLIOGRAPHIE.


LE RÉGIMENT FANTASTIQUE.

PAR VICTOR DAZUR. n

Nous empruntons les passages suivants au compte rendu que le Siècle a donné de cet ouvrage dans son feuilleton du 22 juin 1868 :


« C’est une sorte de roman philosophique, où la plupart des questions qui passionnent actuellement les esprits sont traitées sous une forme originale et dramatique ; le spiritualisme et le matérialisme, l’immortalité de l’âme et le néant, le libre arbitre et le fatalisme, la responsabilité et l’irresponsabilité, les peines éternelles et l’expiation, puis la guerre, la paix universelle, les armées permanentes, etc.

« Toutes ces questions ne sont pas discutées avec beaucoup de méthode et de profondeur, mais elles le sont toutes avec une certaine érudition, avec une bonne foi évidente, avec gaieté presque toujours, avec esprit souvent, et quelquefois avec éloquence.

« En somme, l’ouvrage est d’un homme libéral, ami du progrès, de la perfectibilité et du spiritualisme, ami de la paix, quoique évidemment militaire.

« Voici, du reste, comment l’auteur parle de lui-même :

« L’auteur, qui s’est donné dans ce livre le nom de François Pamphile, avait l’insigne honneur d’être caporal dans l’armée française, lorsqu’il fit le songe étrange qui forme le canevas de l’ouvrage que vous allez lire, si vous n’avez rien de mieux à faire. Plus tard notre militaire écrivit son rêve, et ensuite s’amusa à l’embellir quand il en avait le temps. »

« Le Régiment fantastique, de Victor Dazur, est donc un rêve comme le Paris en Amérique, de M. Laboulaye, n mais c’est un rêve qui vous transporte dans un monde tout imaginaire.

« Le caporal François Pamphile rentre à sa caserne, après avoir pris, avec quelques camarades, sa part des réjouissances d’une fête publique à Paris. Rassasié de bruit, de musique, de spectacles en plein vent, d’illuminations, de feux d’artifice, l’estomac bien lesté et la conscience tranquille, n’ayant eu de querelle avec personne, n’ayant frappé de son sabre aucun civil, il s’endort d’un profond sommeil. Au bout d’un temps qu’il ne peut apprécier, il lui semble que son lit est enlevé comme s’il était suspendu à un ballon en guise de nacelle.

« Il ouvre les yeux et se voit dans l’espace ; un panorama mobile s’étend au-dessous de lui ; il voit disparaître Paris, puis la campagne, puis la terre. Il lui semble faire un des voyages aérostatiques de notre collaborateur Flammarion dont il se déclare un lecteur assidu, et dont il loue avec enthousiasme le beau livre spiritualiste qui a pour titre La pluralité des mondes habités – Google Books..

« Tout à coup l’air lui manque ; il suffoque ; mais il entre dans une autre atmosphère ; sa respiration reprend ; il aperçoit un autre globe que ses études astronomiques lui font reconnaître pour la planète Mars. Il se sent attiré vers cette planète dont le globe grossit rapidement à ses yeux. Il tremble, en y tombant selon les lois de la pesanteur, d’y être écrasé ; il redoute un choc terrible ; mais non ! Le voici étendu sur un épais gazon, aux pieds d’arbres merveilleux remplis d’oiseaux non moins merveilleux.

« Il se croit dans un monde nouveau, passé du grade de caporal au grade de premier homme. Il appelle une Ève. C’est la chanson du Roi Dagobert,  †  qui lui répond.

« L’étonnement du bon caporal redouble en voyant que le chanteur est un grand gaillard revêtu de l’uniforme de sergent-major de l’infanterie de ligne française.

« — Qui êtes-vous ? lui dit ce sergent, qui a l’air aussi surpris que lui.

« — Major, répond François Pamphile, je suis caporal ; je viens de la planète Terre que j’ai quittée involontairement cette nuit ; et je voudrais que vous eussiez l’obligeance de me dire le nom de la planète où je suis tombé.

« — Cette planète, c’est Soraï-Kanor, parbleu !

« — Soraï-Kanor ?… Je supposais que c’était la planète Mars.  †  Il paraît que je me suis trompé.

« — Vous ne vous êtes point trompé. Seulement notre planète, que les terriens nomment Mars, est nommée par nos astronomes Soraï-Kanor.

