Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année I — Novembre 1858.

(Langue portugaise)

MÉDIUM PEINTRE.

(Extrait du Spiritualiste de la Nouvelle-Orléans.)  † 

Tout le monde ne pouvant être convaincu par le même genre de manifestations spirituelles, il a dû se développer des médiums de bien des sortes. Il y en a, aux États-Unis, qui font des portraits de personnes mortes depuis longtemps, et qu’ils n’ont jamais connues ; et comme la ressemblance est constatée ensuite, les gens sensés qui sont témoins de ces faits ne manquent guère de se convertir. Le plus remarquable de ces médiums est peut-être M. Rogers, que nous avons déjà cité (vol. I, p. 239), et qui habitait alors Columbus,  †  où il exerçait sa profession de tailleur ; nous aurions pu ajouter qu’il n’a pas eu d’autre éducation que celle de son état.

Aux hommes instruits qui ont dit ou répété, à propos de la théorie spiritualiste : « Le recours aux Esprits n’est qu’une hypothèse ; un examen attentif prouve qu’elle n’est ni la plus rationnelle ni la plus vraisemblable, » à ceux-là surtout nous offrons la traduction ci-après, que nous abrégeons, d’un article écrit le 27 juillet dernier, par M. Lafayette R. Gridley, d’Attica (Indiana),  †  aux éditeurs du Spiritual Age, qui l’ont publié en entier dans leur feuille du 14 août.

Au mois de mai dernier, M. E. Rogers, de Cardington (Ohio),  †  qui, comme vous savez, est médium peintre et fait des portraits de personnes qui ne sont plus de ce monde, vint passer quelques jours chez moi. Pendant ce court séjour, il fut entransé par un artiste invisible qui se donna pour Benjamin West,  †  et il peignit quelques beaux portraits, de grandeur naturelle, ainsi que d’autres moins satisfaisants.

Voici quelques particularités relatives à deux de ces portraits. Ils ont été peints par ledit E. Rogers, dans une chambre obscure, chez moi, dans le court intervalle d’une heure et trente minutes, dont une demi-heure environ se passa sans que le médium fût influencé, et j’en profitai pour examiner son travail, qui n’était pas encore achevé. Rogers fut entransé de nouveau, et il termina ces portraits. Alors, et sans aucune indication quant aux sujets ainsi représentés, l’un des portraits fut de suite reconnu comme étant celui de mon grand-père, Elisha Gridley ; ma femme, ma sœur, madame Chaney, et ensuite mon père et ma mère, tous furent unanimes à trouver la ressemblance bonne : c’est un fac-similé du vieillard, avec toutes les particularités de sa chevelure, de son col de chemise, etc. Quant à l’autre portrait, aucun de nous ne le reconnaissant, je le suspendis dans mon magasin, à la vue des passants, et il y resta une semaine sans être reconnu de personne. Nous nous attendions à ce que quelqu’un nous aurait dit qu’il représentait un ancien habitant d’Attica. Je perdais l’espoir d’apprendre qui on avait voulu peindre, lorsqu’un soir, ayant formé un cercle spiritualiste chez moi, un Esprit se manifesta et me fit la communication que voici :

« Mon nom est Horace Gridley. Il y a plus de cinq ans que j’ai laissé ma dépouille. J’ai demeuré plusieurs années à Natchez  †  (Mississippi), où j’ai occupé la place de chérif. Mon unique enfant demeure là. Je suis cousin de votre père. Vous pouvez avoir d’autres renseignements sur mon compte en vous adressant à votre oncle, M. Gridley, de Brownsville  †  (Tennessee). Le portrait que vous avez dans votre magasin est le mien, à l’époque où je vivais sur terre, peu de temps avant de passer à cette autre existence, plus élevée, plus heureuse et meilleure ; il me ressemble, autant du moins que j’ai pu reprendre ma physionomie d’alors, car cela est indispensable lorsqu’on nous peint, et nous le faisons le mieux que nous pouvons nous en souvenir et suivant que les conditions du moment le permettent. Le portrait en question n’est pas fini comme je l’aurais souhaité ; il y a quelques légères imperfections que M. West dit provenir des conditions dans lesquelles se trouvait le médium. Cependant, envoyez ce portrait à Natchez, pour qu’on l’examine ; je crois qu’on le reconnaîtra. »

