1. — Messieurs et chers collègues,
Au moment où notre société commence sa quatrième année, je crois que nous devons un remerciement spécial aux bons Esprits qui ont bien voulu nous assister, et, en particulier, à notre Président spirituel [Saint Louis] dont les sages conseils ont su nous préserver de plus d’un écueil, et dont la protection nous a fait surmonter les difficultés qui ont été semées sur notre route, sans doute pour mettre à l’épreuve notre dévouement et notre perspicacité. Nous devons le reconnaître, sa bienveillance ne nous a jamais fait défaut, et, grâce au bon esprit dont la Société est maintenant animée, elle a triomphé du mauvais vouloir de ses ennemis. Permettez-moi, à ce sujet, quelques observations rétrospectives.
2. — L’expérience nous avait démontré des lacunes regrettables dans la constitution de la Société, lacunes qui ouvraient la porte à certains abus ; la Société les a comblées, et depuis lors elle n’a eu qu’à s’en applaudir.
Réalise-t-elle l’idéal de la perfection ? Nous ne serions pas Spirites si nous avions l’orgueil de le croire ; mais quand la base est bonne et que le reste ne dépend que de la volonté, il faut espérer que, les bons Esprits aidant, nous ne nous arrêterons pas en chemin.
Au nombre des réformes les plus utiles, il faut placer en première ligne l’institution des Associés libres, qui donne un accès plus facile aux candidats, tout en leur permettant de se faire connaître et apprécier avant leur admission définitive comme membres titulaires ; participant aux travaux et aux études de la Société, ils profitent de tout ce qui s’y fait ; mais, comme ils n’ont pas voix dans la partie administrative, ils ne peuvent, dans aucun cas, engager la responsabilité de la Société. Vient ensuite la mesure qui a eu pour objet de restreindre le nombre des auditeurs, et d’entourer de plus de difficultés, par un choix plus sévère, leur admission aux séances ; puis, celle qui interdit la lecture de toute communication obtenue en dehors de la Société, avant qu’au préalable il n’en ait été pris connaissance, et que cette lecture n’ait été autorisée ; enfin, celles qui arment la Société contre quiconque pourrait y porter la perturbation, ou tenterait d’y imposer sa volonté.
3. — Il en est d’autres encore qu’il serait superflu de rappeler, dont l’utilité n’est pas moins grande, et dont nous sommes chaque jour à même d’apprécier les heureux résultats. Mais si cet état de choses est compris dans le sein de la Société, il n’en est pas de même au dehors, où, il ne faut pas se le dissimuler, nous n’avons pas que des amis. On nous critique sur plusieurs points, et quoique nous n’ayons pas à nous en préoccuper, puisque l’ordre de la Société n’intéresse que nous, il n’est peut-être pas inutile de jeter un coup d’œil sur ce que l’on nous reproche, parce qu’en définitive, si ces reproches étaient fondés, nous devrions en profiter.
Certaines personnes blâment la sévère restriction apportée dans l’admission des auditeurs ; elles disent que, si nous voulons faire des prosélytes, il faut éclairer le public, et, pour cela, lui ouvrir les portes de nos séances, autoriser toutes questions et toutes interpellations ; que si nous n’admettons que des gens croyants, nous n’avons pas grand mérite à les convaincre. Ce raisonnement est spécieux, et si, en ouvrant nos portes au premier venu, le résultat supposé était atteint, certes nous aurions tort de ne pas le faire ; mais comme c’est le contraire qui arriverait, nous ne le faisons pas.
Il serait, du reste, bien fâcheux que la propagation de la doctrine fût subordonnée à la publicité de nos séances ; quelque nombreux que pût être l’auditoire, il serait toujours fort restreint, imperceptible, comparé à la masse de la population. D’un autre côté nous savons, par expérience, que la véritable conviction ne s’acquiert que par l’étude, la réflexion et une observation soutenue, et non en assistant à une ou deux séances quelque intéressantes qu’elles soient ; et cela est si vrai, que le nombre de ceux qui croient sans avoir rien vu, mais parce qu’ils ont étudié et compris, est immense. Sans doute le désir de voir est très naturel, et nous sommes loin de le blâmer, mais nous voulons que l’on voie dans des conditions profitables ; voilà pourquoi nous disons : Étudiez d’abord et vous verrez ensuite, parce que vous comprendrez mieux.