« Le caporal s’étonne que le sergent sache le nom donné par les habitants de la terre à sa planète. Mais le sergent lui apprend qu’il n’a quitté la terre qu’après sa mort terrestre, et qu’il y était roi de France.

« A cette réponse inattendue, le caporal se découvre, c’est-à-dire ôte le bonnet de coton qu’il a sur la tête.

« Le roi sergent-major lui dit de ne pas lui rendre tant d’honneurs, puisqu’il n’est plus qu’un simple sous-officier. Sur terre, il s’appelait François Ier ; sur Mars, il appartient au régiment fantastique, un régiment composé de la plupart des souverains qui ont régné sur le globe terrestre. Le colonel est Alexandre le Grand ; le lieutenant-colonel Jules César (qui n’a pas régné, à proprement parler), et le major Périclès (qui a moins régné encore). Le régiment compte trois bataillons, et chaque bataillon huit compagnies. Le commandant du premier bataillon est Sésostris et l’adjudant-major Attila ; le commandant du deuxième bataillon, Charlemagne et l’adjudant-major Charles-Quint ; le commandant du troisième bataillon, Annibal ; et l’adjudant-major Mithridate.

« Chaque compagnie est composée des souverains d’une même nation. La compagnie française est la première du deuxième bataillon et a pour capitaine Louis XIV, ce qui prouve, par parenthèse, que la faveur domine sur Mars comme sur la terre ; car François Ier, qui n’est que sergent-major, était assurément un plus grand capitaine que Louis XIV, et il avait de plus pour lui l’ancienneté.

« Les cantinières du régiment fantastique sont Sémiramis, Cléopâtre, Élisabeth, Catherine II. De même que tous les officiers et les soldats du régiment sont d’anciens souverains ou des hommes ayant exercé la souveraineté, toutes les cantinières et les servantes de cantine sont d’anciennes souveraines. Les musiciens seuls sont d’anciens compositeurs : Beethoven, Mozart, Glück, Piccini, Haydn, Bellini. Le régiment n’a adopté l’uniforme français que depuis le règne de Napoléon Ier, dont les campagnes ont enthousiasmé Alexandre le Grand. Depuis, le régiment a suivi toutes les variations de notre costume militaire, ce qui n’est pas peu dire. C’est aussi depuis le règne de Napoléon Ier que la langue française est adoptée comme la langue réglementaire du régiment. Ce n’est pourtant pas sous l’empire que la langue française a le plus brillé. Du reste, le vainqueur d’Austerlitz  †  n’est pas au nombre des militaires du régiment fantastique. Il n’est point sur Mars ; peut-être est-il dans un monde supérieur, peut-être dans un monde inférieur : François Ier l’ignore.

« D’autres souverains n’ont jamais figuré dans le régiment fantastique ; d’autres l’ont quitté après plusieurs siècles de service ; quelques-uns, après plusieurs milliers de siècles. Le régiment ne change jamais de garnison, et ne fait jamais la guerre. C’est une sorte de régiment pénitentiaire où les souverains, hommes et femmes, ne sont placés que pour expier les forfaits qu’ils ont commis pendant leurs règnes.

« A la bonne heure, mais les musiciens Beethoven, Mozart et les autres, quels forfaits ont-ils commis pour être retenus dans ce régiment expiatoire ? C’est ce que l’auteur néglige de nous apprendre.

« Le supplice habituel des militaires et des cantinières du régiment, c’est le supplice de Tantale. Les guerriers qui, sur la terre, se plaisaient dans le sang et dans le carnage, ont gardé leurs belliqueux instincts que le son du clairon réveille sans cesse et que les exercices et les simulacres de combat surexcitent sans qu’il leur soit jamais possible de se satisfaire ; car la puissance divine, qui, sur la terre, permet la guerre, l’interdit sur Mars.

« Les voluptueux et les voluptueuses souffrent un supplice semblable. Tous, hommes et femmes, conservent la beauté dont ils jouissaient à la plus belle époque de leur vie, mais ils sont soumis à une cause physiologique qui les condamne à une chasteté absolue.

« Un autre châtiment, qui les désole plus encore, c’est le supplice des souvenirs. Une mémoire extraordinairement lucide leur rappelle les actes de leur vie terrestre. Une occupation continuelle parvient seule à les distraire ; mais la discipline est rigoureuse ; à chaque instant, ils sont condamnés à la salle de police, à la prison ou à la salle des souvenirs. A la salle de police et à la prison, on leur permet encore quelques distractions, mais à la salle des souvenirs on ne leur en permet aucune. Ils se trouvent là enfermés au milieu de tous les instruments de supplice et de torture employés sous tous les règnes ; sur les murs, sont peints à fresque toutes les souffrances et tous les meurtres ordonnés par les rois.

