Pénétration de notre pensée par les esprits. —
Influence des esprits sur mos pensées et nos actions. — Sujétion
de l’homme aux esprits. — Des pactes. — Influence des esprits
sur les biens et les maux de la vie corporelle. — Affection
des esprits pour certaines personnes. — Croyance aux localités
fatalement propices ou funestes par la fréquentation des esprits.
— Génies familiers. — Personnes fatales ou propices à d’autres
personnes. — Malédiction. — Possédés. (Questions
172 à 199.) |
172. —
Les esprits voient-ils tout ce que nous faisons ? ( † )
« Oui, puisque vous en êtes sans cesse entourés ; mais chacun ne voit
que les choses sur lesquelles il porte son attention ; car pour celles
qui lui sont indifférentes, il ne s’en occupe pas. »
172 a. —
Les esprits peuvent-ils connaître nos plus secrètes pensées ? ( † )
« Oui, même celles que tu voudrais te cacher à toi-même. »
172 b. —
Que pensent de nous les esprits qui sont autour de nous et nous voient
? ( † )
« Cela dépend. Les esprits follets se rient des petites tracasseries
qu’ils vous suscitent et se moquent de vos impatiences. Les esprits
sérieux vous plaignent de vos travers et tâchent de vous aider. »
Les esprits étant partout, nous en avons sans cesse autour
de nous qui voient et entendent tout ce que nous faisons et tout ce
que nous disons.
La pénétration de pensée, qui est un des attributs de leur essence,
leur permet de lire dans les plus profonds replis de nos cœurs ; rien
ne peut leur être dissimulé ; ils connaissent tout ce que nous voudrions
nous cacher à nous-mêmes.
Les esprits qui nous entourent et nous observent, jugent nos actes au
point de vue de leur propre nature. Les esprits légers, comme des enfants
espiègles, s’amusent à nos dépens ; les esprits sérieux prennent en
pitié nos turpitudes et nos faiblesses.
173. —
Les esprits influent-ils sur nos pensées et sur nos actions ? ( † )
« Oui. »
173 a. —
Comment les esprits influent-ils sur nos actions ?
« En dirigeant la pensée. »
173 b. —
Exercent-ils une influence sur les événements de la vie ?
« Oui, puisqu’ils te conseillent. »
Les esprits influent sur nos pensées, et par suite sur nos
actions qui sont la conséquence de nos pensées ; c’est ainsi qu’ils
peuvent exercer une influence sur les événements de la vie matérielle.
L’influence des esprits est une mission qu’ils ont reçue pour l’accomplissement
des vues de la Providence.
174. —
Avons-nous des pensées qui nous sont propres et d’autres qui nous sont
suggérées ? ( † )
« Oui, et c’est ce qui vous met dans l’incertitude, parce que vous avez
en vous deux idées qui se combattent. »
Notre âme étant un esprit incarné, il en résulte que nous
avons des pensées qui nous sont propres, et d’autres qui nous sont suggérées
par des esprits étrangers ; de là souvent les pensées contraires qui
nous arrivent à la fois sur le même sujet.
175. —
Comment distinguer les pensées qui nous sont propres de celles qui nous
sont suggérées ? ( † )
« Lorsqu’une pensée est suggérée, elle vient à l’improviste ; c’est
comme une voix qui te parle. Les pensées propres sont en général celles
du premier mouvement. »
Les pensées qui nous sont suggérées ne sont point en général
le produit de la réflexion ; elles sont en quelque sorte spontanées,
surgissent à l’improviste et font naître en nous des idées nouvelles
; il nous semble entendre une voix intérieure qui nous dit d’aller ou
d’agir dans un sens ou dans un autre.
176. —
Comment reconnaître si une pensée nous est suggérée par un bon ou un
mauvais esprit ? ( † )
« Etudier la chose. Les bons esprits ne conseillent que le bien ; c’est
à toi de distinguer. »
176 a. —
D’après cela il ne serait pas exact de dire que le premier mouvement
est toujours bon ? ( † )
« Il peut être bon ou mauvais, selon la nature de l’esprit qui est incarné
en toi. »
Les pensées qui nous sont étrangères, comme celles qui nous
sont propres, peuvent être bonnes ou mauvaises selon l’esprit qui nous
les suggère. La pensée du bien nous vient toujours des bons esprits,
et celle du mal des esprits imparfaits. Dieu nous a donné la raison
et le discernement ; c’est à nous de choisir.
