Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année IX — Février 1866.

(Langue portugaise)

LE SPIRITISME SELON LES SPIRITES.

[Par A. BRIQUEL.]
Extrait du journal la Discussion.

La Discussion, journal hebdomadaire, politique et financier, imprimé à Bruxelles,  †  n’est point une de ces feuilles légères qui visent à l’amusement du public frivole par le fond et par la forme ; c’est un journal sérieux, accrédité surtout dans le monde de la finance, et qui en est à sa onzième année n Sous le titre de : Le Spiritisme selon les Spirites, le numéro du 31 décembre 1865 contient l’article suivant :


« Spirites et Spiritisme sont deux mots maintenant bien connus et fréquemment employés, quoiqu’ils fussent encore ignorés il y a seulement quelques mois. Cependant la plupart des personnes qui se servent de ces mots en sont à se demander ce qu’ils signifient exactement, et bien que chacune se fasse cette question, nulle ne l’adresse, parce que toutes veulent passer pour connaître le mot de la charade.

« Quelquefois pourtant, la curiosité intrigue jusqu’à amener l’interrogation sur les lèvres, et, à votre désir, chacun vous renseigne.

« Les uns prétendent que le Spiritisme c’est le truc de l’armoire des frères Davenport ; d’autres affirment que ce n’est rien autre chose que la magie et la sorcellerie d’autrefois qu’on veut remettre en faveur sous un nouveau nom. Selon les bonnes femmes de tous les quartiers, les Spirites ont des entretiens mystérieux avec le diable, auquel ils ont préalablement signé un compromis. Enfin, si ont lit les journaux, on y apprend que les Spirites sont tous des fous, ou tout au moins les dupes de certains charlatans appelés médiums. Ces charlatans s’en viennent, avec ou sans armoire, donner des représentations à qui veut les payer, et, pour mieux accréditer leur jonglerie, ils disent opérer sous l’influence occulte des Esprits d’outre-tombe.

« Voilà ce que j’avais appris ces derniers temps ; vu le désaccord de ces réponses, j’étais résolu, pour m’éclairer, à aller voir le diable, dût-il m’emporter, ou à me faire duper par un médium, dussé-je lui laisser ma raison. Je me souvins alors, très à propos, d’un ami que je soupçonnais de Spiritisme, et je fus le trouver, afin qu’il me procurât les moyens de satisfaire ma curiosité.

« Je lui fis part des opinions diverses que j’avais recueillies et lui exposai l’objet de ma visite. Mais mon ami rit beaucoup de ce qu’il appelait ma naïveté et me donna à peu près l’explication que voici :

« Le Spiritisme n’est pas, comme on le croit vulgairement, une recette pour faire danser des tables ou pour exécuter des tours d’escamotage, et c’est à tort que chacun veut y trouver du merveilleux.

« Le Spiritisme est une science ou, pour mieux dire, une philosophie spiritualiste, qui enseigne la morale.

« Elle n’est pas une religion, en ce qu’elle n’a ni dogmes, ni culte, ni prêtres, ni articles de foi ; elle est plus qu’une philosophie, parce que sa doctrine est établie sur la preuve certaine de l’immortalité de l’âme : c’est pour fournir cette preuve que les Spirites évoquent les Esprits d’outre-tombe.

« Les médiums sont doués d’une faculté naturelle qui les rend propres à servir d’intermédiaires aux Esprits et à produire avec eux les phénomènes qui passent pour des miracles ou pour de la prestidigitation aux yeux de quiconque en ignore l’explication. Mais la faculté médianimique n’est pas le privilège exclusif de certains individus ; elle est inhérente à l’espèce humaine, quoique chacun la possède à différents degrés, ou sous différentes formes.

« Ainsi pour qui connaît le Spiritisme, toutes les merveilles dont on accuse cette doctrine ne sont tout simplement que des phénomènes de l’ordre physique, c’est-à-dire des effets dont la cause réside dans les lois de la nature.

« Cependant les Esprits ne se communiquent pas aux vivants dans le seul but de prouver leur existence : ce sont eux qui ont dicté et développent tous les jours la philosophie spiritualiste.

« Comme toute philosophie, celle-ci a son système, qui consiste dans la révélation des lois qui régissent l’univers et dans la solution d’un grand nombre de problèmes philosophiques devant lesquels, jusqu’ici, l’humanité impuissante a été contrainte de s’incliner.

« C’est ainsi que le Spiritisme démontre, entre autres choses, la nature de l’âme, sa destinée, la cause de notre existence ici-bas ; il dévoile le mystère de la mort ; il donne raison des vices et des vertus de l’homme ; il dit ce qu’est l’homme, ce qu’est le monde, ce qu’est l’univers ; il fait enfin le tableau de l’harmonie universelle, etc.