Si les incrédules réfléchissaient à cette condition, ils y verraient la meilleure garantie de notre bonne foi d’abord, et ensuite de la puissance de la doctrine. Ce que le charlatanisme redoute le plus, c’est d’être compris ; il fascine les yeux et n’est pas assez sot pour s’adresser à l’intelligence qui découvrirait aisément le dessous de carte. Le Spiritisme, au contraire, n’admet pas de confiance aveugle ; il veut être clair en tout ; il veut que l’on comprenne tout, que l’on se rende compte de tout ; donc, quand nous prescrivons d’étudier et de méditer, c’est appeler le concours de la raison, et prouver que la science spirite ne redoute pas l’examen, puisque avant de croire nous faisons une obligation de comprendre.
4. — Nos séances n’étant pas des séances de démonstration, leur publicité n’atteindrait donc pas le but, et aurait de graves inconvénients ; avec un public sans choix, apportant plus de curiosité que de véritable désir de s’instruire, et encore plus d’envie de critiquer et de railler, il serait impossible d’avoir le recueillement indispensable pour toute manifestation sérieuse ; une controverse plus ou moins malveillante, et basée, la plupart du temps, sur l’ignorance des principes les plus élémentaires de la science, entraînerait de perpétuels conflits où la dignité pourrait être compromise. Or, ce que nous voulons, c’est que, si en sortant de chez nous les auditeurs n’emportent pas la conviction, ils emportent de la Société l’idée d’une assemblée grave, sérieuse, qui se respecte et sait se faire respecter, qui discute avec calme et modération, examine avec soin, approfondit tout avec l’œil de l’observateur consciencieux qui cherche à s’éclairer, et non avec la légèreté du simple curieux. Et croyez-le bien, messieurs, cette opinion fait plus pour la propagande que s’ils sortaient avec la seule pensée d’avoir satisfait leur curiosité, car l’impression qui en résulte les porte à réfléchir, tandis que dans le cas contraire, ils seraient plus disposés à rire qu’à croire.
J’ai dit que nos séances ne sont pas des séances de démonstration, mais si jamais nous en faisions de ce genre, à l’usage des novices qu’il s’agirait d’instruire et de convaincre, tout s’y passerait avec autant de gravité et de recueillement que dans nos séances ordinaires ; la controverse s’y établirait avec ordre, de manière à être instructive et non tumultueuse, et quiconque s’y permettrait un mot déplacé en serait exclus ; alors l’attention serait soutenue, et la discussion même serait profitable à tout le monde ; c’est probablement ce que nous ferons un jour. On nous demandera, sans doute, pourquoi nous ne l’avons pas fait plus tôt dans l’intérêt de la vulgarisation de la science ; la raison en est simple : c’est que nous avons voulu procéder avec prudence, et non comme des étourdis plus impatients que réfléchis ; avant d’instruire les autres, nous avons voulu nous instruire nous-mêmes. Nous voulons appuyer notre enseignement sur une masse imposante de faits et d’observations, et non sur quelques expériences décousues, observées à la légère et superficiellement. Toute science, à son début, rencontre forcément des faits qui, au premier abord, paraissent contradictoires, et dont une étude complète, minutieuse, peut seule démontrer la connexion ; c’est la loi commune de ces faits que nous avons voulu rechercher, afin de présenter un ensemble aussi complet, aussi satisfaisant que possible, et donnant le moins possible prise à la contradiction. Dans ce but, nous recueillons les faits, nous les examinons, nous les scrutons dans ce qu’ils ont de plus intime, nous les commentons, nous les discutons froidement, sans enthousiasme, et c’est ainsi que nous sommes arrivés à découvrir l’admirable enchaînement qui existe dans toutes les parties de cette vaste science qui touche aux plus graves intérêts de l’humanité. Tel a été jusqu’à présent, messieurs, l’objet de nos travaux, objet parfaitement caractérisé par le simple titre de Société des études spirites que nous avons adopté. Nous nous réunissons dans le but de nous éclairer et non de nous distraire ; ne cherchant point à nous amuser, nous ne voulons pas amuser les autres ; voilà pourquoi nous tenons à n’avoir que des auditeurs sérieux, et non des curieux qui croiraient trouver ici un spectacle. Le Spiritisme est une science, et, pas plus que toute autre science, il ne peut s’apprendre en se jouant ; bien plus, prendre les âmes de ceux qui ne sont plus comme sujet de distraction, ce serait manquer au respect qu’on leur doit ; spéculer sur leur présence et leur intervention, serait une impiété et une profanation.
