Dans un des derniers numéros de la Revue [v. Nouveaux journaux étrangers], nous avons annoncé l’apparition d’une nouvelle publication spirite en langue portugaise, à Bahia (Brésil), sous ce titre : L’Écho spirite d’Outre-Tombe (O Écho d’Alêm-Tumulo, monitor d’o Spiritismo no Brazil). Nous avons fait traduire le premier numéro de ce journal, afin d’en rendre compte, à nos lecteurs en connaissance de cause.
L’Écho d’Outre-Tombe paraît six fois par an, en cahier de 56 pages in- 4º, sous la direction de M. Luiz-Olympio Telles de Menezes, auquel nous nous empressons tout d’abord d’adresser de vives félicitations pour la courageuse initiative dont il a fait preuve. Il fallait, en effet, un grand courage, le courage de l’opinion, pour créer dans un pays réfractaire comme le Brésil un organe destiné à populariser nos enseignements. La clarté et la concision du style, l’élévation des sentiments qui y sont exprimés, nous sont un gage du succès de cette nouvelle publication. L’introduction et l’analyse que fait M. Luiz-Olympio du mode par lequel les Esprits nous ont révélé leur existence, nous ont paru très satisfaisantes. D’autres passages, concernant plus spécialement la question religieuse, nous fournissent l’occasion de quelques réflexions critiques.
Selon nous, le Spiritisme ne doit tendre vers aucune forme religieuse déterminée ; il est et il doit rester une philosophie tolérante et progressive, ouvrant ses bras à tous les déshérités, quelles que soient la nationalité et la conviction auxquelles ils appartiennent. Nous n’ignorons pas que le caractère et la croyance de ceux à qui s’adresse l’Écho d’Outre-Tombe, doivent engager M. Luiz-Olympio à ménager certaines susceptibilités, mais nous sommes fondés à croire, par expérience, que la meilleure manière de concilier tous les intérêts, consiste à éviter de traiter les questions qu’il appartient à la conscience de chacun de résoudre, et à s’attacher à populariser les grands enseignements, qui trouvent un écho sympathique dans tous les cœurs appelés au baptême de la régénération et à la progression infinie.
Les passages suivants, extraits de l’Écho d’Outre-Tombe, prouveront mieux que de longs commentaires, le vif désir de M. Luiz-Olyinpio de concourir efficacement et rapidement à la propagation de nos principes :
« Le phénomène de la manifestation des Esprits est merveilleux, et voilà qu’il surgit et se vulgarise partout !
« Connu depuis l’antiquité la plus reculée, on le voit aujourd’hui, en plein dix-neuvième siècle, renouvelé et observé pour la première fois dans l’Amérique septentrionale, aux États-Unis, où il s’est produit par des mouvements insolites d’objets divers, par des bruits, par des coups frappés vraiment extraordinaires !
« De l’Amérique, il passe rapidement en Europe, et là, principalement en France, au bout de quelques années, il sort du domaine de la curiosité et entre dans le vaste champ de la science.
« De nouvelles idées, émanées de milliers de communications, puisées dans les révélations des Esprits qui se manifestent soit spontanément, soit par évocation, donnent lieu à la naissance d’une doctrine éminemment philosophique qui, en quelques années, a fait le tour de la terre et pénétré chez toutes les nations, recrutant dans chacune d’elles un si grand nombre de prosélytes qu’on les compte déjà aujourd’hui par millions.
« L’idée du Spiritisme n’a été conçue par personne : personne par conséquent n’en est l’auteur.
« Si les Esprits ne se fussent point manifestés spontanément, le Spiritisme n’existerait certainement pas : le Spiritisme est donc une question de fait et non d’opinion, et les dénégations de l’incrédulité ne peuvent évidemment prévaloir contre ce fait.
« La rapidité de sa propagation prouve surabondamment qu’il s’agit d’une grande vérité qui, nécessairement, doit triompher de toutes les oppositions et de tous les sarcasmes humains, et cela n’est pas difficile à démontrer, si l’on observe que le Spiritisme fait des adeptes, principalement dans les classes élevées de la société.
« On remarque toutefois que ces manifestations ont toujours lieu de préférence sous l’influence de certaines personnes douées d’une faculté spéciale et désignées sous le nom de médiums : merveilleuse faculté qui prouve indubitablement, aux yeux étonnés de l’humanité, la toute-puissance, la bonté infinie et la miséricorde de Dieu, suprême créateur de toutes choses.
