Les ennemis du progrès, de la lumière et de la vérité, travaillent dans l’ombre ; ils préparent une croisade contre nos manifestations ; n’en prenez nul souci ; vous êtes puissamment soutenus ; laissez-les s’agiter dans leur impuissance. Cependant, par tous les moyens qui sont en votre pouvoir, attachez-vous à combattre, à anéantir l’idée de l’éternité des peines, pensée blasphématoire envers la justice et la bonté de Dieu, source la plus féconde de l’incrédulité, du matérialisme et de l’indifférence qui ont envahi les masses depuis que leur intelligence a commencé à se développer ; l’esprit près de s’éclairer, ne fût-il même que dégrossi, en a bien vite saisi la monstrueuse injustice, sa raison la repousse et alors il manque rarement de confondre dans le même ostracisme et la peine qui le révolte et le Dieu auquel on l’attribue ; de là les maux sans nombre qui sont venus fondre sur vous, et auxquels nous venons apporter remède. La tâche que nous vous signalons vous sera d’autant plus facile que les autorités sur lesquelles s’appuient les défenseurs de cette croyance ont tous évité de se prononcer formellement ; ni les conciles, ni les Pères de l’Église n’ont tranché cette grave question. Si d’après les Évangélistes eux-mêmes, et en prenant au pied de la lettre les paroles emblématiques du Christ, il a menacé les coupables d’un feu qui ne s’éteint pas, d’un feu éternel, il n’est absolument rien dans ses paroles qui prouve qu’il y ait condamné ces coupables éternellement.
Pauvres brebis égarées, sachez voir venir de loin le bon Pasteur, qui loin de vouloir vous bannir à tout jamais de sa présence, vient lui-même à votre rencontre pour vous ramener au bercail. Enfants prodigues, quittez votre exil volontaire ; tournez vos pas vers la demeure paternelle : le père vous tend les bras et se tient toujours prêt à fêter votre retour en famille.
Lamennais.