Ces réflexions répondent au reproche que quelques personnes nous ont adressé, de revenir sur des faits connus, et de ne pas constamment chercher du nouveau. Au point où nous en sommes, il est difficile qu’à mesure que nous avançons, les faits qui se produisent ne roulent pas à peu près dans le même cercle ; mais on oublie que des points aussi importants que ceux qui touchent à l’avenir de l’homme ne peuvent arriver à l’état de vérité absolue qu’après un grand nombre d’observations ; il y aurait de la légèreté à formuler une loi sur quelques exemples ; l’homme sérieux et prudent est plus circonspect ; non seulement il veut tout voir, mais voir beaucoup et souvent ; c’est pourquoi nous ne reculons pas devant la monotonie des répétitions, parce qu’il en ressort des confirmations et souvent des nuances instructives, et que si nous y découvrions des faits contradictoires, nous en rechercherions la cause.
Nous ne nous sommes point hâtés de prononcer sur de premières données nécessairement incomplètes ; avant de cueillir nous attendons la maturité. Si nous avons été moins en avant que quelques-uns l’eussent désiré au gré de leur impatience, nous avons marché plus sûrement, sans nous égarer dans le labyrinthe des systèmes ; nous savons peut-être moins de choses, mais nous savons mieux, ce qui est préférable, et nous pouvons affirmer ce que nous savons sur la foi de l’expérience.
Ne croyez pas, du reste, messieurs, que l’opinion de ceux qui critiquent l’organisation de la Société soit celle des vrais amis du Spiritisme ; non, c’est celle de ses ennemis, qui sont vexés de voir la Société poursuivre sa route avec calme et dignité à travers les embûches qu’ils lui ont tendues et lui tendent encore ; ils regrettent que l’accès en soit difficile, parce qu’ils seraient enchantés d’y venir semer le trouble. C’est dans ce but qu’ils la blâment encore de limiter le cercle de ses travaux, et prétendent qu’elle ne s’occupe que de choses insignifiantes et sans portée, parce qu’elle s’abstient de traiter les questions politiques et religieuses ; ils voudraient la voir entrer dans la controverse dogmatique ; or, c’est là précisément que perce le bout de l’oreille. La Société s’est sagement renfermée dans un cercle inattaquable à la malveillance ; on voudrait, en piquant son amour-propre, l’entraîner dans une voie périlleuse, mais elle ne s’y laissera pas prendre ; en s’occupant exclusivement des questions qui intéressent la science, et qui ne peuvent porter ombrage à personne, elle s’est mise à l’abri des attaques, et elle tient à y rester ; par sa prudence, sa modération, sa sagesse, elle s’est concilié l’estime des vrais Spirites, et son influence s’étend jusque dans les pays lointains d’où l’on aspire à l’honneur d’en faire partie ; or, cet hommage qui lui est rendu par des personnes qui ne la connaissent que de nom, par ses travaux, et par la considération qu’elle s’est acquise, lui est cent fois plus précieux que le suffrage des imprudents trop pressés, ou des malveillants qui voudraient l’entraîner à sa perte, et seraient enchantés de la voir se compromettre. Tant que j’aurai l’honneur de la diriger, tous mes efforts tendront à la maintenir dans cette voie ; si jamais elle devait en sortir, je la quitterais à l’instant même, parce que, à aucun prix, je n’en voudrais assumer la responsabilité.
5. — Au reste, messieurs, vous savez par quelles vicissitudes la Société a passé ; tout ce qui est arrivé avant et depuis a été annoncé, et tout s’est accompli ainsi que cela avait été prévu ; ses ennemis voulaient sa ruine ; les Esprits, qui savaient qu’elle était utile, voulaient sa conservation, et elle s’est maintenue, et elle se maintiendra tant qu’elle sera nécessaire à leurs vues ; si vous aviez été à même d’observer, comme j’ai pu le faire, les choses dans les détails intimes, vous ne pourriez méconnaître l’intervention d’une puissance supérieure, car pour moi elle est manifeste, et vous comprendriez que tout a été pour le mieux et dans l’intérêt de sa propre conservation ; mais il viendra un temps où, telle qu’elle est actuellement, elle ne sera plus indispensable ; nous verrons alors ce que nous aurons à faire, car la marche est tracée en vue de toutes les éventualités.
