Chaque jour les évènements de la vie vous apportent des enseignements de nature à vous servir d’exemple, et cependant vous passez sans les comprendre, sans tirer une déduction utile des circonstances qui les ont provoqués. Pourtant, dans cette union intime de la terre et de l’espace, des Esprits libres et des Esprits captifs, attachés à l’accomplissement de leur tâche, il y a de ces exemples dont le souvenir doit se perpétuer parmi vous : c’est la paix proposée dans la guerre. Une femme dont la position sociale attire tous les yeux, s’en va, humble sœur de charité, porter à tous la consolation de sa parole, l’affection de son cœur, la caresse de ses yeux. Elle est impératrice, sur son front brille la couronne de diamants, et elle oublie son rang, elle oublie le danger pour accourir au milieu de la souffrance, dire à tous : « Consolez-vous, me voilà ! Ne souffrez plus, je vous parle ; soyez sans inquiétude, je prendrai soin de vos orphelins !… » Le danger est imminent, la contagion est dans l’air, et pourtant, elle passe, calme et radieuse, au milieu de ces lits, où gît la douleur. Elle n’a rien calculé, rien appréhendé, elle est allée où l’appelait son cœur, comme la brise va rafraîchir les fleurs flétries et redresser leurs tiges chancelantes.
Cet exemple de dévouement et d’abnégation, alors que les splendeurs de la vie devraient engendrer l’orgueil et l’égoïsme, est certes, un stimulant pour les femmes qui sentent vibrer en elles cette exquisivité de sentiment que Dieu leur a donnée pour accomplir leur tâche ; car elles sont principalement chargées de répandre la consolation et surtout la conciliation. N’ont-elles pas la grâce et le sourire, le charme de la voix et la douceur de l’âme ? C’est à elles que Dieu confie les premiers pas de ses enfants ; il les a choisies comme les nourrices des douces créatures qui vont naître.
Cet Esprit rebelle et orgueilleux, dont l’existence sera une lutte constante contre le malheur, ne vient-il pas leur demander de lui inculquer d’autres idées que celles qu’il apporte en naissant ? C’est vers elles qu’il tend ses petites mains, et sa voix jadis rude et ses accents qui vibraient comme un cuivre, s’adouciront comme un doux écho lorsqu’il dira : maman.
C’est la femme qu’il implore, ce doux chérubin qui vient apprendre à lire dans le livre de la science ; c’est pour lui plaire qu’il fera tous ses efforts pour s’instruire et se rendre utile à l’humanité. – C’est encore vers elle qu’il tend les mains, ce jeune homme qui s’est égaré dans sa route, et qui veut revenir au bien ; il n’oserait implorer son père dont il redoute la colère, mais sa mère, si douce, si généreuse, n’aura pour lui qu’oubli et pardon.
Ne sont-elles pas les fleurs animées de la vie, les dévouements inaltérables, ces âmes que Dieu a créées femmes. Elles attirent et elles charment. On les appelle la tentation, mais on devrait les nommer le souvenir ; car leur image demeure gravée en caractères ineffaçables dans le cœur de leurs fils, lorsqu’elles ne sont plus ; ce n’est pas dans le présent qu’elles sont appréciées, c’est dans le passé, lorsque la mort les a rendues à Dieu. – Alors leurs enfants les cherchent dans l’espace, comme le marin cherche l’étoile qui doit le conduire au port. Elles sont la sphère d’attraction, la boussole de l’Esprit resté sur la terre, et qui espère les retrouver au ciel. Elles sont encore la main qui conduit et soutient, l’âme qui inspire et la voix qui pardonne, et de même qu’elles ont été l’ange du foyer terrestre, elles deviennent l’ange consolateur qui apprend à prier.
Oh ! vous qui avez été accablées sur terre, femmes qui vous êtes crues les esclaves de l’homme, parce que vous étiez soumises à sa domination, votre royaume n’est pas de ce monde ! Contentez-vous donc du sort qui vous est réservé ; continuez votre tâche ; restez les médiatrices entre l’homme et Dieu, et comprenez bien l’influence de votre intervention. – Celui-ci est un Esprit ardent, impétueux, le sang bouillonne dans ses veines ; il va s’emporter, il sera injuste ; mais Dieu a mis la douceur dans vos yeux, la caresse dans votre voix ; regardez-le, parlez-lui, la colère s’apaisera et l’injustice sera écartée. Vous aurez souffert peut-être, mais vous aurez épargné une faute à votre compagnon de route et votre tâche s’accomplit. Celui-là encore est malheureux, il souffre, la fortune l’abandonne, il se croit un paria !… Mais, il y a là, un dévouement à l’épreuve, une abnégation constante pour relever ce moral abattu, pour rendre à cet Esprit l’espérance qui l’avait abandonné.
Femmes, vous êtes les compagnes inséparables de l’homme ; vous formez avec lui une chaîne indissoluble que le malheur ne peut rompre, que l’ingratitude ne doit pas souiller, et qui ne saurait se briser, car Dieu lui-même l’a formée, et, bien que vous ayez parfois dans l’âme, ces sombres soucis qui accompagnent la lutte, réjouissez-vous cependant, car dans cet immense travail de l’harmonie terrestre.
Dieu vous a donné la plus belle part.
Courage donc ! O vous qui vivez humblement en travaillant à améliorer votre intérieur, Dieu vous sourit, car il vous a donné cette aménité qui caractérise la femme ; qu’elles soient impératrices, sœurs de charité, humbles travailleuses ou douces mères de famille, elles sont toutes enrôlées sous la même bannière, et portent écrit au front et dans le cœur, ces deux mots magiques qui remplissent l’éternité : Amour et charité.
Carita.