M. Émile, qui a obtenu la communication ci-dessus et beaucoup d’autres non moins remarquables, est un tout jeune homme. Il n’est pas seulement un excellent médium écrivain, il est aussi médium peintre, quoiqu’il n’ait appris ni le dessin, ni la peinture ; il peint à l’huile des paysages et divers sujets pour lesquels il est conduit à choisir, à mélanger et à assortir les couleurs qui lui sont nécessaires. Au point de vue de l’art, ses tableaux ne sont certes pas irréprochables, quoique à certaines expositions on en voie qui ne valent pas beaucoup mieux ; ils manquent surtout de fini et de moelleux, les tons sont durs et trop accentués ; mais quand on songe aux conditions dans lesquelles ils sont faits, ils n’en sont pas moins très remarquables. Qui sait si, avec de l’exercice, il n’acquierra pas l’habileté qui lui manque et ne deviendra pas un peintre véritable, comme cet ouvrier bordelais, qui, sachant à peine signer son nom, a écrit comme médium, et a fini par avoir une jolie écriture pour son usage personnel, sans autre maître que les Esprits ?
Lorsque nous avons vu M. Émile V…, il était en train de finir un tableau allégorique, où l’on voit un cercueil sur lequel est écrit : Ci gît dix-huit siècles de lumière. Nous nous permîmes de critiquer cette inscription au point de vue grammatical, et nous ne comprîmes pas tout d’abord le sens de cette allégorie plaçant dix-huit siècles de lumières dans un cercueil, attendu, disions-nous, que l’humanité, grâce surtout au Christianisme, est plus éclairée aujourd’hui qu’elle ne l’était jadis. C’était dans la séance du 16, dans laquelle il obtint la communication rapportée ci-dessus. L’Esprit répondit à nos observations, en ajoutant ce qui suit à cette communication.
« Ci gît est mis avec intention. Le sujet n’est pas exprimé par le nombre dix-huit représentant des siècles ; c’est un total de siècles, une idée collective, comme s’il y avait un laps de temps de dix-huit siècles. Vous pourrez dire à vos grammairiens de ne pas confondre une idée collective avec une idée de séparation. Ne disent-ils pas eux-mêmes de la foule, qui peut se composer d’un nombre incalculable de personnes, qu’elle peut se mouvoir ? C’est assez sur ce sujet ; cela doit être ainsi, parce que c’est l’idée même.
« Maintenant, abordons l’allégorie. Dix-huit siècles de lumières dans un cercueil ! Cette idée représente tous les efforts que la vérité a faits depuis ce temps ; efforts qui, toujours, ont été terrassés par l’esprit de parti, par l’égoïsme. Dix-huit siècles de lumières au grand jour, ce serait dix-huit siècles de bonheur pour l’humanité, dix-huit siècles qui ne font encore que germer sur la terre et qui auraient eu leur développement. Christ apportera la vérité sur la terre et la mit à la portée de tout le monde ; que devint-elle ? Les passions terrestres s’en emparèrent ; elle fut enfouie dans un cercueil, d’où le Spiritisme vient la sortir. Voilà l’allégorie.
« LÉON de Muriane. »
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