1. — L’homme est un être bien singulier et bien faible à la fois ; il est singulier en ce sens, qu’au milieu des phénomènes qui l’entourent, il n’en poursuit pas moins son cours ordinaire, spirituellement s’entend ; faible, en ce sens, qu’après avoir vu, après avoir été frappé, il sourit, parce que son voisin a souri, et il n’y pense plus ; et notez que je parle ici, non d’êtres vulgaires, sans réflexion, sans acquis ; non, je parle de gens intelligents et, pour la plupart, éclairés. D’où vient ce phénomène ? car, en y réfléchissant, c’est un phénomène moral. Eh quoi ! l’Esprit a commencé à agir sur la matière, par le magnétisme et l’électricité ; il est entré ensuite dans le cœur même de l’homme, et l’homme ne s’en aperçoit pas ! Étrange aveuglement ! aveuglement, non produit par une cause étrangère, mais volontaire, sorti de l’Esprit ; le Spiritisme est venu ensuite ; il a donné une commotion au monde, et l’homme a publié des livres très savants, en disant : c’est une cause naturelle, c’est tout simplement l’électricité, une loi physique, etc. ; et l’homme a été satisfait ; mais, soyez-en certain, l’homme aura bien des livres encore à écrire, avant de pouvoir comprendre ce qu’il y a d’écrit dans celui de la nature : le livre de Dieu. L’électricité, cette nuance entre le temps et ce qui n’est plus le temps, entre le fini et l’infini, l’homme n’a pu encore la définir ; pourquoi ? Sachez-le : vous ne pourrez la définir que par le magnétisme, cette manifestation matérielle de l’Esprit ; vous ne connaissez encore que l’électricité matérielle ; plus tard, vous connaîtrez aussi l’électricité spirituelle, qui n’est autre que le règne éternel de l’idée.
Lamennais
2. DÉVELOPPEMENTS SUR LA COMMUNICATION PRÉCÉDENTE.
1º Auriez-vous la bonté de nous donner quelques développements sur certains
passages de votre dernière dictée qui nous paraissent un peu obscurs ? — R. Ce que je puis faire en ce temps, je le ferai.
2º Vous dites : l’électricité, cette nuance entre le temps et ce qui n’est plus le temps, entre le fini et l’infini ; cette phrase ne nous semble pas très claire ; veuillez avoir la bonté de la développer ? — R. Je l’explique de cette façon, la plus simple que je puisse trouver. Pour vous, le temps est, n’est-ce pas ? pour nous, il n’est plus ; l’électricité, je l’ai définie ainsi : cette nuance entre le temps et ce qui n’est plus le temps, parce que cette partie du temps dont il fallait autrefois vous servir pour vous parler d’un bout du monde à l’autre, cette portion du temps, dis-je, n’existe plus ; plus tard viendra cette électricité qui ne sera autre que la pensée de l’homme, franchissant l’espace ; n’est-ce pas, en effet, l’image la plus saisissante entre le fini et l’infini, entre le petit moyen et le grand moyen ? Je veux dire, en un mot, que l’électricité supprime le temps.
3º Plus loin vous dites : vous ne connaissez encore que l’électricité matérielle ; plus tard vous connaîtrez aussi l’électricité spirituelle ; entendez-vous par là les moyens de communication d’homme à homme par voie médianimique ? — R. Oui, comme progrès moyens ; il viendra autre chose plus tard ; donnez des aspirations à l’homme : il devine d’abord, et voit ensuite.