Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année XII — Décembre 1869.

(Langue portugaise)

 BIBLIOGRAPHIE.


LA FEMME ET LA PHILOSOPHIE SPIRITE.

Influence des croyances philosophiques sur la situation de la femme dans l’Antiquité, au Moyen Age et de nos jours. n
1 vol. in-12. Prix : 2 fr. 50. Librairie spirite, 7, rue de Lille.  † 

Cet ouvrage, qui sera mis en vente à la Librairie spirite, le 10 décembre prochain, vient de nouveau confirmer les prévisions des Esprits en ce qui concerne l’essor de notre philosophie et l’application pratique de ses principes. Il y a peu de temps encore, ils nous annonçaient, en effet, qu’il se préparait plusieurs ouvrages sérieux sur la philosophie du Spiritisme où le nom de la doctrine serait hautement avoué et proclamé.

Le livre de M. H. V., tout en traitant spécialement la question si intéressante de l’avenir de la femme, est caractérisé par une démonstration rigoureuse de tous les principes de la doctrine et où les adeptes eux-mêmes trouveront des aperçus nouveaux. Dans ce plaidoyer en faveur de la femme, on reconnaît l’argumentation à la fois attrayante et serrée du penseur érudit qui veut réduire la réplique à ses dernières limites. L’auteur a certainement étudié sérieusement la question et l’a scrutée jusque dans ses plus minutieux détails. Il ne se borne pas à émettre son opinion ; il la motive, et donne la raison d’être à chaque chose.

L’ouvrage de M. H. V. marquera dans les annales du Spiritisme, non- seulement comme premier en date dans son genre, mais surtout par son importance philosophique.

Nous regrettons que l’abondance des matières ne nous permette pas d’en reproduire autant de passages que nous l’eussions désiré ; nous nous bornerons aux citations suivantes, suffisantes pour en faire apprécier la valeur :


« Sy Tayeb. Mon ami, tu m’as promis d’écouter tout ce que je me propose de te dire sur la question des femmes. Depuis longtemps déjà, je ne cesse de répéter que nos coreligionnaires se conduisent à l’égard de leurs compagnes, comme de véritables bourreaux, et je consacre toutes mes facultés à solliciter une réforme.

« Sy Ahmed. Oui, je le sais ; mais tes opinions m’épouvantent, Tu oublies trop notre livre sacré, le Koran. Comment peux-tu manquer ainsi au respect que tu dois aux paroles de notre prophète, l’inspiré de Dieu ?

« Sy Tayeb. Je t’ai dit, à ce sujet, qu’il faut tenir compte des circonstances de temps et de lieu. Notre prophète Mohamed, à l’époque où il vivait, et au milieu de peuplades chez lesquelles les femmes étaient tombées en grand mépris, a pu dire ce qu’on lit dans le Koran ; mais ses enseignements, loin d’autoriser de nouveaux empiètements sur les libertés de la femme, restreignaient les abus qui existaient et cherchaient à donner quelques garanties au sexe opprimé ; mais nous ne sommes plus au commencement de l’ère musulmane.

« Sy Ahmed. Je ne sais ce qui se passe chez les autres peuples, mais représente-toi un peu les femmes de nos Arabes de la plaine, celles même des musulmans de la ville, et dis-moi ce qui arriverait si demain elles étaient libres comme des Françaises ?

« Sy Tayeb. Il y aurait certainement des excentricités commises, mais peut-être pas autant que tu peux le croire, et puis elles cesseraient bientôt, si les maris se montraient à la hauteur de leur mission, en se faisant les éducateurs de leurs femmes et de leurs filles.

« Ne sais-tu pas qu’un certain nombre de filles musulmanes, et qui, certes, ne sortaient pas de nos meilleures familles, se sont unies à des chrétiens dont quelques-uns occupent des positions élevées ? Ces femmes n’ont-elles pas adopté les coutumes françaises, au point que ceux qui ne les connaissent pas, les prennent pour des enfants de la France ? Ce que quelques-unes ont fait, toutes peuvent le faire.

