Nul
n’est prophète en son pays. (1,
2.) — Mort et passion de Jésus. (3-9.)
— Persécution des apôtres. (10-13.)
— Villes impénitentes. (14.)
— Ruine du Temple et de Jérusalem. (15-21.)
— Malédiction aux pharisiens. (22,
23.) — Mes paroles ne passeront point. (24-26.)
— La pierre angulaire. (27,
28.) — Parabole des vignerons homicides. (29,
30.) — Un seul troupeau et un seul pasteur. (31,
32.) — Avènement d’Élie. (33,
34.) — Annonce du Consolateur. (35-42.)
— Second avènement du Christ. (43-46.)
— Signes précurseurs. (47-58.)
— Vos fils et vos filles prophétiseront. (59-61.)
— Jugement dernier. (62-67.) |
SIGNES PRECURSEURS.
47. — Vous entendrez aussi parler de guerres et de bruits de guerres ;
mais gardez-vous bien de vous troubler, car il faut que ces choses arrivent ;
mais ce ne sera pas encore la fin, — car on verra se soulever peuple
contre peuple et royaume contre royaume ; et il y aura des pestes,
des famines et des tremblements de terre en divers lieux, — et toutes
ces choses ne seront que le commencement des douleurs. (Saint
Matth., ch. XXIV, v. 6, 7, 8.)
48. — Alors le frère livrera le frère à la mort, et le père le fils ;
les enfants s’élèveront contre leurs pères et leurs mères, et les feront
mourir. — Et vous serez haïs de tout le monde à cause de mon nom ;
mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. (Saint
Marc, ch. XIII, v. 12, 13.)
49. — Quand vous verrez que l’abomination de la désolation, qui a été
prédite par le prophète Daniel, sera dans le lieu saint (que
celui qui lit entende bien ce qu’il lit) ; — Alors, que ceux qui
seront dans la Judée s’enfuient sur les montagnes ; n
— Que celui qui est au haut du toit n’en descende point pour emporter
quelque chose de sa maison ; — Et que celui qui sera dans le champ
ne retourne point pour prendre ses vêtements. — Mais malheur aux femmes
qui seront grosses ou nourrices en ces jours-là. — Priez donc Dieu que
votre fuite n’arrive point durant l’hiver ni au jour du sabbat, car
l’affliction de ce temps-là — sera si grande, qu’il n’y en a point eu
de pareille depuis le commencement du monde jusqu’à présent, et qu’il
n’y en aura jamais. — Et si ces jours n’avaient été abrégés, nul homme
n’aurait été sauvé, mais ces jours seront abrégés en faveur des élus.
(Saint
Matth., ch. XXIV, v. 15 à 22.)
50. — Aussitôt après ces jours d’affliction, le soleil s’obscurcira, et la lune ne donnera plus sa lumière ; les étoiles tomberont du ciel, et les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors, le signe du Fils de l’homme paraîtra dans le ciel, et tous les peuples de la terre seront dans les pleurs et dans les gémissements ; et ils verront le Fils de l’homme qui viendra sur les nuées du ciel avec une grande majesté.
Et il enverra ses anges, qui feront entendre la voix éclatante de leurs trompettes, et qui rassembleront ses élus des quatre coins du monde, depuis une extrémité du ciel jusqu’à l’autre.
Apprenez une comparaison tirée du figuier. Quand ses branches sont déjà tendres, et qu’il pousse des feuilles, vous savez que l’été est proche. — De même, lorsque vous verrez toutes ces choses, sachez que le Fils de l’homme est proche, et qu’il est comme à la porte.
Je vous dis, en vérité, que cette race ne passera point que
toutes ces choses ne soient accomplies. (Saint
Matth., ch. XXIV, v. de 29 à 34.)
