Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année X — Janvier 1867.

(Langue portugaise)

COUP D’ŒIL RÉTROSPECTIF SUR LE MOUVEMENT DU SPIRITISME.

1. — Il n’est douteux pour personne, pas plus pour les adversaires que pour les partisans du Spiritisme, que cette question agite plus que jamais les esprits. Ce mouvement est-il, comme quelques-uns affectent de le dire, un feu de paille ? Mais, ce feu de paille dure depuis tantôt quinze ans, et, au lieu de s’éteindre, son intensité n’a fait que croître d’année en année ; or, ce n’est pas là le caractère des choses éphémères et qui ne s’adressent qu’à la curiosité. La dernière levée de boucliers sous laquelle on espérait l’étouffer, n’a fait que le raviver en surexcitant l’attention des indifférents. La ténacité de cette idée n’a rien qui puisse surprendre quiconque a sondé la profondeur et la multiplicité des racines par lesquelles elle se rattache aux plus graves intérêts de l’humanité. Ceux qui s’en étonnent n’en ont vu que la superficie ; la plupart même n’en connaissent que le nom, mais n’en comprennent ni le but ni la portée.

Si les uns combattent le Spiritisme par ignorance, d’autres le font précisément parce qu’ils en sentent toute l’importance, qu’ils en pressentent l’avenir et qu’ils y voient un puissant élément régénérateur. Il faut bien se persuader que certains adversaires sont tout convertis. S’ils étaient moins convaincus des vérités qu’il renferme, ils ne lui feraient pas tant d’opposition. Ils sentent que le gage de son avenir est dans le bien qu’il fait ; faire ressortir ce bien à leurs yeux, loin de les calmer, c’est ajouter à la cause de leur irritation. Telle fut, au quinzième siècle, la nombreuse classe des écrivains copistes qui eussent volontiers fait brûler Gutenberg et tous les imprimeurs ; ce n’aurait pas été en leur démontrant les bienfaits de l’imprimerie, qui allait les supplanter, qu’on les eût apaisés.

Lorsqu’une chose est dans le vrai et que le temps de son éclosion est venu, elle marche quand même. La puissance d’action du Spiritisme est attestée par son expansion persistante, malgré le peu d’efforts qu’il fait pour se répandre. Il est un fait constant, c’est que les adversaires du Spiritisme ont dépensé mille fois plus de forces pour l’abattre, sans y parvenir, que ses partisans n’en ont déployé pour le propager. Il avance pour ainsi dire tout seul, semblable à un cours d’eau qui s’infiltre à travers les terres, se fraye un passage à droite si on l’arrête à gauche, et peu à peu mine les pierres les plus dures et finit par faire écrouler les montagnes.

Un fait notoire, c’est que, dans son ensemble, la marche du Spiritisme n’a subi aucun temps d’arrêt ; elle a pu être entravée, comprimée, ralentie dans quelques localités par des influences contraires ; mais, comme nous l’avons dit, le courant, barré sur un point, se fait jour sur cent autres ; au lieu de couler à pleins bords, il se divise en une multitude de filets.

Cependant, à première vue, on dirait que sa marche est moins rapide qu’elle ne l’a été dans les premières années ; en faut-il inférer qu’on le délaisse, qu’il rencontre moins de sympathies ? Non, mais simplement que le travail qu’il accomplit dans ce moment est différent, et, par sa nature, moins ostensible.

Dès l’abord, comme nous l’avons déjà dit, le Spiritisme a rallié à lui tous les hommes chez lesquels ces idées étaient en quelque sorte à l’état d’intuition ; il lui a suffi de se présenter pour en être compris et accepté. Il a immédiatement récolté abondamment partout où il a trouvé le terrain préparé. Cette première moisson faite, il restait les terrains en friche qui ont demandé plus de travail. C’est maintenant à travers les opinions réfractaires qu’il doit se faire jour, et c’est la période où nous nous trouvons. Semblable au mineur qui enlève sans peine les premières couches de terre meuble, il est arrivé au roc qu’il lui faut entamer, et au sein duquel il ne peut pénétrer que petit à petit. Mais il n’est pas de roc, si dur soit-il, qui résiste indéfiniment à une action dissolvante continue. Sa marche est donc ostensiblement moins rapide, mais si, dans un temps donné, il ne rallie pas en aussi grand nombre des adeptes franchement avoués, il n’en ébranle pas moins les convictions contraires, qui tombent, non tout d’un coup, mais morceau par morceau, jusqu’à ce que la trouée soit faite. C’est le travail auquel nous assistons, et qui marque la phase actuelle du progrès de la doctrine.

