Petite mère, il est nuit close,
Et je sens le sommeil venir ;
Vite, mets-moi dans mon lit rose,
Ou sur tes bras je vais dormir.
Enfant, à Dieu fais ta prière.
Allons, ma fille, à deux genoux
Prions ensemble pour ton père
Qui est au ciel !… bien loin de nous.
Il est là-haut, n’est-ce pas, mère ?
Tout près de lui Dieu l’a voulu ;
Les méchants seuls ont sa colère,
Mais petit père est son élu !
Que Dieu t’entende !… ô fille chère !
Que ton désir soit écouté !
Demandons-lui pour ton bon père
Repos !… bonheur !… félicité !
Je prie aussi pour toi, ma mère ;
Je dis à Dieu : « Vous, tout-puissant,
« Vous m’avez pris déjà mon père,
« Laissez la mère à son enfant. »
Merci !… merci !… ma Gabrielle.
Si jeune encor ton cœur est bon !
Sur toi, d’en haut, ton père veille :
Je vois son âme sur ton front.
Je voudrais bien, mère chérie,
Puisque mon père nous entend,
Qu’il vînt ici de l’autre vie
Pour embrasser sa chère enfant.
Demande à Dieu qu’un tel prodige
Ait lieu pour nous qui souffrons tant !…
L’âme d’un mort parfois voltige
Autour du lit de son enfant.
Petite mère, il est nuit close,
Et je sens le sommeil venir…
Vite, mets-moi dans mon lit rose !…
Bonsoir, maman !… je vais dormir.
Mais non !… je vois !… C’est bien mon père !
Il est ici… près de mon lit
Approche donc, petite mère !
Il nous regarde et nous sourit…
Tiens, sur mon front je sens sa bouche ;
Sa main caresse mes cheveux !…
Comme toi-même il clôt ma bouche,
Et je le vois monter aux cieux !
Petite mère, il est nuit close,
Et ton enfant ne peut dormir…
C’est que mon père, à ce lit rose,
A bien promis de revenir !
Ton ange gardien. |