Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année IX — Mai 1866.

(Langue portugaise)

DIEU EST PARTOUT.

1. — Comment Dieu si grand, si puisant, si supérieur à tout, peut-il s’immiscer dans des détails infimes, se préoccuper des moindres actes et des moindres pensées de chaque individu ? Telle est la question que l’on se pose souvent.

Dans leur état actuel d’infériorité, les hommes ne peuvent que difficilement comprendre Dieu infini, parce qu’ils sont eux-mêmes bornés et limités, c’est pourquoi ils se le figurent borné et limité comme eux ; ils se le représentent comme un être circonscrit, et s’en font une image à leur image. Nos tableaux qui le peignent sous des traits humains ne contribuent pas peu à entretenir cette erreur dans l’esprit des masses, qui adorent en lui la forme plus que la pensée. C’est pour le plus grand nombre un souverain puissant, sur un trône inaccessible, perdu dans l’immensité des cieux, et parce que leurs facultés et leurs perceptions sont bornées, ils ne comprennent pas que Dieu puisse ou daigne intervenir directement dans les plus petites choses.

Dans l’impuissance où est l’homme de comprendre l’essence même de la divinité, il ne peut s’en faire qu’une idée approximative à l’aide de comparaisons nécessairement très imparfaites, mais qui peuvent du moins lui montrer la possibilité de ce qui, au premier abord, lui semble impossible.

Supposons un fluide assez subtil pour pénétrer tous les corps, il est évident que chaque molécule de ce fluide produira sur chaque molécule de la matière avec laquelle elle est en contact une action identique à celle que produirait la totalité du fluide. C’est ce que la chimie nous montre à chaque pas.

Ce fluide, étant inintelligent, agit mécaniquement par les seules forces matérielles ; mais si nous supposons ce fluide doué d’intelligence, de facultés perceptives et sensitives, il agira, non plus aveuglément, mais avec discernement, avec volonté et liberté ; il verra, entendra et sentira.

Les propriétés du fluide périsprital peuvent nous en donner une idée. Il n’est point intelligent par lui-même puisqu’il est matière, mais il est le véhicule de la pensée, des sensations et des perceptions de l’esprit ; c’est par suite de la subtilité de ce fluide que les Esprits pénètrent partout, qu’ils scrutent nos pensées, qu’ils voient et agissent à distance ; c’est à ce fluide, arrivé à un certain degré d’épuration, que les Esprits supérieurs doivent le don d’ubiquité ; il suffit d’un rayon de leur pensée dirigé sur divers points, pour qu’ils puissent y manifester leur présence simultanément. L’extension de cette faculté est subordonnée au degré d’élévation et d’épuration de l’Esprit.

Mais les Esprits, quelque élevés qu’ils soient, sont des créatures bornées dans leurs facultés, leur puissance et l’étendue de leurs perceptions ne sauraient, sous ce rapport, approcher de Dieu ; cependant ils peuvent nous servir de point de comparaison. Ce que l’Esprit ne peut accomplir que dans une limite restreinte, Dieu, qui est infini, l’accomplit dans des proportions infinies. Il y a encore cette différence que l’action de l’Esprit est momentanée et subordonnée aux circonstances : celle de Dieu est permanente ; la pensée de l’Esprit n’embrasse qu’un temps et un espace circonscrits : celle de Dieu embrasse l’univers et l’éternité. En un mot, entre les Esprits et Dieu, il y a la distance du fini à l’infini.

Le fluide périsprital n’est pas la pensée de l’Esprit, mais l’agent et l’intermédiaire de cette pensée ; comme c’est le fluide qui la transmet, il en est en quelque sorte imprégné, et dans l’impossibilité où nous sommes d’isoler la pensée, elle semble ne faire qu’un avec le fluide, comme le son semble ne faire qu’un avec l’air, de sorte que nous pouvons, pour ainsi dire, la matérialiser. De même que nous disons que l’air devient sonore, nous pourrions, en prenant l’effet pour la cause, dire que le fluide devient intelligent.

Qu’il en soit ou non ainsi de la pensée de Dieu, c’est-à-dire qu’elle agisse directement ou par l’intermédiaire d’un fluide, pour la facilité de notre intelligence, représentons-nous cette pensée sous la forme concrète d’un fluide intelligent remplissant l’univers infini, pénétrant toutes les parties de la création : la nature entière est plongée dans le fluide divin ; tout est soumis à son action intelligente, à sa pré-voyance, à sa sollicitude ; pas un être, quelque infime qu’il soit, qui n’en soit en quelque sorte saturé.