177. —
Dans quel but les esprits imparfaits nous poussent-ils au mal ? ( † )
« Pour vous faire souffrir comme eux. »
177 a. —
Cela diminue-t-il leurs souffrances ? ( † )
« Non, mais par jalousie de voir des êtres plus heureux. »
177 b. —
Quelle nature de souffrance veulent-ils faire éprouver ? ( † )
« D’être d’un ordre inférieur et éloigné de Dieu. »
177 c. —
Pourquoi Dieu permet-il que des esprits nous excitent au mal ? ( † )
« Toi étant esprit, tu dois progresser dans la science de l’infini ;
notre mission est plutôt pour te mettre dans le bon chemin ; et quand
de mauvaises influences agissent sur toi, c’est que tu les appelles
par le désir du mal. »
« Je te dis que les esprits inférieurs viennent à ton secours dans le
mal quand tu as la volonté de le commettre. »
« Je réponds encore une fois à ta question : des esprits dits mauvais
ne peuvent t’aider dans le mal que quand tu veux le mal. »
« Si tu as le goût du meurtre, eh bien ! tu auras une nuée d’esprits
qui tâcheront de t’y maintenir ; mais aussi tu en as d’autres qui tâcheront
de t’influencer en bien, ce qui fait que cela rétablit la balance et
te laisse le maître. »
L’esprit doit progresser sans cesse dans la science de l’infini,
et pour cela doit passer par les épreuves du mal pour arriver au bien.
Il a le choix de ces épreuves, et c’est pendant son incarnation qu’il
doit les subir. C’est alors que les autres esprits lui viennent en aide
selon son désir pour le mal comme pour le bien.
Si la nature encore imparfaite de notre esprit fait prédominer en nous
l’instinct du mal, une nuée d’esprits aussi imparfaits s’abattent sur
nous comme sur une proie facile, et tâchent de l’aiguillonner par les
mauvaises pensées qu’ils suscitent en nous. Leur but, en nous éloignant
de Dieu, est de nous faire souffrir comme eux en nous laissant croupir
dans les rangs inférieurs. Cela ne diminue point leurs souffrances,
mais la jalousie qu’ils ressentent du bonheur des autres les excite
à retarder notre amélioration autant qu’il est en eux.
Mais en même temps d’autres esprits tâchent de nous influencer dans
un sens contraire et de nous remettre dans le bon chemin ; c’est ainsi
que la balance est rétablie, et que Dieu laisse à notre conscience le
choix de la route que nous devons suivre, et la liberté de céder à l’une
ou à l’autre des influences contraires qui s’exercent sur nous.
178. —
Peut-on s’affranchir de l’influence des esprits qui sollicitent au mal
? ( † )
« Oui, car ils ne s’attachent qu’à ceux qui les sollicitent par leurs
désirs. »
178 a. —
Les esprits dont l’influence est repoussée par la volonté renoncent-ils
à leurs tentatives ? ( † )
« Que veux-tu qu’ils fassent ? quand il n’y a rien à faire, ils cèdent
la place ; cependant ils guettent le moment favorable, comme le chat
guette la souris. »
Les esprits impurs n’exercent ainsi leur domination sur
l’homme qu’autant qu’ils sont sollicités par ses désirs, car ils s’attachent
à ceux qui les écoutent, et fuient ceux qui les repoussent. Quand ils
ne voient aucune prise, ils laissent le champ libre aux bons esprits,
mais ils épient sans cesse l’instant propice à leurs desseins.
En faisant le bien et en mettant toute notre confiance en Dieu, nous
repoussons l’influence des esprits inférieurs, et nous détruisons l’empire
qu’ils voulaient prendre sur nous.