« Quand Louis XI est enfermé dans la salle des souvenirs, il est mis dans une cage de fer en usage sous son règne, et placé en face de l’échafaud de Nemours  †  dont le sang dégoutte sur la tête de ses enfants. Philippe le Bel est étendu sur un bûcher d’où il voit le supplice des Templiers. Ferdinand le Catholique est attaché sur un chevalet, la tête tournée vers un auto-da-fé.

« Notre caporal entend Néron se plaindre en ces termes à son camarade Caligula :

« — Les trois quarts du temps, je suis puni de consigne ou de salle de police. Si je réclame contre une punition, on me l’augmente. Quand je ne suis pas à la salle de police, je suis au peloton de punition, et quand je ne suis pas au peloton de punition, je suis à la corvée de quartier. Enfin, je suis accablé de vexations de toutes sortes, sans compter mes autres souffrances. Voilà bien des siècles que cela dure. Quand cela finira-t-il ? »

« — Mais c’est un enfer que votre régiment fantastique, dit le bon Pamphile à François Ier.

« — Non, lui répond celui-ci, car les peines n’y sont pas éternelles. Le grand Inconnu, qui est la justice suprême, ne prononce pas de condamnation éternelle, attendu que des fautes finies, si grandes qu’elles soient, ne sauraient mériter des peines infinies. Notre planète et certaines autres ne sont pas des enfers, mais des purgatoires où les hommes, dans une ou plusieurs existences successives, payent les dettes morales qu’ils ont contractées dans une existence antérieure.

« En devisant ainsi tantôt avec le sergent-major François Ier, tantôt avec le simple fantassin Charles V, tantôt avec son confrère le caporal Charles VII, le caporal Pamphile reçoit des instructions et des révélations sur ce qui intéresse au plus haut degré l’humanité. Enfin, dans une audience que lui accorde le colonel Alexandre le Grand, au cercle des officiers, l’ancien conquérant lui expose un projet de congrès international universel qu’il le charge de proposer à la terre pour établir à jamais sur notre globe la paix, la concorde et la fraternité.

« — Mon colonel, s’écrie Pamphile enthousiasmé, votre projet est si logique, il me paraît tellement indispensable et l’idée en est si naturelle, qu’il me semble qu’aussitôt qu’il sera connu sur la terre, tout le monde dira là-bas : Comment se fait-il que l’on n’ait pas pensé plus tôt à établir un congrès universel ?

« Malgré l’espoir du bon caporal, nous doutons que les différents gouvernements de notre planète se hâtent d’accueillir le projet d’Alexandre ; mais le congrès de la paix, qui s’assemblera à Berne en septembre prochain, ne peut manquer de le prendre en considération. Nous le recommandons spécialement au rapporteur chargé d’étudier quelle pourrait être la constitution des États unis de l’Europe.  † 


« E.-D. DE BIÉVILLE. »


Si M. Victor Dazur (ce nom est sans doute un pseudonyme) s’est inspiré de la Pluralité des mondes habités de M. Flammarion, dont il se déclare un lecteur assidu, il a aussi largement glané dans les ouvrages spirites. Sauf le cadre dont il s’est servi, sa théorie philosophique des peines futures, de la pluralité des existences, de l’état des Esprits dégagés du corps, de la responsabilité morale, etc., est évidemment puisée dans la doctrine du Spiritisme, dont il reproduit non-seulement l’idée, mais souvent même la forme.


Les passages suivants ne peuvent laisser de doute sur ce point.

« Tu rêves, mon ami, pensai-je ; tu rêves ! Tous ces souverains de la terre qui recommencent une nouvelle existence sur la planète Mars, ce génie au corps diaphane et aux ailes d’azur, tout cela sent le Spiritisme… Et cependant, quand tu es éveillé, tu ne crois pas à cette invention. Puis, m’adressant à François Ier, je lui dis :

« — Major, il me vient à l’esprit une idée singulière ; cette idée me fait supposer que tout ce que je vois et tout ce que j’entends depuis que je suis arrivé ici n’est que l’effet d’un songe. Dites-moi, je vous prie, votre opinion. Pensez-vous, comme moi, que je rêve ?

