Médiums mécaniques. (179.)
— Intuitifs. (180.)
— Semi-mécaniques. (181.)
— Inspirés ou involontaires. (182,
183.) — à pressentiments. (184.)
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178.
De tous les moyens de communication, l’écriture manuelle est le plus
simple, le plus commode et surtout le plus complet. 2
C’est vers celui-là que doivent tendre tous les efforts, car il permet
d’établir avec les Esprits des relations aussi suivies et aussi régulières
que celles qui existent entre nous. 3
On doit s’y attacher d’autant plus que c’est celui par lequel les Esprits
révèlent le mieux leur nature et le degré de leur perfection ou de leur
infériorité. 4
Par la facilité qu’ils ont à s’exprimer, ils nous font connaître leurs
pensées intimes et nous mettent ainsi à même de les juger et de les
apprécier à leur valeur. 5
La faculté d’écrire, pour un médium, est en outre celle qui est le plus
susceptible de se développer par l’exercice.
Médiums mécaniques.
179.
Si l’on examine certains effets qui se produisent dans les mouvements
de la table, de la corbeille ou de la planchette qui écrit, on ne peut
douter d’une action exercée directement par l’Esprit sur ces objets.
2
La corbeille s’agite parfois avec tant de violence, qu’elle échappe
des mains du médium ; quelquefois même elle se dirige vers certaines
personnes du cercle pour les frapper ; d’autres fois ses mouvements
témoignent d’un sentiment affectueux. 3
La même chose a lieu lorsque le crayon est placé dans la main ;
souvent il est lancé au loin avec force, ou bien la main, comme la corbeille,
s’agite convulsivement et frappe la table avec colère, alors même que
le médium est dans le plus grand calme et s’étonne de n’être pas maître
de lui. 4
Disons, en passant, que ces effets dénotent toujours la présence d’Esprits
imparfaits ; les Esprits réellement supérieurs sont constamment
calmes, dignes et bienveillants ; s’ils ne sont pas écoutés convenablement,
ils se retirent, et d’autres prennent leur place. 5
L’Esprit peut donc exprimer directement sa pensée, soit par le mouvement
d’un objet dont la main du médium n’est que le point d’appui, soit par
son action sur la main elle-même.
6 Lorsque l’Esprit agit directement sur la main, il donne à celle-ci une impulsion complètement indépendante de la volonté. Elle marche sans interruption et malgré le médium tant que l’Esprit a quelque chose à dire, et s’arrête quand il a fini.
7 Ce qui caractérise le phénomène dans cette circonstance, c’est que le médium n’a pas la moindre conscience de ce qu’il écrit, l’inconscience absolue, dans ce cas, constitue ce qu’on appelle les médiums passifs ou mécaniques. 8 Cette faculté est précieuse en ce qu’elle ne peut laisser aucun doute sur l’indépendance de la pensée de celui qui écrit.
Médiums intuitifs.
180.
La transmission de la pensée a aussi lieu par l’intermédiaire de l’Esprit
du médium, ou mieux de son âme, puisque nous désignons sous ce nom l’Esprit
incarné. 2
L’Esprit étranger, dans ce cas, n’agit pas sur la main pour la faire
écrire ; il ne la tient pas, il ne la guide pas ; il agit
sur l’âme avec laquelle il s’identifie. L’âme, sous cette impulsion,
dirige la main, et la main dirige le crayon. 3
Remarquons ici une chose importante à savoir, c’est que l’Esprit étranger
ne se substitue point à l’âme, car il ne saurait la déplacer :
il la domine à son insu, il lui implique sa volonté. 4
Dans cette circonstance, le rôle de l’âme n’est point absolument passif ;
c’est elle qui reçoit la pensée de l’Esprit étranger et qui la transmet.
5
Dans cette situation, le médium a la conscience de ce qu’il écrit, quoique
ce ne soit pas sa propre pensée ; il est ce qu’on appelle médium
intuitif.
6 S’il en est ainsi, dira-t-on, rien ne prouve que ce soit plutôt un Esprit étranger qui écrit que celui du médium. La distinction est en effet quelquefois assez difficile à faire, mais il peut arriver que cela importe peu. 7 Toutefois, on peut reconnaître la pensée suggérée en ce qu’elle n’est jamais préconçue ; elle naît à mesure que l’on écrit, et souvent elle est contraire à l’idée préalable qu’on s’était formée ; elle peut même être en dehors des connaissances et des capacités du médium.
8 Le rôle du médium mécanique est celui d’une machine ; le médium intuitif agit comme le ferait un truchement ou interprète. 9 Celui-ci, en effet, pour transmettre la pensée, doit la comprendre, se l’approprier en quelque sorte pour la traduire fidèlement, et pourtant cette pensée n’est pas la sienne : elle ne fait que traverser son cerveau. Tel est exactement le rôle du médium intuitif.
Médiums semi-mécaniques.
181.
Dans le médium purement mécanique, le mouvement de la main est indépendant
de la volonté ; dans le médium intuitif, le mouvement est volontaire
et facultatif. Le médium semi-mécanique participe des deux autres ;
2
il sent une impulsion donnée à sa main malgré lui, mais en même temps,
il a la conscience de ce qu’il écrit à mesure que les mots se forment.