Cette phase est caractérisée par des signes non équivoques. En examinant la situation, il demeure évident que l’idée gagne chaque jour du terrain, qu’elle s’acclimate ; elle rencontre moins d’opposition ; on en rit moins, et ceux mêmes qui ne l’acceptent pas encore, commencent à lui concéder le droit de bourgeoisie parmi les opinions. Les Spirites ne sont plus montrés au doigt comme jadis et regardés comme des bêtes curieuses ; c’est ce que ceux surtout qui voyagent sont à même de constater. Partout ils trouvent plus de sympathie, ou moins d’antipathie pour la chose. On ne peut nier que ce ne soit là un progrès réel.


2. — Pour comprendre les facilités et les difficultés que le Spiritisme rencontre sur sa route, il faut se représenter la diversité des opinions à travers lesquelles il doit se frayer un passage. Ne s’imposant jamais par la force ni la contrainte, mais par la seule conviction, il a rencontré une résistance plus ou moins grande, selon la nature des convictions existantes, avec lesquelles il pouvait plus ou moins facilement s’assimiler, dont les unes l’ont reçu à bras ouverts, tandis que d’autres le repoussent avec obstination.

Deux grands courants d’idées se partagent la société actuelle : le spiritualisme et le matérialisme ; quoique ce dernier forme une incontestable minorité, on ne peut se dissimuler qu’il ait pris une grande extension depuis quelques années. L’un et l’autre se fractionnent en une multitude de nuances qui peuvent se résumer dans les principales catégories suivantes :

1º Les fanatiques de tous les cultes. – 0.  n

2º Les croyants satisfaits, ayant des convictions absolues, fortement arrêtées et sans restriction, quoique sans fanatisme, sur tous les points du culte qu’ils professent et qui en sont satisfaits. Cette catégorie comprend aussi les sectes qui, par cela même qu’elles ont fait scission et opéré des réformes, se croient en possession de toute la vérité, et sont parfois plus absolues que les religions mères. – 0.

3º Les croyants ambitieux, ennemis des idées émancipatrices qui pourraient leur faire perdre l’ascendant qu’ils exercent sur l’ignorance. – 0.

4º Les croyants pour la forme, qui, par intérêt, simulent une foi qu’ils n’ont pas, et presque toujours se montrent plus rigides et plus intolérants que les religieux sincères. – 0.

5º Les matérialistes par système, qui s’appuient sur une théorie raisonnée et dont beaucoup se roidissent contre l’évidence, par orgueil, pour ne pas avouer qu’ils ont pu se tromper ; ils sont, pour la plupart, aussi absolus et aussi intolérants dans leur incrédulité que les fanatiques religieux le sont dans leur croyance. – 0.

6º Les sensualistes, qui repoussent les doctrines spiritualistes et spirites dans la crainte qu’elles ne viennent les troubler dans leurs jouissances matérielles. Ils ferment les yeux pour ne pas voir. – 0.

7º Les insouciants, qui vivent au jour le jour, sans se préoccuper de l’avenir. La plupart ne sauraient dire s’ils sont spiritualistes ou matérialistes ; le présent est pour eux la seule chose sérieuse. – 0.

8º Les panthéistes, qui n’admettent pas une divinité personnelle, mais un principe spirituel universel dans lequel se confondent les âmes, comme les gouttes d’eau dans l’océan, sans conserver leur individualité. Cette opinion est un premier pas vers la spiritualité, et, par conséquent, un progrès sur le matérialisme. Quoique un peu moins réfractaires aux idées spirites, ceux qui la professent sont en général très absolus, parce que c’est, chez eux, un système préconçu et raisonné, et que beaucoup ne se disent panthéistes que pour ne pas s’avouer matérialistes. C’est une concession qu’ils font aux idées spiritualistes pour sauver les apparences. – 1.

9º Les déistes, qui admettent la personnalité d’un Dieu unique, créateur et souverain maître de toutes choses, éternel et infini dans toutes ses perfections, mais rejettent tout culte extérieur. – 3.

10º Les spiritualistes sans système, qui n’appartiennent, par conviction, à aucun culte, sans en repousser aucun, mais qui n’ont aucune idée arrêtée sur l’avenir. – 5.

11º Les croyants progressistes, attachés à un culte déterminé, mais qui admettent le progrès dans la religion, et l’accord des croyances avec le progrès des sciences. – 5.