« Toutefois, le Spiritisme n’est le privilège exclusif de personne ; chacun, dans l’intimité de sa famille, peut rencontrer un médium parmi ses parents, et dès lors, s’il le veut, faire lui-même ses observations ; mais il ne doit pas les faire avec précipitation, à sa guise, ni les renfermer dans les limites de ses préventions et de ses préjugés, pour conclure ensuite emphatiquement par la négation, sans s’apercevoir que la négation d’une chose qui, pour quelque motif, n’a pu être bien étudiée, et, par conséquent, a été mal comprise, est plutôt une preuve de légèreté que de sagesse.
« L’emploi de quelques heures d’observation ne suffit pas non plus pour que le Spiritisme, en ce qui concerne la doctrine, puisse être parfaitement compris ; il exige, au contraire, comme toute autre science, outre la bonne volonté, une étude longue et sérieuse ; et que l’on ne pense pas, parce que c’est une question de fait, qu’il soit possible d’en savoir beaucoup pour avoir été témoin d’un fait ou autre isolé ; car un fait isolé n’est pas toujours parfaitement compréhensible, si ce n’est après l’observation d’autres faits qui ont quelquefois le plus intime rapport avec le précédent, et sans quoi il pourra paraître incroyable et même contradictoire. Il faut donc compulser et étudier les travaux connus, pour savoir apprécier les faits qui se présentent à notre observation et pouvoir ainsi comprendre leur raison d’être.
« Le merveilleux phénomène de la communication des Esprits et de leur action dans le monde visible n’est plus une nouveauté ; il est démontré comme étant une conséquence des lois immuables qui régissent les mondes ; c’est un fait qui se produit depuis l’apparition du premier homme et qui s’est perpétué chez tous les peuples, à travers tous les temps et sous des caractères divers, et dont on trouve le témoignage le plus complet dans les archives de l’histoire soit sacrée, soit profane, où se trouvent consignés un grand nombre de faits de manifestations spirites.
« II. Les avantages que la société tire du Spiritisme sont de la plus grande importance, attendu que cette doctrine sublime et providentielle, qui contribue si efficacement au bonheur de l’homme, exerce sur elle une puissante action tant scientifique que moralisatrice.
« L’action scientifique du Spiritisme se révèle par les lumineuses explications et les définitions claires et précises qu’il donne de tous les phénomènes auxquels on a donné le nom de surnaturels ; elle se révèle également par les preuves palpables qu’il nous donne de la préexistence, de l’individualité et de l’immortalité de l’être pensant, en démontrant de la manière la plus évidente la cause des inégalités morales du monde visible et du monde invisible, et partant, la responsabilité morale des âmes, ainsi que les peines et les récompenses futures.
« L’action moralisatrice du Spiritisme se démontre, quand nous considérons que l’égoïsme, cette plaie cancéreuse de l’humanité, engendrée par le matérialisme, négation formelle de tout principe religieux, se trouve profondément ébranlé par cette aurore céleste, que le Tout-Puissant, dans son infinie miséricorde, a daigné envoyer à la terre comme messagère de cette ère nouvelle et bienheureuse dans laquelle les hommes, comprenant mieux leurs devoirs réciproques, accompliront sans peine les salutaires préceptes du Christ : « Aime le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit. ( † ) Tout ce que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-le-leur également. » ( † )
« Le Spiritisme est encore l’aurore messagère d’une ère nouvelle, en ce que, à la clarté de sa lumière resplendissante, se dissipent les ténèbres de l’incrédulité, et que, peu à peu, la foi et l’espérance se glissent dans le cœur de ceux qui ne possédaient pas ces vertus.
« Si donc le Spiritisme produit incontestablement de bons fruits, parce qu’il donne l’espérance et la foi ; si la foi et l’espérance amènent effectivement les incrédules à de saines croyances, il est évident que le Spiritisme, en opérant de pareils miracles sur la conscience, répand une bienfaisante doctrine qui satisfait à la fois l’esprit et le cœur, parce que c’est un système de vérités philosophiques basées sur l’Évangile que les bons Esprits, fidèles messagers de Dieu, nous viennent confirmer ; c’est l’épée de l’Archange qui vient arracher les arbres et les arbustes de l’incrédulité en confondant les matérialistes et les athées.
« Le Spiritisme doit par conséquent marcher le front haut, parce qu’il vient détruire ces erreurs, et en même temps verser un baume consolateur et vivifiant sur les plaies de l’humanité. »
[A. DESLIENS.]