Nous sommes ainsi constamment en présence de la divinité ; il n’est pas une seule de nos actions que nous puissions soustraire à son regard ; notre pensée est en contact avec sa pensée, et c’est avec raison qu’on dit que Dieu lit dans les plus profonds replis de notre cœur ; nous sommes en lui comme il est en nous, selon la parole du Christ. Pour étendre sa sollicitude sur les plus petites créatures, il n’a donc pas besoin de plonger son regard du haut de l’immensité, ni de quitter le séjour de sa gloire, car ce séjour est partout ; nos prières, pour être entendues de lui, n’ont pas besoin de franchir l’espace, ni d’être dites d’une voix retentissante, car, sans cesse pénétrés par lui, nos pensées se répercutent en lui.

L’image d’un fluide intelligent universel n’est évidemment qu’une comparaison, mais propre à donner une idée plus juste de Dieu que les tableaux qui le représentent sous la figure d’un vieillard à longue barbe, drapé dans un manteau. Nous ne pouvons prendre nos points de comparaison que dans les choses que nous connaissons ; c’est pour cela qu’on dit tous les jours : L’œil de Dieu, la main de Dieu, la voix de Dieu, le souffle de Dieu, la face de Dieu. Dans l’enfance de l’humanité, l’homme prend ces comparaisons à la lettre ; plus tard, son esprit, plus apte à saisir les abstractions, spiritualise les idées matérielles. Celle d’un fluide universel intelligent, pénétrant tout, comme serait le fluide lumineux, le fluide calorique, le fluide électrique ou tous autres, s’ils étaient intelligents, a pour objet de faire comprendre la possibilité pour Dieu d’être partout, de s’occuper de tout, de veiller sur le brin d’herbe comme sur les mondes. Entre lui et nous la distance est supprimée ; nous comprenons sa présence, et cette pensée, lorsque nous nous adressons à lui, augmente notre confiance, car nous ne pouvons plus dire que Dieu est trop loin et trop grand pour s’occuper de nous. Mais cette pensée, si consolante pour l’humble et l’homme de bien, est trop terrifiante pour le méchant et l’orgueilleux endurcis, qui espéraient se soustraire à lui à la faveur de la distance, et qui, désormais, se sentiront sous les étreintes de sa puissance.

Rien n’empêche d’admettre, pour le principe de souveraine intelligence, un centre d’action, un foyer principal rayonnant sans cesse, inondant l’univers de ses effluves, comme le soleil de sa lumière. Mais où est-il ce foyer ? Il est probable qu’il n’est pas plus fixé sur un point déterminé que ne l’est son action. Si de simples Esprits ont le don d’ubiquité, cette faculté en Dieu doit être sans limites. Dieu remplis-sant l’univers, on pourrait admettre, à titre d’hypothèse, que ce foyer n’a pas besoin de se transporter, et qu’il se forme sur tous les points où sa souveraine volonté juge à propos de se produire, d’où l’on pourrait dire qu’il est partout et nulle part.

Devant ces problèmes insondables, notre raison doit s’humilier. Dieu existe : nous n’en saurions douter ; il est infiniment juste et bon : c’est son essence ; sa sollicitude s’étend à tout : nous le comprenons maintenant ; sans cesse en contact avec lui, nous pouvons le prier avec la certitude d’en être entendu ; il ne peut vouloir que notre bien, c’est pourquoi nous devons avoir confiance en lui. Voilà l’essentiel ; pour le surplus, attendons que nous soyons dignes de le comprendre.


2. LA VUE DE DIEU.


Puisque Dieu est partout, pourquoi ne le voyons-nous pas ? Le verrons-nous en quittant la terre ? Telles sont aussi les questions que l’on se pose journellement. La première est facile à résoudre : nos organes matériels ont des perceptions bornées, qui les rendent impropres la vue de certaines choses, même matérielles. C’est ainsi que certains fluides échappent totalement à notre vue et à nos instruments d’analyse. Nous voyons les effets de la peste et nous ne voyons pas le fluide qui la transporte ; nous voyons les corps se mouvoir sous l’influence de la force de gravitation, et nous ne voyons pas cette force.

Les choses d’essence spirituelle ne peuvent être perçues par des organes matériels ; ce n’est que par la vue spirituelle que nous pouvons voir les Esprits et les choses du monde immatériel ; notre âme seule peut donc avoir la perception de Dieu. Le voit-elle immédiatement après la mort ? C’est ce que les communications d’outre-tombe peuvent seules nous apprendre. Par elles, nous savons que la vue de Dieu n’est le privilège que des âmes les plus épurées, et qu’ainsi bien peu possèdent, en quittant leur enveloppe terrestre, le degré de dématérialisation nécessaire. Quelques comparaisons vulgaires le feront aisément comprendre.