Les faits mentionnés dans cette communication étaient parfaitement ignorés de moi, aussi bien que de tous les habitants de notre endroit. Une fois cependant, il y a plusieurs années, j’avais entendu dire que mon père avait eu un parent quelque part dans cette partie de la vallée du Mississippi ; mais aucun de nous ne savait le nom de ce parent, ni l’endroit où il avait vécu, ni même s’il était mort, et ce ne fut que plusieurs jours ensuite que j’appris de mon père (qui habitait Delphi,  †  à quarante milles d’ici) quel avait été le lieu de résidence de son cousin, dont il n’avait presque pas entendu parler depuis soixante ans. Nous n’avions point songé à demander des portraits de famille ; j’avais simplement posé devant le médium une note écrite contenant les noms d’une vingtaine d’anciens habitants d’Attica, partis de ce monde, et nous désirions obtenir le portrait de quelqu’un d’entre eux. Je pense donc que tous les gens raisonnables admettront que le portrait ni la communication d’Horace Gridley n’ont pu résulter d’une transmission de pensée de nous au médium ; il est d’ailleurs certain que M. Rogers n’a jamais connu aucun des deux hommes dont il a fait les portraits, et très probablement il n’en avait jamais entendu parler, car il est Anglais de naissance ; il vint en Amérique, il y a dix ans, et il n’est jamais allé plus sud que Cincinnati,  †  tandis qu’Horace Gridley, à ce que j’apprends, ne vint jamais plus nord que Memphis  †  (Tenn), dans les dernières trente ou trente-cinq années de sa vie terrestre. J’ignore s’il visita jamais l’Angleterre ; mais ce n’aurait pu être qu’avant la naissance de Rogers, car celui-ci n’a pas plus de vingt-huit à trente ans. Quant à mon grand-père, mort depuis environ dix-neuf ans, il n’était jamais sorti des États-Unis, et son portrait n’avait jamais été fait d’aucune manière.

Dès que j’eus reçu la communication que j’ai transcrite plus haut, j’écrivis à M. Gridley, de Brownsville, et sa réponse vint corroborer ce que nous avait appris la communication de l’Esprit ; j’y trouvai en outre le nom de l’unique enfant d’Horace Gridley, qui est madame L. M. Patterson, habitant encore Natchez, où son père demeura longtemps, et qui mourut, à ce que pense mon oncle, il y a environ six ans, à Houston   †  (Texas).

J’écrivis alors à madame Patterson, ma cousine nouvellement découverte, et lui envoyai une copie daguerréotypée du portrait que l’on nous disait être celui de son père. Dans ma lettre à mon oncle, de Brownsville, je n’avais rien dit de l’objet principal de mes recherches, et je n’en dis rien non plus à madame Patterson ; ni pourquoi j’envoyais ce portrait, ni comment je l’avais eu, ni quelle était la personne qu’il représentait ; je demandai simplement à ma cousine si elle y reconnaissait quelqu’un. Elle me répondit qu’elle ne pouvait certainement pas dire de qui était ce portrait, mais elle m’assurait qu’il ressemblait à son père à l’époque de sa mort. Je lui écrivis ensuite que nous l’avions pris aussi pour le portrait de son père, mais sans lui dire comment je l’avais eu. La réplique de ma cousine portait, en substance, que dans l’ambrotype que je lui avais envoyé, ils avaient tous reconnu son père, avant que je lui eusse dit que c’est lui qu’il représente. Ma cousine témoigna beaucoup de surprise de ce que j’avais un portrait de son père, lorsqu’elle même n’en avait jamais eu, et de ce que son père ne lui eût jamais dit qu’il eût fait faire son portrait pour n’importe qui. Elle n’avait pas cru qu’il en existât aucun. Elle se montra bien satisfaite de mon envoi, surtout à cause de ses enfants, qui ont beaucoup de vénération pour la mémoire de son père.

Alors je lui envoyai le portrait original, en l’autorisant à le garder, s’il lui plaisait ; mais je ne lui dis pas encore comment je l’avais eu. Les principaux passages de ce qu’elle m’écrivit en retour, sont les suivants :

« J’ai reçu votre lettre, ainsi que le portrait de mon père, que vous me permettez de garder, s’il est assez ressemblant. Il l’est certainement beaucoup ; et comme je n’ai jamais eu d’autre portrait de lui, je le garde, puisque vous y consentez ; je l’accepte avec beaucoup de reconnaissance, quoiqu’il me semble que mon père fût mieux que cela, quand il se trouvait en bonne santé. »

Avant la réception des deux dernières lettres de madame Patterson, le hasard voulut que M. Hedges, aujourd’hui de Delphi, mais autrefois de Natchez, et M. Ewing, venu récemment de Vicksburg  †  (Mississippi), vissent le portrait en question et le reconnussent pour celui d’Horace Gridley avec qui tous les deux avaient eu des relations.

Je trouve que ces faits ont trop de signification pour être passés sous silence, et j’ai cru devoir vous les communiquer pour être publiés. Je vous assure qu’en écrivant cet article j’ai bien pris garde que tout y soit correct.


Remarque. Nous connaissons déjà les médiums dessinateurs ; outre les remarquables dessins dont nous avons donné un spécimen [dessin de la maison de Mozart], mais qui nous retracent des choses dont nous ne pouvons vérifier l’exactitude, nous avons vu exécuter sous nos yeux, par des médiums tout à fait étrangers à cet art, des croquis très reconnaissables de personnes mortes qu’ils n’avaient jamais connues ; mais de là à un portrait peint dans les règles, il y a de la distance. Cette faculté se rattache à un phénomène fort curieux dont nous sommes témoin en ce moment, et dont nous parlerons prochainement.



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