1. Évocation. — R. Je vous remercie de m’évoquer. Je me souviens de vous et des promenades que vous nous avez fait faire au parc Monceau. †
2. Et votre camarade Charles, qu’en dites-vous ? — R. Charles a beaucoup de chagrin de ma mort. Mais suis-je mort ? Je vois, je vis, je pense comme avant, seulement je ne puis me toucher, et je ne reconnais rien de ce qui m’entoure.
3. Que voyez-vous ? — R. Je vois une grande clarté ; mes pieds ne touchent pas le sol ; je glisse ; je me sens entraîné. Je vois des figures brillantes, et d’autres qui sont enveloppées de blanc ; on me presse, on m’entoure ; les unes me sourient ; les autres me font peur avec leurs regards noirs.
4. Voyez-vous votre mère ? — R. Ah ! oui ; je vois ma mère, et ma sœur, et mon frère ; les voilà tous ! ma mère pleure beaucoup. Je voudrais lui parler comme à vous ; elle verrait que je ne suis pas mort. Comment donc faire pour la consoler ? Je vous en prie, parlez-lui de moi. Je voudrais bien aussi que vous dissiez à Charles que je vais bien m’amuser à le regarder travailler.
5. Voyez-vous votre corps ? — R. Mais oui, je vois mon corps, couché là, tout raide. Je ne suis pourtant pas dans ce trou, puisque me voici.
6. Où êtes-vous donc ? — R. Je suis là, près de votre table, à droite. Je trouve drôle que vous ne me voyiez pas ; je vous vois si bien, moi.
7. Qu’avez-vous ressenti quand vous avez quitté votre corps ? — R. Je ne me rappelle pas trop ce que j’ai senti alors ; j’avais très mal à la tête, et je voyais toutes sortes de choses autour de moi. J’étais tout engourdi ; je voulais remuer, je ne pouvais pas ; mes mains étaient toutes mouillées de sueur, et je sentais un grand travail dans mon corps ; puis je n’ai plus rien senti, et je me suis réveillé très soulagé ; je ne souffrais plus et j’étais léger comme une plume. Alors je me suis vu sur le lit, et pourtant je n’y étais pas ; j’ai vu tout le grand mouvement que l’on faisait, et je m’en suis allé ailleurs.
8. Comment avez-vous su que je vous demandais ? — R. Je ne me rends pas bien compte de tout ceci. J’ai bien entendu que vous me demandiez tout à l’heure, et je suis venu de suite, parce que, comme je disais à Charles, vous n’êtes pas ennuyeuse. Adieu, madame, à revoir. Je reviendrai vous parler, n’est-ce pas ?
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