Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année XII — Mai 1869.

(Langue portugaise)

DISCOURS PRONONCÉS SUR LA TOMBE [D’ALLAN KARDEC].

Au nom de la Société spirite de Paris,  †  par le vice-président, M. Levent.

Messieurs,

Je viens au nom de la Société spirite de Paris, dont j’ai l’honneur d’être le vice-président, exprimer ses regrets de la perte cruelle qu’elle vient de faire en la personne de son vénéré maître M. Allan Kardec, mort subitement avant-hier mercredi, dans les bureaux de la Revue.

A vous, messieurs, qui, chaque vendredi, vous réunissiez au siège de la Société, je n’ai nul besoin de rappeler cette physionomie à la fois bienveillante et austère, ce tact parfait, cette justesse d’appréciation, cette logique supérieure et incomparable qui nous semblait inspirée.

A vous qui partagiez tous les jours de la semaine les travaux du maître, je ne retracerai pas ses labeurs continuels, ses correspondances avec les quatre parties du monde qui, toutes, lui envoyaient des documents sérieux, classés aussitôt dans sa mémoire et recueillis précieusement pour être soumis au creuset de sa haute raison, et former après un travail d’élaboration scrupuleuse, les éléments de ces précieux ouvrages que vous connaissez tous.

Ah ! si, comme à nous, il vous était donné de voir cette masse de matériaux accumulés dans le cabinet de travail de cet infatigable  penseur ; si, avec nous, vous aviez pénétré dans le sanctuaire de ses méditations, vous verriez ces manuscrits, les uns presque terminés, les autres en cours d’exécution, d’autres enfin, à peine ébauchés, épars çà et là, et qui semblent dire : Où est donc notre maître, toujours si matinal à l’œuvre ?

Ah ! plus que jamais, vous vous écririez aussi, avec des accents de regrets tellement amers, qu’ils en seraient presque impies : Faut-il que Dieu ait rappelé à lui l’homme qui pouvait encore faire tant de bien ; l’intelligence si pleine de sève, le phare enfin, qui nous a tirés des ténèbres, et nous a fait entrevoir ce nouveau monde bien autrement vaste, bien autrement admirable, que celui qu’immortalisa le génie de Christophe Colomb ? ce monde, dont il avait à peine commencé à nous faire la description, et dont nous pressentions déjà les lois fluidiques et spirituelles.

Mais, rassurez-vous, messieurs, par cette pensée tant de fois démontrée et rappelée par notre président : « Rien n’est inutile dans la nature, tout a sa raison d’être, et ce que Dieu fait est toujours bien fait. »

Ne ressemblons pas à ces enfants indociles, qui, ne comprenant pas les décisions de leur père, se permettent de le critiquer, parfois même de le blâmer.

Oui, messieurs, j’en ai la conviction la plus profonde, et je vous l’exprime hautement : le départ de notre cher et vénéré maître était nécessaire !

Ne serions-nous pas d’ailleurs des ingrats et des égoïstes, si, ne pensant qu’au bien qu’il nous faisait, nous oubliions le droit qu’il avait acquis d’aller prendre quelque repos dans la céleste patrie, où tant d’amis,  n tant d’âmes d’élite l’attendaient et sont venus le recevoir après une absence qui, à eux aussi, a paru bien longue.

Oh ! oui, c’est joie, c’est grande fête là-haut, et cette fête et cette joie n’ont d’égal que la tristesse et le deuil que causent son départ parmi nous, pauvres exilés, dont le temps n’est pas encore venu ! Oui, le maître avait accompli sa mission ! C’est à nous qu’il appartient de poursuivre son œuvre, à l’aide des documents qu’il nous a laissés, et de ceux, plus précieux encore, que l’avenir nous réserve ; la tâche sera facile, soyez-en sûrs, si chacun de nous ose s’affirmer courageusement ; si chacun de nous a compris que la lumière qu’il a reçue doit être propagée et communiquée à ses frères ; si chacun de nous, enfin, a la mémoire du cœur envers notre regretté président, et sait comprendre le plan d’organisation, qui a mis le dernier cachet à son œuvre.

Nous continuerons donc tes labeurs, cher maître, sous ton effluve bienfaisant et inspirateur  n ; reçois-en ici la promesse formelle. C’est la meilleure marque d’affection que nous puissions te donner.

Au nom de la Société parisienne des études spirites nous te disons non adieu, mais au revoir, à bientôt !



[1] Original: “tant amis”.


[2] Original: “bienfaisante et inspiratrice ;”


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