179. —
N’y a-t-il pas des hommes qui n’ont que l’instinct du mal ? ( † )
« Je t’ai dit que l’on doit progresser sans cesse. Celui qui dans cette
vie n’a que l’instinct du mal, aura celui du bien dans une autre, et
c’est pour cela qu’il renaît plusieurs fois ; car il faut que tous
avancent et atteignent le but, seulement les uns dans un temps plus
court, les autres dans un temps plus long, selon leur désir. »
Chaque existence est une des phases de la vie spirituelle
; nous avons tous les mêmes degrés à parcourir, et ce qui ne s’accomplit
pas un jour s’accomplira dans une autre vie. Si un homme paraît n’avoir
que l’instinct du mal, c’est qu’il aura celui du bien dans une autre
existence, et c’est pour cela qu’il renaît plusieurs fois. Celui qui
n’a que l’instinct du bien est déjà épuré, car il a eu celui du mal
dans une existence antérieure.
180. —
Pour les faveurs que les esprits nous accordent, ne nous tiennent-ils
pas sous leur dépendance, et n’aurons-nous pas plus tard un compte à
régler avec eux ?
« Non, vous n’en devrez compte qu’à Dieu. »
180 a. —
Y a-t-il quelque chose de vrai dans les pactes avec les mauvais esprits
? ( † )
« Non, il n’y a pas de pactes, mais une mauvaise nature sympathisant
avec de mauvais esprits. Par exemple :
« Tu veux tourmenter ton voisin, et tu ne sais comment t’y prendre ;
alors tu appelles à toi des esprits inférieurs qui, comme toi, ne veulent
que le mal, et pour t’aider veulent que tu les serves dans leurs mauvais
desseins : mais s’il ne s’ensuit pas que ton voisin ne puisse se débarrasser
d’eux par une conjuration contraire et par sa volonté. Celui qui veut
commettre une mauvaise action appelle par cela même de mauvais esprits
à son aide ; il est alors obligé de les servir comme eux le font pour
lui, car eux aussi ont besoin de lui pour le mal qu’ils veulent faire.
C’est seulement en cela que consiste le pacte. »
La dépendance où l’homme se trouve quelquefois des esprits
inférieurs provient de son abandon aux mauvaises pensées qu’ils lui
suggèrent, et non de pactes ou stipulations quelconques entre eux et
lui. Le pacte, dans le sens vulgaire attaché à ce mot, est une allégorie
qui peint une mauvaise nature sympathisant avec des esprits malfaisants.
L’homme qui veut faire le mal appelle à lui des esprits inférieurs qui,
comme lui, ne veulent que le mal, et pour l’aider veulent aussi qu’il
serve leurs mauvais desseins. Mais il ne s’ensuit pas que celui qui
doit être victime d’une méchanceté ne puisse s’en préserver par une
conjuration contraire et par sa volonté en appelant les bons esprits
à son aide. C’est en cela seul que consiste le pacte, et c’est à Dieu
seul que nous devrons compte des faveurs que nous aurons obtenues, car
les esprits ne sont que les ministres et les instruments de sa providence.
181. —
Les esprits s’intéressent-ils à nos malheurs et à notre prospérité ?
( † )
« Oui ; les bons esprits font autant de bien que possible, et sont heureux
de toutes vos joies. »
181 a. —
De quelle nature de mal les esprits s’affligent-ils le plus pour nous
; est-ce le mal physique ou le mal moral ? ( † )
« Votre égoïsme et votre dureté de cœur : de là dérive tout ; ils se
rient de tous ces maux imaginaires qui naissent de l’orgueil et de l’ambition
; ils se réjouissent de ceux qui ont pour effet d’abréger votre temps
d’épreuve, car c’est la crise salutaire du malade. »
Les esprits s’intéressent à nos malheurs et à notre prospérité
; mais sachant que la vie corporelle n’est que transitoire, et que les
tribulations qui l’accompagnent sont des moyens d’arriver à un état
meilleur, ils s’affligent plus pour nous des causes morales qui nous
conduisent à notre perte, que des maux physiques qui ne sont que passagers.
Les esprits prennent peu de souci de ces malheurs qui n’affectent que
notre ambition ou froissent nos idées mondaines. Ils se rient de ces
perplexités futiles, comme nous faisons des chagrins puérils de l’enfance.
