Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année X — Juillet 1867.

(Langue portugaise)

ILLIERS ET LES SPIRITES.

1. — Sous ce titre, le Journal de Chartres, du 26 mai dernier, contenait la correspondance suivante :


Illiers,  †  20 mai 1867.

« Sommes-nous au mois de mai ou au carnaval ? Je me suis cru à cette dernière époque dimanche dernier. Comme je traversais Illiers, vers quatre heures du soir, je me trouvai en face d’un rassemblement de soixante, quatre-vingts, cent gamins peut-être, suivis d’une foule nombreuse criant à tue-tête sur l’air des Lampions : V’là le sorcier ! v’là le sorcier ! v’là l’chien fou ! v’là Grezelle ! et accompagnant de huées un brave et placide paysan, à l’œil hagard, à l’air effaré, qui fut fort heureux de rencontrer une boutique d’épicier pour lui servir de refuge. C’est qu’après les chants et les huées venaient les injures et volaient les pierres, et le pauvre diable, sans cet asile, allait peut-être avoir un mauvais parti.

« Je demandai à un groupe qui se trouvait là ce que cela voulait dire ; on me raconta que depuis quelque temps il y avait tous les vendredis une réunion de Spirites à la Sorcellerie [La Certellerie, Vieuvicq, France], commune de Vieu-vicq,  †  à la porte d’Illiers.  †  Le grand Pontife qui présidait à ces réunions était un maçon nommé Grezelle, et c’était ce malheureux qui venait de se voir si malmené. C’est que, disait-on, il s’était passé depuis quelques jours des choses fort drôles. Il aurait vu le diable, il aurait évoqué des âmes qui lui auraient révélé des choses peu flatteuses pour certaines familles. Bref, plusieurs femmes seraient devenues folles, et certains hommes marchaient sur leurs traces ; il paraît même que le Pontife ouvre la marche ; toujours est-il qu’une jeune femme d’Illiers a totalement perdu la tête. On lui aurait dit que pour certaines fautes il fallait qu’elle allât en purgatoire. Vendredi, elle faisait ses adieux à tous ses parents et voisins, et samedi, après avoir fait ses préparatifs de départ, elle allait se jeter à la rivière ; heureusement on la surveillait et l’on arriva assez à temps pour retarder le voyage.

« On comprend que cet évènement ait ému l’opinion publique. La famille de cette jeune femme s’était monté la tête, et plusieurs membres armés d’un bon fouet firent la conduite au Pontife, qui eut le bonheur de s’échapper de leurs mains. Il voulait quitter la Sorcellerie [La Certellerie] de Vieuvicq pour venir établir son sabbat à Illiers, au lieu dit la Folie-Valleran. On dit que deux braves pères de famille qui lui servaient d’enfants de chœur l’ont prié de ne pas venir à la Folie, c’est la folie qui ira chez lui ; on parlait aussi que la police allait s’en occuper.

« Laissez donc faire les gamins d’Illiers. Ils sauront bien en venir à bout. Il y a de ces choses qui meurent assommées par le ridicule.

« LÉON GAUBERT.  »


2. — Le même journal, dans son numéro du 13 juin 1867, contient ce qui suit :

En réponse à une lettre portant la signature de M. Léon Gaubert, publiée dans notre numéro du 26 mai dernier nous avons reçu la communication suivante, à laquelle nous conservons scrupuleusement son originalité :


« La Certellerie, n 4 juin 1867.

« Monsieur le Rédacteur, « Dans votre journal du 26 mai, vous rendez publique une lettre dans laquelle votre correspondant m’assomme pour faire voir comment j’ai été maltraité à Illiers. Maçon et père de famille, j’ai droit à réparation après avoir été si violemment attaqué, et j’espère que vous voudrez bien faire connaître la vérité après avoir laissé propager l’erreur.

« Il est bien vrai, comme cette lettre le dit, que les enfants de l’école et bien des personnes que j’estimais me poursuivent à chaque fois que je passe à Illiers. Deux fois surtout j’ai manqué succomber aux coups de pierres, de bâtons et autres objets qu’on lançait sur moi, et aujourd’hui encore, si j’allais à Illiers où je suis très connu, je serais entouré, menacé, maltraité. Outre les matériaux qui pleuvent, on remplit l’air d’injures : fou, sorcier, spirite, telles sont les douceurs les plus ordinaires dont on me régale. Heureusement il n’y a que cela de vrai, tout ce que votre correspondant vous écrit (le texte porte : tout ce que votre correspondant ajoute), est faux et n’a jamais existé que dans l’imagination des personnes qui ont cherché à ameuter la population contre nous.

