1. — Un de nos abonnés de Mulhouse † nous adresse la lettre et la communication suivantes :
… « Je profite de l’occasion qui se présente de vous écrire, pour vous faire part d’une communication que j’ai reçue, comme médium, de mon Esprit protecteur, et qui me paraît intéressante et instructive à juste titre ; si vous la jugez telle, je vous autorise à en faire l’usage que vous croirez le plus utile. Voilà quel en a été le principe. Je dois d’abord vous dire que je professe le culte israélite, † et que je suis naturellement porté aux idées religieuses dans lesquelles j’ai été élevé. J’avais remarqué que, dans toutes les communications faites par les Esprits, il n’était toujours question que de la morale chrétienne prêchée par le Christ, et qu’il n’était jamais parlé de la loi de Moïse. Je me disais cependant que les commandements de Dieu, révélés par Moïse, me paraissaient être le fondement de la morale chrétienne ; que le Christ avait pu en élargir le cadre, en développer les conséquences, mais que le germe était dans la loi dictée au Sinaï. † Je me suis demandé alors si la mention, si souvent répétée de la morale du Christ, bien que celle de Moïse n’y fût pas étrangère, ne provenait pas du fait que la plupart des communications reçues émanaient d’Esprits ayant appartenu à la religion dominante, et si elles ne seraient pas un souvenir des idées terrestres. Sous l’empire de ces pensées, j’ai évoqué mon Esprit protecteur, qui fut un de mes proches parents et s’appelait Mardoché R… Voici les questions que je lui ai adressées et les réponses qu’il m’a faites, etc.…
2. [COMMUNICATION DE L’ESPRIT PROTECTEUR, MARDOCHÉ.]
1. Dans toutes les communications qui sont faites à la Société parisienne des études spirites, on cite Jésus comme étant celui qui a enseigné la plus belle morale ; que dois-je en penser ? — R. Oui, c’est le Christ qui a été l’initiateur de la morale la plus pure, la plus sublime ; la morale évangélique chrétienne qui doit rénover le monde, rapprocher les hommes et les rendre tous frères ; la morale qui doit faire jaillir de tous les cœurs humains la charité, l’amour du prochain ; qui doit créer entre tous les hommes une solidarité commune ; une morale enfin qui doit transformer la terre et en faire un séjour pour des Esprits supérieurs à ceux qui l’habitent aujourd’hui. C’est la loi du progrès à laquelle la nature est soumise qui s’accomplit, et le Spiritisme est une des forces vives dont Dieu se sert pour arriver à faire avancer l’humanité dans la voie du progrès moral. Les temps sont arrivés où les idées morales doivent se développer pour accomplir les progrès qui sont dans les desseins de Dieu ; elles doivent suivre la même route que les idées de liberté ont parcourue et dont elles étaient l’avant-coureur. Mais il ne faut pas croire que ce développement se fera sans luttes ; non ; elles ont besoin, pour arriver à maturité, de secousses et de discussions, afin qu’elles attirent l’attention des masses ; mais une fois l’attention fixée, la beauté et la sainteté de la morale frapperont les Esprits, et ils s’attacheront à une science qui leur donne la clef de la vie future et leur ouvre les portes du bonheur éternel.
Dieu est seul et unique, et Moïse est l’Esprit que Dieu a envoyé en mission pour se faire connaître, non seulement aux Hébreux, mais encore aux peuples païens. Le peuple hébreu a été l’instrument dont Dieu s’est servi pour faire sa révélation, par Moïse et par les prophètes, et les vicissitudes de ce peuple si remarquable étaient faites pour frapper les yeux et faire tomber le voile qui cachait aux hommes la Divinité.
2. En quoi donc la morale de Moïse est-elle inférieure à celle du Christ ? — R. En ce que celle de Moïse n’était appropriée qu’à l’état d’avancement dans lequel se trouvaient les peuples qu’elle était appelée à régénérer, et que ces peuples, à demi sauvages quant au perfectionnement de leur âme, n’auraient pas compris qu’on pût adorer Dieu autrement que par des holocaustes, ni qu’il fallût faire grâce à un ennemi. Leur intelligence, remarquable au point de vue de la matière, et même sous celui des arts et des sciences, était très arriérée en moralité, et ne se serait pas convertie sous l’empire d’une religion entièrement spirituelle ; il leur fallait une représentation semi-matérielle, telle que l’offrait alors la religion hébraïque. C’est ainsi que les holocaustes parlaient à leurs sens pendant que l’idée de Dieu parlait à leur esprit.
Les commandements de Dieu donnés par Moïse portent le germe de la morale chrétienne la plus étendue, mais les commentaires de la Bible en rétrécissaient le sens, parce que, mise en œuvre dans toute sa pureté, elle n’eût pas été comprise alors. Mais les dix commandements de Dieu n’en restaient pas moins comme le frontispice brillant, comme le phare qui devait éclairer l’humanité dans la route qu’elle avait à parcourir. C’est Moïse qui a ouvert la voie ; Jésus a continué l’œuvre ; le Spiritisme l’achèvera.
3. Le samedi † est-il un jour consacré ? — R. Oui, le samedi est un jour consacré au repos, à la prière ; c’est l’emblème du bonheur éternel après lequel aspirent tous les Esprits, et auquel ils n’arriveront qu’après s’être perfectionnés par le travail, et s’être dépouillés par les incarnations de toutes les impuretés du cœur humain.
4. Comment se fait-il alors que chaque secte ait consacré un jour différent ? — R. Chaque secte, il est vrai, a consacré un jour différent, mais ce n’est pas un motif pour ne pas s’y conformer. Dieu agrée les prières et les formes de chaque religion, pourvu que les actes répondent à l’enseignement. Sous quelque forme qu’on invoque Dieu, la prière lui est agréable si l’intention est pure.
5. Peut-on espérer l’établissement d’une religion universelle ? — R. Non, pas dans notre planète, ou, du moins, pas avant qu’elle n’ait fait des progrès que plusieurs milliers de générations ne verront même pas.
MARDOCHÉ R…
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