Depuis quelque temps déjà, le monde s’agite, frissonne et cherche ; le monde a l’âme en peine, il a de très grands besoins.
Admettons que le Spiritisme n’existe pas, que tout ce qu’on en dit soit le résultat de l’erreur, de l’hallucination de quelques esprits malades ; mais n’est-ce rien que de voir six millions d’hommes atteints de la même maladie en sept à huit ans ?
Pour moi, j’y vois beaucoup de choses : j’y vois le pressentiment de grands événements, parce que dans tous les temps, à la veille d’époques marquantes, le monde a toujours été inquiet, turbulent même, sans se rendre compte de son malaise. Ce qu’il y a de certain aujourd’hui, c’est qu’après avoir traversé une époque de matérialisme effrayant, il éprouve le besoin d’une croyance spiritualiste raisonnée ; il veut croire avec connaissance de cause, si je puis m’exprimer ainsi. Voilà les causes de sa maladie, si nous admettons qu’il y ait maladie.
Dire qu’il n’y a rien au fond de ce mouvement, c’est être téméraire.
Un écrivain, que je n’ai pas l’honneur de connaître, vient de donner un article, profondément pensé, dans l’Écho de Sétif du 18 septembre dernier. Il confesse lui-même qu’il ne connaît pas le Spiritisme. Il recherche s’il est possible, s’il peut exister, et ses recherches l’ont amené à conclure que le Spiritisme n’est pas impossible.
Quoi qu’il en soit, les Spirites ont le droit de se réjouir aujourd’hui, puisque des hommes d’élite veulent bien consacrer une partie de leurs études à la recherche de ce que les uns appellent une vérité et les autres une erreur.
En ce qui me concerne, je puis attester un fait : c’est que j’ai vu des choses que l’on ne peut pas croire sans les avoir vues.
Il y a une partie très éclairée de la société qui ne nie pas précisément le fait, mais elle prétend que les communications que l’on obtient viennent directement de l’enfer. C’est ce que je ne puis admettre en présence de communications comme celle-ci : « Croyez en Dieu créateur et organisateur des sphères, aimez Dieu créateur et protecteur des âmes… Signé : GALILÉE. »
Le diable n’a pas dû parler toujours comme cela ; car, s’il en était ainsi, les hommes lui auraient fait une réputation qu’il n’aurait pas méritée. Et s’il est vrai qu’il ait manqué de respect envers Dieu, avouons qu’il a bien mis de l’eau dans son vin.
Moi aussi j’ai été incrédule, je ne pouvais pas me persuader que Dieu permettrait jamais à notre Esprit de communiquer à notre insu avec l’Esprit d’une personne vivante ; cependant il a bien fallu me rendre à l’évidence. J’ai pensé, et un dormeur m’a répondu clairement, catégoriquement ; aucun son, aucun frémissement ne s’est produit dans mon cerveau. L’Esprit du dormeur a donc correspondu avec le mien à mon insu ! Voilà ce que j’atteste.
Avant cette découverte, je pensais que Dieu avait mis une barrière infranchissable entre le monde matériel et le monde spirituel. Je me suis trompé, voilà tout. Et il semble que plus j’étais incrédule, plus Dieu ait voulu me détromper en mettant sous mes yeux des faits extraordinaires et patents.
J’ai voulu écrire moi-même, afin de n’être pas mystifié par un tiers ; ma main n’a jamais fait le moindre mouvement. J’ai mis la plume dans la main d’un enfant de quatorze ans, il s’est endormi sans que je le désirasse. Voyant cela, je me suis retiré dans mon jardin, avec la conviction que cette prétendue vérité n’était qu’un rêve ; mais en rentrant dans ma maison je remarquai que l’enfant avait écrit. Je m’approchai pour lire, et je vis à ma très grande surprise que l’enfant avait répondu à toutes mes pensées. Protestant toujours, malgré ce fait et voulant dérouter le dormeur, je fis mentalement une question sur l’histoire ancienne. Sans hésiter, le dormeur y répondit catégoriquement.
Arrêtons-nous ici, et présentons en peu de mots quelques observations.
Supposons qu’il n’y ait pas eu l’intervention des Esprits d’un autre monde, toujours est-il que l’Esprit du dormeur et le mien étaient en parfaite correspondance. Voilà donc un fait, suivant moi, qui mérite qu’on l’étudie. Mais il y a des hommes si savants qu’ils n’ont plus rien à étudier et qui préfèrent me dire que je suis un fou.
Un fou, soit, mais plus tard nous verrons bien celui ou ceux qui seront dans l’erreur.
Si j’avais articulé une seule parole, si j’avais fait le moindre signe, je ne me serais pas rendu ; mais je n’ai pas bougé, je n’ai pas parlé : que dis-je, je n’ai pas respiré !
Eh bien ! y a-t-il un savant qui veuille causer avec moi sans dire une parole ou sans m’écrire ? y en a-t-il un qui veuille traduire ma pensée sans me connaître, sans m’avoir vu ? Et ce qui est plus fort, ne puis-je pas le tromper même en lui parlant, et cela, sans qu’il s’en doute ? Ceci ne pouvait pas se faire avec le médium en question. J’ai essayé maintes fois, je n’ai pas réussi.
Si vous le permettez, je vous donnerai dans la suite quelques-unes des communications que j’ai obtenues.
C***.
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