Nota. Plusieurs personnages de distinction russes étaient venus passer l’hiver à Paris, principalement en vue de compléter leur instruction spirite, et s’étaient, dans ce but, fait recevoir membres de la Société, pour pouvoir assister régulièrement aux séances. Quelques-uns étaient déjà repartis, entre autres le prince Dimitry G… [v. Scènes de la vie privée spirite, et A S. A. le Prince G.], d’autres étaient à la veille de leur départ. C’est cette circonstance qui a donné lieu à la communication spontanée suivante :
« Allez et enseignez, a dit le Seigneur. C’est à vous, enfants de la grande famille qui se forme, que je m’adresse ce soir. Vous retournez dans votre patrie et dans vos familles ; n’oubliez pas au foyer ce qu’un autre père, le Père céleste, a bien voulu vous communiquer et vous faire connaître. Allez, et surtout que le grain soit toujours prêt à être jeté dans les sillons que vous allez creuser dans cette terre qui n’a point assez de roches dans ses entrailles pour ne pas s’ouvrir sous le soc. Votre patrie est appelée à devenir grande et forte, non seulement par la littérature, la science, le génie et le nombre, mais encore par son amour et son dévouement envers le créateur de toutes choses. Que votre charité devienne donc large et puissante ; ne craignez point de répandre à deux mains autour de vous ; apprenez que la charité ne se fait pas seulement avec l’aumône, mais aussi avec le cœur !… Le cœur, voilà la grande source du bien, la source des effluves qui doivent s’épandre et réchauffer la vie de ceux qui souffrent autour de vous !… Allez et prêchez l’Évangile, nouveaux apôtres de Christ ; Dieu vous a placés haut dans le monde afin que tous puissent vous voir et que vos paroles soient bien entendues. Mais c’est toujours en regardant le ciel et la terre, c’est-à-dire Dieu et l’humanité, que vous arriverez au grand but que vous vous proposez d’atteindre et pour lequel nous vous aidons. Le champ est vaste ; allez donc et semez, afin que bientôt nous puissions aller faire les récoltes.
« Vous pouvez annoncer partout que le grand règne va venir bientôt, règne de félicité et de bonheur pour tous ceux qui auront voulu croire et aimer, car ils y participeront.
« Recevez donc, avant le départ, le dernier conseil que nous vous donnons sous le beau ciel que tout le monde aime, sous le ciel de la France ! Recevez le dernier adieu de ces amis qui vous aideront encore dans le rude sentier que vous allez parcourir là-bas ; pourtant nos mains invisibles vous le rendront plus facile, et si vous savez y mettre de la persévérance, de la volonté et du courage, vous verrez les obstacles tomber sous vos pas.
« Quand on entendra sortir de vos bouches ces mots : « Tous les hommes sont frères et doivent s’appuyer les uns sur les autres pour marcher, » que d’étonnements et d’exclamations ! On sourira en vous voyant professer une telle doctrine ; on se dira tout bas : « Ils disent de belles choses, les grands, mais ne sont-ce point des poteaux qui indiquent les chemins sans les parcourir ? »
« Montrez, montrez-leur alors que le Spirite, cet apôtre nouveau du Christ, n’est point au milieu du chemin pour indiquer le sentier, mais qu’il s’arme de la hache et du couperet et s’élance au milieu des bois les plus sombres et les plus obscurs pour frayer le chemin et arracher les ronces sous les pas de ceux qui suivent. Oui, les nouveaux disciples de Christ doivent être vigoureux, doivent marcher toujours le jarret solide et la main lourde. Point de barrières devant eux ; toutes doivent tomber sous leurs efforts et leurs coups ; les hautes futaies, les lianes et les ronces se briseront pour laisser voir enfin un peu du ciel !
« C’est alors que là sera la consolation et le bonheur. Quelle récompense pour vous ! Les Esprits bienheureux vous crieront : « Bravo ! bravo ! » Enfants, vous serez bientôt des nôtres, et bientôt nous vous appellerons nos frères, car la tâche que vous vous étiez imposée volontairement, vous avez su la remplir ! Dieu a de grandes récompenses pour celui qui vient travailler à son champ ; il donne la récolte à tous ceux qui contribuent au grand travail !
« Allez donc en paix, allez, nous vous bénissons. Que cette bénédiction vous donne du bonheur et vous remplisse de courage ; n’oubliez personne de vos frères de la grande société de France ; tous font des vœux pour vous et votre patrie, que le Spiritisme rendra puissante et forte ; allez ! les bons Esprits vous assistent ! »
Saint Augustin.
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