Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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La Genèse.

(Langue portugaise)

LES MIRACLES SELON LE SPIRITISME.

Chapitre XV.


LES MIRACLES DE L’EVANGILE.

OBSERVATIONS PRÉLIMINAIRES. — SUPÉRIORITÉ DE LA NATURE DE JÉSUS : (1, 2.) — Songes. (3.) — Étoile des mages. (4.) — DOUBLE VUE : Entrée de Jésus à Jérusalem. (5.) — Baiser de Judas. (6.) — Pêche milaculeuse. (7.) — Vocation de Pierre, André, Jacques, Jean et Matthieu. (8, 9.) — GUÉRISONS : Perte de sang. (10, 11.) — Aveugle de Bethsaïde. (12, 13.) — Paralytique. (14, 15.) — Les dix lépreux. (16, 17.) — Main séche. (18.) — La femme courbée. (19, 20.) — Paralytique de la piscine. (21-23.) — Aveugle-né. (24, 25.) — Nombreuses guérisons de Jésus. (26-28.) — POSSÉDÉS.  (29-36.) — RÉSURRECTIONS : Fille de Jaïre. (37.) — Fils de la veuve de Naïm. (38-40.) — AUTRES : Jésus marche sur l’eau. (41, 42.) — Transfiguration. (43, 44.) — Tempête apaisée. (45, 46.) — Noces de Cana. (47.) — Multiplication des pains. (48.) — Le levain de pharisiens. (49.) — Le pain du Ciel. (50, 51.) — Tentation de Jésus. (52, 53.) — Prodiges à la mort de Jésus. (54, 55.) — Apparition de Jésus après sa mort. (56-63.) — Disparition du corps de Jésus. (64-67.)


JÉSUS MARCHE SUR L’EAU.


41. — Aussitôt, Jésus obligea ses disciples de monter dans la barque et de passer à l’autre bord avant lui, pendant qu’il renverrait le peuple. — Après l’avoir renvoyé, il monta seul sur une montagne pour prier, et le soir étant venu, il se trouva seul en ce lieu là.

Cependant la barque était fort battue des flots au milieu de la mer, parce que le vent était contraire. — Mais à la quatrième veille de la nuit, n Jésus vint à eux marchant sur la mer. n — Lorsqu’ils le virent marcher ainsi sur la mer, ils furent troublés, et ils disaient : C’est un fantôme, et ils s’écrièrent de frayeur. Aussitôt Jésus leur parla et leur dit : Rassurez-vous, c’est moi, ne craignez point.

Pierre lui répondit : Seigneur, si c’est vous, commandez que j’aille à vous en marchant sur les eaux. Jésus lui dit : Venez. Et Pierre, descendant de la barque, marchait sur l’eau pour aller à Jésus. Mais voyant un grand vent, il eut peur ; et commençant à s’enfoncer, n il s’écria : Seigneur, sauvez-moi. — Aussitôt Jésus, lui tendant la main, le prit et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi avez-vous douté ? — Et étant monté dans la barque, le vent cessa. — Alors ceux qui étaient dans cette barque, s’approchant de lui, l’adorèrent en lui disant : Vous êtes vraiment fils de Dieu. (Saint Matth., ch. XIV, v. de 22 à 23.)


42. — Ce phénomène trouve son explication naturelle dans les principes exposés ci-dessus, chap. XIV, nº 43.

2 Des exemples analogues prouvent qu’il n’est ni impossible ni miraculeux, puisqu’il est dans les lois de la nature. Il peut s’être produit de deux manières.

3 Jésus, quoique vivant, a pu apparaître sur l’eau sous une forme tangible, tandis que son corps charnel était ailleurs ; c’est l’hypothèse la plus probable. On peut même reconnaître, dans le récit, certains signes caractéristiques des apparitions tangibles. (Chap. XIV, nº 35 à 37.)

4 D’un autre côté, son corps aurait pu être soutenu, et sa pesanteur être neutralisée par la même force fluidique qui maintient une table dans l’espace sans point d’appui. Le même effet s’est plusieurs fois produit sur des corps humains.


TRANSFIGURATION.


43. — Six jours après, Jésus ayant pris Pierre, Jacques et Jean, les mena seuls avec lui sur une haute montagne à l’écart, n et il fut transfiguré devant eux. — Et pendant qu’il faisait sa prière, son visage parut tout autre ; ses vêtements devinrent tout brillants de lumière, et blancs comme la neige, en sorte qu’il n’y a point de foulon sur la terre qui puisse en faire d’aussi blancs. — Et ils virent paraître Élie et Moïse qui s’entretenaient avec Jésus.

Alors Pierre dit à Jésus : Maître, nous sommes bien ici ; faisons-y trois tentes : une pour vous, une pour Moïse et une pour Élie ; — car il ne savait ce qu’il disait, tant il était effrayé.

En même temps, il parut une nuée qui les couvrit ; et il sortit de cette nuée une voix qui fit entendre ces mots : Celui-ci est mon fils bien-aimé ; écoutez-le.

Aussitôt, regardant de tous côtés, ils ne virent plus personne que Jésus, qui était demeuré avec eux.

Lorsqu’ils descendaient de la montagne, il leur commanda de ne parler à personne de ce qu’ils avaient vu, jusqu’à ce que le fils de l’homme fût ressuscité d’entre les morts. — Et ils tinrent les choses secrètes, s’entre-demandant ce qu’il voulait dire par ces mots : Jusqu’à ce que le Fils de l’homme fût ressuscité d’entre les morts. (St. Marc, ch. IX, v. de 2 à 9.)


44. — C’est encore dans les propriétés du fluide périsprital qu’on peut trouver la raison de ce phénomène. 2 La transfiguration, expliquée chap. XIV, nº 39, est un fait assez ordinaire qui, par suite du rayonnement fluidique, peut modifier l’apparence d’un individu ; 3 mais la pureté du périsprit de Jésus a pu permettre à son Esprit de lui donner un éclat exceptionnel. 4 Quant à l’apparition de Moïse et d’Élie, elle rentre entièrement dans le cas de tous les phénomènes du même genre. (chap. XIV, nº 35 et suivants.)