182. —
Les esprits ont-ils le pouvoir de détourner les maux de dessus certaines
personnes et d’attirer sur elles la prospérité ? ( † )
« Pas entièrement, car il est des maux qui sont dans les décrets de
la Providence ; mais ils amoindrissent vos douleurs. Ce qui vous paraît
un mal n’est pas toujours un mal ; souvent un bien doit en sortir qui
sera plus grand ; et c’est ce que vous ne comprenez pas, parce que vous
ne pensez qu’au moment présent. »
Les maux qui nous affligent ici-bas étant dans les vues
de la Providence, il n’est pas toujours au pouvoir des esprits de les
détourner entièrement de nous ; mais ils peuvent amoindrir nos douleurs,
en nous donnant la force de les supporter avec patience, et nous suggérer
des pensées propices pour les détourner autant que possible par notre
manière d’agir ; ils n’assistent que ceux qui savent s’assister eux-mêmes.
183. —
Lorsque des obstacles semblent venir fatalement s’opposer à nos projets,
serait-ce par l’influence de quelque esprit ? ( † )
« Oui et non ; quelquefois les esprits, d’autres fois c’est que vous
vous y prenez mal. La position et le caractère influent beaucoup. »
183 a. —
Il y a des gens qu’une fatalité semble poursuivre indépendamment de
leur manière d’agir ; le malheur n’est-il pas dans leur destinée ? ( † )
« Ce peut être des épreuves qu’ils doivent subir et qu’ils ont choisies
; mais encore une fois vous mettez sur le compte de la destinée ce qui
n’est le plus souvent que la conséquence de votre propre faute. Dans
les maux qui t’affligent tâche que ta conscience soit pure, et tu seras
à moitié consolé. »
Lorsque des obstacles semblent venir fatalement s’opposer
à nos projets, nous ne devons le plus souvent nous en prendre qu’à nous,
car c’est presque toujours nous qui nous y prenons mal. Les idées justes
ou fausses que nous nous faisons des choses nous font réussir ou échouer
selon notre caractère et notre position sociale. Nous trouvons plus
simple et moins humiliant pour notre amour-propre d’attribuer nos échecs
au sort ou à la destinée qu’à notre propre faute. Si l’influence des
esprits y contribue quelquefois, nous pouvons toujours nous soustraire
à cette influence en repoussant les idées qu’ils nous suggèrent, quand
elles sont mauvaises.
184. —
Les esprits affectionnent-ils de préférence certaines personnes ? ( † )
« Oui. »
184 a. —
Quels sont les motifs de cette préférence ?
« Tout et rien ; sympathie ; ressemblance de sensation. »
184 b. —
Cette affection des esprits pour certaines personnes est-elle exclusivement
morale ? ( † )
« Oui. »
Les esprits affectionnent de préférence certaines personnes.
Les motifs de cette préférence sont exclusivement moraux et sont fondés
sur la similitude des sentiments. De là, la sympathie des bons esprits
pour les hommes de bien ou susceptibles de s’améliorer, et celle des
esprits impurs pour les hommes pervers ou susceptibles de se pervertir.
185. —
Nos parents et nos amis qui nous ont précédés dans l’autre vie ont-ils
pour nous plus de sympathie que les esprits qui nous sont étrangers
? ( † )
« Oui ; souvent ils vous protègent comme esprits. »
185 a. —
Sont-ils sensibles à l’affection que nous leur conservons ? ( † )
« Oui ; ils oublient ceux qui les oublient. »
185 b. —
Puisque nous avons eu plusieurs existences, la parenté remonte-t-elle
au-delà de notre existence actuelle ? ( † )
« Cela ne peut être autrement. »
Nos parents et nos amis qui nous ont précédés dans l’autre
vie, s’attachent à nous en raison de l’affection que nous leur conservons,
et souvent nous protègent comme esprits.
La parenté directe, provenant de notre existence actuelle, n’est pas
la seule qui subsiste entre les hommes et les esprits. La succession
des existences corporelles établit entre eux et nous des liens qui remontent
à nos existences antérieures ; de là souvent des causes de sympathie
entre nous et certains esprits qui nous paraissent étrangers.
186. —
Y a-t-il des lieux propices ou funestes par la nature des esprits qui
les fréquentent ?
« Superstition ; c’est vous qui attirez les esprits : soyez toujours
bons, et vous n’aurez que de bons esprits à vos côtés. »
Les esprits s’attachent aux personnes plus qu’aux choses.