12º Les croyants non satisfaits, en qui la foi est indécise ou nulle sur les points de dogmes qui ne satisfont pas complètement leur raison, et que tourmente le doute. – 8.

13º Les incrédules faute de mieux, dont la plupart ont passé de la foi à l’incrédulité et à la négation de tout, faute d’avoir trouvé dans les croyances dont ils ont été bercés une sanction satisfaisante pour leur raison, mais chez lesquels l’incrédulité laisse un vide pénible qu’ils seraient heureux de voir combler. – 9.

14º Les libres penseurs, nouvelle dénomination par laquelle se désignent ceux qui ne s’assujettissent à l’opinion de personne en matière de religion et de spiritualité, qui ne se croient point liés par le culte où la naissance les a placés sans leur consentement, ni tenus à l’observation de pratiques religieuses quelconques. Cette qualification ne spécifie aucune croyance déterminée ; elle peut s’appliquer à toutes les nuances du spiritualisme raisonné, aussi bien qu’à l’incrédulité la plus absolue. Toute croyance éclectique appartient à la libre pensée ; tout homme qui ne se guide pas sur la foi aveugle est, par cela même, libre penseur ; à ce titre, les Spirites sont aussi des libres penseurs. Mais pour ceux qu’on peut appeler les radicaux de la libre pensée, cette désignation a une acception plus restreinte et pour ainsi dire exclusive ; pour eux, être libre penseur, ce n’est pas seulement croire à ce qu’on veut, c’est ne croire à rien ; c’est s’affranchir de tout frein, même de la crainte de Dieu et de l’avenir ; la spiritualité est une gêne, et ils n’en veulent pas. Sous ce symbole de l’émancipation intellectuelle, ils cherchent à dissimuler ce que la qualité de matérialiste et d’athée a de répulsif pour l’opinion des masses ; et, chose singulière, c’est qu’au nom de ce symbole, qui semble être celui de la tolérance pour toutes les opinions, ils jettent la pierre à quiconque ne pense pas comme eux. Il y a donc une distinction essentielle à faire entre ceux qui se disent libres penseurs, comme entre ceux qui se disent philosophes. Ils se divisent naturellement en :

        Libres penseurs incrédules, qui rentrent dans la 5º catégorie. – 0.

    Libres penseurs croyants, qui appartiennent à toutes les nuances du spiritualisme raisonné. – 9.

15º Les Spirites d’intuition, ceux en qui les idées spirites sont innées et qui les acceptent comme une chose qui ne leur est pas étrangère. – 10.


3. — Telles sont les couches de terrain que le Spiritisme doit traverser.

En jetant un coup d’œil sur les différentes catégories ci-dessus, il est aisé de voir celles auprès desquelles il trouve un accès plus ou moins facile, et celles contre lesquelles il se heurte comme le pic contre le granit. Il ne triomphera de celles-ci qu’à l’aide des nouveaux éléments que la rénovation apportera dans l’humanité : ceci est l’œuvre de Celui qui dirige tout et qui fait surgir les événements d’où doit sortir le progrès.

Les chiffres placés à la suite de chaque catégorie indiquent approximativement la proportion du nombre d’adeptes, sur 10, que chacune a fourni au Spiritisme.

Si l’on admet, en moyenne, l’égalité numérique entre ces différentes catégories, on voit que la partie réfractaire, par sa nature, embrasse à peu près la moitié de la population. Comme elle possède l’audace et la force matérielle, elle ne se borne pas à une résistance passive : elle est essentiellement agressive ; de là une lutte inévitable et nécessaire. Mais cet état de choses ne peut avoir qu’un temps, car le passé s’en va et l’avenir arrive ; or, le Spiritisme marche avec l’avenir.

C’est donc dans l’autre moitié que le Spiritisme doit se recruter, et le champ à explorer est assez vaste ; c’est là qu’il doit concentrer ses efforts et qu’il verra ses bornes se reculer. Cependant cette moitié est encore loin de lui être entièrement sympathique ; il y rencontre des résistances opiniâtres, mais non insurmontables, comme dans la première, et dont la plupart tiennent à des préventions qui s’effacent à mesure que le but et les tendances de la doctrine sont mieux compris, et qui disparaîtront avec le temps. Si l’on peut s’étonner d’une chose, c’est que, malgré la multiplicité des obstacles qu’il rencontre, des embûches qu’on lui tend, il ait pu arriver en quelques années au point où il en est aujourd’hui.