5 De toutes les facultés qui se sont révélées en Jésus, il n’en est aucune qui soit en dehors des conditions de l’humanité, et qu’on ne rencontre chez le commun des hommes, parce qu’elles sont dans la nature ; 6 mais par la supériorité de son essence morale et de ses qualités fluidiques, elles atteignaient chez lui des proportions au-dessus de celles du vulgaire. 7 Il nous représentait, à part son enveloppe charnelle, l’état des purs Esprits.


TEMPÊTE APAISÉE.


45. — Un jour, étant monté sur une barque avec ses disciples, il leur dit : Passons à l’autre bord du lac. Ils partirent donc. Et comme ils passaient, il s’endormit. — Alors un grand tourbillon de vent vint tout à coup fondre sur le lac, en sorte que leur barque s’emplissant d’eau, ils étaient en péril. Ils s’approchèrent donc de lui, et l’éveillèrent, en lui disant : Maître, nous périssons. Jésus, s’étant levé, parla avec menace aux vents et aux flots agités, et ils s’apaisèrent, et il se fit un grand calme. — Alors il leur dit : Où donc est votre foi ? Mais eux, remplis de crainte et d’admiration, se disaient l’un à l’autre : Quel est donc celui-ci, qui commande de la sorte aux vents et aux flots, et à qui ils obéissent ? (Saint Luc, ch. VIII, v. de 22 à 25.)


46. — Nous ne connaissons pas encore assez les secrets de la nature pour affirmer s’il y a, oui ou non, des intelligences occultes qui président à l’action des éléments. 2 Dans l’hypothèse de l’affirmative, le phénomène en question pourrait être le résultat d’un acte d’autorité sur ces mêmes intelligences, et prouverait une puissance qu’il n’est donné à aucun homme d’exercer.

3 Dans tous les cas, Jésus, dormant tranquillement pendant la tempête, atteste une sécurité qui peut s’expliquer par ce fait que son Esprit voyait qu’il n’y avait aucun danger, et que l’orage allait s’apaiser.


NOCES DE CANA.


47. — Ce miracle, mentionné dans le seul Évangile de saint Jean,  ( † ) est indiqué comme étant le premier que Jésus ait fait, et à ce titre il aurait dû être d’autant plus remarqué ; il faut qu’il ait produit bien peu de sensation, puisque aucun autre évangéliste n’en parle. 2 Un fait aussi extraordinaire aurait dû étonner au plus haut point les convives, et surtout le maître de la maison, qui ne paraissent pas même s’en être aperçus.

3 Considéré en lui-même, ce fait a peu d’importance comparativement à ceux qui témoignent véritablement des qualités spirituelles de Jésus.4 En admettant que les choses se soient passées comme elles sont rapportées, il est remarquable que c’est le seul phénomène de ce genre qu’il ait produit ;5 il était d’une nature trop élevée pour s’attacher à des effets purement matériels propres seulement à piquer la curiosité de la foule, qui l’eût assimilé à un magicien ;6 il savait que les choses utiles lui conquerraient plus de sympathie et lui amèneraient plus d’adeptes que celles qui pouvaient passer pour des tours d’adresse et ne touchaient point le cœur. (Nº 27.)

7 Bien qu’à la rigueur le fait puisse s’expliquer jusqu’à un certain point par une action fluidique qui, ainsi que le magnétisme en offre des exemples, aurait changé les propriétés de l’eau en lui donnant le goût du vin, cette hypothèse est peu probable, attendu qu’en pareil cas l’eau n’ayant que le goût du vin, aurait conservé sa couleur, ce qui n’eût pas manqué d’être remarqué. 8 Il est plus rationnel d’y voir une de ces paraboles si fréquentes dans les enseignements de Jésus, comme celle de l’Enfant prodigue, du festin de noces, du mauvais riche, du figuier desséché, et tant d’autres qui ont cependant le caractère des faits accomplis. 9 Il aura fait pendant le repas une allusion au vin et à l’eau, d’où il aura tiré une instruction. Ce qui justifie cette opinion, ce sont les paroles que lui adresse à ce sujet le maître d’hôtel :  ( † ) « Tout homme sert d’abord le bon vin, et après qu’on en a beaucoup bu, il en sert alors de moindre ; mais pour vous, vous avez réservé le bon vin jusqu’à cette heure ».

10 Entre deux hypothèses, il faut choisir la plus rationnelle, et les Spirites ne sont pas gens assez crédules pour ne voir partout que des faits de manifestations, ni assez absolus pour prétendre tout expliquer par les fluides.


MULTIPLICATION DES PAINS.


48. — La multiplication des pains  ( † ) est un des miracles qui ont le plus intrigué les commentateurs, en même temps qu’il a défrayé la verve des incrédules. 2 Sans se donner la peine d’en sonder le sens allégorique, ces derniers n’y ont vu qu’un conte puéril ; mais la plupart des gens sérieux ont vu dans ce récit, quoique sous une forme différente de la forme ordinaire, une parabole comparant la nourriture spirituelle de l’âme à la nourriture du corps.

3 On peut y voir cependant plus qu’une figure, et admettre, à certain point de vue, la réalité d’un fait matériel, sans pour cela recourir au prodige. 4 On sait qu’une grande préoccupation d’esprit, l’attention soutenue donnée à une chose font oublier la faim. 5 Or, ceux qui suivaient Jésus étaient des gens avides de l’entendre ; il n’y a donc rien d’étonnant que, fascinés par sa parole et peut-être aussi par la puissante action magnétique qu’il exerçait sur eux, ils n’aient pas éprouvé le besoin matériel de manger.