C’est une erreur de croire que certaines localités sont fatalement propices
ou funestes par la nature des esprits qui les fréquentent. Nous rendons
nous-mêmes les lieux favorables ou défavorables par les esprits que
nous y attirons.
187. —
Y a-t-il des esprits qui s’attachent à un individu en particulier ? ( † )
« Oui, et c’est ce que vous appelez le génie familier. »
187 a. —
Avons-nous chacun notre esprit familier ?
« Oui. »
187 b. —
L’esprit familier est-il attaché à l’individu depuis sa naissance ?
( † )
« Oui, et jusqu’à sa mort. »
187 c. —
Y a-t-il des esprits qui s’attachent à toute une famille ? ( † )
« Oui. »
Outre l’influence générale des esprits, tout homme est plus
ou moins sous la dépendance d’un esprit particulier qui s’attache à
lui depuis sa naissance jusqu’à sa mort. C’est ce qu’on appelle son
esprit ou son génie familier.
Il en est qui s’attachent à une famille entière ; c’est-à-dire aux membres
d’une même famille qui vivent ensemble, et sont unis par l’affection.
188. —
La mission de l’esprit familier est-elle volontaire ou obligatoire ?
( † )
« L’esprit est obligé de veiller sur vous, mais il a le choix des êtres
qui lui sont sympathiques. »
188 a. —
En s’attachant à une personne ou à une famille, l’esprit renonce-t-il
à protéger d’autres individus ? ( † )
« Non ; mais il le fait moins exclusivement. »
La mission de l’esprit familier est de veiller sur la personne
ou la famille dont la garde lui est confiée. Cette mission n’est point
volontaire ; il est obligé de veiller sur nous, mais il a le choix des
êtres qui lui sont sympathiques.
L’esprit qui s’attache à une personne ou à une famille ne renonce pas
pour cela à s’occuper d’autres individus, mais il le fait moins exclusivement.
189. —
N’avons-nous qu’un esprit familier ?
« On peut en avoir deux, un bon et un mauvais. »
189a —
Quel est celui des deux qui a le plus d’attirance ?
« Celui auquel l’homme laisse prendre l’empire sur lui. »
189 b. —
Qu’entend-on par Ange-Gardien ou bon génie ? ( † )
« L’esprit familier lorsqu’il est bon. »
L’esprit familier n’est pas toujours seul, souvent il y
en a deux : l’un qui pousse l’homme à sa perte, l’autre qui le protège
contre les tentations. L’homme est plus ou moins sous l’influence de
l’un ou de l’autre, selon celui des deux auquel il laisse prendre l’empire.
Ce qu’on appelle vulgairement Ange-Gardien ou bon génie, est l’esprit
familier lorsqu’il est bon.
190. —
Le génie protecteur abandonne-til quelquefois son protégé, et pour quel
motif ? ( † )
« Il s’éloigne quand il voit en lui une mauvaise nature et la volonté
de se livrer à son mauvais génie ; mais il ne l’abandonne point complètement
et se fait toujours entendre ; c’est alors l’homme qui ferme les oreilles.
Il revient dès qu’on l’appelle. »
190 a. —
Le mauvais esprit se retire-t-il aussi quelquefois ?
« Oui, lorsqu’il n’a rien à faire ; mais il épie toujours les occasions
de t’induire au mal. »
Le bon esprit s’éloigne quelquefois de son protégé lorsqu’il
voit en lui une irrésistible volonté de se livrer à son ennemi. Il ne
l’abandonne point pour cela complètement et se fait toujours entendre
: c’est la voix de la conscience qui parle en nous, mais à laquelle
nous fermons trop souvent l’oreille.
Par la même raison le mauvais esprit renonce à ses tentatives lorsqu’il
en reconnaît l’inutilité par l’ascendant que la volonté de l’homme donne
à l’esprit bienfaisant ; mais il n’en épie pas moins les occasions de
nous induire au mal. C’est ainsi que l’homme de bien est souvent assailli
par de mauvaises pensées.
191. —
L’esprit familier est-il fatalement attaché à l’être confié à sa garde
? ( † )
« Non ; souvent il le quitte pour un autre, et alors l’échange se fait.