Un autre progrès non moins évident est celui de l’attitude de l’opposition. A part les coups de boutoir lancés de temps à autre par une pléiade d’écrivains, toujours à peu près les mêmes, qui ne voient partout que matière à rire, qui riraient même de Dieu, et dont les arguments se bornent à dire que l’humanité tourne à la démence, fort surpris que le Spiritisme ait marché sans leur permission, il est très rare de voir la doctrine prise à partie dans une polémique sérieuse et soutenue. Au lieu de cela, comme nous l’avons déjà fait remarquer dans un précédent article, les idées spirites envahissent la presse, la littérature, la philosophie ; on se les approprie sans se les avouer [Voir : Revue de la presse par rapport au Spiritisme.] ; c’est pourquoi on voit à chaque instant surgir dans les journaux, dans les livres, dans les sermons, au théâtre, des pensées qu’on dirait puisées à la source même du Spiritisme. Leurs auteurs protesteraient sans doute contre la qualification de Spirites, mais ils n’en subissent pas moins l’influence des idées qui circulent et qui paraissent justes. C’est que les principes sur lesquels repose la doctrine sont tellement rationnels, qu’ils fermentent dans une multitude de cerveaux et se font jour à leur insu ; ils touchent à tant de questions, qu’il est pour ainsi dire impossible d’entrer dans la voie de la spiritualité sans faire involontairement du Spiritisme. C’est un des faits les plus caractéristiques qui ont marqué l’année qui vient de s’écouler.


4. — En faut-il conclure que la lutte est terminée ? Non, assurément, et nous devons, au contraire, plus que jamais nous tenir sur nos gardes, car nous aurons des assauts d’un autre genre à soutenir ; mais en attendant les rangs se renforcent, et les pas faits en avant sont autant de gagné.

Gardons-nous de croire que certains adversaires se tiennent pour battus, et de prendre leur silence pour une adhésion tacite, ou même pour de la neutralité. Persuadons-nous bien que certaines gens n’accepteront jamais, ni ouvertement ni tacitement, le Spiritisme tant qu’ils vivront, comme il y en a qui n’accepteront jamais certains régimes politiques ; tous les raisonnements pour les y amener sont impuissants, parce qu’ils n’en veulent à aucun prix ; leur aversion pour la doctrine croît en raison des développements qu’elle prend.

Les attaques à ciel ouvert sont devenues plus rares, parce qu’on en a reconnu l’inutilité ; mais on ne désespère pas de réussir à l’aide de manœuvres ténébreuses. Loin de s’endormir dans une trompeuse sécurité, il faut plus que jamais se défier des faux frères qui s’insinuent dans toutes les réunions pour épier, et ensuite travestir ce qui s’y dit et s’y fait ; qui sèment par-dessous main les éléments de désunion ; qui, sous l’apparence d’un zèle factice et quelquefois intéressé, cherchent à pousser le Spiritisme hors des voies de la prudence, de la modération et de la légalité ; qui provoquent en son nom des actes répréhensibles aux yeux de la loi. N’ayant pu réussir à le rendre ridicule, parce que, de son essence, c’est une chose sérieuse, leurs efforts tendent à le compromettre pour le rendre suspect à l’autorité, et provoquer contre lui et ses adhérents des mesures de rigueur. Défions-nous donc des baisers de Judas et de ceux qui veulent nous embrasser pour nous étouffer.

Il faut se figurer que nous sommes en guerre et que les ennemis sont à notre porte, prêts à saisir l’occasion favorable, et qu’ils se ménagent des intelligences dans la place.

En cette occurrence qu’y a-t-il à faire ? Une chose fort simple : se renfermer strictement dans la limite des préceptes de la doctrine ; s’efforcer de montrer ce qu’elle est par son propre exemple, et décliner toute solidarité avec ce qui pourrait être fait en son nom et serait de nature à la discréditer, car ce ne saurait être le fait d’adeptes sérieux et convaincus. Il ne suffit pas de se dire Spirite ; celui qui l’est de cœur le prouve par ses actes. La doctrine ne prêchant que le bien, le respect des lois, la charité, la tolérance et la bienveillance pour tous ; répudiant toute violence faite à la conscience d’autrui, tout charlatanisme, toute pensée intéressée en ce qui concerne les rapports avec les Esprits, et toutes choses contraires à la morale évangélique, celui qui ne s’écarte pas de la ligne tracée ne peut encourir ni blâme fondé, ni poursuites légales ; bien plus, quiconque prend la doctrine pour règle de conduite, ne peut que se concilier l’estime et la considération des gens impartiaux ; devant le bien l’incrédulité railleuse elle-même s’incline, et la calomnie ne peut salir ce qui est sans tache. C’est dans ces conditions que le Spiritisme traversera les orages qu’on amoncellera sur sa route, et qu’il sortira triomphant de toutes les luttes.