6 Jésus, qui prévoyait ce résultat, a donc pu tranquilliser ses disciples en disant, dans le langage figuré qui lui était habituel, en admettant qu’on ait réellement apporté quelques pains, que ces pains suffiraient pour rassasier la foule. 7 En même temps il donnait à ceux-ci une leçon :  ( † ) « Donnez-leur vous-mêmes à manger, » disait-il ; il leur enseignait par là qu’eux aussi pouvait nourrir par la parole. n

8 Ainsi, à côté du sens allégorique moral, il a pu se produire un effet physiologique naturel très connu. 9 Le prodige, dans ce cas, est dans l’ascendant de la parole de Jésus, assez puissante pour captiver l’attention d’une foule immense au point de lui faire oublier de manger. 10 Cette puissance morale témoigne de la supériorité de Jésus, bien plus que le fait purement matériel de la multiplication des pains, qui doit être considéré comme une allégorie.

11 Cette explication se trouve d’ailleurs confirmée par Jésus lui-même, dans les deux passages suivants :


Le levain des pharisiens.


49. — Or ses disciples étant passés au-delà de l’eau, avaient oublié de prendre des pains. — Jésus leur dit : Ayez soin de vous garder du levain des pharisiens et des saducéens. — Mais ils pensaient et disaient entre eux : C’est parce que nous n’avons point pris de pains.

Ce que Jésus connaissant, il leur dit : Hommes de peu de foi, pourquoi vous entretenez-vous ensemble de ce que vous n’avez point pris de pains ? Ne comprenez-vous point encore et ne vous souvient-il point que cinq pains ont suffi pour cinq mille hommes, et combien vous en avez emporté de paniers ? — Comment ne comprenez-vous point que ce n’est pas du pain que je vous parlais, lorsque je vous ai dit de vous garder du levain des pharisiens et des saducéens ?

Alors ils comprirent qu’il ne leur avait pas dit de se garder du levain qu’on met dans le pain, mais de la doctrine des pharisiens et des saducéens. (Saint Matt., ch. XVI, v. de 5 à 12.)


Le pain du ciel.


50. — Le lendemain, le peuple, qui était demeuré de l’autre côté de la mer, remarqua qu’il n’y avait point eu là d’autre barque, et que Jésus n’y était point entré avec ses disciples, mais que les disciples seuls s’en étaient allés, — et comme il était depuis arrivé d’autres barques de Tibériade, près du lieu où le Seigneur, après avoir rendu grâces, les avait nourris de cinq pains ; — et qu’ils connurent enfin que Jésus n’était point là, non plus que ses disciples, ils entrèrent dans ces barques, et vinrent à Capharnaüm chercher Jésus. — Et l’ayant trouvé au-delà de la mer, ils lui dirent : Maître, quand êtes-vous venu ici ?

Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, vous me cherchez, non à cause des miracles que vous avez vus, mais parce que je vous ai donné du pain à manger, et que vous avez été rassasiés.

— Travaillez pour avoir, non la nourriture qui périt, mais celle qui demeure pour la vie éternelle, et que le Fils de L’homme vous donnera, parce que c’est en lui que Dieu le Père a imprimé son sceau et son caractère.

Ils lui dirent : Que ferons-nous pour faire des œuvres de Dieu ? — Jésus leur répondit : L’œuvre de Dieu est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé.

Ils lui dirent : Quel miracle donc faites-vous, afin qu’en le voyant nous vous croyions ? Que faites-vous d’extraordinaire ? — Nos pères ont mangé la manne dans le désert ; selon ce qui est écrit : Il leur a donné à manger le pain du ciel.

Jésus leur répondit : En vérité, en vérité, je vous le dis, Moïse ne vous a point donné le pain du ciel ; mais c’est mon Père qui vous donne le véritable pain du ciel. — Car le pain de Dieu est celui qui est descendu du ciel, et qui donne la vie au monde.

Ils lui dirent donc : Seigneur, donnez-nous toujours de ce pain.

Jésus leur répondit : Je suis le pain de vie : celui qui vient à moi n’aura point faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. — Mais je vous l’ai déjà dit : vous m’avez vu et vous ne croyez point.

En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle. — Je suis le pain de vie. — Vos pères ont mangé la manne dans le désert, et ils sont morts. — Mais voici le pain qui est descendu du ciel, afin que celui qui en mange ne meure point. (Saint Jean, ch. VI, v. de 22 à 36 et de 47 à 50.)


51. — Dans le premier passage,  ( † ) Jésus, en rappelant l’effet produit précédemment, donne clairement à entendre qu’il ne s’était point agi de pains matériels ; autrement, la comparaison qu’il établit avec le levain des pharisiens eût été sans objet. « Ne comprenez-vous point encore, dit-il, et ne vous souvient-il point que cinq pains ont suffi pour cinq mille hommes,  ( † ) et que sept pains ont suffi pour quatre mille hommes ?  ( † ) Comment ne comprenez-vous point que ce n’est pas du pain que je vous parlais, lorsque je vous ai dit de vous garder du levain des pharisiens ? » 2 Ce rapprochement n’avait aucune raison d’être dans l’hypothèse d’une multiplication matérielle. Le fait eût été assez extraordinaire en lui-même pour avoir frappé l’imagination de ces disciples, qui, cependant, ne paraissaient pas s’en souvenir.