Les ennemis les plus dangereux de la Société ne sont pas ceux du dehors ; nous pouvons leur fermer nos portes et nos oreilles ; les plus à craindre sont les ennemis invisibles qui pourraient s’introduire ici malgré nous. C’est à nous de leur prouver, comme nous l’avons déjà fait, qu’ils perdraient leur temps s’ils tentaient de s’imposer à nous. Leur tactique, nous le savons, est de chercher à semer la désunion, de jeter des brandons de discorde, d’inspirer la jalousie, la défiance et les puériles susceptibilités qui engendrent la désaffection ; opposons-leur le rempart de la charité, de la bienveillance mutuelle, et nous serons invulnérables aussi bien contre leurs malignes influences occultes que contre les diatribes de nos adversaires incarnés qui s’occupent plus de nous que nous ne nous occupons d’eux ; car nous pouvons, sans amour-propre, nous rendre cette justice que jamais ici leur nom même n’a été prononcé, soit par un sentiment de convenance, soit parce que nous avons à nous occuper de choses plus utiles. Nous ne forçons personne à venir à nous ; nous accueillons avec plaisir et empressement les gens sincères et de bonne volonté, sérieusement désireux de s’éclairer, et nous en trouvons assez pour ne pas perdre notre temps à courir après ceux qui nous tournent le dos par de futiles motifs d’amour-propre ou de jalousie.
Ceux-là ne peuvent être considérés comme de vrais Spirites malgré les apparences ; ce sont peut-être des Spirites croyant aux faits, mais à coup sûr ce ne sont pas des Spirites croyant aux conséquences morales des faits, autrement ils montreraient plus d’abnégation, d’indulgence, de modération, et moins de présomption dans leur infaillibilité. Les rechercher, serait même leur rendre un mauvais service, car ce serait faire croire à leur importance et qu’on ne peut s’en passer. Quant à ceux qui nous dénigrent, nous ne devons pas nous en préoccuper davantage ; des hommes qui valaient cent fois mieux que nous ont été dénigrés et bafoués : nous ne saurions avoir de privilège à cet égard ; c’est à nous de prouver par nos actes que leurs diatribes portent à faux, et les armes dont ils se servent se tourneront contre eux.
6. — Après avoir, en commençant, remercié les Esprits qui nous assistent, nous ne devons pas oublier, leurs interprètes dont quelques-uns nous donnent leur concours avec un zèle, une complaisance qui ne se sont jamais démentis ; nous ne pouvons, en échange, leur offrir qu’un stérile témoignage de notre satisfaction ; mais le monde des Esprits les attend, et là tous les dévouements sont comptés au poids du désintéressement, de l’humilité et de l’abnégation.
7. — En résumé, messieurs, nos travaux ont marché, pendant l’année qui vient de s’écouler, avec une parfaite régularité et rien ne les a interrompus ; une foule de faits du plus haut intérêt ont été rapportés, expliqués et commentés ; des questions fort importantes ont été résolues ; tous les exemples qui ont passé sous nos yeux par les évocations, toutes les investigations auxquelles nous nous sommes livrés sont venus confirmer les principes de la science et nous fortifier dans nos croyances ; de nombreuses communications d’une incontestable supériorité ont été obtenues par divers médiums ; la province et l’étranger nous en ont adressé d’excessivement remarquables, et qui prouvent, non seulement combien le Spiritisme se répand, mais aussi sous quel point de vue grave et sérieux il est maintenant partout envisagé. Ceci, sans doute, est un résultat dont nous devons être heureux, mais il en est un non moins satisfaisant et qui, du reste, est une conséquence de ce qui avait été prédit dès l’origine : c’est l’unité qui s’établit dans la théorie de la doctrine à mesure qu’on l’étudie et qu’on la comprend mieux. Dans toutes les communications qui nous viennent du dehors, nous trouvons la confirmation des principes qui nous sont enseignés par les Esprits, et comme les personnes qui les obtiennent nous sont pour la plupart inconnues, on ne peut dire qu’elles subissent notre influence.
8. — Le principe même de la réincarnation qui avait, au premier abord, trouvé le plus de contradicteurs, parce qu’on ne le comprenait pas, est aujourd’hui accepté par la force de l’évidence, et parce que tout homme qui pense y reconnaît la seule solution possible des plus grands problèmes de la philosophie morale et religieuse. Sans la réincarnation on est arrêté à chaque pas, tout est chaos et confusion ; avec la réincarnation tout s’éclaircit, tout s’explique de la manière la plus rationnelle ; si elle rencontre encore quelques adversaires plus systématiques que logiques, le nombre en est fort restreint ; or qui l’a inventée ? ce n’est à coup sûr ni vous ni moi ; elle nous a été enseignée, nous l’avons acceptée, voilà tout ce que nous avons fait. De tous les systèmes qui ont surgi dans le principe, bien peu survivent aujourd’hui, et on peut dire que leurs rares partisans sont surtout parmi les gens qui jugent sur un premier aspect, et souvent d’après des idées préconçues ou des préjugés ; mais il est évident maintenant que quiconque se donne la peine d’approfondir toutes les questions et juge froidement, sans prévention, sans hostilité systématique surtout, est invinciblement ramené, par le raisonnement autant que par les faits, à la théorie fondamentale qui prévaut aujourd’hui, on peut dire dans tous les pays du monde.