« — Mais non ! vous ne rêvez pas, me répondit François Ier d’un air aussi indigné que si je lui avais fait une demande très stupide. Non, vous ne rêvez pas ! Si vous rêviez, il défilerait devant votre esprit une foule de chimères sans queue ni tête. Les évènements dont vous seriez témoins n’auraient entre eux aucun rapport raisonnable.

« — Mais, ce n’est pas tout, major. Ce qui me fait croire encore que je rêve, c’est que je me suis tâté, et que je ne me suis point trouvé de corps… Je me tâte encore maintenant, et je ne m’en trouve pas davantage. Cependant, je me sens vivre et je me vois des bras et des jambes. Il va sans dire que ces bras et ces jambes étant impalpables, ce ne sont que des apparences fantastiques. Je pourrais bien expliquer ces apparences, mais pour cela il me faudrait, moi qui ne crois pas au Spiritisme, admettre certaine théorie Spirite, qui, vraie ou fausse, est, dans tous les cas, assez ingénieuse.

« Cette théorie prétend que l’Esprit d’un corps est entouré d’un périsprit, c’est-à-dire d’une enveloppe semi-matérielle, qui peut prendre la forme de ce corps et devenir visible dans certains cas. Une fois le périsprit admis, la même théorie prétend qu’un individu peut quelquefois être vu au même instant dans deux endroits, même très éloignés l’un de l’autre, le corps dormant d’une part et l’apparence du corps, c’est-à-dire le périsprit, agissant d’autre part.

« Si cette assertion était vraie, je me trouverais mettre en pratique la théorie dont je viens de parler. On pourrait voir en ce moment mon corps dormir à Paris pendant que vous voyez mon périsprit comme mon corps pourrait le faire. Mais je ne croirais une chose aussi extraordinaire que si elle était éprouvée.

« Ce serait encore adopter le Spiritisme que d’admettre comme réelle cette réunion de potentats assemblés ici, à ce qu’ils prétendent, pour expier les méfaits qu’ils ont commis étant sur la terre.

« — Si vous le voulez, me dit François Ier, ne croyez pas à ce que vous avez devant les yeux. Supposez un instant qu’au lieu d’être sur cette planète, vous êtes dans le domaine idéal de la raison, et dites-moi si vous croyez que les hommes qui font le mal, quel que soit leur rang dans la société, puissent être exempts du purgatoire après leur mort terrestre ? — Major, je ne sais que vous répondre. — Mais, je sais pourtant ce que vous pensez. Vous pensez que le purgatoire existe n’importe où, mais seulement pour les gens qui occupent les degrés les plus élevés de l’échelle sociale. Et ce qui vous porte à penser cela, c’est que les fautes des gens haut placés dans le monde, sont bien plus apparentes que celles des simples particuliers. Mais vous allez tout de suite modifier cette idée en songeant que, pour l’Être suprême, il n’est pas de fautes cachées. En effet, le Grand Inconnu voit constamment sur la terre de simples particuliers qui font, relativement, autant de mal dans leur petite sphère d’action, qu’en ont fait dans leurs États certains tyrans flétris par l’histoire. Les simples particuliers dont je parle, au lieu d’exercer leur tyrannie dans un royaume, l’exercent dans leur famille et dans leur entourage, faisant souffrir sans pitié femme, enfants et subordonnés. Ces tyranneaux n’ont qu’un souci, qui est de jouir de la vie en échappant au code pénal du pays qu’ils habitent. Or, je vous le demande, croyez-vous que ces gens malfaisants, qui passent quelquefois pour être vertueux aux yeux de quiconque ne connaît pas leur vie, croyez-vous, dis-je, que ces êtres malfaisants sont aussitôt transportés dans un séjour de délices ? — Non, je ne le crois pas. — N’admettez-vous pas qu’ils ont contracté, en faisant le mal, une certaine dette morale ? — Si, major, je l’admets. — Eh bien ! alors, vous ne devez pas vous étonner que certaines planètes soient de vrais purgatoires où les hommes, dans une ou plusieurs existences, payent les dettes qu’ils ont contractées dans une existence antérieure.

« — Mais, major, les souffrances que tout homme éprouve dans le cours de sa vie ne payent-elles pas suffisamment le mal qu’il peut faire depuis l’âge de raison jusqu’à la mort ?