3 C’est ce qui ressort non moins clairement du discours de Jésus sur le pain du ciel, dans lequel il s’attache à faire comprendre le sens véritable de la nourriture spirituelle.  ( † ) « Travaillez, dit-il, non pour avoir la nourriture qui périt, mais celle qui demeure pour la vie éternelle, et que le Fils de l’homme vous donnera. » 4 Cette nourriture est sa parole, qui est le pain descendu du ciel et qui donne la vie au monde.  ( † ) « Je suis, dit-il, le pain de vie ; celui qui vient à moi n’aura point faim, et celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »

5 Mais ces distinctions étaient trop subtiles pour ces natures abruptes, qui ne comprenaient que les choses tangibles. La manne qui avait nourri le corps de leurs ancêtres était pour eux le véritable pain du ciel ; là était le miracle. 6 Si donc le fait de la multiplication des pains avait eu lieu matériellement, comment ces mêmes hommes, au profit desquels il se serait produit peu de jours auparavant, en auraient-ils été assez peu frappés pour dire à Jésus :  ( † ) « Quel miracle donc faites-vous, afin qu’en le voyant nous vous croyions ? Que faites-vous d’extraordinaire ? » 7 C’est qu’ils entendaient par miracles les prodiges que demandaient les pharisiens, c’est-à-dire des signes dans le ciel opérés au commandement, comme par la baguette d’un enchanteur. 8 Ce que faisait Jésus était trop simple et ne s’écartait pas assez des lois de la nature ; les guérisons même n’avaient pas un caractère assez étrange, assez extraordinaire ; les miracles spirituels n’avaient pas assez de corps pour eux.


TENTATION DE JÉSUS.


52. — Jésus, transporté par le diable sur le sommet du Temple,  ( † ) puis sur une montagne, et tenté par lui, est une de ces paraboles qui lui étaient familières et que la crédulité publique a transformées en faits matériels. n


53. —  Jésus ne fut pas enlevé, 2 mais il voulait faire comprendre aux hommes que l’humanité est sujette à faillir, et qu’elle doit être toujours en garde contre les mauvaises inspirations auxquelles sa nature faible la porte à céder. 3 La tentation de Jésus est donc une figure, et il faudrait être aveugle pour la prendre à la lettre. 4 Comment voudriez-vous que le Messie, le Verbe de Dieu incarné, ait été soumis pour un temps, si court qu’il fût, aux suggestions du démon, et que, comme le dit l’Évangile de Luc,  ( † ) le démon l’ait quitté, pour un temps, ce qui donnerait à penser qu’il sera encore soumis à sa puissance ? 5 Non ; comprenez mieux les enseignements qui vous ont été donnés. L’Esprit du mal ne pouvait rien sur l’essence du bien. 6 Personne ne dit avoir vu Jésus sur la montagne ni sur le sommet du Temple ; certes, c’eût été un fait de nature à se répandre parmi tous les peuples. 7 La tentation ne fut donc pas un acte matériel et physique. 8 Quant à l’acte moral, pouvez-vous admettre que l’Esprit des ténèbres pût dire à celui qui connaissait son origine et sa puissance :  ( † ) « Adore-moi, je te donnerai tous les royaumes de la terre ? » 9 Le démon aurait donc ignoré quel était celui à qui il faisait de telles offres, ce qui n’est pas probable ; s’il le connaissait, sa proposition était un non-sens, car il savait bien qu’il serait repoussé par celui qui venait ruiner son empire sur les hommes.

10 « Comprenez donc le sens de cette parabole, car c’en est une, tout aussi bien que celles de l’Enfant prodigue   ( † ) et du Bon Samaritain ( † ) L’un nous montre les dangers que courent les hommes, s’ils ne résistent pas à cette voix intime qui leur crie sans cesse : « Tu peux être plus que tu n’es ; tu peux posséder plus que tu ne possèdes ; n tu peux grandir, acquérir ; cède à la voix de l’ambition, et tous tes voeux seront comblés. » 11 Elle vous montre le danger et le moyen de l’éviter, en disant aux mauvaises inspirations : Retire-toi, Satan ! autrement dit : Arrière la tentation !

12 « Les deux autres paraboles que j’ai rappelées vous montrent ce que peut encore espérer celui qui, trop faible pour chasser le démon, a succombé à ses tentations. 13 Elles vous montrent la miséricorde du père de famille étendant sa main sur le front du fils repentant, et lui accordant, avec amour, le pardon imploré. 14 Elles vous montrent le coupable, le schismatique, l’homme repoussé par ses frères, valant mieux, aux yeux du Juge suprême, que ceux qui le méprisent, parce qu’il pratique les vertus enseignées par la loi d’amour.

15 « Pesez bien les enseignements donnés dans les Évangiles ; sachez distinguer ce qui est au sens propre ou au sens figuré, et les erreurs qui vous ont aveuglés durant tant de siècles s’effaceront petit à petit, pour faire place à l’éclatante lumière de la vérité. » (Bordeaux, 1862. Jean, Evang.).


PRODIGES À LA MORT DE JÉSUS.


54. — Or, depuis la sixième heure du jour jusqu’à la neuvième, n  toute la terre fut couverte de ténèbres.

En même temps le voile du Temple se déchira en deux depuis le haut jusqu’en bas : la terre trembla, les pierres se fendirent ; — les sépulcres s’ouvrirent ; et plusieurs corps des saints, qui étaient dans le sommeil de la mort, ressuscitèrent ; — et sortant de leurs tombeaux après sa résurrection, ils vinrent dans la ville sainte, et furent vus de plusieurs personnes. (Saint Matth., ch. XXVII, v. 45, 51, 52, 53.)


55. — Il est étrange que de tels prodiges, s’accomplissant au moment même où l’attention de la ville était fixée sur le supplice de Jésus, qui était l’événement du jour, n’aient pas été remarqués, puisque aucun historien n’en fait mention. 2 Il semble impossible qu’un tremblement de terre, et toute la terre couverte de ténèbres pendant trois heures, dans un pays où le ciel est toujours d’une parfaite limpidité, aient pu passer inaperçus.

3 La durée de cette obscurité est bien à peu près celle d’une éclipse de soleil, mais ces sortes d’éclipses ne se produisent qu’à la nouvelle lune, et la mort de Jésus eut lieu pendant la pleine lune, le 14 du mois de nissan, jour de la Pâque des Juifs.