« M. Léon Gaubert qui a signé votre lettre est complètement inconnu dans le pays ; on me dit que c’est un anonyme, si j’ai bien retenu le mot. Je dis que si l’on se cache, c’est qu’on sent qu’on ne fait pas bien ; je dirai donc en toute franchise à M. Léon Gaubert : Faites comme moi, mettez votre vrai nom.

« M. Léon Gaubert dit qu’une femme, par suite d’excitations et de pratiques spirites, est devenue folle et a voulu se noyer. Je ne sais si réellement elle a voulu se noyer ; beaucoup de personnes me disent que ce n’est pas vrai, mais quand même cela serait, je n’y puis absolument rien. Cette femme est une revendeuse, sa réputation est faite ici depuis fort longtemps, et on ne parlait pas encore de Spiritisme que déjà elle était comme ici (le texte porte connue ici), comme elle l’est à cette heure. Ses sœurs l’aident à me poursuivre. Je vous déclare qu’elle ne s’est jamais occupée de Spiritisme : ses instincts la portent dans une direction contraire. Elle n’a jamais assisté à nos réunions, et jamais elle n’a mis les pieds dans la maison d’aucun Spirite du pays.

« Pourquoi donc, me direz-vous, vous en veut-elle, et pourquoi vous en veut-on tant à Illiers ? C’est une énigme pour moi ; je ne me suis aperçu que d’une chose, c’est que beaucoup de personnes, avant que la première scène éclatât, en paraissaient instruites d’avance, et ce jour, quand je suis entré dans les rues d’Illiers, je remarquai bien du monde sur les portes et aux fenêtres.

« Je suis un honnête ouvrier, Monsieur ; je gagne honorablement mon pain. Le Spiritisme ne m’empêche nullement de travailler, et si quelqu’un a le moindre reproche sérieux à m’adresser, qu’il ne craigne rien. Nous avons des lois, et, dans les circonstances où je me trouve, le premier je demande que les lois du pays soient bien observées.

« Quant à être Spirite, je ne m’en cache pas ; c’est très vrai, je suis Spirite. Mes deux garçons, jeunes gens actifs, rangés et florissants, sont l’un et l’autre médiums. L’un et l’autre aiment le Spiritisme et, comme leur père, croient, prient, travaillent, s’améliorent et tâchent de s’élever. Mais quel mal y a-t-il là ? Lorsque la colère me dit de me venger, le Spiritisme m’arrête et me dit : Tous les hommes sont frères ; fais du bien à ceux mêmes qui te font du mal, et je me trouve plus calme, plus fort.

« Le curé me repousse du confessionnal, parce que je suis Spirite ; si je venais à lui chargé de tous les crimes possibles, il m’absoudrait ; mais Spirite, croyant en Dieu et faisant le bien selon mon pouvoir, je ne trouve point grâce à ses yeux. Bien des gens d’Illiers ne font pas autrement, et tel de nos ennemis qui, à cette heure, me jette la pierre parce que je suis Spirite, ferait mieux que m’absoudre, et m’applaudirait le jour où il me rencontrerait dans une orgie. »


Remarque. Ce paragraphe guillemeté, qui était dans la lettre originale, a été supprimé par le journal.


« Pour plaire, je ne saurais dire noir quand je vois blanc ; j’ai des convictions ; le Spiritisme est pour moi la plus belle des vérités ; que voulez-vous ? Veut-on me forcer à dire le contraire de ce que je pense, de tout ce que je vois, et lorsqu’on parle tant de liberté, faut-il qu’on la supprime en pratique ?

« Votre correspondant dit que je voulais quitter la Sorcellerie pour aller établir mon sabbat à la Folie-Valleran. A voir M. Léon Gaubert inventer tant de mots désagréables, on dirait vraiment qu’il est possédé de la rage de donner sur la tête de tout le monde les plus maladroits coups de truelle. M. Valleran est un des propriétaires les plus respectables du pays, et, en élevant une construction magnifique, il a fait gagner de l’argent à bien des ouvriers par un travail honnête et lucratif. Tant pis pour celui qui en est vexé ou ne l’imiterait qu’à reculons.