»
L’esprit familier n’est pas invariablement et fatalement
attaché à l’être qu’il a choisi ; souvent il le quitte pour un autre
sans cause prépondérante ; mais alors un autre esprit le remplace.
192. —
Tous les hommes ont-ils leur génie familier ?
« Oui. »
192 a. —
L’homme dans l’état sauvage ou de dégradation a-t-il également son génie
familier ? ( † )
« Oui, mais alors le mauvais a le dessus. »
192 b. —
Après cette vie reconnaîtrons-nous notre bon et notre mauvais génie
? ( † )
« Oui, vous les connaissiez avant d’être incarnés. »
Tous les êtres humains ont leur génie familier, à quelque
degré de l’échelle sociale qu’ils appartiennent ; mais chez les hommes
encore arriérés dans leur développement moral et intellectuel, ce sont
les esprits imparfaits qui dominent.
Tous en quittant la vie corporelle pour rentrer dans le monde des esprits
reconnaîtront leurs bons et mauvais génies.
193. —
Recevons-nous des avertissements des esprits protecteurs ?
« Oui, de vos esprits familiers. »
193 a. —
Par quels moyens nous donnent-ils ces avertissements ?
« Par les pressentiments et par les pensées qu’ils vous suggèrent. »
193 b. —
Ces avertissements ont-ils pour objet unique la conduite morale, ou
bien aussi la conduite à tenir dans les affaires de la vie privée ?
( † )
« Tout ; il essaie de te faire vivre le mieux possible. »
193 c. —
A quel signe pouvons-nous reconnaître que l’avertissement nous vient
d’un bon ou d’un mauvais esprit ? ( † )
« J’ai dit pressentiment ; consultez votre conscience et la nature de
vos pensées. »
Les esprits protecteurs nous guident dans la bonne voie
par les avertissements qu’ils nous donnent. Ils nous les transmettent
par les pressentiments et par les pensées qu’ils nous suggèrent, soit
qu’elles aient pour objet la conduite morale, soit qu’elles concernent
la conduite à tenir dans les affaires de la vie privée, ou les moyens
d’éviter les maux qui nous menacent.
D’un autre côté, notre mauvais génie nous suscite des entraves et provoque
nos malheurs ici-bas en nous suggérant des pensées pernicieuses. Dieu
nous a donné la conscience et la raison pour guides ; c’est à nous de
choisir. Quiconque étudie la nature de ses pensées peut aisément en
connaître la source.
194. —
Que devons-nous penser du premier mouvement qui nous sollicite dans
nos actions ? ( † )
« Le premier mouvement est toujours bon chez l’homme qui écoute l’inspiration
de son bon génie. »
194 a. —
Que devons-nous faire dans l’incertitude ?
« Quand tu es dans le vague invoque ton bon esprit. » ( † )
194 b. —
Qui doit-on prier quand on ne connaît pas son esprit familier ?
« Priez notre maître à tous, Dieu, qu’il vous envoie un de ses messagers,
l’un de nous. » ( † )
Chez l’homme qui suit l’impulsion de son bon génie le premier
mouvement est toujours bon ; en le suivant il sera toujours juste.
Dans l’incertitude, qu’il invoque avec sincérité son Ange-Gardien, et
il en recevra toujours un avis salutaire, ou qu’il prie Dieu de lui
envoyer un de ses messagers, c’est-à-dire un bon esprit, et sa prière
sera toujours exaucée.
195. —
Que doit-on penser de ces personnes qui semblent s’attacher à certains
individus pour les pousser fatalement à leur perte, ou pour les guider
dans la bonne voie ? ( † )
« Dieu les envoie pour les tenter. »
195 a. —
Notre bon et notre mauvais génie ne pourraient-ils pas s’incarner pour
nous accompagner dans la vie d’une manière plus directe ? ( † )
« Oui, cela a lieu quelquefois ; mais souvent aussi ils chargent de
cette mission d’autres esprits incarnés qui leur sont sympathiques ?
»
Il y a des êtres fatals à certaines personnes, et qui semblent
nés pour les pousser vers leur ruine ; d’autres au contraire semblent
prédestinés à les guider dans la bonne voie. Ce sont des êtres animés
par des esprits plus ou moins purs que Dieu place sur notre route pour
nous tenter ou pour nous secourir. C’est à nous de choisir entre le
bon et le mauvais chemin. C’est aussi quelquefois notre bon, ou notre
mauvais génie, qui s’est incarné pour nous escorter dans la vie.