4 L’obscurcissement du soleil peut aussi être produit par les taches que l’on remarque à sa surface. En pareil cas, l’éclat de la lumière est sensiblement affaibli, mais jamais au point de produire l’obscurité et les ténèbres. En supposant qu’un phénomène de ce genre ait eu lieu à cette époque, il aurait eu une cause parfaitement naturelle. n

5 Quant aux morts ressuscités, il se peut que quelques personnes aient eu des visions ou apparitions, ce qui n’est point exceptionnel ; mais, comme alors on ne connaissait pas la cause de ce phénomène, on se figurait que les individus apparus sortaient du sépulcre.

6 Les disciples de Jésus, émus de la mort de leur maître, y ont sans doute rattaché quelques faits particuliers auxquels ils n’auraient prêté aucune attention en d’autres temps. 7 Il aura suffi qu’un fragment de rocher se soit détaché à ce moment, pour que des gens prédisposés au merveilleux y aient vu un prodige, et qu’en amplifiant le fait, ils aient dit que les pierres s’étaient fendues.

8 Jésus est grand par ses œuvres, et non par les tableaux fantastiques dont un enthousiasme peu éclairé a cru devoir l’entourer.


APPARITIONS DE JÉSUS APRÈS SA MORT.


56. — Mais Marie (Madeleine) se tint dehors, près du sépulcre, versant des larmes. Et comme elle pleurait, s’étant baissée pour regarder dans le sépulcre, — elle vit deux anges vêtus de blanc, assis au lieu où avait été le corps de Jésus, l’un à la tête, et l’autre aux pieds. — Ils lui dirent : Femme, pourquoi pleurez-vous ? Elle leur répondit : C’est qu’ils ont enlevé mon Seigneur, et je ne sais où ils l’ont mis.

Ayant dit cela, elle se retourna, et vit Jésus debout, sans savoir néanmoins que ce fût Jésus. — Alors Jésus lui dit : Femme, pourquoi pleurez-vous ? Qui cherchez-vous ? Elle, pensant que ce fût le jardinier, lui dit : Seigneur, si c’est vous qui l’avez enlevé, dites-moi où vous l’avez mis, et je l’emporterai.

Jésus lui dit : Marie. Aussitôt elle se retourna, et lui dit : Rabboni, c’est-à-dire : Mon maître. — Jésus lui répondit : Ne me touchez pas, car je ne suis pas encore monté vers mon Père ; mais allez trouver mes frères, et dites-leur de ma part : Je monte vers mon Père et votre Père, mon Dieu et votre Dieu.

Marie-Madeleine vint donc dire aux disciples qu’elle avait vu le Seigneur, et qu’il lui avait dit ces choses. (Saint Jean, ch. XX, v. de 11 à 18.)


57. — Ce jour-là même, deux d’entre eux s’en allaient dans un bourg nommé Emmaüs, éloigné de soixante stades de Jérusalem, n — parlant ensemble de tout ce qui s’était passé. — Et il arriva que lorsqu’ils s’entretenaient et conféraient ensemble sur cela, Jésus vint lui-même les rejoindre, et se mit à marcher avec eux ; mais leurs yeux étaient retenus, afin qu’ils ne pussent le reconnaître. — Et il leur dit : De quoi vous entretenez-vous ainsi en marchant, et d’où vient que vous êtes si tristes ?

L’un d’eux, appelé Cléophas, prenant la parole, lui dit : Etes-vous seul si étranger dans Jérusalem, que vous ne sachiez pas ce qui s’y est passé ces jours-ci ? — Et quoi ? leur dit-il. Ils lui répondirent : Touchant Jésus de Nazareth, qui a été un prophète puissant devant Dieu et devant tout le peuple ; et de quelle manière les princes des prêtres et nos sénateurs l’ont livré pour être condamné à mort et l’ont crucifié. — Or, nous espérions que ce serait lui qui rachèterait Israël, et cependant, après tout cela, voici le troisième jour que ces choses se sont passées. — Il est vrai que quelques femmes de celles qui étaient avec nous nous ont étonnés ; car, ayant été avant le jour à son sépulcre, — et n’y ayant point trouvé son corps, elles sont venues dire que des anges mêmes leur ont apparu, qui leur ont dit qu’il est vivant. — Et quelques-uns des nôtres, ayant été aussi au sépulcre, ont trouvé toutes choses comme les femmes les leur avaient rapportées ; mais pour lui, ils ne l’ont point trouvé.

Alors il leur dit : O insensés, dont le cœur est tardif à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît toutes ces choses, et qu’il entrât ainsi dans la gloire ? — Et commençant par Moïse, et ensuite par tous les prophètes, il leur expliquait dans toutes les Écritures ce qui avait été dit de lui.

Lorsqu’ils furent proches du bourg où ils allaient, il fit semblant d’aller plus loin. — Mais ils le forcèrent de s’arrêter en lui disant : Demeurez avec nous, parce qu’il est tard, et que le jour est déjà sur son déclin ; et il entra avec eux. — Etant avec eux à table, il prit le pain, et le bénit, et l’ayant rompu, il le leur donna. — En même temps leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent ; mais il disparut de devant leurs yeux.

Alors ils se dirent l’un à l’autre : N’est-il pas vrai que notre cœur était tout brûlant dans nous, lorsqu’il nous parlait en chemin, et qu’il nous expliquait les Écritures ? — Et se levant à l’heure même, ils retournèrent à Jérusalem, et trouvèrent que les onze apôtres et ceux qui demeuraient avec eux étaient assemblés et disaient : Le Seigneur est vraiment ressuscité, et il est apparu à Simon. — Alors ils racontèrent aussi eux-mêmes ce qui leur était arrivé en chemin, et comment ils l’avaient reconnu dans la fraction du pain.

