Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année VIII — Avril 1865.

(Langue portugaise)

PUISSANCE CURATIVE DU MAGNÉTISME SPIRITUEL.

Esprit du docteur Demeure.

1. — Dans notre article du mois précédent sur le docteur Demeure, nous avons rendu un juste hommage à ses éminentes qualités comme homme et comme Esprit. Le fait suivant est une nouvelle preuve de sa bienveillance, en même temps qu’il constate la puissance curative de la magnétisation spirituelle.


On nous écrit de Montauban :  † 

L’Esprit du bon père Demeure, en venant grossir le nombre de nos amis les invisibles qui nous soignent au moral et au physique, a voulu se manifester dès les premiers jours par un bienfait. La nouvelle de sa mort n’était pas encore connue de nos frères de Montauban, qu’il entreprenait spontanément et directement la guérison de l’un d’eux au moyen du magnétisme spirituel par l’action fluidique seule. Vous voyez qu’il ne perdait pas de temps, et continuait comme Esprit, ainsi que vous le dites, son œuvre de soulagement de l’humanité souffrante. Il y a cependant ici une importante distinction à faire. Certains Esprits continuent à vaquer à leurs occupations terrestres sans avoir la conscience de leur état, se croyant toujours vivants ; c’est le propre des Esprits peu avancés, tandis que M. Demeure s’est reconnu immédiatement, et agit volontairement comme Esprit avec la conscience d’avoir en cet état une plus grande puissance.

Nous avions caché à madame G…, médium voyant et somnambule très lucide, la mort de M. Demeure pour ménager son extrême sensibilité, et le bon docteur, entrant sans doute dans nos vues, avait évité de se manifester à elle. Le 10 février dernier, nous étions réunis sur l’invitation de nos guides qui, disaient-ils, voulaient soulager madame G… d’une entorse dont elle souffrait cruellement depuis la veille. Nous n’en savions pas davantage, et nous étions loin de nous attendre à la surprise qu’ils nous ménageaient. A peine cette dame fut-elle en somnambulisme, qu’elle fit entendre des cris déchirants en montrant son pied. Voici ce qui se passait :

Madame G… voyait un Esprit courbé sur sa jambe, et dont les traits lui restaient cachés ; il opérait des frictions et des massages, en exerçant de temps à autre sur la partie malade une traction longitudinale, absolument comme aurait pu le faire un médecin. L’opération était si douloureuse que la patiente se laissait aller parfois à des vociférations et à des mouvements désordonnés. Mais la crise ne fut pas de longue durée ; au bout de dix minutes toute trace d’entorse avait disparu, plus d’enflure, le pied avait repris son apparence normale ; madame G… était guérie.

Quand on songe que pour guérir complètement une affection de ce genre, les magnétiseurs les mieux doués et les plus exercés, sans parler de la médecine officielle qui n’en finit pas, ont besoin d’un traitement dont la durée n’est jamais moindre de trente-six heures, en y consacrant trois séances par jour d’une heure chacune, cette guérison en dix minutes, par le fluide spirituel, peut bien être considérée comme instantanée, avec d’autant plus de raison, ainsi que le dit l’Esprit lui-même dans une communication que vous trouverez ci-après, que c’était de sa part une première expérience faite en vue d’une application ultérieure en cas de réussite.

Cependant l’Esprit restait toujours inconnu du médium, et persistait à ne pas montrer ses traits ; il avait même l’air de vouloir s’enfuir, lorsque d’un bond notre malade, qui, quelques minutes auparavant, ne pouvait faire un pas, s’élance au milieu de la chambre pour saisir et presser la main de son docteur spirituel. Cette fois encore l’Esprit avait détourné la tête tout en laissant sa main dans la sienne. A ce moment madame G… jette un cri, et tombe évanouie sur le parquet ; elle venait de reconnaître M. Demeure dans l’Esprit guérisseur. Pendant la syncope, elle recevait les soins empressés de plusieurs Esprits sympathiques. Enfin la lucidité somnambulique ayant reparu, elle causa avec les Esprits, échangeant avec eux de chaudes poignées de main, notamment avec l’Esprit du docteur qui répondait à ses témoignages d’affection en la pénétrant d’un fluide réparateur.

Cette scène n’est-elle pas saisissante et dramatique, et ne croirait-on pas voir tous ces personnages jouer leur rôle dans la vie humaine ?

N’est-ce pas une preuve entre mille que les Esprits sont des êtres bien réels, ayant un corps et agissant comme ils le faisaient sur la terre ?

Nous étions heureux de retrouver notre ami spiritualisé, avec son excellent cœur et sa délicate sollicitude. Il avait été, pendant sa vie, le médecin du médium ; il connaissait son extrême sensibilité, et l’avait ménagé comme son propre enfant. Cette preuve d’identité donnée à ceux que l’Esprit aimait, n’est-elle pas frappante et n’est-elle pas bien faite pour faire envisager la vie future sous son aspect le plus consolant ?


2. —   Voici la communication que nous avons reçue de M. Demeure, le lendemain de cette séance :


Mes bons amis, je suis auprès de vous, et vous aime toujours comme par le passé. Quel bonheur de pouvoir me communiquer à ceux qui me sont chers ! Comme j’ai été heureux, hier soir, de pouvoir me rendre utile et de soulager notre cher médium voyant ! C’est une expérience qui me servira et que je mettrai en pratique à l’avenir toutes les fois qu’une occasion favorable se présentera. Aujourd’hui, son fils est bien malade, mais j’espère que nous le guérirons bientôt ; tout cela lui donnera du courage pour persévérer dans l’étude du développement de sa faculté. (L’enfant de madame G… fut en effet guéri d’une angine couenneuse, au moyen d’un traitement homéopathique ordonné par l’Esprit.)

