1. — Bien que les manifestations spirites aient eu lieu à toutes les époques, il est incontestable qu’elles se produisent aujourd’hui d’une manière exceptionnelle. Les Esprits, interrogés sur ce fait, ont été unanimes dans leur réponse : « Les temps, disent-ils, marqués par la Providence pour une manifestation universelle sont arrivés. Ils sont chargés de dissiper les ténèbres de l’ignorance et des préjugés ; c’est une ère nouvelle qui commence et prépare la régénération de l’humanité. » Cette pensée se trouve développée d’une manière remarquable dans une lettre que nous recevons d’un de nos abonnés et dont nous extrayons le passage suivant :
2. — Chaque chose a son temps ; la période qui vient de s’écouler semble avoir été spécialement destinée par le Tout-Puissant au progrès des sciences mathématiques et physiques, et c’est probablement en vue de disposer les hommes aux connaissances exactes qu’il se sera opposé pendant longtemps à la manifestation des Esprits, comme si cette manifestation eût dû nuire au positivisme que demande l’étude des sciences ; il a voulu, en un mot, habituer l’homme à demander aux sciences d’observation l’explication de tous les phénomènes qui devaient se produire à ses yeux.
« La période scientifique semble aujourd’hui s’épuiser, et, après les progrès immenses qu’elle a vus s’accomplir, il ne serait pas impossible que la nouvelle période qui doit lui succéder fût consacrée par le Créateur à des initiations de l’ordre psychologique. Dans l’immuable loi de perfectibilité qu’il a posée pour les humains, que peut-il faire après les avoir initiés aux lois physiques du mouvement et leur avoir révélé des moteurs avec lesquels ils changent la face du globe ? L’homme a sondé les profondeurs les plus reculées de l’espace ; la marche des astres et le mouvement général de l’univers n’ont plus de secrets pour lui ; il lit dans les couches géologiques l’histoire de la formation du globe ; la lumière, à son gré, se transforme en images durables ; il maîtrise la foudre ; avec la vapeur et l’électricité il supprime les distances, et la pensée franchit l’espace avec la rapidité de l’éclair. Arrivé à ce point culminant dont l’histoire de l’humanité n’offre aucun exemple, quel qu’ait pu être le degré de son avancement dans les siècles reculés, il me semble rationnel de penser que l’ordre psychologique lui ouvre une nouvelle carrière dans la voie du progrès. C’est du moins ce qu’on pourrait induire des faits qui se produisent de nos jours et se répètent de tous côtés. Espérons donc que le moment approche, s’il n’est pas encore arrivé, où le Tout-Puissant va nous initier à de nouvelles, grandes et sublimes vérités. C’est à nous de le comprendre et de le seconder dans l’œuvre de la régénération. »
3. — Cette lettre est de M. Georges dont nous avons parlé dans notre premier numéro. Nous ne pouvons que le féliciter de ses progrès dans la doctrine ; les vues élevées qu’il développe montrent qu’il la comprend sous son véritable point de vue ; pour lui elle ne se résume pas dans la croyance aux Esprits et à leurs manifestations : c’est toute une philosophie. Nous admettons, comme lui, que nous entrons dans la période psychologique et nous trouvons les raisons qu’il nous donne parfaitement rationnelles, sans croire toutefois que la période scientifique ait dit son dernier mot ; nous croyons au contraire quelle nous réserve bien d’autres prodiges. Nous sommes à une époque de transition où les caractères des deux périodes se confondent.
Les connaissances que les Anciens possédaient sur la manifestation des Esprits ne seraient point un argument contre l’idée de la période psychologique qui se prépare. Remarquons en effet que dans l’antiquité ces connaissances étaient circonscrites dans le cercle étroit des hommes d’élite ; le peuple n’avait à ce sujet que des idées faussées par les préjugés et défigurées par le charlatanisme des prêtres, qui s’en servaient comme d’un moyen de domination. Comme nous l’avons dit autre part, ces connaissances ne se sont jamais perdues et les manifestations se sont toujours produites ; mais elles sont restées à l’état de faits isolés, sans doute parce que le temps de les comprendre n’était pas venu. Ce qui se passe aujourd’hui a un tout autre caractère ; les manifestations sont générales ; elles frappent la société depuis la base jusqu’au sommet. Les Esprits n’enseignent plus dans l’enceinte mystérieuse d’un temple inaccessible au vulgaire. Ces faits se passent au grand jour ; ils parlent à tous un langage intelligible pour tous ; tout annonce donc une phase nouvelle pour l’humanité au point de vue moral.
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