« Au reste, je t’en prie, suis avec attention ce que je vais t’exposer. « Les êtres humains se composent d’une âme ou Esprit et d’un corps.

« L’Esprit est immortel ; il est aussi immatériel, au moins pour nos sens ; le corps est matériel et périssable, ou plutôt il se désagrège à un certain moment et ses molécules vont se combiner avec d’autres éléments matériels.

« Les Esprits n’ont pas de sexe ; ils s’incarnent indistinctement dans des corps d’homme ou de femme comme ils le font dans des corps de race quelconque. C’est là ce qui résulte de l’enseignement des Esprits eux-mêmes, que l’on peut consulter à tout instant. L’observation et la réflexion nous amènent du reste facilement à le reconnaître.

« Comment se manifestent les qualités des âmes ? par les facultés morales et intellectuelles. Or, de tout temps, en tout lieu, n’a-t-on pas constaté que les femmes pouvaient avoir autant de valeur morale que les hommes de leur entourage, et qu’en ce qui concerne l’intelligence, quelques-unes d’entre elles pouvaient être comparées aux hommes les mieux doués ? Qu’importe le nombre, dans ce dernier cas ; s’il varie, selon les circonstances sociales d’éducation ou le genre de vie imposé aux femmes, il suffit que certaines d’entre elles aient montré une puissance d’intellect égale à celle qu’on rencontre chez les hommes, pour qu’on puisse en conclure qu’il n’y a pas des Esprits hommes et des Esprits femmes, ces derniers forcément inférieurs aux premiers?

« La civilisation égyptienne faisait aussi à la femme une place honorable aux côtés de son compagnon d’existence. Nous pouvons en juger par la population qu’elle importa sur le territoire qui devint l’Hellade, la Grèce. Là, dès les temps dits héroïques, nous voyons les femmes décider de la paix ou de la guerre, inspirer des entreprises lointaines, en un mot exercer l’autorité la plus complète. En outre, le pouvoir de séduction de quelques-unes d’entre elles est tel qu’on les traite de magiciennes. L’enlèvement d’une princesse suffit pour entraîner une prise d’armes générale et provoquer l’événement le plus important de toute la première partie de l’histoire grecque. D’autres parts, la religion de ce peuple, l’ensemble de ses mythes souvent si pleins de charme, nous font bien vite comprendre ce qu’était la femme chez les Grecs ; car ceux- ci, on le sait, n’ont cherché, dans leurs créations religieuses, qu’à poétiser et même à diviniser ce qui se passait au milieu de leur propre société.

« L’Olympe, le séjour des dieux, présente autant de déesses que de divinités masculines. Et ces déesses remplissent des rôles tout aussi importants que ceux des dieux leurs proches. Si le Jupiter Tonnant fait trembler l’univers du froncement de ses sourcils, sa femme, la fière Junon, sait aussi commander, et lorsqu’elle s’avance majestueusement au milieu de l’assemblée des dieux, tous reconnaissent en elle leur véritable souveraine. Si Vénus, déliant sa ceinture, s’incline devant le chef suprême et l’implore, n’obtient-elle pas ce qu’elle veut aux applaudissements de tous ? La sagesse, fait très significatif, n’est-elle pas personnifiée dans une déesse, Minerve ? Et cette fille de Jupiter n’est- elle pas considérée dans l’Olympe, absolument comme le sont chez nous, les penseurs qui font progresser l’humanité ?

« Enfin, les divinités qui représentaient les sciences et les arts étaient les neuf Muses, jeunes vierges, filles de Jupiter.

