Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

Index |  Principe  | Continuer

Le Livre des Esprits — Livre III.

(Langue portugaise)

Chapitre II.


I. LOI D’ADORATION.

1. But de l’adoration. (649-652.)2. Adoration extérieure. (653-656.) — 3. Vie contemplative. (657.) — 4. De la prière. (658-667.) — 5. Polythéisme. (667, 668.) — 6. Sacrifices. (669-673.)


But de l’adoration.


649. En quoi consiste l’adoration ?

1 « C’est l’élévation de la pensée vers Dieu. 2 Par l’adoration, on rapproche son âme de lui. »


650. L’adoration est-elle le résultat d’un sentiment inné, ou le produit d’un enseignement ?

1 « Sentiment inné, comme celui de la Divinité. 2 La conscience de sa faiblesse porte l’homme à se courber devant celui qui peut le protéger. »


651. Y a-t-il eu des peuples dépourvus de tout sentiment d’adoration ?

1 « Non, car il n’y a jamais eu de peuples d’athées. 2 Tous comprennent qu’il y a au-dessus d’eux un être suprême. »


652. Peut-on considérer l’adoration comme ayant sa source dans la loi naturelle ?

1 « Elle est dans la loi naturelle, 2 puisqu’elle est le résultat d’un sentiment inné chez l’homme ; 3 c’est pourquoi on la retrouve chez tous les peuples, quoique sous des formes différentes. »


Adoration extérieure.


653. L’adoration a-t-elle besoin de manifestations extérieures ?

1 « La véritable adoration est dans le cœur. 2 Dans toutes vos actions, songez toujours qu’un maître vous regarde. »


a — L’adoration extérieure est-elle utile ?

1 « Oui, si elle n’est pas un vain simulacre. Il est toujours utile de donner un bon exemple ; 2 mais ceux qui ne le font que par affectation et amour-propre, et dont la conduite dément leur piété apparente, donnent un exemple plus mauvais que bon, et font plus de mal qu’ils ne pensent. »


654. Dieu accorde-t-il une préférence à ceux qui l’adorent de telle ou telle façon ?

1 « Dieu préfère ceux qui l’adorent du fond du cœur, avec sincérité, en faisant le bien et en évitant le mal, à ceux qui croient l’honorer par des cérémonies qui ne les rendent pas meilleurs pour leurs semblables.

2 « Tous les hommes sont frères et enfants de Dieu ; il appelle à lui tous ceux qui suivent ses lois, quelle que soit la forme sous laquelle ils les expriment.

3 « Celui qui n’a que les dehors de la piété est un hypocrite ; celui chez qui l’adoration n’est qu’affectée et en contradiction avec sa conduite, donne un mauvais exemple.

4 « Celui qui fait profession d’adorer le Christ et qui est orgueilleux, envieux et jaloux, qui est dur et implacable pour autrui, ou ambitieux des biens de ce monde, je vous dis que la religion est sur ses lèvres et non dans son cœur ; 5 Dieu, qui voit tout, dira : celui-là qui connaît la vérité est cent fois plus coupable du mal qu’il fait que l’ignorant sauvage du désert, et il sera traité en conséquence, au jour de la justice. 6 Si un aveugle vous renverse en passant, vous l’excusez ; si c’est un homme qui voit clair, vous vous plaignez et vous avez raison.

7 « Ne demandez donc pas s’il y a une forme d’adoration plus convenable, car ce serait demander s’il est plus agréable à Dieu d’être adoré dans une langue plutôt que dans une autre. 8 Je vous dis encore une fois : les chants n’arrivent à lui que par la porte du cœur. »


655. Est-on blâmable de pratiquer une religion à laquelle on ne croit pas dans le fond de son âme, quand on le fait par respect humain et pour ne pas scandaliser ceux qui pensent autrement ?

1 « L’intention, en cela comme en beaucoup d’autres choses, est la règle. 2 Celui qui n’a en vue que de respecter les croyances d’autrui ne fait pas mal ; il fait mieux que celui qui les tournerait en ridicule, car il manquerait de charité ; 3 ais celui qui pratique par intérêt et par ambition est méprisable aux yeux de Dieu et des hommes. 4 Dieu ne peut avoir pour agréables ceux qui n’ont l’air de s’humilier devant lui que pour s’attirer l’approbation des hommes. »


656. L’adoration en commun est-elle préférable à l’adoration individuelle ?

1 « Les hommes réunis par une communion de pensées et de sentiments ont plus de force pour appeler à eux les bons Esprits. Il en est de même quand ils se réunissent pour adorer Dieu. 2 Mais ne croyez pas pour cela que l’adoration particulière soit moins bonne, car chacun peut adorer Dieu en pensant à lui. »


Vie contemplative.


