La mesure du travail imposé à chaque Esprit incarné ou désincarné est la certitude d’avoir accompli scrupuleusement la mission qui lui a été confiée. Or, chacun a une mission à remplir : celui-ci sur une grande échelle, celui-là sur une plus petite. Cependant, relativement, les obligations sont toutes égales et Dieu vous demandera compte de l’obole qu’il a remise entre vos mains. Si vous avez gagné un intérêt, si vous avez doublé la somme, vous avez certes accompli votre devoir, parce que vous avez obéi à l’ordre suprême. Si, au lieu d’avoir augmenté cette obole, vous l’avez perdue, il est certain que vous avez abusé de la confiance que votre Créateur avait mise en vous ; aussi, serez-vous traité comme un voleur, parce que vous avez pris et non restitué ; loin d’accroître, vous avez dissipé. Or, si, comme je viens de le dire, chaque créature est obligée de recevoir et de donner, combien plus, Spirites, êtes-vous tenus d’obéir à cette loi divine, combien devez-vous faire d’efforts pour remplir ce devoir devant le Seigneur, qui vous a choisis pour partager ses travaux, qui vous a invités à sa table. Songez, mes frères, que le don qui vous est fait est un des souverains biens de Dieu. N’en tirez pas vanité, mais faites tous vos efforts pour mériter cette haute faveur. Si les titres que vous pourriez recevoir d’un grand de la terre, si ses faveurs sont quelque chose de beau à vos yeux, combien plus vous devez vous estimer heureux des dons du maître des mondes ; dons incorruptibles et impérissables, qui vous élèvent au-dessus de vos frères, et seront pour vous la source de joies pures et saintes !
Mais voulez-vous en être les seuls possesseurs ? Voudriez-vous, comme des égoïstes, garder pour vous seuls tant de bonheur et de joie ? Oh ! non, vous avez été choisis comme dépositaires. Les richesses qui brillent à vos yeux ne sont point à vous, mais appartiennent à tous vos frères en général. Vous devez donc les accroître et les distribuer. Comme le bon jardinier qui conserve et multiplie ses fleurs, et vous présente au cœur de l’hiver les délices du printemps ; comme au triste mois de novembre, naissent les roses et les lis, ainsi vous êtes chargés de semer et de cultiver dans votre champ moral des fleurs de toutes les saisons, fleurs qui défieront le souffle de l’aquilon et le vent suffoquant du désert ; fleurs qui, une fois épanouies sur leurs tiges, ne passeront et ne se faneront jamais, mais brillantes et vivaces, seront l’emblème de la verdure et des couleurs éternelles. Le cœur humain est un sol fertile en affection et en doux sentiments, un champ plein de sublimes aspirations quand il est cultivé par les mains de la charité et de la religion.
Oh ! ne réservez pas pour vous seuls ces tiges sur lesquelles poussent toujours de si doux fruits ! Offrez-les à vos frères, invitez-les à venir goûter, sentir le parfum de vos fleurs, à apprendre à cultiver votre champ ; nous vous assisterons, nous trouverons de frais ruisseaux qui, coulant doucement, donneront de la force aux plantes exotiques qui sont les germes de la terre céleste ; venez, nous travaillons avec vous, nous partagerons votre fatigue, afin que vous aussi, vous puissiez amasser de ces biens et en faire part à d’autres frères dans le besoin. Dieu nous donne, et nous, reconnaissants de ses dons, nous les multiplions le plus possible. Dieu nous commande d’améliorer les autres et nous-mêmes, nous remplirons nos obligations et nous sanctifierons sa volonté sublime.
Spirites, c’est à vous que je m’adresse. Nous avons préparé votre champ ; maintenant agissez de manière que tous ceux qui en auront besoin, puissent en jouir largement. Rappelez-vous que toutes les haines, toutes les rancunes, toutes les inimitiés doivent disparaître devant vos devoirs : instruire les ignorants, assister les faibles, avoir compassion des affligés, soutenir les innocents, plaindre ceux qui sont dans l’erreur, pardonner aux ennemis. Toutes ces vertus doivent croître en abondance dans votre champ, et vous devez les implanter dans celui de vos frères. Vous recueillerez une ample moisson et vous serez bénis de notre Père qui est dans les cieux !
Mes chers enfants, j’ai voulu vous dire toutes ces choses afin de vous encourager à supporter avec patience tous ceux qui, ennemis de la nouvelle doctrine, cherchent à vous dénigrer et à vous affliger. Dieu est avec vous, n’en doutez pas. La parole de notre Père céleste est descendue sur votre globe, comme au jour de la création. Il vous envoie une nouvelle lumière, lumière pleine de splendeur et de vérité.
Approchez-vous, attachez-vous étroitement à lui, et suivez courageusement le chemin qui s’ouvre devant vous.
Saint Augustin.
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