Comme déjà vous en avez des preuves, l’attitude sérieuse des membres d’un groupe frappe les étrangers qui assistent aux séances avec l’intention de les tourner en ridicule ; elle change leur envie de railler en respect involontaire, et du respect à l’étude sérieuse, par conséquent à la foi, la transition est insensible. Ceux, d’ailleurs, qui ne sortent pas convaincus de ces réunions, en emportent au moins une impression favorable, et s’ils ne se rallient pas à vous immédiatement, ils se détachent néanmoins de vos adversaires acharnés. Voilà une première raison qui doit vous persuader d’être graves et recueillis. Que voulez-vous que pensent, en effet, ceux qui sortent d’une réunion où les sujets les plus dignes de respect sont traités avec légèreté et inconséquence ?
Quoique les Spirites qui agissent ainsi soient loin d’être malintentionnés, ils n’en sont pas moins nuisibles, non à l’avenir, mais au développement rapide de la doctrine. S’il n’y avait jamais eu que des réunions sérieuses et tenues d’une manière convenable, elle serait encore bien autrement avancée qu’elle ne l’est, quoiqu’elle le soit beaucoup. Agir ainsi n’est pas agir en vrais Spirites, ni dans l’intérêt de la doctrine, car les adversaires en profitent pour la tourner en ridicule. C’est donc un devoir pour ceux qui en comprennent l’importance de ne point prêter leur appui à des réunions de cette nature.
Ce n’est pas à la doctrine seule qu’ils nuisent, c’est aussi à eux-mêmes ; car, si toute bonne action porte en elle-même sa récompense, toute action légère laisse après elle une impression fâcheuse, parfois suivie d’une punition physique dont la moindre conséquence peut être la suspension de la médianimité, ou tout au moins l’impossibilité de communiquer avec les bons Esprits.
Il faut être sérieux, non-seulement avec les Esprits bienveillants et éclairés qui viennent donner de sages instructions, et que votre peu de recueillement éloignerait, mais encore avec les Esprits souffrants ou mauvais qui viennent, les uns vous demander des consolations, les autres vous mystifier. Je dirai même que c’est surtout avec ces derniers qu’il faut de la gravité, quoique tempérée par la bienveillance ; c’est le meilleur moyen de leur imposer, et de les faire tenir à l’écart en les contraignant au respect. Si vous vous abaissiez jusqu’à la familiarité avec ceux qui vous sont inférieurs sous les rapports moraux et intellectuels, vous ne tarderiez pas à donner prise à leur influence perverse, qui se traduit par des mystifications d’abord, plus tard par de cruelles et tenaces obsessions.
Soyez donc sur vos gardes ; nuancez votre langage d’après celui même des Esprits qui se communiquent dans vos groupes, mais que la gravité et la bienveillance n’en soient jamais exclues. Ne repoussez pas ceux qui se présentent à vous sous des apparences imparfaites. Peut-être préfèreriez-vous toujours des communications sages sur lesquelles il ne vous soit pas nécessaire d’exercer votre cœur et votre jugement pour en connaître la valeur, mais songez que le jugement ne se développe que par l’exercice. Toutes les communications ont leur utilité pour qui sait en tirer parti ; une mystification reconnue et prévenue peut agir avec plus d’efficacité sur vos âmes, en vous en faisant mieux apercevoir les points à renforcer, que des instructions que vous vous contenteriez d’admirer sans les mettre en pratique.
Travaillez avec courage et sincérité, et l’Esprit du Seigneur sera avec vous.
Moki.
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