Merci, cher frère, de votre compassion pour celui qui expie par la souffrance les fautes qu’il a commises ; merci pour vos bonnes prières inspirées par votre amour pour vos frères. Appelez-moi quelquefois, ce sera un rendez-vous auquel je ne manquerai jamais, soyez-en assuré. Je vous ai dit dans une communication donnée à la société qu’après avoir souffert il me serait permis de venir vous donner mon opinion dans quelques-unes des questions dont vous vous occupez. Dieu est si bon, qu’après m’avoir imposé l’expiation par la souffrance, il a eu pitié de mon repentir, car il sait que si j’ai failli, ce fut par faiblesse, et que l’orgueil est fils de l’ignorance. Il m’est permis de m’instruire, et si je ne puis, comme les bons Esprits qui ont quitté la terre, pénétrer les mystères de la création, je puis étudier les rudiments de la science universelle, afin de progresser et d’aider mes frères à progresser aussi.
Je vous dirai le rapport qui existe entre l’état de l’âme et la nature des fluides qui l’enveloppent dans chaque milieu où elle se trouve momentanément placée ; et si, comme cela vous a été dit, l’âme pure assainit les fluides, croyez bien que la pensée impure les vicie. Jugez quels efforts doit faire l’Esprit qui se repent, pour combattre l’influence de ces fluides dont il est enveloppé, augmentée encore par la réunion de tous les mauvais fluides que lui apportent, pour l’étouffer, les Esprits pervers. – Ne croyez pas qu’il me suffise de vouloir m’améliorer, pour chasser les Esprits d’orgueil dont j’étais entouré pendant mon séjour sur la terre. Ils sont toujours près de moi, cherchant à me retenir dans leur atmosphère malsaine. Les bons Esprits viennent m’éclairer, m’apporter la force dont j’ai besoin pour lutter contre l’influence des mauvais Esprits, puis ils s’éloignent me laissant livré à mes propres forces pour lutter contre le mal. C’est alors que je ressens l’influence bienfaisante de vos bonnes prières, car, sans le savoir, vous continuez l’œuvre des bons Esprits d’outre-tombe.
Vous voyez, cher frère, que tout s’enchaîne dans l’immensité ; que tous nous sommes solidaires les uns des autres, et qu’il n’y a pas une seule bonne pensée qui ne porte avec elle des fruits d’amour, d’amélioration et de progrès moral. Oui, vous avez raison de dire à vos frères qui souffrent qu’un mot suffit pour expliquer le Créateur ; que ce mot doit être l’étoile qui guide chaque Esprit, à quelque degré de l’échelle spirite qu’il appartienne par toutes ses pensées, par tous ses actes, dans les mondes inférieurs comme dans les mondes supérieurs ; que ce mot, l’évangile de tous les siècles, l’alpha et l’oméga de toute science, la lumière de la vérité éternelle, c’est amour ! Amour de Dieu, amour de ses frères.
Heureux ceux qui prient pour leurs frères qui souffrent. Leurs épreuves de la terre deviendront légères, et la récompense qui les attend sera au-dessus de leurs espérances !…
Vous voyez, cher frère, combien le Seigneur est plein de miséricorde, puisque, malgré mes souffrances, il me permet de venir vous parler le langage d’un bon Esprit.
A…
Allan Kardec.
Paris. – Typ. de Rouge frères, Dunon et Fresné, rue du Four-Saint-Germain, † 43.