Pendant qu’ils s’entretenaient ainsi, Jésus se présenta au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous ; c’est moi, n’ayez pas peur. — Mais dans le trouble et la frayeur dont ils étaient saisis, ils s’imaginèrent voir un Esprit.

Et Jésus leur dit : Pourquoi vous troublez-vous ; et pourquoi s’élève-t-il tant de pensées dans vos cœurs ? — Regardez mes mains et mes pieds, et reconnaissez que c’est moi-même ; touchez-moi, et reconnaissez qu’un Esprit n’a ni chair ni os, comme vous voyez que j’en ai. — Après avoir dit cela, il leur montra ses mains et ses pieds.

Mais comme ils ne croyaient point encore, tant ils étaient transportés de joie et d’admiration, il leur dit : Avez-vous ici quelque chose à manger ? Ils lui présentèrent un morceau de poisson rôti et un rayon de miel. — Il en mangea devant eux, et prenant les restes, il les leur donna, et leur dit : Voilà ce que je vous disais étant encore avec vous : qu’il était nécessaire que tout ce qui a été écrit de moi dans la loi de Moïse, dans les prophètes et dans les Psaumes, fût accompli.

En même temps il leur ouvrit l’esprit, afin qu’ils entendissent les Écritures ; — et il leur dit : C’est ainsi qu’il est écrit, et c’est ainsi qu’il fallait que le Christ souffrît, et qu’il ressuscitât d’entre les morts le troisième jour ; — et qu’on prêchât en son nom la pénitence et la rémission des péchés dans toutes les nations, commençant par Jérusalem. — Or, vous êtes témoins de ces choses. — Et je vais vous envoyer le don de mon Père, qui vous a été promis ; mais cependant demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus de la force d’en haut. (Saint Luc, ch. XXIV, v. de 13 à 49.)


58. — Or, Thomas, l’un des douze apôtres, appelé Didyme, n’était pas avec eux lorsque Jésus vint. — Les autres disciples lui dirent donc : Nous avons vu le Seigneur. Mais il leur dit : Si je ne vois dans ses mains la marque des clous qui les ont percées, et si je ne mets mon doigt dans le trou des clous, et ma main dans le trou de son côté, je ne le croirai point.

Huit jours après, les disciples étant encore dans le même lieu, et Thomas avec eux, Jésus vint, les portes étant fermées, et il se tint au milieu d’eux, et leur dit : La paix soit avec vous.

Il dit ensuite à Thomas : Portez ici votre doigt, et considérez mes mains ; approchez aussi votre main, et mettez-la dans mon côté ; et ne soyez point incrédule, mais fidèle. — Thomas lui répondit et lui dit : Mon Seigneur et mon Dieu ! — Jésus lui dit : Vous avez cru, Thomas, parce que vous avez vu ; heureux ceux qui ont cru sans avoir vu. (Saint Jean, ch. XX, v. de 24 à 29.)


59. — Jésus se fit voir encore depuis à ses disciples sur le bord de la mer de Tibériade, et il s’y fit voir de cette sorte :

Simon-Pierre et Thomas appelé Didyme, Nathanaël, qui était de Cana en Galilée, les fils de Zébédée et deux autres de ses disciples étaient ensemble. — Simon-Pierre leur dit : Je vais pêcher. Ils lui dirent : Nous allons aussi avec vous. Ils s’en allèrent donc, et entrèrent dans une barque ; mais cette nuit-là, ils ne prirent rien.

Le matin était venu, Jésus parut sur le rivage, sans que ces disciples connussent que c’était Jésus. — Jésus leur dit donc : Enfants, n’avez-vous rien à manger ? Ils lui répondirent : Non. — Il leur dit : Jetez le filet au côté droit de la barque, et vous en trouverez. Ils le jetèrent aussitôt, et ils ne pouvaient plus le retirer, tant il était chargé de poissons.

Alors le disciple que Jésus aimait dit à Pierre : C’est le Seigneur. Et Simon-Pierre ayant appris que c’était le Seigneur, mit son habit (car il était nu), et il se jeta dans la mer. — Les autres disciples vinrent avec la barque ; et comme ils n’étaient loin de la mer que d’environ deux cents coudées, ils y tirèrent le filet plein de poissons. (Saint Jean, ch. XXI, v. de 1 à 8.)


60. — Après cela, il les mena dehors, vers Béthanie ; et ayant levé les mains, il les bénit ; — et en les bénissant, il se sépara d’eux et fut enlevé au ciel.

Pour eux, après l’avoir adoré, ils s’en retournèrent à Jérusalem, remplis de joie ; — et ils étaient sans cesse dans le temple, louant et bénissant Dieu. Amen. (Saint Luc, ch. XXIV, v. de 50 à 53.)


61. — Les apparitions de Jésus après sa mort sont rapportées par tous les évangélistes avec des détails circonstanciés qui ne permettent pas de douter de la réalité du fait. 2 Elles s’expliquent, d’ailleurs, parfaitement par les lois fluidiques et les propriétés du périsprit, et ne présentent rien d’anomal avec les phénomènes du même genre dont l’histoire ancienne et contemporaine offre de nombreux exemples, sans en excepter la tangibilité. 3 Si l’on observe les circonstances qui ont accompagné ses diverses apparitions, on reconnaît en lui, à ces moments, tous les caractères d’un être fluidique. 4 Il paraît inopinément et disparaît de même : 5 il est vu par les uns et non par les autres sous des apparences qui ne le font pas reconnaître même de ses disciples ; 6 il se montre dans des endroits clos où un corps charnel n’aurait pu pénétrer ; 7 son langage même n’a pas la verve de celui d’un être corporel ; il a le ton bref et sentencieux particulier aux Esprits qui se manifestent de cette manière ; 8 toutes ses allures, en un mot, ont quelque chose qui n’est pas du monde terrestre. 9 Sa vue cause à la fois de la surprise et de la crainte ; ses disciples, en le voyant, ne lui parlent pas avec la même liberté ; ils sentent que ce n’est plus l’homme.