657. Les hommes qui s’adonnent à la vie contemplative, ne faisant aucun mal et ne pensant qu’à Dieu, ont-ils un mérite à ses yeux ?

1 « Non, car s’ils ne font pas de mal, ils ne font pas de bien et sont inutiles ; 2 d’ailleurs ne pas faire de bien est déjà un mal. 3 Dieu veut qu’on pense à lui, mais il ne veut pas qu’on ne pense qu’à lui, puisqu’il a donné à l’homme des devoirs à remplir sur la terre. 4 Celui qui se consume dans la méditation et dans la contemplation ne fait rien de méritoire aux yeux de Dieu, parce que sa vie est toute personnelle et inutile à l’humanité, et Dieu lui demandera compte du bien qu’il n’aura pas fait. » (640.)


De la prière.


658. La prière est-elle agréable à Dieu ?

1 « La prière est toujours agréable à Dieu quand elle est dictée par le cœur, car l’intention est tout pour lui, 2 et la prière du cœur est préférable à celle que tu peux lire, quelque belle qu’elle soit, si tu la lis plus avec les lèvres qu’avec la pensée. 3 La prière est agréable à Dieu quand elle est dite avec foi, ferveur et sincérité ; mais ne crois pas qu’il soit touché de celle de l’homme vain, orgueilleux et égoïste, à moins que ce ne soit de sa part un acte de sincère repentir et de véritable humilité. »


659. Quel est le caractère général de la prière ?

1 « La prière est un acte d’adoration. 2 Prier Dieu, c’est penser à lui ; c’est se rapprocher de lui ; c’est se mettre en communication avec lui. 3 Par la prière, on peut se proposer trois choses : louer, demander, remercier. »


660. La prière rend-elle l’homme meilleur ?

1 « Oui, car celui qui prie avec ferveur et confiance est plus fort contre les tentations du mal, 2 et Dieu lui envoie de bons Esprits pour l’assister. C’est un secours qui n’est jamais refusé quand il est demandé avec sincérité. »


a — Comment se fait-il que certaines personnes qui prient beaucoup sont, malgré cela, d’un très mauvais caractère, jalouses, envieuses, acariâtres ; qu’elles manquent de bienveillance et d’indulgence ; qu’elles soient même quelquefois vicieuses ?

1 « L’essentiel n’est pas de beaucoup prier, mais de bien prier. 2 Ces personnes croient que tout le mérite est dans la longueur de la prière, et ferment les yeux sur leurs propres défauts. 3 La prière est pour elles une occupation, un emploi du temps, mais non une étude d’elles-mêmes. 4 Ce n’est pas le remède qui est inefficace, c’est la manière dont il est employé. »


661. Peut-on prier utilement Dieu de nous pardonner nos fautes ?

1 « Dieu sait discerner le bien et le mal : la prière ne cache pas les fautes. 2 Celui qui demande à Dieu le pardon de ses fautes ne l’obtient qu’en changeant de conduite. 3 Les bonnes actions sont la meilleure des prières, car les actes valent mieux que les paroles. »


662. Peut-on prier utilement pour autrui ?

1 « L’Esprit de celui qui prie agit par sa volonté de faire le bien. Par la prière, il attire à lui les bons Esprits qui s’associent au bien qu’il veut faire. »


2 Nous possédons en nous-mêmes, par la pensée et la volonté, une puissance d’action qui s’étend bien au-delà des limites de notre sphère corporelle. La prière pour autrui est un acte de cette volonté. Si elle est ardente et sincère, elle peut appeler à son aide les bons Esprits, afin de lui suggérer de bonnes pensées et lui donner la force du corps et de l’âme dont il a besoin. 3 Mais là encore la prière du cœur est tout, celle des lèvres n’est rien.


663. Les prières que nous faisons pour nous-mêmes peuvent-elles changer la nature de nos épreuves et en détourner le cours ?

