La science est lente dans ses affirmations, mais elle est sûre ; elle repousse quelquefois la vérité, mais jamais l’erreur absolue n’est son partage. Elle procède avec une rigueur toute mathématique ; elle n’admet que ce qui est, tandis que la philosophie admet tout ce qui peut être ; de là, la différence que l’on remarque entre l’acheminement au but de l’une et de l’autre. La philosophie arrive de prime-saut ; la science gravit péniblement et à pas comptés le sentier aride de la connaissance positive. Mais philosophie et science sont sœurs ; elles partent de la même origine pour fournir la même carrière et faire la même fin. Seule, la philosophie peut faire des écarts que la raison et l’expérimentation scientifique doivent réprimer, et la science isolée conduirait peut-être à l’anéantissement des sentiments, si elle n’était rectifiée par la régénératrice par excellence des sentiments du cœur et des aspirations aux progrès moraux.
Dans les périodes originelles de l’élaboration des mondes, le sophisme possède les hommes de concert avec l’erreur scientifique. Puis les penseurs et les savants, prenant des voies diverses, se séparent pendant les phases consacrées à la lutte, pour se réunir plus tard dans un triomphe commun.
Vous êtes, sans doute, bien loin encore d’avoir le dernier mot de toutes choses ; mais vous arrivez à grands pas à cette époque où l’humanité avancera vers l’infini sur une seule route, large, sûre, tolérante et solidaire. L’homme ne sera plus une unité combattant pour sa propre gloire et cherchant à se grandir sur les cadavres intellectuels de ses contemporains. Il sera un élément de la grande famille, une modalité faisant partie d’un tout harmonieux, un instrument raisonnant juste dans un concert sans défaut ! Ce sera l’ère du bonheur par excellence, l’ère bénie, l’ère de la paix par la fraternité et du progrès par l’union des efforts intelligents.
Honneur à la philosophie qui sait s’adjoindre la science pour obtenir un tel résultat.
Honneur à ceux de la science qui osent affirmer leurs croyances philosophiques, et tirer de son enveloppe pour le déployer aux yeux étonnés du monde de la pensée, le drapeau sur lequel ils ont inscrit ces trois mots : Travail, expérimentation, certitude.
La philosophie privée de la science s’élance dans l’infini, mais elle ne vole que d’une aile et retombe épuisée des hauteurs où elle aspire. La science sans la philosophie, c’est un borgne qui ne voit bien que d’un seul côté ; elle n’aperçoit pas l’abîme qui se creuse sous son œil absent. La science et la philosophie unies dans un commun essor vers l’inconnu, c’est la certitude, c’est la vérité allant à Dieu.
Clélie Duplantier.