« Soyez assez bon, Monsieur, pour faire part de ma lettre à vos lecteurs, et détromper comme de juste les personnes que la première lettre publié par vous a induites en erreur.

« Agréez, etc.

« GREZELLE.  »


3. — Le rédacteur du journal dit qu’il conserve scrupuleusement à cette lettre son originalité ; il veut sans doute dire par là la forme du style qui, chez un maçon de village, n’est pas celle d’un littérateur. Il est probable que si, et d’un style plus incorrect encore, ce maçon avait écrit contre le Spiritisme, on ne l’aura pas trouvé ridicule. Mais puisqu’on tenait si scrupuleusement à conserver l’originalité de la lettre, pourquoi supprimer un paragraphe ? En cas d’inexactitude la responsabilité en retombait sur son auteur. Pour être rigoureusement dans le vrai, le journal aurait dû ajouter qu’il s’était d’abord refusé à la publication de cette lettre, et qu’il n’a cédé que devant l’imminence de poursuites judiciaires dont les conséquences étaient inévitables, puisqu’il s’agissait d’un homme estimable attaqué par le journal même, dans son honneur et sa considération.

L’auteur de la première lettre a sans doute pensé que le travestissement burlesque des faits ne suffisait pas pour jeter le ridicule sur les Spirites ; il y a abouté une grosse malice, en transformant le nom de la localité, qui est la Certellerie en celui de la Sorcellerie ; c’est peut-être très spirituel pour les gens qui aiment le sel à gros grains, mais ce n’est pas du sel attique, et encore moins de l’adresse ; ce genre de ridicule n’a jamais rien tué.

Faut-il considérer ces faits comme regrettables ? Ils le sont sans doute pour ceux qui en ont été les victimes, mais non pour la doctrine à laquelle ils ne peuvent que profiter.

De deux choses l’une : ou les personnes qui se réunissent dans cette localité se livrent à une indigne comédie, ou ce sont des gens honorables, sincèrement Spirites. Dans le premier cas, c’est rendre un grand service à la doctrine que de démasquer ceux qui en abusent ou qui mêlent son nom à des pratiques ridicules. Les Spirites sincères ne peuvent qu’applaudir à tout ce qui tend à débarrasser le Spiritisme des parasites de mauvaise foi, sous quelque forme qu’ils se présentent, et jamais ils n’ont pris fait et cause pour les jongleurs et les charlatans.

Dans le second, il ne peut que gagner au retentissement que lui donne une persécution appuyée sur des faits controuvés, parce qu’elle excite les gens à s’enquérir de ce qu’il en est ; or, le Spiritisme ne demande qu’à être connu, bien certain qu’un examen sérieux est le meilleur moyen de détruire les préventions suscitées par la malveillance chez ceux qui ne le connaissent pas. Nous ne serions donc pas surpris que cette échauffourée n’ait un résultat tout autre que celui qu’en espéraient ceux qui l’ont provoquée, et qu’elle ne soit la cause d’une recrudescence dans le nombre des adeptes de la localité. C’est ainsi qu’il en a été partout où une opposition un peu violente s’est manifestée.

Que faire alors, se diront les adversaires ? Si nous laissons faire, le Spiritisme marche ; si nous agissons contre, il marche plus fort. – La réponse est bien simple : reconnaître que ce qu’on ne peut empêcher est dans la volonté de Dieu, et ce qu’il y a de mieux à faire c’est de le laisser passer.