« — Cela ne se pourrait que pour un bien petit nombre d’individus ; car, le plus souvent, le mal qu’un homme fait rejaillit sur un certain nombre de ses semblables, ce qui multiplie d’autant la somme du mal personnel, et rend presque toujours la dette si forte que cet homme ne saurait la payer dans le cours de sa courte existence. Or, quand on n’a pas pu payer ses dettes dans une vie, il faut forcément les payer dans une autre ; car, en fait de dettes criminelles, le Grand Inconnu a disposé les choses de manière qu’il n’est pas de banqueroute possible.

« Cela étant admis, vous admettrez bien aussi qu’il est impossible que des monstres comme Néron, Caligula, Héliogabale, Borgia et tant d’autres dont on ne peut nombrer les crimes, aient pu payer de pareilles dettes par le peu de maux qu’ils ont soufferts dans leur vie. Or, de deux choses l’une : ces hommes, à leur mort, sont tombés dans le néant, ou bien ils ont recommencé une nouvelle existence ; si l’on admet qu’ils soient tombés dans le néant, on admet tout naturellement qu’ils ont dû faire une banqueroute énorme. Vous conviendrez que l’idée d’une semblable banqueroute révolte l’esprit, tandis que si l’on admet qu’ils ont recommencé chacun une nouvelle existence, l’esprit se trouve satisfait en pensant que ces nouvelles vies ne peuvent être que des existences d’expiation ou, pour mieux dire, de purification.  n

« — Major, n’est-il pas plus simple d’admettre la damnation éternelle pour les monstres dont vous parlez ? — Je conviens que c’est plus simple, mais non plus logique. La logique, qui doit être l’âme de la justice, refuse d’admettre la damnation éternelle, parce que des fautes finies ne sauraient mériter des peines infinies. »


Suit une dissertation des plus saisissantes et des plus logiques que nous ayons lues contre l’enfer et les peines éternelles, sur la justice de la proportionnalité des peines, et sur la doctrine du travail, mais que son étendue ne nous permet pas de reproduire.

« — Major, dit le caporal Pamphile, je vous ferai remarquer que la négation de l’enfer éternel, ainsi que la proportionnalité des peines, est le fond même de la doctrine des Spirites ; or, je vous l’ai déjà dit, je ne crois pas au Spiritisme. — Alors… croyez à l’enfer éternel si cela vous fait plaisir. »

Parmi les souverains que le caporal Pamphile trouve dans la planète Mars, il y en a qui vivaient du temps du déluge, des rois d’Assyrie, au temps de la tour de Babel, des Pharaons au temps du passage de la mer Rouge par les Hébreux, etc., et chacun donne sur ces évènements des explications qui, pour la plupart, ont le mérite, sinon de la preuve matérielle, du moins celui de la logique.

En somme, le cadre choisi par l’auteur pour émettre ses idées est heureux, jusqu’à sa négation même du Spiritisme qui aboutit, en définitive, à une affirmation indirecte. Nous dirons, comme le Siècle, que, sous une forme en apparence légère, toutes les questions y sont traitées avec une certaine érudition, avec une bonne foi évidente, avec gaieté presque toujours, avec esprit souvent, et quelquefois avec éloquence. Nous ajouterons que, ne connaissant point l’auteur, si ce numéro lui tombe sous la main, nous désirons qu’il y trouve l’expression de nos sincères félicitations, car il a fait un livre intéressant et très utile.



[1] Un fort vol. in-12, Prix : 3 fr. 50 c. ; par la poste, 4 fr. [Le régiment fantastique - Google Books.] Cet ouvrage a été imprimé à Lyon et ne porte aucun nom d’éditeur ; il est dit simplement qu’il se trouve à Paris, chez tous les libraires. Nous nous le sommes procuré à la librairie Internationale, 15, boulevard Montmartre.  † 


[2] Si l’effet de l’injustice ou du mal qu’un homme commet à l’égard d’un autre homme, s’arrête à l’individu, la nécessité de la réparation sera individuelle ; mais si, par coutre-coup, ce mal préjudicie, de proche en proche, à cent individus, sa dette sera centuplée, car ce seront cent réparations à accomplir. Plus il aura fait de victimes, directement ou indirectement, plus il y aura d’individus qui lui demanderont compte de sa conduite. C’est ainsi que la responsabilité, et le nombre des réparations augmentant avec l’étendue de l’autorité dont on est revêtu, on est responsable vis-à-vis d’individus que l’on n’a jamais connus, mais qui n’en ont pas moins souffert des conséquences de nos actes.


[3] [Paris en Amérique - Google Books.]


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