Je viens à vous, mes amis, à vous qui êtes les éprouvés et les prolétaires de la souffrance ; je viens vous saluer, braves et dignes ouvriers, au nom de la charité et de l’amour. Vous êtes les bien-aimés de Jésus dont je fus l’ami ; reposez-vous dans la croyance spirite, comme je me suis reposé sur le sein de l’envoyé divin. Ouvriers, vous êtes les élus dans la voie douloureuse de l’épreuve, où vous marchez les pieds saignants et le cœur découragé. Frères, espérez ! Toute peine porte avec elle son salaire ; toute journée laborieuse a son soir de repos. Croyez en l’avenir qui sera votre récompense, et ne cherchez pas l’oubli, qui est impie. L’oubli, mes amis, c’est l’ivresse égoïste ou brutale ; c’est la faim pour vos enfants et les pleurs pour vos femmes. L’oubli est une lâcheté.
Que penseriez-vous d’un ouvrier qui, sous le prétexte d’une légère fatigue, déserterait l’atelier et interromprait lâchement la journée commencée ? Mes amis, la vie est la journée de l’éternité ; accomplissez bravement son labeur ; ne rêvez pas un repos impossible ; n’avancez pas l’heure de l’horloge des temps ; tout vient à point : la récompense au courage et la bénédiction au cœur ému qui se confie à la justice éternelle.
Soyez Spirites : vous deviendrez forts et patients, parce que vous apprendrez que les épreuves sont un gage assuré de progrès, et qu’elles vous ouvriront l’entrée des séjours heureux où vous bénirez les souffrances qui vous en auront ouvert l’accès.
A vous tous, ouvriers et amis, mes bénédictions. J’assiste à vos assemblées, car vous êtes les bien-aimés de celui qui fut
Jean L’Évangéliste.
Allan Kardec.
Paris. – Typ. de COSSON ET Ce, rue du Four-Saint-Germain, † 43.