1 « Vos épreuves sont entre les mains de Dieu et il en est qui doivent être subies jusqu’au bout, mais alors Dieu tient toujours compte de la résignation. 2 La prière appelle à vous les bons Esprits qui vous donnent la force de les supporter avec courage, et elles vous paraissent moins dures. 3 Nous l’avons dit, la prière n’est jamais inutile quand elle est bien faite, parce qu’elle donne la force, et c’est déjà un grand résultat. Aide-toi, le Ciel t’aidera, tu sais cela. 4 D’ailleurs, Dieu ne peut changer l’ordre de la nature au gré de chacun, car ce qui est un grand mal à votre point de vue mesquin et à celui de votre vie éphémère est souvent un grand bien dans l’ordre général de l’univers ; 5 et puis, combien n’y a-t-il pas de maux dont l’homme est le propre auteur par son imprévoyance ou par ses fautes ! Il en est puni par où il a péché. 6 Cependant, les demandes justes sont plus souvent exaucées que vous ne pensez ; 7 vous croyez que Dieu ne vous a pas écoutés, parce qu’il n’a pas fait un miracle pour vous, tandis qu’il vous assiste par des moyens tellement naturels qu’ils vous semblent l’effet du hasard ou de la force des choses ; 8 souvent aussi, le plus souvent même, il vous suscite la pensée nécessaire pour vous tirer vous-mêmes d’embarras. »


664. Est-il utile de prier pour les morts et pour les Esprits souffrants, et dans ce cas, comment nos prières peuvent-elles leur procurer du soulagement et abréger leurs souffrances ; ont-elles le pouvoir de faire fléchir la justice de Dieu ?

1 « La prière ne peut avoir pour effet de changer les desseins de Dieu, 2 mais l’âme pour laquelle on prie en éprouve du soulagement, parce que c’est un témoignage d’intérêt qu’on lui donne, et que le malheureux est toujours soulagé quand il trouve des âmes charitables qui compatissent à ses douleurs. 3 D’un autre côté, par la prière on l’excite au repentir et au désir de faire ce qu’il faut pour être heureux ; 4 c’est en ce sens qu’on peut abréger sa peine, si de son côté il seconde par sa bonne volonté. 5 Ce désir d’amélioration, excité par la prière, attire près de l’Esprit souffrant des Esprits meilleurs qui viennent l’éclairer, le consoler et lui donner l’espérance. 6 Jésus priait pour les brebis égarées ; il vous montre par là que vous seriez coupables de ne pas le faire pour ceux qui en ont le plus besoin. »


665. Que penser de l’opinion qui rejette la prière pour les morts, par la raison qu’elle n’est pas prescrite dans l’Évangile ?

1 « Le Christ a dit aux hommes : Aimez-vous les uns les autres. Cette recommandation renferme celle d’employer tous les moyens possibles de leur témoigner de l’affection, sans entrer pour cela dans aucun détail sur la manière d’atteindre ce but. 2 S’il est vrai que rien ne peut détourner le Créateur d’appliquer la justice, dont il est le type, à toutes les actions de l’Esprit, il n’en est pas moins vrai que la prière que vous lui adressez pour celui qui vous inspire de l’affection est pour lui un témoignage de souvenir qui ne peut que contribuer à alléger ses souffrances et le consoler. Dès qu’il témoigne le moindre repentir, et alors seulement, il est secouru ; 3 mais on ne lui laisse jamais ignorer qu’une âme sympathique s’est occupée de lui, et on lui laisse la douce pensée que son intercession lui a été utile. Il en résulte nécessairement de sa part un sentiment de reconnaissance et d’affection pour celui qui lui a donné cette preuve d’attachement ou de pitié ; 4 par conséquent, l’amour que recommandait le Christ aux hommes n’a fait que s’accroître entre eux ; ils ont donc tous deux obéi à la loi d’amour et d’union de tous les êtres, loi divine qui doit amener l’unité, but et fin de l’Esprit. » n


666. Peut-on prier les Esprits ?

1 « On peut prier les bons Esprits comme étant les messagers de Dieu et les exécuteurs de ses volontés ; 2 mais leur pouvoir est en raison de leur supériorité, et relève toujours du maître de toutes choses, sans la permission de qui rien ne se fait ; 3 c’est pourquoi les prières qu’on leur adresse ne sont efficaces que si elles sont agréées par Dieu. »


Polythéisme.


667. Pourquoi le polythéisme est-il une des croyances les plus anciennes et les plus répandues, puisqu’elle est fausse ?

1 « La pensée d’un Dieu unique ne pouvait être chez l’homme que le résultat du développement de ses idées. 2 Incapable dans son ignorance de concevoir un être immatériel, sans forme déterminée, agissant sur la matière, il lui avait donné les attributs de la nature corporelle, c’est-à-dire une forme et une figure, et dès lors tout ce qui lui paraissait dépasser les proportions de l’intelligence vulgaire était pour lui une divinité. 3 Tout ce qu’il ne comprenait pas devait être l’œuvre d’une puissance surnaturelle, et de là à croire à autant de puissances distinctes qu’il voyait d’effets, il n’y avait qu’un pas. 4 Mais dans tous les temps, il y a eu des hommes éclairés qui ont compris l’impossibilité de cette multitude de pouvoirs pour gouverner le monde sans une direction supérieure, et se sont élevés à la pensée d’un Dieu unique. »


668. Les phénomènes spirites s’étant produits dans tous les temps et étant connus dès les premiers âges du monde, n’ont-ils pas pu faire croire à la pluralité des dieux ?