Le Spiritisme ne peut pas plus être responsable des méfaits de ceux à qui il plaît de se dire spirites, que la religion ne l’est des actes répréhensibles de ceux qui n’ont que les apparences de la piété. Avant donc de faire retomber le blâme de tels actes sur une doctrine quelconque, il faudrait savoir si elle contient quelque maxime, quelque enseignement, qui puisse les autoriser ou même les excuser. Si, au contraire, elle les condamne formellement, il est évident que la faute est toute personnelle et ne peut être imputée à la doctrine. Mais c’est une distinction que les adversaires du Spiritisme ne se donnent pas la peine de faire ; ils sont trop heureux, au contraire, de trouver une occasion de le décrier à tort ou à raison, sans se faire scrupule de lui attribuer ce qui ne lui appartient pas, envenimant les choses les plus insignifiantes plutôt que d’en chercher les causes atténuantes.


5. — Depuis quelque temps les réunions spirites ont subi une certaine transformation. Les réunions intimes et de famille se sont considérablement multipliées à Paris et dans les principales villes, en raison même de la facilité qu’elles ont trouvée à se former par l’accroissement du nombre des médiums et de celui des adeptes. Dans le principe les médiums étaient rares ; un bon médium était presque un phénomène ; il était donc naturel qu’on se groupât autour de lui ; mais à mesure que cette faculté s’est développée, les grands centres se sont fractionnés, comme des essaims, en une multitude de petits groupes particuliers qui trouvent plus de facilité à se réunir, plus d’intimité et d’homogénéité dans leur composition. Ce résultat, conséquence de la force même des choses, était prévu. Dès l’origine nous avons signalé les écueils que devaient inévitablement rencontrer les sociétés nombreuses, nécessairement formées d’éléments hétérogènes, ouvrant la porte aux ambitions, et, par cela même, en butte aux intrigues, aux cabales, aux sourdes manœuvres de la malveillance, de l’envie et de la jalousie qui ne peuvent émaner d’une source spirite pure. Dans les réunions intimes, sans caractère officiel, on est plus maître chez soi, on se connaît mieux, et l’on reçoit qui l’on veut ; le recueillement y est plus grand, et l’on sait que les résultats y sont plus satisfaisants. Nous connaissons bon nombre de réunions de ce genre dont l’organisation ne laisse rien à désirer. Il y a donc tout à gagner à cette transformation.


6. — L’année 1866 a vu en outre se réaliser les prévisions des Esprits sur plusieurs points intéressants pour la doctrine, entre autres sur l’extension et les nouveaux caractères que devait prendre la médiumnité, ainsi que sur la production de phénomènes de nature à appeler l’attention sur le principe de la spiritualité, bien qu’en apparence étrangers au Spiritisme.

La médiumnité guérissante s’est révélée au grand jour dans les circonstances les plus propres à faire sensation ; elle germe chez beaucoup d’autres personnes. Dans certains groupes on a vu se manifester de nombreux cas de somnambulisme spontané, de médiumnité parlante, de seconde vue et d’autres variétés de la faculté médianimique qui ont pu fournir d’utiles sujets d’étude. Ces facultés, sans être précisément nouvelles, sont encore à l’état naissant chez une foule d’individus ; elles ne se montrent que dans des cas isolés et s’essayent pour ainsi dire dans l’intimité ; mais avec le temps elles acquerront plus d’intensité et se vulgariseront. C’est surtout lorsqu’elles se révèlent spontanément chez des personnes étrangères au Spiritisme qu’elles appellent plus fortement l’attention, parce qu’on ne peut supposer de connivence, ni admettre l’influence d’idées préconçues.

Nous nous bornons à signaler le fait, que chacun peut constater, et dont le développement nécessiterait des détails trop étendus. Nous aurons d’ailleurs occasion d’y revenir dans des articles spéciaux.

En résumé, si rien de très éclatant n’a signalé la marche du Spiritisme en ces derniers temps, nous pouvons dire qu’elle se poursuit dans les conditions normales tracées par les Esprits, et que nous n’avons qu’à nous féliciter de l’état des choses.



[1] [Les chiffres placés à la suite de chaque catégorie indiquent approximativement la proportion du nombre d’adeptes, sur 10, que chacune a fourni au Spiritisme.]


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