4. — Deux de nos correspondants, étrangers l’un à l’autre, nous ont transmis sur ces faits des renseignements précis et parfaitement concordants. M. Quômes d’Arras,  †  l’un d’eux, homme de science et écrivain distingué, au premier récit de ces événements rapportés par le journal de Chartres,  †  ignorant la cause du conflit, ne voulut point se hâter de prendre la défense des faits ni des personnes qu’il abandonnait à la sévérité de la critique s’ils le méritaient ; mais il prit celle du Spiritisme. Dans une lettre pleine de modération et de convenance adressée au journal, il s’attacha à démontrer que si les faits étaient tels qu’ils étaient rapportés par M. Léon Gaubert, le Spiritisme n’y était pour rien, lors même qu’on en aurait pu pris le nom. Toute personne impartiale aurait regardé comme un devoir de donner place à une rectification aussi légitime. Il n’en fut point ainsi, et les instances réitérées n’aboutirent qu’à un refus formel. Ceci se passait avant la lettre de Grezelle, qui, ainsi qu’on l’a vu, devait avoir le même sort. Si le journal craignait de soulever dans ses colonnes la question du Spiritisme, il ne devait pas admettre la lettre de M. Gaubert ; se réserver le droit d’attaquer, et refuser celui de la défense, c’est un moyen facile, mais très peu logique, de se donner raison.

M. Quômes d’Arras, afin de se rendre compte par lui-même de l’état des choses, se rendit sur les lieux. Il a bien voulu nous envoyer une relation détaillée de sa visite ; nous regrettons que l’étendue de ce document ne nous permette pas de le publier dans ce numéro, où déjà tout ce qui devait y être n’a pu trouver place ; nous en résumons les conséquences principales. Voici ce qu’il apprit à Illiers auprès de différentes personnes honorables, étrangères au Spiritisme.

Grezelle est un excellent maçon, propriétaire à La Certellerie. Loin de déraisonner, tous ceux qui le connaissent ne peuvent que rendre justice à son bon sens, à ses habitudes d’ordre, de travail, de régularité. C’est un bon père de famille ; tout son tort est d’inquiéter les matérialistes et les indifférents du pays par ses affirmations énergiques, multipliées, sur l’âme, sur ses manifestations après la mort, et sur nos destinées futures.

Il est loin d’être, dans la contrée, l’unique partisan du Spiritisme qui y compte, à Brou surtout, des adeptes nombreux et dévoués.

Quant aux femmes que, selon le Journal de Chartres, le Spiritisme aurait rendues folles ou entraînées à des actes coupables, c’est une pure invention. Le fait auquel il fait allusion est une revendeuse bien connue à Illiers, adonnée à la boisson, et dont la raison a toujours été faible. Elle en veut à Grezelle et dit du mal de lui, on ne sait pourquoi. Comme les idées spirites circulent dans le pays, elle a dû en entendre parler, et elle les mêle à ses propos incohérents, mais elle ne s’en est jamais occupée sérieusement. Quant à avoir voulu se noyer, cette pensée n’aurait rien d’impossible, vu son état habituel ; mais le fait paraît controuvé.

De là, M. Quômes d’Arras se rendit à La Certellerie, à cinq kilomètres au delà d’Illiers. « En arrivant, dit-il, je demandai l’habitation de madame Jacquet dont on m’avait dit le nom à Illiers. Elle était au jardin avec son enfant au milieu des fleurs, occupée à des travaux d’aiguille. Aussitôt qu’elle sut le motif de mon voyage, elle me conduisit à sa maison où nous fûmes bientôt rejoints par sa servante, jeune fille de vingt ans, médium parlant et Spirite fervente, par Grezelle et son fils aîné âgé de vingt ans. Il ne fut pas besoin de causer longtemps avec ce groupe de personnes pour s’apercevoir que l’on se trouvait en rapport, non avec des esprits agités, chagrins, singuliers, exaltés ou fanatiques, mais avec des personnes sérieuses, raisonnables, bienveillantes, d’une socialité parfaite ; franchise, netteté, simplicité, amour du bien, tels étaient les traits saillants qui se peignaient dans leur extérieur, dans leurs paroles, et, je l’avouerai à ma confusion, je ne m’attendais pas à si bien.

