Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Œuvres posthumes — Deuxième Partie.

(Langue portugaise)

Chapitre 27.


RÉGÉNÉRATION DE L’HUMANITÉ.


25 avril 1866. — (Paris. Résumé des communications données par MM. M.. et T… en somnambulisme.)

Les événements se précipitent avec rapidité ; aussi ne vous disons-nous plus, comme autrefois : « Les temps sont proches » ; nous vous disons maintenant : « Les temps sont arrivés ».

Par ces mots n’entendez pas un nouveau déluge, ni un cataclysme, ni un bouleversement général. Des convulsions partielles du globe ont eu lieu à toutes les époques et se produisent encore, parce qu’elles tiennent à sa constitution, mais ce ne sont pas là les signes des temps.

Et cependant tout ce qui est prédit dans l’Évangile doit s’accomplir et s’accomplit en ce moment, ainsi que vous le connaîtrez plus tard ; mais ne prenez les signes annoncés que comme des figures dont il faut saisir l’esprit et non la lettre. Toutes les Écritures renferment de grandes vérités sous le voile de l’allégorie, et c’est parce que les commentateurs se sont attachés à la lettre qu’ils se sont fourvoyés. Il leur a manqué la clef pour en comprendre le sens véritable. Cette clef est dans les découvertes de la science et dans les lois du monde invisible que vient nous révéler le Spiritisme. Désormais, à l’aide de ces nouvelles connaissances, ce qui était obscur devient clair et intelligible.

Tout suit l’ordre naturel des choses, et les lois immuables de Dieu ne seront point interverties. Vous ne verrez donc ni miracles, ni prodiges, ni rien de surnaturel dans le sens vulgaire attaché à ces mots.

Ne regardez pas au ciel pour y chercher des signes précurseurs, car vous n’en verrez point, et ceux qui vous en annonceront vous abuseront ; mais regardez autour de vous, parmi les hommes, c’est là que vous les trouverez.

Ne sentez-vous pas comme un vent qui souffle sur la terre et agite tous les Esprits ? Le monde est dans l’attente et comme saisi d’un vague pressentiment à l’approche de l’orage.

Ne croyez cependant pas à la fin du monde matériel ; la terre a progressé depuis sa transformation ; elle doit progresser encore, et non point être détruite. Mais l’humanité est arrivée à l’une de ses périodes de transformation, et la terre va s’élever dans la hiérarchie des mondes.

Ce n’est donc pas la fin du monde matériel qui se prépare, mais la fin du monde moral : c’est le vieux monde, le monde des préjugés, de l’égoïsme, de l’orgueil et du fanatisme qui s’écroule ; chaque jour en emporte quelques débris. Tout finira par lui avec la génération qui s’en va, et la génération nouvelle élèvera le nouvel édifice que les générations suivantes consolideront et compléteront.

De monde d’expiation, la terre est appelée à devenir un jour un monde heureux, et son habitation sera une récompense au lieu d’être une punition. Le règne du bien doit y succéder au règne du mal.

Pour que les hommes soient heureux sur la terre, il faut qu’elle ne soit peuplée que de bons Esprits, incarnés et désincarnés qui ne voudront que le bien. Ce temps étant arrivé, une grande émigration s’accomplit en ce moment parmi ceux qui l’habitent ; ceux qui font le mal pour le mal et que le sentiment du bien ne touche pas, n’étant plus dignes de la terre transformée, en seront exclus, parce qu’ils y porteraient de nouveau le trouble et la confusion et seraient un obstacle au progrès. Ils iront expier leur endurcissement dans des mondes inférieurs, où ils porteront leurs connaissances acquises, et qu’ils auront pour mission de faire avancer. Ils seront remplacés sur la terre par des Esprits meilleurs, qui feront régner entre eux la justice, la paix, la fraternité.

La terre, nous l’avons dit, ne doit point être transformée par un cataclysme qui anéantirait subitement une génération. La génération actuelle disparaîtra graduellement, et la nouvelle lui succédera de même sans que rien soit changé à l’ordre naturel des choses. Tout se passera donc extérieurement comme d’habitude, avec cette seule différence, mais cette différence est capitale, qu’une partie des Esprits qui s’y incarnaient ne s’y incarneront plus. Dans un enfant qui naîtra, au lieu d’un Esprit arriéré et porté au mal qui s’y serait incarné, ce sera un Esprit plus avancé et porté au bien. Il s’agit donc bien moins d’une nouvelle génération corporelle que d’une nouvelle génération d’Esprits. Ainsi, ceux qui s’attendaient à voir la transformation s’opérer par des effets surnaturels et merveilleux seront déçus.

L’époque actuelle est celle de la transition ; les éléments des deux générations se confondent. Placés au point intermédiaire, vous assistez au départ de l’une et à l’arrivée de l’autre, et chacun se signale déjà dans le monde par les caractères qui lui sont propres.

