Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Revue spirite — Année V — Août 1862.

(Langue portugaise)

MÉRITE DE LA PRIÈRE.

1. — La même personne [madame F…] dont il est question dans le fait précédent eut un jour la communication spontanée suivante, dont elle ne comprit pas tout d’abord l’origine :


« Vous ne m’avez pas oubliée, et jamais votre Esprit n’a eu un sentiment de pardon pour moi. Il est vrai que je vous ai fait bien du mal ; mais j’en suis punie depuis longtemps. Je n’ai pas cessé de souffrir. Je vous vois suivre les devoirs que vous remplissez avec tant de courage, pour subvenir aux besoins de votre famille, l’envie n’a cessé de me dévorer le cœur. Votre… (Ici, nous nous sommes arrêtées pour demander qui ce pouvait être. L’Esprit ajoute : « Ne m’interrompez pas ; je me nommerai quand j’aurai fini. ») … résignation, que j’ai suivie, a été un de mes plus grands maux. Ayez un peu de pitié de moi, si vous êtes réellement disciple du Christ. J’étais bien seule sur la terre, quoiqu’au milieu des miens, et l’envie a été mon plus grand vice. C’est par envie que j’ai dominé votre mari. Vous sembliez reprendre de l’empire sur lui alors que je vous ai connue, et je me suis placée entre vous. Pardonnez-moi et ayez courage : Dieu aura pitié de vous à son tour. Ma sœur, que j’ai opprimée pendant ma vie, est la seule qui ait prié pour moi ; mais ce sont vos prières qu’il me faut. Les autres n’ont pas pour moi le sceau du pardon. Adieu, pardonnez.

« ANGÈLE Rouget. »


Cette dame ajoute : « Je me rappelai alors parfaitement la personne morte il y a environ vingt-cinq ans, et à laquelle je n’avais pas pensé depuis bien des années. Je me demande comment il se peut que les prières de sa sœur, vertueuse et douce créature, dévouée, pieuse et résignée, ne soient pas plus fructueuses que les miennes. Cependant vous pensez bien, d’après cela, j’ai prié et pardonné. »


Réponse. — L’Esprit en donne lui-même l’explication quand il dit : « Les prières des autres n’ont pas pour moi le sceau du pardon. » En effet, cette dame étant la principale offensée, et ayant le plus souffert de la conduite de cette femme, dans sa prière il y avait pardon, ce qui devait plus toucher l’Esprit coupable. Sa sœur, en priant, ne faisait pour ainsi dire qu’accomplir un devoir ; de l’autre côté, il y avait acte de charité. L’offensée avait plus de droit et de mérite à demander grâce ; son pardon devait donc d’autant plus tranquilliser l’Esprit. Or, on sait que le principal effet de la prière est d’agir sur le moral de l’Esprit, soit pour le calmer, soit pour le ramener au bien ; en le ramenant au bien, elle hâte la clémence du Juge suprême, qui pardonne toujours au pécheur repentant.

La justice humaine, tout imparfaite qu’elle est vis-à-vis de la justice divine, nous offre de fréquents exemples semblables. Qu’un homme soit traduit devant les tribunaux pour une offense envers quelqu’un, nul ne plaidera mieux en sa faveur et n’obtiendra plus facilement sa grâce que l’offensé lui-même venant généreusement retirer sa plainte.


2. — Cette communication ayant été lue à la société de Paris, donna lieu à la question suivante, proposée par un de ses membres :

« Les Esprits réclament sans cesse les prières des mortels ; est-ce que les bons Esprits ne prient pas aussi pour les Esprits souffrants, et dans ce cas pourquoi celles des hommes sont-elles plus efficaces ? »


La réponse suivante fut donnée dans la même séance, par saint Augustin ; médium, M. E. Vézy :

Priez toujours, enfants ; je vous l’ai déjà dit : la prière est une rosée bienfaisante qui doit rendre moins aride la terre desséchée. Je viens vous le répéter encore, et j’y ajoute quelques mots en réponse à la question que vous adressez. Pourquoi donc, dites-vous, les Esprits souffrants vous demandent-ils des prières de préférence à nous ? Les prières des mortels sont-elles plus efficaces que celles des bons Esprits ? — Qui vous a dit que nos prières n’avaient pas la vertu de répandre la consolation et de donner de la force aux Esprits faibles qui ne peuvent aller à Dieu qu’avec peine et souvent avec découragement ? S’ils implorent vos prières, c’est qu’elles ont le mérite des émanations terrestres montant volontairement à Dieu, et que, celles-là, il les goûte toujours, venant de votre charité et de votre amour.

Pour vous, prier, c’est abnégation ; pour nous, c’est devoir. L’incarné qui prie pour son prochain remplit la noble tâche des purs Esprits ; sans en avoir le courage et la force, il accomplit leurs merveilles. C’est le propre de notre vie, à nous, que de consoler l’Esprit en peine et souffrant ; mais une de vos prières, à vous, c’est le collier que vous détachez votre cou pour le donner à l’indigent ; c’est le pain que vous retirez de votre table pour le donner à celui qui a faim, et voilà pourquoi vos prières sont agréables à celui qui les entend. Un père n’accède-t-il pas toujours à la prière de l’enfant prodigue ? N’appelle-t-il pas tous ses serviteurs pour tuer le veau gras au retour de l’enfant coupable ? Comment ne ferait-il pas davantage encore pour celui-ci même s’il vient à ses genoux lui dire : « O mon père, je suis bien coupable ; je ne vous demande point grâce, mais pardonnez à mon frère repentant, plus faible et moins coupable que moi ! » Oh ! c’est alors que le père est attendri ; c’est alors qu’il arrache de sa poitrine tout ce qu’elle peut contenir de dons et d’amour. Il dit : « Tu étais plein d’iniquités ; tu t’es dit criminel ; mais comprenant l’énormité de tes fautes, tu ne m’as pas crié grâce pour toi ; tu acceptes les souffrances de mon châtiment, et malgré tes tortures, ta voix a assez de force pour prier pour ton frère ! » Eh bien ! le père ne veut pas avoir moins de charité que le fils : il pardonne à tous deux ; à l’un et à l’autre il tendra les mains pour qu’ils puissent marcher droit dans le sentier qui mène à sa gloire.

Voilà, mes enfants, pourquoi les Esprits souffrants qui rôdent autour de vous implorent vos prières ; nous devons prier, nous ; vous, vous pouvez prier. Prière du cœur, tu es l’âme des âmes si je puis m’exprimer ainsi ; quintessence sublime qui monte toujours chaste, belle et radieuse dans l’âme plus vaste de Dieu !

Saint Augustin.



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