« Grezelle a quarante-cinq ans, il est marié et a deux garçons ; tous les deux sont médiums écrivains ainsi que lui. Il me raconta avec calme les souffrances qu’il endurait et les menées dont il était l’objet. Madame Jacquet me dit aussi que dans le pays, bien des personnes nourrissaient contre eux les plus mauvais sentiments parce qu’ils sont Spirites. A mes yeux il parut très probable, et dans la suite j’acquis la plus entière certitude, que ces diverses familles sont tranquilles, bienveillantes pour tout le monde, incapables le faire de mal à personne, sincèrement attachées à tous leurs devoirs ; j’admirai, en rendant grâce au ciel, la fermeté, la force de caractère, la solidité des convictions, le profond attachement au bien de ces excellentes gens qui, à la campagne, sans grande instruction, sans encouragement et sans ressources visibles, entourés d’ennemis et de railleurs, maintiennent haut, depuis quatre ans, leurs principes, leur foi, leurs espérances ; ils ont pour défendre leur drapeau contre les rires un courage qui, trop souvent malheureusement, fait encore défaut à nos savants des villes, et même à bien des Spirites avancés.

« Grezelle qui seul a été positivement maltraité, quoiqu’il y ait trois ans qu’il est Spirite, a toute la ferveur d’un néophyte, tout le zèle d’un apôtre, et aussi toute l’activité exubérante d’une nature prompte, énergique et entreprenante. A raison de ses affaires, il est continuellement mêlé à la population du pays, et, plein du Spiritisme, l’aimant plus que la vie, il ne peut s’empêcher d’en parler, de le faire ressortir, d’en montrer les beautés, les grandeurs, les merveilles. D’une parole réellement pressante et forte, il produit au milieu des indifférents qui l’environnent l’effet du feu sur l’eau. Comme il ne tient compte ni du temps, ni des circonstances contraires, on pourrait dire qu’il pèche un peu par excès de zèle, et peut-être aussi par défaut de prudence. »


Le lendemain, dans la soirée, M. Quômes assista, chez Grezelle, à une séance spirite composée de dix-huit à vingt personnes, parmi lesquelles se trouvaient le maire, des notabilités de l’endroit, des gens d’une honorabilité notoire, qui ne fussent certainement pas venus dans une assemblée de fous et d’illuminés. Tout s’y est passé dans le plus grand ordre, avec le plus parfait recueillement, et sans le moindre vestige des pratiques ridicules de magie et de sorcellerie. On débute par la prière, pendant laquelle tout le monde se met à genoux. Aux prières tirées de l’Évangile selon le Spiritisme, on ajoute la prière du soir et d’autres, tirées du rituel ordinaire de l’Église. «  Nos détracteurs, surtout les ecclésiastiques, ajoute M. Quômes, n’auraient peut-être pas remarqué sans embarras et sans étonnement la ferveur de ces âmes sincères, et leur attitude recueillie dénotant un sentiment religieux profond. Il y avait six médiums dont quatre hommes et deux femmes, parmi lesquelles la servante de madame Jacquet, médium parlant et écrivain. Les communications sont en général faibles de style, les idées y sont délayées et sans enchaînement ; quelques manies même se font jour dans le mode de communication ; mais, somme toute, il n’y a rien de mauvais, de dangereux, et tout ce qui s’obtient édifie, encourage, fortifie, porte l’esprit au bien ou l’élève vers Dieu. »

M. Quômes a trouvé chez ces Spirites la sincérité et un dévouement à toute épreuve, mais aussi un défaut d’expérience auquel il s’est efforcé de suppléer par ses conseils. Le fait essentiel qu’il a constaté, c’est que rien, dans leur manière d’agir, ne justifie le tableau ridicule qu’en fait le Journal de Chartres. Les actes sauvages qui se sont passés à Illiers ont donc évidemment été suscités par la malveillance, et paraissent avoir été prémédités.

Nous sommes heureux, pour notre part, qu’il en soit ainsi, et nous félicitons nos frères du canton d’Illiers des excellents sentiments qui les animent.

Les persécutions, comme nous l’avons dit, sont le lot inévitable de toutes les grandes idées nouvelles, qui toutes ont eu leurs martyrs ; ceux qui les endurent seront heureux un jour d’avoir souffert pour le triomphe de la vérité. Qu’ils persévèrent donc sans se rebuter et sans faiblir, et ils seront soutenus par les bons Esprits qui les observent ; mais aussi qu’ils ne se départissent jamais de la prudence que commandent les circonstances, et qu’ils évitent avec soin tout ce qui pourrait donner prise à nos adversaires ; c’est dans l’intérêt de la doctrine.



[1] [La Certellerie, Chateaudun, Eure-et-Loir, Centre, France, Europe.]


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