Et il arrivera à l’avènement du Fils de l’homme ce qui arriva au temps
de Moïse, — car, comme dans les derniers temps avant le déluge, les
hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants,
jusqu’au jour où Noé entra dans l’arche ; — et qu’ils ne connurent
pas le moment du déluge que lorsqu’il survint et emporta tout le monde,
il en sera de même à l’avènement du Fils de l’homme. (Saint
Matth., ch. XXIV, v. 37, 38.)
51. — Quant à ce jour-là ou à cette heure, nul ne le sait, ni les anges
qui sont dans le ciel, ni le Fils, mais le Père seul. (Saint
Marc, ch. XIII, v. 32.)
52. — En vérité, en vérité, je vous le dis, vous pleurerez et vous gémirez,
et le monde se réjouira ; vous serez dans la tristesse, mais votre
tristesse se changera en joie. — Une femme, lorsqu’elle enfante, est
dans la douleur, parce que son heure est venue ; mais après qu’elle
a enfanté un fils, elle ne se souvient plus le ses maux, dans la joie
qu’elle a d’avoir mis un homme au monde. — C’est ainsi que vous êtes
maintenant dans la tristesse ; mais je vous verrai de nouveau,
et votre cœur se réjouira, et personne ne vous ravira votre joie. (Saint
Matth., ch. XVI, v. 20, 21, 22.)
53. — Il ‘s’élèvera plusieurs faux prophètes qui séduiront beaucoup
de personnes ; — et parce que l’iniquité abondera, la charité de
plusieurs se refroidira ; — mais celui-là sera sauvé qui persévérera
jusqu’à la fin. — Et cet Évangile du royaume sera prêché dans toute
la terre pour servir de témoignage à toutes les nations, et c’est alors
que la fin arrivera. (Saint
Matth., ch. XXIV, v. de 11 à 14.)
54. — Ce tableau de la fin des temps est évidemment allégorique, comme la plupart de ceux que présentait Jésus. 2 Les images qu’il contient sont de nature, par leur énergie, à impressionner des intelligences encore frustes. 3 Pour frapper ces imaginations peu subtiles, il fallait des peintures vigoureuses, aux couleurs tranchées. 4 Jésus s’adressait surtout au peuple, aux hommes les moins éclairés, incapables de comprendre les abstractions métaphysiques, et de saisir la délicatesse des formes. 5 Pour arriver au cœur, il fallait parler aux yeux à l’aide de signes matériels, et aux oreilles par la vigueur du langage.
6 Par une conséquence naturelle de cette disposition d’esprit, la puissance suprême ne pouvait, selon la croyance d’alors, se manifester que par des choses extraordinaires, surnaturelles ; plus elles étaient impossibles, mieux elles étaient acceptées comme probables.
7 Le Fils de l’homme venant sur les nuées du ciel, avec une grande majesté, entouré de ses anges et au bruit des trompettes, leur semblait bien autrement imposant qu’un être investi de la seule puissance morale. 8 Aussi les Juifs, qui attendaient dans le Messie un roi de la terre, puissant entre tous les rois, pour mettre leur nation au premier rang, et relever le trône de David et de Salomon, ne voulurent-ils pas le reconnaître dans l’humble fils du charpentier, sans autorité matérielle.
9 Cependant ce pauvre prolétaire de la Judée est devenu le plus grand entre les grands ; il a conquis à sa souveraineté plus de royaumes que les plus puissants potentats ; 10 avec sa seule parole et quelques misérables pêcheurs, il a révolutionné le monde, et c’est à lui que les Juifs devront leur réhabilitation. 11 Il était donc dans le vrai, quand, à cette question de Pilate : ( † ) « Etes-vous roi ? » il répondit : « Vous le dites ».
55. — Il est à remarquer que, chez les Anciens, les tremblements de terre et l’obscurcissement du soleil étaient les accessoires obligés de tous les événements et de tous les présages sinistres ; on les retrouve à la mort de Jésus, à celle de César et dans une foule de circonstances de l’histoire du paganisme.
