Si vous pouviez un instant réfléchir sur la perte du temps, mais y réfléchir bien sérieusement, et circuler le tort immense que vous vous faites, vous verriez combien cette heure, cette minute écoulée inutilement et que vous ne pouvez rattraper, pouvait être nécessaire à votre bien futur. Tous les trésors de la terre ne sauraient vous la rendre ; et si vous l’avez mal passée, un jour vous serez obligé de la réparer par l’expiation, et d’une manière terrible peut-être ! que ne donneriez-vous alors pour rattraper ce temps perdu ! Vœux inutiles ; regrets superflus !
Aussi, pensez-y bien, c’est dans votre intérêt futur et même présent ; car souvent les regrets nous atteignent sur la terre même. Quand Dieu vous demandera compte de l’existence qu’il vous a donnée, de la mission que vous aviez à remplir, que lui répondrez-vous ? Vous serez comme l’envoyé d’un souverain, qui loin d’accomplir les ordres de son maître, passerait le temps à s’amuser et ne s’occuperait nullement de l’affaire pour laquelle on l’aurait accrédité ; quelle responsabilité n’encourrait-il pas à son retour ? Vous êtes ici-bas les envoyés de Dieu, et vous aurez à lui rendre compte de votre temps passé avec vos frères. Je vous recommande cette méditation.
Massillon.