1 « Sans doute, car les hommes appelant dieu tout ce qui était surhumain, les Esprits étaient pour eux des dieux, 2 et c’est pourquoi lorsqu’un homme se distinguait entre tous les autres par ses actions, son génie ou par un pouvoir occulte incompris du vulgaire, on en faisait un dieu, et on lui rendait un culte après sa mort. » (603.)


3 Le mot dieu avait chez les Anciens une acception très étendue ; ce n’était point, comme de nos jours, une personnification du maître de la nature, c’était une qualification générique donnée à tout être placé en dehors des conditions de l’humanité ; 4 or, les manifestations spirites leur ayant révélé l’existence d’êtres incorporels agissant comme puissance de la nature, ils les avaient appelés dieux, comme nous les appelons Esprits, 5 c’est une simple question de mots, avec cette différence que dans leur ignorance, entretenue à dessein par ceux qui y trouvaient leur intérêt, ils leur élevaient des temples et des autels très lucratifs, tandis que pour nous ce sont des simples créatures comme nous, plus ou moins parfaites, et ayant dépouillé leur enveloppe terrestre. 6 Si l’on étudie avec soin les divers attributs des divinités païennes, on y reconnaîtra sans peine tous ceux de nos Esprits à tous les degrés de l’échelle spirite, leur état physique dans les mondes supérieurs, toutes les propriétés du périsprit et le rôle qu’ils jouent dans les choses de la terre.

7 Le Christianisme, en venant éclairer le monde de sa lumière divine, n’a pu détruire une chose qui est dans la nature, mais il a fait reporter l’adoration vers celui à qui elle appartient. 8 Quant aux Esprits, leur souvenir s’est perpétué sous divers noms, selon les peuples, et leurs manifestations, qui n’ont jamais cessé, ont été diversement interprétées, et souvent exploitées sous l’empire du mystère ; 9 tandis que la religion y a vu des phénomènes miraculeux, les incrédules y ont vu de la jonglerie. Aujourd’hui, grâce à une étude plus sérieuse, faite au grand jour, le Spiritisme, dégagé des idées superstitieuses qui l’ont obscurci pendant des siècles, nous révèle un des plus grands et des plus sublimes principes de la nature.


Sacrifices.


669. L’usage des sacrifices humains remonte à la plus haute antiquité. Comment l’homme a-t-il pu être porté à croire que de pareilles choses pussent être agréables à Dieu ?

1 « D’abord, parce qu’il ne comprenait pas Dieu comme étant la source de la bonté ; 2 chez les peuples primitifs, la matière l’emporte sur l’esprit ; ils s’abandonnent aux instincts de la brute, c’est pourquoi ils sont généralement cruels, parce que le sens moral n’est point encore développé en eux. 3 Ensuite, les hommes primitifs devaient croire naturellement qu’une créature animée avait beaucoup plus de prix aux yeux de Dieu qu’un corps matériel. C’est ce qui les a portés à immoler d’abord des animaux, et plus tard des hommes, puisque, suivant leur croyance fausse, ils pensaient que le prix du sacrifice était en rapport avec l’importance de la victime. 4 Dans la vie matérielle, telle que vous la pratiquez pour la plupart, si vous offrez un cadeau à quelqu’un, vous le choisissez toujours d’une valeur d’autant plus grande que vous voulez témoigner à la personne plus d’attachement et de considération. Il devait en être de même des hommes ignorants à l’égard de Dieu. »


a — Ainsi, les sacrifices des animaux auraient précédé les sacrifices humains ?

« Cela n’est pas douteux. »


b — D’après cette explication, les sacrifices humains n’auraient pas leur source dans un sentiment de cruauté ?