Les deux générations qui succèdent l’une à l’autre ont des idées et des vues tout opposées. A la nature des dispositions morales, mais surtout des dispositions intuitives et innées, il est facile de distinguer à laquelle des deux appartient chaque individu.

La nouvelle génération devant fonder l’ère du progrès moral se distingue par une intelligence et une raison généralement précoces, jointes au sentiment inné du bien et des croyances spiritualistes, ce qui est le signe indubitable d’un certain degré d’avancement antérieur. Elle ne sera point composée exclusivement d’Esprits éminemment supérieurs, mais de ceux qui, ayant déjà progressé, sont prédisposés à s’assimiler toutes les idées progressives et aptes à seconder le mouvement régénérateur.

Ce qui distingue, au contraire, les Esprits arriérés, c’est d’abord la révolte contre Dieu par la négation de la Providence et de toute puissance supérieure à l’humanité ; puis la propension instinctive aux passions dégradantes, aux sentiments anti-fraternels de l’orgueil, de la haine, de la jalousie, de la cupidité, enfin la prédominance de l’attachement pour tout ce qui est matériel.

Ce sont ces vices dont la terre doit être purgée par l’éloignement de ceux qui refusent de s’amender, parce qu’ils sont incompatibles avec le règne de la fraternité et que les hommes de bien souffriront toujours de leur contact. La terre en sera délivrée et les hommes marcheront sans entraves vers l’avenir meilleur qui leur est réservé ici-bas, pour prix de leurs efforts et de leur persévérance, en attendant qu’une épuration encore plus complète leur ouvre l’entrée des mondes supérieurs.

Par cette émigration des Esprits, il ne faut pas entendre que tous les Esprits retardataires seront expulsés de la terre et relégués dans les mondes inférieurs. Beaucoup ont cédé à l’entraînement des circonstances et de l’exemple ; l’écorce était chez eux plus mauvaise que le fond. Une fois soustraits à l’influence de la matière et des préjugés du monde corporel, la plupart verront les choses d’une manière toute différente que de leur vivant, ainsi que vous en avez de nombreux exemples. En cela, ils sont aidés par les Esprits bienveillants qui s’intéressent à eux et qui s’empressent de les éclairer et de leur montrer la fausse route qu’ils ont suivie. Par vos prières et vos exhortations, vous pouvez vous-mêmes contribuer à leur amélioration, parce qu’il y a solidarité perpétuelle entre les morts et les vivants.

Ceux-là pourront donc revenir, et ils en seront heureux, car ce sera une récompense. Qu’importe ce qu’ils auront été et ce qu’ils auront fait, s’ils sont animés de meilleurs sentiments ! Loin d’être hostiles à la société et au progrès, ce seront des auxiliaires utiles, car ils appartiendront à la nouvelle génération.

Il n’y aura donc d’exclusion définitive que pour les Esprits foncièrement rebelles, ceux que l’orgueil et l’égoïsme, plus que l’ignorance, rendent sourds à la voix du bien et de la raison. Mais ceux-là mêmes ne sont pas voués à une infériorité perpétuelle, et un jour viendra où ils répudieront leur passé et ouvriront les yeux à la lumière.

Priez donc pour ces endurcis, afin qu’ils s’amendent pendant qu’il en est temps encore, car le jour de l’expiation approche.

Malheureusement la plupart, méconnaissant la voix de Dieu, persisteront dans leur aveuglement, et leur résistance marquera la fin de leur règne par des luttes terribles. Dans leur égarement, ils courront eux-mêmes à leur perte ; ils pousseront à la destruction qui engendrera une multitude de fléaux et de calamités, de sorte que, sans le vouloir, ils hâteront l’avènement de l’ère de la rénovation.

Et comme si la destruction ne marchait pas assez vite, on verra les suicides se multiplier dans une proportion inouïe, jusque parmi les enfants. La folie n’aura jamais frappé un plus grand nombre d’hommes qui seront, avant la mort, rayés du nombre des vivants. Ce sont là les véritables signes du temps. Et tout cela s’accomplira par l’enchaînement des circonstances, ainsi que nous l’avons dit, sans qu’il soit en rien dérogé aux lois de la nature.

Cependant, à travers le nuage sombre qui vous enveloppe, et au sein duquel gronde la tempête, voyez déjà poindre les premiers rayons de l’ère nouvelle ! La fraternité pose ses fondements sur tous les points du globe et les peuples se tendent la main ; la barbarie se familiarise au contact de la civilisation ; les préjugés de races et de sectes, qui ont fait verser des flots de sang, s’éteignent ; le fanatisme, l’intolérance perdent du terrain, tandis que la liberté de conscience s’introduit dans les mœurs et devient un droit. Partout les idées fermentent ; on voit le mal et l’on essaye des remèdes, mais beaucoup marchent sans boussole et s’égarent dans les utopies. Le monde est dans un immense travail d’enfantement qui aura duré un siècle ; dans ce travail, encore confus, on voit cependant dominer une tendance vers un but : celui de l’unité et de l’uniformité qui prédisposent à la fraternisation.