9. — Certes, messieurs, la Société n’a pas tout fait pour ce résultat ; mais je crois que, sans vanité, elle peut en revendiquer une petite part ; son influence morale est plus grande qu’on ne le croit, et cela précisément parce qu’elle n’a jamais dévié de la ligne de modération qu’elle s’est tracée ; on sait qu’elle s’occupe exclusivement de ses études, sans se laisser détourner par les mesquines passions qui s’agitent autour d’elle ; qu’elle le fait sérieusement comme doit le faire toute assemblée scientifique ; qu’elle poursuit son but sans se mêler d’aucune intrigue, sans jeter la pierre à personne, sans même ramasser celles qu’on lui lance ; voilà, sans aucun doute, la principale cause du crédit et de la considération dont elle jouit et dont elle peut justement être fière, et qui donne un certain poids à son opinion. Continuons, messieurs, par nos efforts, par notre prudence et l’exemple de l’union qui doit exister entre de vrais Spirites, à montrer que les principes que nous professons ne sont pas pour nous une lettre morte, et que nous prêchons d’exemple autant que de théorie. Si nos doctrines trouvent de si nombreux échos, c’est qu’apparemment on les trouve plus rationnelles que d’autres ; je doute qu’il en fût de même si nous eussions professé la doctrine de l’intervention exclusive du diable et des démons dans les manifestations spirites, doctrine aujourd’hui complètement ridicule, qui excite plus de curiosité qu’elle ne cause d’effroi, si ce n’est sur quelques personnes timorées, qui bientôt elles-mêmes en reconnaîtront la futilité.
La doctrine spirite, telle qu’elle est aujourd’hui professée, a une ampleur qui lui permet d’embrasser toutes les questions de l’ordre moral ; elle satisfait à toutes les aspirations, et l’on peut dire à la raison la plus exigeante pour quiconque se donne la peine de l’étudier et n’est pas dominé par les préjugés ; elle n’a pas les mesquines restrictions de certaines philosophies ; elle élargit jusqu’à l’infini le cercle des idées, et nulle n’est capable d’élever plus haut la pensée et de sortir l’homme de l’étroite sphère de l’égoïsme dans laquelle on a cherché à le confiner ; elle s’appuie enfin sur les immuables principes fondamentaux de la religion dont elle est la démonstration patente ; voilà, sans aucun doute, ce qui lui conquiert de si nombreux partisans parmi les gens éclairés de toutes les contrées, et ce qui la fera prévaloir dans un temps plus ou moins rapproché, et cela malgré ses adversaires, pour la plupart plus opposés par intérêt que par conviction. Sa marche progressive si rapide, depuis qu’elle est entrée dans la voie philosophique sérieuse, nous est un sûr garant de l’avenir qui lui est réservé, et qui, comme vous le savez, est annoncé de toutes parts. Laissons donc dire et faire ses ennemis, ils ne peuvent rien contre la volonté de Dieu, car rien n’arrive sans sa permission, et comme le disait naguère un ecclésiastique éclairé : Si ces choses ont lieu, c’est que Dieu le permet pour ranimer la foi qui s’éteint dans les ténèbres du matérialisme.
12. Le Spiritisme peut-il être regardé comme une loi nouvelle ? — R. Non, ce n’est pas une loi nouvelle. Les interprétations que les hommes ont données de la loi du Christ ont engendré des luttes qui sont contraires à son esprit ; Dieu ne veut plus qu’une loi d’amour soit un prétexte de désordre et de luttes fratricides. Le Spiritisme, s’exprimant sans ambages et sans allégories, est destiné à ramener à l’unité de croyance ; il est donc la confirmation et l’éclaircissement du Christianisme qui est et qui sera toujours la loi divine, celle qui doit régner sur toute la terre et dont la propagation va être rendue plus facile par cet auxiliaire puissant.
Il y a une image de ce article dans le service Google — Recherche de livres (Revue Spirite 1861).