« Dans tous les mythes, dans toutes les scènes de la vie supposée des êtres divins créés par l’imagination grecque, nous voyons la femme intervenir, et, dans beaucoup de circonstances, affirmer son intervention, sinon plus, au moins tout aussi énergiquement que le dieu, le demi-dieu ou le héros. Il est facile de le constater, par toutes ces fables charmantes, qui avaient pour but de personnifier les forces de la nature dans des êtres extra-humains, la part faite à la femme est souvent plus importante que celle qui est attribuée à l’homme. Les sources, les végétaux, les divers éléments qui constituent notre globe, sont confiés à la direction de créatures super-terrestres, auxquelles on reconnaît le plus fréquemment le sexe féminin?

« D’après ce que nous venons de dire, on fait aux communications des Esprits le reproche d’être, en général, insignifiantes, monotones, banales. Nous dirons les motifs de cette objection ; voyons d’abord si les relations avec le monde invisible ne satisfont pas un grand nombre de personnes.

« Les communications avec les êtres pour lesquels nous avions une grande sympathie et qui ont quitté la terre, sont toujours très intéressantes pour ceux qui les reçoivent, bien que dépourvues d’intérêt pour le public ; elles sont comme ces lettres intimes, qui n’ont de charme que pour les personnes auxquelles elles s’adressent. Ces communications spirites, dont l’origine est presque toujours affirmée par certaines confidences, sont une source inépuisable de consolations ; elles certifient la perpétuité de l’âme individuelle et consciente, et ne font plus de la mort qu’une simple absence. Les relations avec les Esprits n’eussent-elles amené que ce résultat, le bienfait en est si grand, que nous devons y voir un nouveau témoignage de la bonté de Dieu et l’en remercier?

« On prétend aussi que les Esprits parlent souvent de leurs travaux et ne peuvent indiquer que d’une façon très sommaire en quoi ils consistent ! Cependant, si nous admettons qu’ils concourent à la formation des corps célestes, qu’ils sont chargés d’accomplir les lois de Dieu pour tout ce qui concerne les éléments primitifs matériels ou fluidiques qui nous entourent ; s’ils interviennent dans les actes de notre vie journalière ; s’ils vivent, s’ils étudient, s’ils progressent par tous les moyens que nous connaissons et par ceux qui nous sont inconnus, on peut affirmer avec certitude que les travaux des désincarnés sont au moins aussi nombreux que ceux des hommes les plus actifs.

« Mais les Esprits n’expliquent pas les procédés employés ; ils prétendent invariablement que nous ne les comprendrions pas.

« Il est facile de nous rendre compte de ce fait au moyen de la comparaison suivante, à laquelle nous pourrions avoir recours avec fruit chaque fois que nous nous plaignons de ne pas avoir, de la part du monde invisible, des explications suffisantes :

« Imaginons que nous ayons un moyen quelconque de correspondance avec les sauvages les plus arriérés de l’Océanie, et que nous voulions répondre à leurs questions. Ces sauvages ne connaissent d’autre occupation que la chasse, la pêche, l’anthropophagie ! Que leur dirions-nous s’ils nous demandaient à quoi nous passons notre temps ? Comment leur ferions-nous comprendre que, parmi nous, les uns font du commerce, de l’industrie ; que d’autres s’occupent d’administration, d’arts, de sciences, d’études littéraires et philosophiques, etc. ? Quels termes pourrions-nous employer qui soient à la portée des Océaniens ? Il y aurait impossibilité complète ; nous serions réduits à leur faire savoir d’une manière générale que nous avons beaucoup à faire ; pour le moment, nous ne pouvons le leur expliquer ; mais, plus tard, ils feront comme nous, lorsqu’ils auront modifié leur état de société. Les sauvages ne seraient guère satisfaits de nos explications ; mais seraient-ils fondés à les mettre en doute ? Il en est de même entre nous et les Esprits ! ? »


H. V.



[1] [La femme et la philosophie spirite: Influence des croyances philosophiques sur la situation de la femme dans l’antiquité, au moyen âge et de nos jours - Google books]


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