Ce sont encore là des signes du temps ; mais tandis que les autres sont ceux de l’agonie du passé, ces derniers sont les premiers vagissements de l’enfant qui naît, les précurseurs de l’aurore que verra se lever le siècle prochain, car alors la nouvelle génération sera dans toute sa force. Autant la physionomie du XIXº siècle diffère de celle du XVIIIº à certains points de vue, autant celle du XXº siècle sera différente du XIXº à d’autres points de vue.

Un des caractères distinctifs de la nouvelle génération sera la foi innée ; non la foi exclusive et aveugle qui divise les hommes, mais la foi raisonnée qui éclaire et fortifie, qui les unit et les confond dans un commun sentiment d’amour de Dieu et du prochain. Avec la génération qui s’éteint disparaîtront les derniers vestiges de l’incrédulité et du fanatisme, également contraires au progrès moral et social.

Le Spiritisme est la voie qui conduit à la rénovation, parce qu’il ruine les deux plus grands obstacles qui s’y opposent : l’incrédulité et le fanatisme. Il donne une foi solide et éclairée ; il développe tous les sentiments et toutes les idées qui correspondent aux vues de la nouvelle génération ; c’est pourquoi il est comme inné et à l’état d’intuition dans le cœur de ses représentants. L’ère nouvelle le verra donc grandir et prospérer par la force même des choses. Il deviendra la base de toutes les croyances, le point d’appui de toutes les institutions.

Mais d’ici là, que de luttes il aura encore à soutenir contre ses deux plus grands ennemis : l’incrédulité et le fanatisme qui, chose bizarre, se donnent la main pour l’abattre ! Ils pressentent son avenir et leur ruine : c’est pourquoi ils le redoutent, car ils le voient déjà planter, sur les ruines du vieux monde égoïste, le drapeau qui doit rallier tous les peuples. Dans la divine maxime : Hors la charité point de salut, ils lisent leur propre condamnation, car c’est le symbole de la nouvelle alliance fraternelle proclamée par le Christ. Elle se montre à eux comme les mots fatals du festin de Balthazar. Et pourtant, cette maxime, ils devraient la bénir, car elle les garantit de toutes représailles de la part de ceux qu’ils persécutent. Mais non, une force aveugle les pousse à rejeter ce qui seul pourrait les sauver !

Que pourront-ils contre l’ascendant de l’opinion qui les répudie ? Le Spiritisme sortira triomphant de la lutte, n’en doutez pas, car il est dans les lois de la nature, et par cela même impérissable. Voyez par quelle multitude de moyens l’idée se répand et pénètre partout ; croyez bien que ces moyens ne sont pas fortuits, mais providentiels ; ce qui, au premier abord, semblerait devoir lui nuire, est précisément ce qui aide à sa propagation.

Bientôt il verra surgir des champions hautement avoués parmi les plus considérables et les plus accrédités, qui l’appuieront de l’autorité de leur nom et de leur exemple, et imposeront silence à ses détracteurs, car on n’osera pas les traiter de fous. Ces hommes l’étudient dans le silence, et se montreront quand le moment propice sera venu. Jusque-là, il est utile qu’ils se tiennent à l’écart.

Bientôt aussi vous verrez les arts y puiser comme à une mine féconde, et traduire ses pensées et les horizons qu’il découvre par la peinture, la musique, la poésie et la littérature. Il vous a été dit qu’il y aurait un jour l’art spirite, comme il y a eu l’art païen et l’art chrétien, et c’est une grande vérité, car les plus grands génies s’en inspireront. Bientôt vous en verrez les premières ébauches, et plus tard il prendra le rang qu’il doit avoir.

Spirites, l’avenir est à vous et à tous les hommes de cœur et de dévouement. Ne vous effrayez pas des obstacles, car il n’en est aucun qui puisse entraver les desseins de la Providence. Travaillez sans relâche, et remerciez Dieu de vous avoir placés à l’avant garde de la nouvelle phalange. C’est un poste d’honneur que vous avez vous-mêmes demandé, et dont il faut vous rendre digne par votre courage, votre persévérance et votre dévouement. Heureux ceux qui succomberont dans cette lutte contre la force ; mais la honte sera, dans le monde des Esprits, pour ceux qui succomberaient par faiblesse ou pusillanimité. Les luttes, d’ailleurs, sont nécessaires pour fortifier l’âme ; le contact du mal fait mieux apprécier les avantages du bien. Sans les luttes qui stimulent les facultés, l’Esprit se laisserait aller à une insouciance funeste à son avancement. Les luttes contre les éléments développent les forces physiques et l’intelligence ; les luttes contre le mal développent les forces morales.


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