« Ce système repose sur des preuves logiques et irréfutables qui ont elles-mêmes pour arbitre de leur vérité des faits palpables et la raison la plus pure. Ainsi, dans toutes les théories qu’il expose, il agit comme la science et n’avance pas un point que le précédant ne soit complètement certifié. Aussi, le Spiritisme n’impose-t-il pas la confiance, parce qu’il n’a besoin, pour être accepté, que de l’autorité du bon sens.

« Ce système établi, il en est déduit, comme conséquence immédiate, un enseignement moral.

« Cette morale n’est autre que la morale chrétienne, la morale qui est écrite dans le cœur de tout être humain, et elle est de toutes les religions et de toutes les philosophies, par cela même qu’elle appartient à tous les hommes. Mais, dégagée de tout fanatisme, de toute superstition, de tout esprit de secte ou d’école, elle resplendit dans toute sa pureté.

« C’est à cette pureté qu’elle demande toute sa grandeur et toute sa beauté, de sorte que c’est la première fois que la morale nous apparaît revêtue d’un éclat aussi majestueux et aussi splendide.

« L’objet de toute morale est d’être pratiquée ; mais celle-ci surtout tient cette condition comme absolue, car elle nomme Spirites, non ceux qui acceptent ses préceptes, mais seulement ceux qui mettent ses préceptes en action.

« Dirai-je quelles sont ses doctrines ? Je ne prétends pas enseigner ici, et l’énoncé des maximes me conduirait nécessairement à les développer.

« Je dirai seulement que la morale spirite nous apprend à supporter le malheur sans le mépriser, à jouir du bonheur sans nous y attacher ; elle nous abaisse sans nous humilier, elle nous élève sans nous enorgueillir ; elle nous place au-dessus des intérêts matériels, sans pour cela les marquer d’avilissement, car elle nous enseigne, au contraire, que tous les avantages dont nous sommes favorisés sont autant de forces qui nous sont confiées et de l’emploi desquelles nous sommes responsables envers les autres et envers nous-mêmes.

« Vient alors la nécessité de spécifier cette responsabilité, les peines qui sont attachées à l’infraction au devoir, et les récompenses dont jouissent ceux qui lui ont obéi. Mais là encore, les assertions ne sont tirées que des faits et peuvent se vérifier jusqu’à parfaite conviction.

« Telle est cette philosophie, où tout est grand, car tout y est simple ; où rien n’est obscur, car tout y est prouvé ; où tout est sympathique, parce que chaque question y intéresse intimement chacun de nous.

« Telle est cette science qui, projetant une vive lumière sur les ténèbres de la raison, dévoile tout à coup les mystères que nous croyions impénétrables, et recule jusqu’à l’infini l’horizon de l’intelligence.

« Telle est cette doctrine qui prétend rendre heureux, en les améliorant, tous ceux qui consentent à la suivre, et qui ouvre enfin à l’humanité une voie sûre au progrès moral.

« Telle est enfin la folie dont sont atteints les Spirites et la sorcellerie qu’ils pratiquent. »

« Ainsi, en souriant, termina mon ami, qui, à ma prière, me donna rendez-vous pour visiter ensemble quelques réunions spirites, où les expériences se joignent à l’enseignement.

« Rentré chez moi, je me rappelai ce que j’avais dit, de concert avec tout le monde, contre le Spiritisme, avant de connaître seulement la signification de ce mot, et ce souvenir me remplit d’une amère confusion.

« Je pensai alors que, malgré les démentis sévères infligés à l’orgueil humain par les découvertes de la science moderne, nous ne songions guère, dans le temps de progrès où nous vivons, à mettre à profit les enseignements de l’expérience ; et que ces mots écrits par Pascal, il y a deux cents ans, seront encore pendant des siècles d’une rigoureuse exactitude : « C’est une maladie naturelle à l’homme de croire qu’il possède la vérité directement ; et de là vient qu’il est toujours disposé à nier ce qui lui est incompréhensible. »

« A. Briquel. »

Comme on le voit, l’auteur de cet article a voulu présenter le Spiritisme sous son véritable jour, dégagé des travestissements que lui fait subir la critique, tel, en un mot, que l’admettent les Spirites, et nous sommes heureux de dire qu’il a parfaitement réussi. Il est impossible, en effet, de résumer la question d’une manière plus claire et plus précise. Nous devons aussi des félicitations à la direction du journal qui, dans un esprit d’impartialité que l’on aimerait voir chez tous ceux qui font profession de libéralisme, et se posent en apôtres de la liberté de penser, a accueilli une profession de foi aussi explicite.

Au reste, ses intentions touchant le Spiritisme sont nettement formulées dans l’article suivant, publié dans le numéro du 28 janvier :



[1] Bureaux à Bruxelles,  †  17, Montagne de Sion ; Paris,  †  31, rue Bergère. — Prix pour la France, 12 fr. par an ; 7 fr. pour six mois ; chaque numéro de huit pages gr. in-folio : 25 centimes.


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