1 « Non, mais dans une idée fausse d’être agréable à Dieu. Voyez Abraham. ( † ) 2 Par la suite, les hommes en ont abusé en immolant leurs ennemis, même leurs ennemis particuliers. 3 Du reste, Dieu n’a jamais exigé de sacrifices, pas plus celui des animaux que celui des hommes ; 4 il ne peut être honoré par la destruction inutile de sa propre créature. »


670. Est-ce que les sacrifices humains, accomplis avec une intention pieuse, ont quelquefois pu être agréables à Dieu ?

1 « Non, jamais ; 2 mais Dieu juge l’intention. Les hommes étant ignorants pouvaient croire qu’ils faisaient un acte louable en immolant un de leurs semblables ; dans ce cas, Dieu ne s’attachait qu’à la pensée et non au fait. 3 Les hommes, en s’améliorant, devaient reconnaître leur erreur et réprouver ces sacrifices qui ne devaient pas entrer dans l’idée d’esprits éclairés ; 4 je dis éclairés, parce que les Esprits étaient alors enveloppés du voile matériel ; mais par le libre arbitre, ils pouvaient avoir un aperçu de leur origine et de leur fin, et beaucoup comprenaient déjà, par intuition, le mal qu’ils faisaient, mais ils ne l’accomplissaient pas moins pour satisfaire leurs passions. »


671. Que devons-nous penser des guerres dites sacrées ? Le sentiment qui porte les peuples fanatiques à exterminer le plus possible, en vue d’être agréables à Dieu, ceux qui ne partagent pas leurs croyances, semblerait avoir la même source que celui qui les excitait jadis aux sacrifices de leurs semblables ?

1 « Ils sont poussés par les mauvais Esprits, et en faisant la guerre à leurs semblables ils vont contre la volonté de Dieu qui dit qu’on doit aimer son frère comme soi-même. 2 Toutes les religions, ou plutôt tous les peuples, adorant un même Dieu, qu’il porte un nom ou qu’il en porte un autre, 3 pourquoi leur faire une guerre d’extermination, parce que leur religion est différente ou n’a pas encore atteint le progrès de celle des peuples éclairés ? 4 Les peuples sont excusables de ne pas croire à la parole de celui qui était animé de l’Esprit de Dieu et envoyé par lui, surtout lorsqu’ils ne l’ont pas vu et qu’ils n’ont pas été témoins de ses actes ; et comment voulez-vous qu’ils croient à cette parole de paix, quand vous allez la leur donner le fer à la main ? Ils doivent s’éclairer, et nous devons chercher à leur faire connaître sa doctrine par la persuasion et la douceur, et non par la force et le sang. 5 Pour la plupart, vous ne croyez pas aux communications que nous avons avec certains mortels ; pourquoi voudriez-vous que des étrangers vous crussent sur parole, quand vos actes démentent la doctrine que vous prêchez ? »


672. L’offrande des fruits de la terre, faite à Dieu, avait-elle plus de mérite à ses yeux que le sacrifice des animaux ?

1 « Je vous ai déjà répondu en vous disant que Dieu jugeait l’intention, et que le fait avait peu d’importance pour lui. 2 Il était évidemment plus agréable à Dieu de se voir offrir les fruits de la terre que le sang des victimes. 3 Comme nous vous l’avons dit et vous le répétons toujours, la prière dite du fond du cœur est cent fois plus agréable à Dieu que toutes les offrandes que vous pourriez lui faire. 4 Je répète que l’intention est tout et le fait rien. »


673. N’y aurait-il pas un moyen de rendre ces offrandes plus agréables à Dieu en les consacrant au soulagement de ceux qui manquent du nécessaire, et dans ce cas, le sacrifice des animaux, accompli dans un but utile, ne serait-il pas méritoire, tandis qu’il était abusif alors qu’il ne servait à rien, ou ne profitait qu’à des gens qui ne manquaient de rien ? N’y aurait-il pas quelque chose de vraiment pieux à consacrer aux pauvres les prémices des biens que Dieu nous accorde sur la terre ?

1 « Dieu bénit toujours ceux qui font du bien ; soulager les pauvres et les affligés est le meilleur moyen de l’honorer. 2 Je ne dis pas pour cela que Dieu désapprouve les cérémonies que vous faites pour le prier, mais il y a beaucoup d’argent qui pourrait être employé plus utilement qu’il ne l’est. 3 Dieu aime la simplicité en toutes choses. 4 L’homme qui s’attache au dehors et non au cœur est un esprit à vues étroites ; jugez si Dieu doit s’attacher à la forme plus qu’au fond. »



[1] Réponse donnée par l’Esprit de M. Monod, pasteur protestant de Paris, mort en avril 1856. La réponse précédente, n.º 664, est de l’Esprit de saint Louis.


Il y a deux images de ce chapitre dans le service Google - Recherche de livres (Deuxième édition - 1860) et (Quatorzième édition - 1866.)


Ouvrir