196. —
La malveillance des êtres qui nous ont fait du mal sur terre s’éteint-elle
avec leur vie corporelle ? ( † )
« Souvent ils reconnaissent leur injustice et le mal qu’ils ont fait
; mais souvent aussi ils vous poursuivent de leur animosité si Dieu
le veut ainsi pour continuer de vous éprouver. »
196 a. —
Quel sentiment éprouvent après la mort ceux à qui nous avons fait du
mal ici-bas ? ( † )
« S’ils sont bons, ils pardonnent selon votre repentir. »
L’action malveillante des êtres pervers qui nous ont fait
du mal ici-bas ne s’éteint pas avec leur vie corporelle. Souvent à leur
rentrée dans le monde des esprits ils reconnaissent leur injustice ;
mais quelquefois aussi ils nous poursuivent de leur animosité, jusque
dans une autre existence, si Dieu le veut ainsi pour achever de nous
éprouver.
Ceux à qui nous avons fait du mal nous pardonnent après leur mort s’ils
sont bons, et selon notre repentir.
197. —
La bénédiction et la malédiction peuvent-elles attirer le bien et le
mal sur ceux qui en sont l’objet ? ( † )
« Oui, parce que le plus souvent on maudit les méchants et l’on bénit
les bons. »
« Dieu n’écoute point une malédiction injuste, et celui qui la prononce
est coupable à ses yeux. Mais, comme nous disions très bien tout à l’heure,
nous avons deux génies opposés : le bien et le mal ; il peut donc y
avoir une influence momentanée, surtout sur la matière. Mais cette influence
n’a toujours lieu que par la volonté de Dieu, et comme surcroît d’épreuve
pour celui qui en est l’objet. »
La bénédiction et la malédiction sont des invocations qui
ont pour objet d’attirer le bien et le mal sur ceux qui en sont l’objet,
mais elles ne peuvent jamais détourner la Providence de la voie de la
justice. Elle ne frappe le maudit que s’il est méchant, et sa protection
ne couvre que celui qui la mérite. Dieu n’écoute pas une malédiction
injuste, et la fait retomber sur celui qui l’a prononcée.
Toutefois, comme nous avons deux génies opposés, le bien et le mal,
la volonté de l’homme peut avoir une influence momentanée, surtout sur
la matière ; mais cette influence, qu’elle soit bonne ou mauvaise, est
toujours dans les vues de la Providence.
198. —
Un esprit peut-il momentanément revêtir l’enveloppe d’une personne vivante,
c’est-à-dire s’introduire dans un corps animé et agir au lieu et place
de celui qui s’y trouve incarné ? ( † )
« Non, l’esprit n’entre pas dans un corps comme tu entres dans une maison
; il s’assimile avec un esprit incarné qui a les mêmes défauts et les
mêmes qualités pour agir conjointement ; mais c’est toujours l’esprit
incarné qui agit comme il veut sur la matière dont il est revêtu. »
L’action des esprits sur l’homme ne se borne pas à une influence
morale sur la pensée. Cette action est quelquefois plus directe. Souvent
ils s’unissent à l’esprit d’une personne vivante dont ils empruntent
ainsi le concours afin d’agir conjointement avec lui pour le bien comme
pour le mal, mais ils ne peuvent se substituer à lui dans le corps qu’il
anime, car l’esprit et le corps doivent rester liés jusqu’au temps marqué
pour le terme de l’existence matérielle.
199. —
Y a-t-il des possédés dans le sens vulgaire attaché à ce mot ?
« Non, puisque deux esprits ne peuvent habiter ensemble le même corps.
Ceux que l’on appelait ainsi étaient des épileptiques ou des fous, qui
avaient plus besoin du médecin que d’exorcisme. » ( † )
L’esprit ne pouvant se substituer à un autre esprit incarné,
ni cohabiter le même corps, il n’y a pas de possédés dans le
sens vulgaire attaché à ce mot. Ceux que l’on a pris pour tels dans
des temps de superstition et d’ignorance étaient des épileptiques, des
fous ou des extatiques.
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