Mes enfants, votre père a bien fait d’appeler votre sérieuse attention sur les phénomènes qui se produisent dans les séances qui vous occupent depuis quelques jours. A les juger selon les instructions de certains Esprits sectaires, ignorants ou dominateurs, ces effets sont surnaturels.
N’en croyez rien, mes enfants ; rien de ce qui arrive n’est surnaturel ; s’il l’était, le bon sens vous dit qu’il n’arriverait qu’en dehors de la nature, et alors vous ne le verriez pas. Pour que vos yeux ou vos sens perçoivent une chose, il faut de toute nécessité que cette chose soit naturelle. Avec quelque peu de réflexion, il n’est pas un Esprit sérieux qui puisse consentir à croire aux choses surnaturelles. Je ne veux pas dire par là qu’il n’y ait pas des choses qui paraissent telles à votre intelligence, mais la seule raison en est que vous ne les comprenez pas. Lorsque quelque fait vous semblera sortir de ce que vous croyez naturel, gardez-vous de cette paresse d’esprit qui vous induirait à croire qu’il est surnaturel ; cherchez à le comprendre ; c’est pour cela que l’intelligence vous a été donnée. A quoi vous servirait-elle si vous deviez vous contenter d’apprendre et de croire ce que vous ont enseigné vos prédécesseurs ? Il faut que chacun mette son intelligence au service du progrès, qui est l’œuvre collective de tous. Puisque vous êtes doués de la pensée, pensez ; puisque vous avez du jugement, ce n’est pas pour rien, examinez et jugez. N’acceptez les jugements tout faits qu’après les avoir passés au creuset de votre raison. Doutez longtemps si vous n’avez pas la certitude, mais ne niez jamais ce que vous ne comprenez pas. Examinez, examinez sérieusement. Le paresseux, l’inintelligent, l’indifférent seuls acceptent comme vrai ou faux tout ce qu’ils entendent affirmer ou nier. Enfin, mes enfants, faites tous vos efforts pour devenir des êtres sérieux et utiles, afin de bien remplir la mission qui vous est confiée. Il n’est jamais trop tôt de s’occuper de ce qui est bien et bon ; commencez donc de bonne heure à vous occuper des choses sérieuses ; le temps des futilités est toujours trop long : il est perdu pour votre progrès, que vous ne devez par perdre de vue un instant. Les choses de la terre ne sont rien ; elles ne servent qu’à votre passage à un autre état, qui sera d’autant plus parfait que vous l’aurez mieux préparé.
Votre grand’mère.
Allan Kardec.
Paris. — Typ. H. CARION, rue Bonaparte, 64. †