2 Si ces phénomènes se fussent produits aussi souvent qu’on le raconte, il paraîtrait impossible que les hommes n’en eussent pas conservé la mémoire par la tradition. 3 Ici on ajoute les étoiles qui tombent du ciel, comme pour témoigner aux générations futures plus éclairées qu’il ne s’agit que d’une fiction, puisqu’on sait maintenant que les étoiles ne peuvent tomber.
56. — Cependant, sous ces allégories se cachent de grandes vérités. 2 C’est, d’abord, l’annonce des calamités de tout genre qui frapperont l’humanité et la décimeront ; calamités engendrées par la lutte suprême entre le bien et le mal, la foi et l’incrédulité, les idées progressives et les idées rétrogrades. 3 Secondement, celle de la diffusion, par toute la terre, de l’Évangile rétabli dans sa pureté primitive ; 4 puis, le règne du bien, qui sera celui de la paix et de la fraternité universelle, sortira du code de morale évangélique mis en pratique par tous les peuples. 5 Ce sera véritablement le règne de Jésus, puisqu’il présidera à son établissement, et que les hommes vivront sous l’égide de sa loi ; 6 règne de bonheur, car, dit-il, ( † ) « après les jours d’affliction viendront les jours de joie ».
57. — Quand s’accompliront ces choses ? « Nul ne le sait, dit Jésus, pas même le Fils ; » 2 mais quand le moment sera venu, les hommes en seront avertis par des indices précurseurs. 3 Ces indices ne seront ni dans le soleil, ni dans les étoiles, mais dans l’état social et dans des phénomènes plus moraux que physiques, et que l’on peut en partie déduire de ses allusions.
4 Il est bien certain que ce changement ne pouvait s’opérer du vivant des apôtres, autrement Jésus n’aurait pu l’ignorer, et d’ailleurs une telle transformation ne pouvait s’accomplir en quelques années. 5 Cependant il leur parle comme s’ils devaient en être témoins ; c’est qu’en effet, ils pourront revivre à cette époque et travailler eux-mêmes à la transformation. 6 Tantôt il parle du sort prochain de Jérusalem, et tantôt il prend ce fait comme point de comparaison pour l’avenir.
58. — Est-ce la fin du monde que Jésus annonce par sa nouvelle venue, et quand il dit : ( † ) Lorsque l’Évangile sera prêché par toute la terre, c’est alors que la fin arrivera ?
2 Il n’est pas rationnel de supposer que Dieu détruise le monde précisément au moment où il entrera dans la voie du progrès moral par la pratique des enseignements évangéliques ; rien, d’ailleurs, dans les paroles du Christ, n’indique une destruction universelle, qui, dans de telles conditions, ne serait pas justifiée.
3 La pratique générale de l’Évangile, devant amener une amélioration dans l’état moral des hommes, amènera, par cela même, le règne du bien et entraînera la chute de celui du mal. 4 C’est donc à la fin du vieux monde, du monde gouverné par les préjugés, l’orgueil, l’égoïsme, le fanatisme, l’incrédulité, la cupidité et toutes les mauvaises passions que le Christ fait allusion quand il dit : ( † ) « Lorsque l’Évangile sera prêché par toute la terre, c’est alors que la fin arrivera ; » 5 mais cette fin amènera une lutte, et c’est de cette lutte que sortiront les maux qu’il prévoit.
[1] Cette expression : l’abomination de la désolation, non seulement n’a pas de sens, mais elle prête au ridicule. La traduction d’Ostervald dit : « L’abomination qui Cause la désolation, » ce qui est très différent ; le sens alors devient parfaitement clair, car on comprend que les abominations doivent amener la désolation comme châtiment. Quand, dit Jésus, l’abomination viendra dans le lieu saint, la désolation y viendra aussi, et ce sera un signe que les temps sont proches.
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- Recherche de livres (Première
édition - 1868) et (Cinquième
édition - 1872.)