Celui qui est au fond d’une vallée, environné d’une brume épaisse, ne voit pas le soleil ; cependant, à la lumière diffuse, il juge de la présence du soleil. S’il gravit la montagne, à mesure qu’il s’élève le brouillard s’éclaircit, la lumière devient de plus en plus vive, mais il ne voit pas encore le soleil. Quand il commence à l’apercevoir, il est encore voilé, car la moindre vapeur suffit pour en affaiblir l’éclat. Ce n’est qu’après s’être complètement élevé au-dessus de la couche brumeuse, que, se trouvant dans un air parfaitement pur, il le voit dans toute sa splendeur.

Il en est de même de celui dont la tête serait enveloppée de plusieurs voiles ; d’abord, il ne voit rien du tout ; à chaque voile qu’on enlève, il distingue une lueur de plus en plus claire ; ce n’est que lorsque le dernier voile a disparu qu’il perçoit nettement les choses.

Il en est encore de même d’une liqueur chargée de matières étrangères ; elle est trouble d’abord ; à chaque distillation sa transparence augmente, jusqu’à ce qu’étant complètement épurée, elle acquiert une limpidité parfaite et ne présente aucun obstacle à la vue.

Ainsi en est-il de l’âme. L’enveloppe périspritale, bien qu’invisible et impalpable pour nous, est pour elle une véritable matière, trop grossière encore pour certaines perceptions. Cette enveloppe se spiritualise à mesure que l’âme s’élève en moralité. Les imperfections de l’âme sont comme des voiles qui obscurcissent sa vue ; chaque imperfection dont elle se défait est un voile de moins, mais ce n’est qu’après s’être complètement épurée qu’elle jouit de la plénitude de ses facultés.

Dieu, étant l’essence divine par excellence, ne peut être perçu dans tout son éclat que par les Esprits arrivés au plus haut degré de dématérialisation. Si les Esprits imparfaits ne le voient pas, ce n’est pas qu’ils en soient plus éloignés que les autres ; comme eux, comme tous les êtres de la nature, ils sont plongés dans le fluide divin ; comme nous le sommes dans la lumière, les aveugles aussi sont plongés dans la lumière, et cependant ils ne la voient pas. Les imperfections sont des voiles qui dérobent Dieu à la vue des Esprits inférieurs ; quand le brouillard sera dissipé, ils le verront resplendir : pour cela, ils n’auront besoin, ni de monter, ni d’aller le chercher dans les profondeurs de l’infini ; la vie spirituelle étant débarrassée des taies morales qui l’obscurcissaient, ils le verront en quelque lieu qu’ils se trouvent, fût-ce même sur la terre, car il est partout.

L’Esprit ne s’épure qu’à la longue, et les différentes incarnations sont les alambics au fond desquels il laisse à chaque fois quelques impuretés. En quittant son enveloppe corporelle, il ne se dépouille pas instantanément de ses imperfections ; c’est pourquoi il en est qui, après la mort, ne voient pas plus Dieu que de leur vivant ; mais, à mesure qu’ils s’épurent, ils en ont une intuition plus distincte ; s’ils ne le voient pas, ils le comprennent mieux ; la lumière est moins diffuse. Lors donc que des Esprits disent que Dieu leur défend de répondre à telle question, ce n’est pas que Dieu leur apparaisse ou leur adresse la parole pour leur prescrire ou leur interdire telle ou telle chose. Non ; mais ils le sentent, ils reçoivent les effluves de sa pensée, comme cela nous arrive à l’égard des Esprits qui nous enveloppent de leur fluide, quoique nous ne les voyions pas.

Aucun homme ne peut donc voir Dieu avec les yeux de la chair. Si cette faveur était accordée à quelques-uns, ce ne serait qu’à l’état d’extase, alors que l’âme est autant dégagée des liens de la matière que cela est possible pendant l’incarnation.

Un tel privilège ne serait d’ailleurs que celui des âmes d’élite, incarnées en mission et non en expiation. Mais comme les Esprits de l’ordre le plus élevé resplendissent d’un éclat éblouissant, il se peut que des Esprits moins élevés, incarnés ou désincarnés, frappés de la splendeur qui les entoure, aient cru voir Dieu lui-même. Tel on voit parfois un ministre pris pour son souverain.

Sous quelle apparence Dieu se présente-t-il à ceux qui se sont rendus dignes de cette faveur ? Est-ce sous une forme quelconque ? Sous une figure humaine, ou comme un foyer resplendissant de lumière ? C’est ce que le langage humain est impuissant à décrire parce qu’il n’existe pour nous aucun point de comparaison qui puisse en donner une idée ; nous sommes comme des aveugles à qui l’on chercherait en vain à faire comprendre l’éclat du soleil. Notre vocabulaire est borné à nos besoins et au cercle de nos idées ; celui des sauvages ne saurait dépeindre les merveilles de la civilisation ; celui des peuples les plus civilisés est trop pauvre pour décrire les splendeurs des cieux, notre intelligence trop bornée pour les comprendre, et notre vue trop faible en serait éblouie.



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