10 Jésus s’est donc montré avec son corps périsprital, ce qui explique qu’il n’a été vu que par ceux à qui il a voulu se faire voir ; s’il avait eu son corps charnel, il aurait été vu par le premier venu, comme de son vivant. 11 Ses disciples ignorant la cause première du phénomène des apparitions, ne se rendaient pas compte de ces particularités qu’ils ne remarquaient probablement pas ; ils voyaient Jésus et le touchaient, pour eux ce devait être son corps ressuscité. (Chap. XIV, nº 14 et de 35 à 38.)


62. — Alors que l’incrédulité rejette tous les faits accomplis par Jésus, ayant une apparence surnaturelle, et les considère, sans exception, comme légendaires, le Spiritisme donne de la plupart de ces faits une explication naturelle ; 2 il en prouve la possibilité, non seulement par la théorie des lois fluidiques, mais par leur identité avec les faits analogues produits par une foule de personnes dans les conditions les plus vulgaires. 3 Puisque ces faits sont en quelque sorte dans le domaine public, ils ne prouvent rien, en principe, touchant la nature exceptionnelle de Jésus. n


63. — Le plus grand des miracles que Jésus a faits, celui qui atteste véritablement sa supériorité, c’est la révolution que ses enseignements ont opérée dans le monde, malgré l’exiguïté de ses moyens d’action.

2 En effet, Jésus, obscur, pauvre, né dans la condition la plus humble, chez un petit peuple presque ignoré et sans prépondérance politique, artistique ou littéraire, ne prêche que trois ans ; durant ce court espace de temps, il est méconnu et persécuté par ses concitoyens, calomnié, traité d’imposteur ; il est obligé de fuir pour ne pas être lapidé ; il est trahi par un de ses apôtres, renié par un autre, abandonné par tous au moment où il tombe entre les mains de ses ennemis. 3 Il ne faisait que le bien, et cela ne le mettait pas à l’abri de la malveillance, qui tournait contre lui les services mêmes qu’il rendait. 4 Condamné au supplice réservé aux criminels, il meurt ignoré du monde, car l’histoire contemporaine n se tait sur son compte. 5 Il n’a rien écrit, et cependant, aidé de quelques hommes obscurs comme lui, sa parole a suffi pour régénérer le monde ; sa doctrine a tué le paganisme tout-puissant, et elle est devenue le flambeau de la civilisation. 6 Il avait donc contre lui tout ce qui peut faire échouer les hommes, c’est pourquoi nous disons que le triomphe de sa doctrine est le plus grand de ses miracles, en même temps qu’elle prouve sa mission divine. 7 Si, au lieu de principes sociaux et régénérateurs, fondés sur l’avenir spirituel de l’homme, il n’avait eu à offrir à la postérité que quelques faits merveilleux, à peine le connaîtrait-on peut-être de nom aujourd’hui.


DISPARITION DU CORPS DE JÉSUS.


64. — La disparition du corps de Jésus après sa mort a été l’objet de nombreux commentaires ; elle est attestée par les quatre évangélistes, sur le récit des femmes qui se sont présentées au sépulcre le troisième jour, et ne l’y ont pas trouvé. 2 Les uns ont vu dans cette disparition un fait miraculeux, d’autres ont supposé un enlèvement clandestin.

3 Selon une autre opinion, Jésus n’aurait point revêtu un corps charnel, mais seulement un corps fluidique ; il n’aurait été, durant toute sa vie, qu’une apparition tangible, en un mot, une sorte d’agénère. 4 Sa naissance, sa mort et tous les actes matériels de sa vie n’auraient été qu’une apparence. 5 C’est ainsi, dit-on, que son corps, retourné à l’état fluide, a pu disparaître du sépulcre, et c’est avec ce même corps qu’il se serait montré après sa mort.

6 Sans doute, un pareil fait n’est pas radicalement impossible, d’après ce que l’on sait aujourd’hui sur les propriétés des fluides ; mais il serait au moins tout à fait exceptionnel et en opposition formelle avec le caractère des agénères. (Chap. XIV, nº 36.) 7 La question est donc de savoir si une telle hypothèse est admissible, si elle est confirmée ou contredite par les faits.


65. — Le séjour de Jésus sur la terre présente deux périodes : celle qui a précédé et celle qui a suivi sa mort. 2 Dans la première, depuis le moment de la conception jusqu’à la naissance, n tout se passe, chez la mère, comme dans les conditions ordinaires de la vie. 3 Depuis sa naissance jusqu’à sa mort, tout, dans ses actes, dans son langage et dans les diverses circonstances de sa vie, présente les caractères non équivoques de la corporéité. 4 Les phénomènes de l’ordre psychique qui se produisent en lui sont accidentels, et n’ont rien d’anomal, puisqu’ils s’expliquent par les propriétés du périsprit, et se rencontrent à différents degrés chez d’autres individus. 5 Après sa mort, au contraire, tout en lui révèle l’être fluidique. 6 La différence entre les deux états est tellement tranchée, qu’il n’est pas possible de les assimiler.

7 Le corps charnel a les propriétés inhérentes à la matière proprement dite et qui diffèrent essentiellement de celles des fluides éthérés ; 8 la désorganisation s’y opère par la rupture de la cohésion moléculaire. 9 Un instrument tranchant, pénétrant dans le corps matériel, en divise les tissus ; si les organes essentiels à la vie sont attaqués, leur fonctionnement s’arrête, et la mort s’ensuit, c’est-à-dire la mort du corps. 10 Cette cohésion n’existant pas dans les corps fluidiques, la vie ne repose pas sur le jeu d’organes spéciaux, et il ne peut s’y produire des désordres analogues ; un instrument tranchant, ou tout autre, y pénètre comme dans une vapeur, sans y occasionner aucune lésion. 11 Voilà pourquoi ces sortes de corps ne peuvent pas mourir, et pourquoi les êtres fluidiques désignés sous le nom d’agénères ne peuvent être tués.

