Dem. (à la Vérité.) — Je viens de recevoir une lettre de Marseille
par laquelle on me dit qu’au séminaire de cette ville on s’occupe sérieusement
de l’étude du Spiritisme et du livre des Esprits. Qu’en faut-il augurer ?
Est-ce que le clergé prendrait la chose à cœur ?
Rép. — Tu ne peux en douter : il prend la chose très à cœur, car il en prévoit les conséquences pour lui, et ses appréhensions sont grandes. Le clergé, surtout la partie éclairée du clergé, étudie le Spiritisme plus que tu ne le crois ; mais ne pense par que ce soit par sympathie ; il y cherche, au contraire, les moyens, de le combattre, et je t’assure qu’il lui fera une rude guerre. Ne t’en inquiète pas ; continue d’agir avec prudence et circonspection ; tiens-toi en garde contre les pièges qui te seront tendus ; évite soigneusement dans tes paroles et dans tes écrits tout ce qui pourrait fournir des armes contre toi.
Poursuis ta route sans crainte, et si elle est semée d’épines, je t’assure que tu auras de grandes satisfactions avant de revenir « un peu » parmi nous.
Dem. — Qu’entendez-vous par ces mots « un peu » ?
Rép. — Tu ne resteras pas longtemps parmi nous ; il faut bien que tu reviennes terminer ta mission qui ne peut être achevée dans cette existence. Si c’était possible, tu ne t’en irais pas du tout, mais il faut subir la loi de la nature. Tu seras absent pendant quelques années, et quand tu reviendras, ce sera dans des conditions qui te permettront de travailler de bonne heure. Cependant il y a des travaux qu’il est utile que tu termines avant de partir ; c’est pourquoi nous te laisserons le temps nécessaire pour les achever.
remarque. — En supposant approximativement la durée des travaux qui me restent à faire, et en tenant compte du temps de mon absence et des années de l’enfance et de la jeunesse, jusqu’à l’âge où un homme peut jouer un rôle dans le monde, cela nous reporte forcément à la fin de ce siècle ou au commencement de l’autre.