1 Vous voulez, dites-vous, guérir votre siècle d’une manie qui menace d’envahir le monde. Aimeriez-vous mieux que le monde fût envahi par l’incrédulité que vous cherchez à propager ? N’est-ce pas à l’absence de toute croyance qu’il faut attribuer le relâchement des liens de famille et la plupart des désordres qui minent la société ? 2 En démontrant l’existence et l’immortalité de l’âme, le Spiritisme ranime la foi en l’avenir, relève les courages abattus, fait supporter avec résignation les vicissitudes de la vie ; oseriez-vous appeler cela un mal ? 3 Deux doctrines sont en présence : l’une qui nie l’avenir, l’autre qui le proclame et le prouve ; l’une qui n’explique rien, l’autre qui explique tout et par cela même s’adresse à la raison ; l’une est la sanction de l’égoïsme, l’autre donne une base à la justice, à la charité et à l’amour de ses semblables ; la première ne montre que le présent et anéantit toute espérance, la seconde console et montre le vaste champ de l’avenir ; quelle est la plus pernicieuse ?
4 Certaines gens, et parmi les plus sceptiques, se font les apôtres de la fraternité et du progrès ; mais la fraternité suppose le désintéressement, l’abnégation de la personnalité ; avec la véritable fraternité, l’orgueil est une anomalie. 5 De quel droit imposez-vous un sacrifice à celui à qui vous dites que quand il est mort tout est fini pour lui ; que demain peut-être il ne sera pas plus qu’une vieille machine disloquée et jetée à la borne ? Quelle raison a-t-il de s’imposer une privation quelconque ? N’est-il pas plus naturel que pendant les courts instants que vous lui accordez, il cherche à vivre le mieux possible ? 6 De là le désir de posséder beaucoup pour mieux jouir ; de ce désir naît la jalousie contre ceux qui possèdent plus que lui ; et de cette jalousie à l’envie de prendre ce qu’ils ont, il n’y a qu’un pas. Qu’est-ce qui le retient ? Est-ce la loi ? 7 Mais la loi n’atteint pas tous les cas. Direz-vous que c’est la conscience, le sentiment du devoir ? Mais sur quoi basez-vous le sentiment du devoir ? Ce sentiment a-t-il une raison d’être avec la croyance que tout finit avec la vie ? 8 Avec cette croyance une seule maxime est rationnelle : chacun pour soi ; les idées de fraternité, de conscience, de devoir, d’humanité, de progrès même, ne sont que de vains mots. 9 Oh ! vous qui proclamez de semblables doctrines, vous ne savez pas tout le mal que vous faites à la société, ni de combien de crimes vous assumez la responsabilité ! Mais que parlé-je de responsabilité ? Pour le sceptique, il n’y en a point ; il ne rend hommage qu’à la matière.
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- Recherche de livres (Deuxième
édition - 1860) et (Quatorzième
édition - 1866.)