3
Chez le premier, la pensée suit l’acte de l’écriture ; chez le
second, elle le précède ; chez le troisième, elle l’accompagne.
4
Ces derniers médiums sont les plus nombreux.
Médiums inspirés.
182.
Toute personne qui, soit dans l’état normal, soit dans l’état d’extase,
reçoit, par la pensée, des communications étrangères à ses idées préconçues,
peut être rangée dans la catégorie des médiums inspirés ; 2
c’est, comme on le voit, une variété de la médiumnité intuitive, avec
cette différence que l’intervention d’une puissance occulte y est encore
bien moins sensible, car, chez l’inspiré, il est encore plus difficile
de distinguer la pensée propre de celle qui est suggérée. 3
Ce qui caractérise cette dernière, c’est surtout la spontanéité. 4
L’inspiration nous vient des Esprits qui nous influencent en bien ou
en mal, mais elle est plutôt le fait de ceux qui nous veulent du bien
et dont nous avons trop souvent le tort de ne pas suivre les conseils ;
5
elle s’applique à toutes les circonstances de la vie dans les résolutions
que nous devons prendre ; sous ce rapport on peut dire que tout
le monde est médium, car il n’est personne qui n’ait ses Esprits protecteurs
et familiers qui font tous leurs efforts pour suggérer à leurs protégés
des pensées salutaires. 6
Si l’on était bien pénétré de cette vérité, on aurait plus souvent recours
à l’inspiration de son ange gardien dans les moments où l’on ne sait
que dire ou que faire. 7
Qu’on l’invoque donc avec ferveur et confiance en cas
de nécessité, et l’on sera le plus souvent étonné des idées qui surgiront
comme par enchantement, soit que l’on ait un parti à prendre, soit que
l’on ait quelque chose à composer. 8
Si aucune idée ne venait, c’est qu’il faudrait attendre. 9
La preuve que l’idée qui survient est bien une idée étrangère à soi,
c’est que si elle eût été en soi, on en eût toujours été maître, et
il n’y aurait pas de raison pour qu’elle ne se manifestât pas à volonté.
10
Celui qui n’est pas aveugle n’a qu’à ouvrir les yeux pour voir quand
il veut ; de même, celui qui a des idées à lui les a toujours à
sa disposition ; si elles ne lui viennent pas à son gré, c’est
qu’il est obligé de les puiser ailleurs que dans son propre fonds.
11 On peut encore rattacher à cette catégorie les personnes qui, sans être douées d’une intelligence hors ligne, et sans sortir de l’état normal, ont des éclairs d’une lucidité intellectuelle qui leur donne momentanément une facilité inaccoutumée de conception et d’élocution, et, dans certains cas, le pressentiment des choses futures. 12 Dans ces moments qu’on appelle justement d’inspiration, les idées abondent, se suivent, s’enchaînent pour ainsi dire d’elles-mêmes et par une impulsion involontaire et presque fébrile ; il nous semble qu’une intelligence supérieure vient nous aider et que notre esprit est débarrassé d’un fardeau.
183.
Les hommes de génie dans tous les genres, artistes, savants, littérateurs,
sont sans doute des Esprits avancés, capables par eux-mêmes de comprendre
et de concevoir de grandes choses ; or, c’est précisément parce
qu’ils sont jugés capables, que les Esprits qui veulent l’accomplissement
de certains travaux leur suggèrent les idées nécessaires, et c’est ainsi
qu’ils sont le plus souvent médiums sans le savoir. 2
Ils ont pourtant une vague intuition d’une assistance étrangère, car
celui qui fait appel à l’inspiration ne fait pas autre chose qu’une
évocation ; 3
s’il n’espérait pas être entendu, pourquoi s’écrierait-il si souvent :
Mon bon génie, viens à mon aide !
Les réponses suivantes confirment cette assertion.
a— Quelle est la cause première de l’inspiration ?
« Esprit qui se communique par la pensée. »
b — L’inspiration n’a-t-elle pour objet que la révélation des grandes choses ?
« Non, elle a souvent rapport aux circonstances les plus ordinaires de la vie. 2 Par exemple, tu veux aller quelque part : une voix secrète te dit de ne pas le faire parce qu’il y a du danger pour toi ; ou bien elle te dit de faire une chose à laquelle tu ne pensais pas : c’est de l’inspiration.
3 Il y a bien peu de personnes qui n’aient été plus ou moins inspirées dans certains moments. »
c — Un auteur, un peintre, un musicien, par exemple, dans les moments d’inspiration, pourraient-ils être considérés comme médiums ?
« Oui, car dans ces moments, leur âme est plus libre et comme dégagée de la matière ; elle recouvre une partie de ses facultés d’Esprit et reçoit plus facilement les communications des autres Esprits qui l’inspirent. »
Médiums à pressentiments.
184.
Le pressentiment est une intuition vague des choses futures. 2
Certaines personnes ont cette faculté plus ou moins développée ;
elles peuvent la devoir à une sorte de double vue qui leur permet d’entrevoir
les conséquences des choses présentes et la filiation des événements ;
3
mais souvent aussi elle est le fait de communications occultes, et c’est
dans ce cas surtout qu’on peut donner à ceux qui en sont doués le nom
de médiums à pressentiments, qui sont une variété des médiums
inspirés.
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