« Nous pourrons, d’ici à quelque temps, vous fournir l’occasion d’être témoins de phénomènes que vous ne connaissez pas encore, et qui seront d’une grande utilité pour la science spirite. Je serai heureux de pouvoir contribuer moi-même à ces manifestations qui m’auraient fait tant de plaisir à voir de mon vivant ; mais, grâce à Dieu, aujourd’hui j’y assiste d’une manière toute particulière, et qui me prouve évidemment la vérité de ce qui se passe chez vous. Croyez, mes bons amis, que je me fais toujours un vrai plaisir de me rendre utile à mes semblables, et de les aider à propager ces belles vérités qui doivent changer le monde en le ramenant à des sentiments meilleurs. Adieu, mes amis ; au revoir.

« Antoine Demeure. »


3. — N’est-il pas curieux de voir un Esprit, déjà savant sur la terre, faire comme Esprit des études et des expériences pour acquérir plus d’habileté dans le soulagement de ses semblables ? Il y a dans cet aveu une louable modestie qui décèle le vrai mérite, tandis que les Esprits faux savants sont généralement présomptueux.

Le dernier numéro de la Revue cite une communication de M. Demeure, comme ayant été donnée à Montauban le 1er février. C’est le 26 janvier qu’il l’a dictée ; cette date est, à mon avis, d’une certaine importance, parce que c’est celle du lendemain de sa mort. Dans le deuxième paragraphe, il dit : « Je jouis d’une lucidité rare chez les Esprits dégagés de la matière depuis si peu de temps. » Cette lucidité prouve en effet une rapidité de dégagement qui n’est le propre que des Esprits très avancés moralement.


Remarque. – La guérison rapportée ci-dessus est un exemple de l’action du magnétisme spirituel pur, sans aucun mélange de magnétisme humain. Parfois les Esprits se servent de médiums spéciaux comme conducteurs de leur fluide ; ce sont là les médiums guérisseurs proprement dits, dont la faculté présente des degrés très divers d’énergie, selon leur aptitude personnelle et la nature des Esprits dont ils sont assistés. Nous connaissons à Paris une personne atteinte depuis huit mois d’exostoses à la hanche et au genou, qui lui causent de grandes souffrances et l’obligent à garder le lit. Un jeune homme de ses amis, doué de cette précieuse faculté, lui donna des soins par la seule imposition des mains pendant quelques minutes sur la tête, et la prière à laquelle le malade s’associait avec une ferveur édifiante. Ce dernier éprouvait à ce moment une crise très douloureuse analogue à celle qu’a ressentie madame G…, bientôt suivie d’un calme parfait. Il sentait alors l’impression énergique de plusieurs mains qui massaient et étiraient la jambe que l’on voyait s’allonger de 10 à 12 centimètres. Il y a déjà chez lui une amélioration très sensible, car il commence à marcher ; mais l’ancienneté et la gravité du mal rendent la cure nécessairement plus difficile et plus longue que celle d’une simple entorse.

Nous ferons observer que la médiumnité guérissante ne s’est point encore présentée, à notre connaissance, avec des caractères de généralité et d’universalité, mais au contraire restreinte comme application, c’est-à-dire que le médium a une action plus puissante sur certains individus que sur d’autres, et ne guérit pas toutes les maladies. On comprend qu’il en doit être ainsi lorsque l’on connaît le rôle capital que jouent les affinités fluidiques dans tous les phénomènes de médianimité. Quelques personnes même n’en jouissent qu’accidentellement et pour un cas déterminé. Ce serait donc une erreur de croire que, parce qu’on a obtenu une guérison, même difficile, on peut les obtenir toutes, par la raison que le fluide propre de certains malades est réfractaire au fluide du médium ; la guérison est d’autant plus facile que l’assimilation des fluides s’opère naturellement. Aussi est-on surpris de voir quelquefois des personnes frêles et délicates exercer une action puissante sur des individus forts et robustes. C’est qu’alors ces personnes sont de bons conducteurs du fluide spirituel, tandis que des hommes vigoureux peuvent être de très mauvais conducteurs. Ils n’ont que leur fluide personnel, fluide humain qui n’a jamais la pureté et la puissance réparatrice du fluide épuré des bons Esprits.

On comprend, d’après cela, les causes majeures qui s’opposent à ce que la médiumnité guérissante devienne une profession. Pour s’en faire un état, il faudrait être doué d’une faculté universelle ; or, des Esprits incarnés de l’ordre le plus élevé pourraient seuls la posséder à ce degré. Avoir cette présomption, en l’exerçant même avec désintéressement et par pure philanthropie, serait une preuve d’orgueil qui, à elle seule, serait un signe d’infériorité morale. La véritable supériorité est modeste ; elle fait le bien sans ostentation, et s’efface au lieu de chercher l’éclat ; la renommée va la chercher et la découvre, tandis que le présomptueux court après la renommée qui lui échappe souvent. Jésus disait à ceux qu’il avait guéris : « Allez, rendez grâce à Dieu, et n’en parlez à personne. » C’est une grande leçon pour les médiums guérisseurs.

Nous rappellerons ici que la médiumnité guérissante est exclusivement dans l’action fluidique plus ou moins instantanée ; qu’il ne faut la confondre ni avec le magnétisme humain, ni avec la faculté qu’ont certains médiums de recevoir des Esprits l’indication de remèdes ; ces derniers sont simplement des médiums médicaux, comme d’autres sont médiums poètes ou dessinateurs. [Voir aussi : Guérison d’une fracture par la magnétisation spirituelle.]



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