Ils viendront tous, enfin, travailler à la vigne ; je les vois déjà ; ils arrivent en nombre ; les voici qui accourent. Allons ! à l’œuvre, enfants ; voici que Dieu veut que tous vous y travailliez.
Semez, semez, et un jour vous récolterez avec abondance. Voyez à l’orient ce beau soleil ; comme il se lève radieux et éblouissant ! il vient pour vous réchauffer et faire grossir les grappes de la vigne. Allons, enfants ! les vendanges seront splendides, et chacun de vous viendra boire dans la coupe le vin sacré de la régénération. C’est le vin du Seigneur qui sera versé au banquet de la fraternité universelle ! Là, toutes les nations seront réunies en une seule et même famille et chanteront les louanges d’un même Dieu. Armez-vous donc de socs et de couperets, vous qui voulez vivre éternellement ; attachez les ceps, afin qu’ils ne tombent point et se tiennent droits, et leurs têtes monteront au ciel. Il y en aura qui auront cent coudées, et les Esprits des mondes éthérés viendront en presser les grains et s’y rafraîchir ; le jus sera tellement puissant qu’il donnera la force et le courage aux faibles ; il sera le lait nourricier du petit.
Voici la vendange qui va se faire ; elle se fait déjà ; on prépare les vases qui doivent contenir la liqueur sacrée ; approchez vos lèvres, vous qui voulez goûter, car cette liqueur vous enivrera d’une céleste ivresse, et vous verrez Dieu dans vos songes, en attendant que la réalité succède au rêve.
Enfants ! cette vigne splendide qui doit s’élever vers Dieu, c’est le Spiritisme. Adeptes fervents, il faut la monter puissante et forte, et vous, petits, il faut que vous aidiez les forts à la soutenir et à la propager ! Coupez-en les bourgeons, et plantez-les dans un autre champ ; ils produiront de nouvelles vignes et d’autres bourgeons dans tous les pays du monde.
Oui, je vous le dis : enfin tout le monde boira du jus de la vigne, et vous le boirez dans le royaume du Christ avec le Père céleste ! Soyez donc frais et dispos, et ne vivez pas d’une vie austère. Dieu ne vous demande pas de vivre d’austérités et de privations ; il ne demande point que vous couvriez votre corps d’un cilice : il veut que vous viviez seulement selon la charité et selon le cœur. Il ne veut point de mortifications qui détruisent le corps ; il veut que chacun se chauffe à son soleil, et s’il a fait des rayons plus froids les uns que les autres, c’est pour faire comprendre à tous combien il est fort et puissant. Non, ne vous couvrez point de cilice ; n’abîmez point vos chairs sous les coups de la discipline ; pour travailler à la vigne, il faut être robuste et puissant ; il faut à l’homme la vigueur que Dieu lui a donnée. Il n’a point créé l’humanité pour en faire une race bâtarde et amaigrie ; il l’a faite comme manifeste de sa gloire et de sa puissance.
Vous qui voulez vivre de la vraie vie, vous êtes dans les voies du Seigneur, quand vous avez donné le pain aux malheureux, l’obole aux souffrants et votre prière à Dieu. Alors, quand la mort fermera vos paupières, l’ange du Seigneur dira tout haut vos bienfaits, et votre âme, portée sur les ailes blanches de la charité, montera à Dieu aussi belle et aussi pure qu’un beau lis qui s’épanouit le matin sous un soleil printanier.
Priez, aimez et faites la charité, mes frères ; la vigne est large, le champ du Seigneur est grand ; venez, venez, Dieu et le Christ vous appellent, et moi je vous bénis.
Saint Augustin.
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