12 Après le supplice de Jésus, son corps resta là, inerte et sans vie ; il fut enseveli comme les corps ordinaires, et chacun put le voir et le toucher. 13 Après sa résurrection, lorsqu’il veut quitter la terre, il ne meurt pas ; son corps s’élève, s’évanouit et disparaît, sans laisser aucune trace, preuve évidente que ce corps était d’une autre nature que celui qui périt sur la croix ; 14 d’où il faut conclure que si Jésus a pu mourir, c’est qu’il avait un corps charnel.

15 Par suite de ses propriétés matérielles, le corps charnel est le siège des sensations et des douleurs physiques qui se répercutent dans le centre sensitif ou Esprit. 16 Ce n’est pas le corps qui souffre, c’est l’Esprit qui reçoit le contre-coup des lésions ou altérations des tissus organiques. 17 Dans un corps privé de l’Esprit, la sensation est absolument nulle ; 18 par la même raison, l’Esprit, qui n’a point de corps matériel, ne peut éprouver les souffrances qui sont le résultat de l’altération de la matière, 19 d’où il faut également conclure que si Jésus a souffert matériellement, comme on n’en saurait douter, c’est qu’il avait un corps matériel d’une nature semblable à ceux de tout le monde.


66. — Aux faits matériels viennent s’ajouter des considérations morales toutes puissantes.

2 Si Jésus avait été, durant sa vie, dans les conditions des êtres fluidiques, il n’aurait éprouvé ni la douleur, ni aucun des besoins du corps ; supposer qu’il en a été ainsi, c’est lui ôter tout le mérite de la vie de privations et de souffrances qu’il avait choisie comme exemple de résignation. 3 Si tout en lui n’était qu’apparence, tous les actes de sa vie, l’annonce réitérée de sa mort, la scène douloureuse du jardin des Oliviers, sa prière à Dieu d’écarter le calice de ses lèvres, sa passion, son agonie, tout, jusqu’à son dernier cri au moment de rendre l’Esprit, n’aurait été qu’un vain simulacre pour donner le change sur sa nature et faire croire au sacrifice illusoire de sa vie, une comédie indigne d’un simple honnête homme, à plus forte raison d’un être aussi supérieur ; en un mot, il aurait abusé de la bonne foi de ses contemporains et de la postérité. 4 Telles sont les conséquences logiques de ce système, conséquences qui ne sont pas admissibles, car c’est l’abaisser moralement, au lieu de l’élever.

5 Jésus a donc eu, comme tout le monde, un corps charnel et un corps fluidique, ce qu’attestent les phénomènes matériels et les phénomènes psychiques qui ont signalé sa vie.


67. — Cette idée sur la nature du corps de Jésus n’est pas nouvelle. Au quatrième siècle, Apollinaire, de Laodicée, chef de la secte des Apollinaristes, prétendait que Jésus n’avait point pris un corps comme le nôtre, mais un corps impassible qui était descendu du ciel dans le sein de la sainte Vierge, et n’était pas né d’elle ; qu’ainsi Jésus n’était né, n’avait souffert et n’était mort qu’en apparence. Les apollinaristes furent anathématisés au concile d’Alexandrie en 360, dans celui de Rome en 374, et dans celui de Constantinople en 381.

Les Docètes (du grec dokein, paraître), secte nombreuse des Gnostiques, qui subsista pendant les trois premiers siècles, avaient la même croyance.



[1] [Voir remarque du compilateur.]


[2] Le lac de Génésareth ou de Tibériade.


[3] [Dans l’original : « … et commençant à enfoncer, … »]


[4] Le mont Thabor ou Tabor, au S. O. du lac de Tabarich, à 11 km S. E. de Nazareth ; environ 1.000 mètres de haut.


[5] [Dans l’original : « … qu’eux aussi pouvaient nourrir par la parole. »]


[6] L’explication suivante est tirée textuellement d’une instruction donnée à ce sujet par un Esprit.


[7] [Dans l’original : « … tu ne peux posséder plus que tu ne possèdes ; … »]


[8] [Voir remarque du compilateur.]


[9] Il y a constamment à la surface du soleil des taches fixes, qui suivent son mouvement de rotation et ont servi à en déterminer la durée. Mais ces taches augmentent parfois en nombre, en étendue et en intensité, et c’est alors que se produit une diminution dans la lumière et dans la chaleur. Cette augmentation dans le nombre des taches paraît coïncider avec certains phénomènes astronomiques et la position relative de quelques planètes, ce qui en amène le retour périodique. La durée de cet obscurcissement est très variable ; parfois elle n’est que de deux ou trois heures, mais, en 535, il y en eut un qui dura quatorze mois.


[10] [Voir remarque du compilateur.]


[11] Les nombreux faits contemporains de guérisons, apparitions, possessions, double vue et autres, qui sont relatés dans la Revue spirite, et rappelés dans les notes ci-dessus, offrent, jusque dans les circonstances de détail, une analogie si frappante avec ceux que rapporte l’Évangile, que la similitude des effets et des causes demeure évidente. On se demande donc pourquoi le même fait aurait une cause naturelle aujourd’hui, et surnaturelle jadis ; diabolique chez quelques-uns et divine chez d’autres. S’il eût été possible de les mettre ici en regard les uns des autres, la comparaison aurait été plus facile ; mais leur nombre et les développements que la plupart nécessitent ne l’ont pas permis.


[12] L’historien juif Josèphe est le seul qui en parle, et il en dit très peu de chose.


[13] Nous ne parlons pas du mystère de l’incarnation, dont nous n’avons pas à nous occuper ici, et qui sera examiné ultérieurement.


Il y a deux images de ce chapitre dans le service Google - Recherche de livres (Première édition - 1868) et (Cinquième édition - 1872.)


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