Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année VI — Juillet 1863.

(Langue portugaise)

POUVOIR DE LA VOLONTÉ SUR LES PASSIONS.

(Extrait des travaux de la Société spirite de Paris.)

1. — Un jeune homme de vingt-trois ans, M. A…, de Paris,  †  qui n’est initié au Spiritisme que depuis deux mois, en a saisi la portée avec une telle rapidité que, sans avoir rien vu, il l’a accepté avec toutes ses conséquences morales. Cela n’est pas étonnant, dira-t-on, de la part d’un jeune homme, et cela ne prouve qu’une chose : de la légèreté et un enthousiasme irréfléchi. Soit ; mais poursuivons. Ce jeune homme irréfléchi avait, comme il en est convenu lui-même, un assez grand nombre de défauts, dont le plus saillant était une irrésistible disposition à la colère depuis son enfance ; pour la moindre contrariété, pour les causes les plus futiles, quand il rentrait chez lui et ne trouvait pas immédiatement ce qu’il voulait, qu’une chose n’était pas à sa place habituelle, que ce qu’il avait demandé n’était pas prêt à la minute, il entrait dans des fureurs à tout briser ; c’était au point qu’un jour, dans le paroxysme de la colère, s’emportant contre sa mère, il lui dit : « Va-t’en, ou je te tue ! » Puis, épuisé par cette surexcitation, il tombait sans connaissance. Ajoutons que ni les conseils de ses parents, ni les exhortations de la religion n’avaient pu vaincre ce caractère indomptable, compensé du reste par une haute intelligence, une instruction soignée et les plus nobles sentiments.

Effet d’un tempérament bilioso-sanguino-nerveux,  †  dira-t-on ; résultat de l’organisme ; par conséquent, entraînement irrésistible. Il résulte de ce système que si, dans ses égarements, il eût commis un meurtre, il eût été parfaitement excusable, parce que c’eût été le fait d’un excédant de bile. Il en résulte encore qu’à moins de modifier le tempérament, de changer l’état normal du foie et des nerfs, ce jeune homme était prédestiné à toutes les funestes conséquences de la colère.

– Connaissez-vous un remède à un tel état pathologique ? – Non, aucun, si ce n’est l’âge peut-être qui, à la longue, peut calmer l’abondance des sécrétions morbides. – Eh bien ! ce que ne peut la science, le Spiritisme l’a fait, non à la longue et par suite d’un effort continu, mais instantanément ; quelques jours ont suffi pour faire de ce jeune homme un être doux et patient. La certitude acquise de la vie future, la connaissance du but de la vie terrestre, le sentiment de la dignité de l’homme révélé par le libre arbitre qui le met au-dessus de la brute, la responsabilité qui en découle, la pensée que la plupart des maux terrestres sont la conséquence de nos actes, toutes ces idées, puisées dans une étude sérieuse du Spiritisme, ont produit dans son cerveau une révolution soudaine ; il lui sembla qu’un voile était levé de dessus ses yeux ; la vie lui apparut sous une toute autre face ; certain alors qu’il y avait en lui un être intelligent indépendant de la matière, il se dit : « Cet être doit avoir une volonté, tandis que la matière n’en a pas ; donc, il doit pouvoir dominer la matière. » De là cet autre raisonnement : « Le résultat de ma colère a été de me rendre malade et malheureux, et elle ne me fait pas avoir ce qui me manque ; donc elle est inutile, puisque je n’en suis pas plus avancé ; elle me produit du mal et ne me donne aucun bien en compensation ; bien plus, elle pourrait me pousser à des actes répréhensibles, criminels peut-être. » – Il a voulu vaincre, et il a vaincu.

Depuis lors, mille occasions se sont présentées qui, auparavant, l’eussent mis en fureur, et devant lesquelles il est resté impassible et indifférent, à la grande stupéfaction de sa mère. Il sentait son sang bouillonner et monter au cerveau, et, par sa volonté, il le refoulait et le forçait à descendre.

Un miracle n’eût pas fait mieux ; mais le Spiritisme en a fait bien d’autres, que notre Revue ne suffirait pas pour enregistrer, si nous voulions rapporter tous ceux qui sont à notre connaissance personnelle en fait de réformes morales des habitudes les plus invétérées. Nous citons celui-ci comme un exemple remarquable du pouvoir de la volonté, et, en outre, parce qu’il soulève un problème important que le Spiritisme seul peut résoudre.


2. — M. A… nous demandait, à ce sujet, si son Esprit était responsable de ses emportements, ou s’il ne faisait que subir l’influence de la matière.

Voici notre réponse :

Votre Esprit est tellement responsable que, lorsque vous l’avez sérieusement voulu, vous avez arrêté le mouvement sanguin. Donc, si vous l’aviez voulu plus tôt, les accès auraient cessé plus tôt, et vous n’auriez pas menacé votre mère. En outre, qui est-ce qui se met en colère ? Est-ce le corps ou l’Esprit ? Si les accès fussent venus sans motif, on pourrait croire qu’ils étaient provoqués par l’afflux sanguin ; mais, futile ou non, ils avaient pour cause une contrariété ; or, il est évident que ce n’était pas le corps qui était contrarié, mais bien l’Esprit, trop susceptible ; l’Esprit contrarié réagissait sur un système organique irritable, qui fût resté en repos s’il n’eût été provoqué. Prenons une comparaison. Vous avez un cheval fougueux ; si vous savez le gouverner, il se soumet ; si vous le maltraitez, il s’emporte et vous jette par terre ; à qui la faute ? à vous, ou au cheval ?

Pour moi, il demeure évident que votre Esprit est naturellement irascible ; mais comme chacun apporte avec soi son péché originel, c’est-à-dire un reste de ses anciens penchants, il n’est pas moins évident que, dans votre existence précédente, vous avez dû être un homme d’une extrême violence que vous avez probablement payée fort cher, peut-être de votre vie. Dans l’erraticité, vos autres bonnes qualités vous ont aidé à comprendre vos torts ; vous avez pris la résolution de vous vaincre, et pour cela de lutter dans une nouvelle existence ; mais si vous eussiez choisi un corps mou et lymphatique, votre Esprit, ne rencontrant aucune difficulté, n’aurait rien gagné, c’eût été à recommencer pour vous ; c’est pourquoi vous avez choisi un corps bilieux, pour avoir le mérite de la lutte. Maintenant la victoire est remportée ; vous avez terrassé un ennemi de votre repos, et rien ne peut entraver le libre exercice de vos bonnes qualités. Quant à la facilité avec laquelle vous avez accepté et compris le Spiritisme, elle s’explique par la même cause : vous étiez Spirite depuis longtemps ; cette croyance était innée en vous, et le matérialisme n’a été qu’un résultat de la fausse direction donnée à vos idées. L’idée spirite, étouffée d’abord, est demeurée à l’état latent, et il a suffi d’une étincelle pour la réveiller ; bénissez donc la Providence qui a permis que cette étincelle arrivât de bonne heure pour arrêter un penchant qui vous eût peut-être causé d’amers regrets, tandis qu’il vous reste une longue carrière à parcourir dans la voie du bien.

Toutes les philosophies se sont heurtées contre ces mystères de la vie humaine qui paraissaient insondables jusqu’à ce que le Spiritisme y eût apporté son flambeau. En présence de tels faits, peut-on se demander encore à quoi il sert, et n’est-on pas en droit de bien augurer de l’avenir moral de l’humanité quand il sera compris et pratiqué par tout le monde.



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