Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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L’Évangile.

(Langue portugaise)

Chapitre XXI.


IL Y AURA DE FAUX CHRISTS ET DE FAUX PROPHÈTES.

On connaît l’arbre à son fruit. (1-3.) — Mission des prophètes. (4.) — Prodiges des faux prophètes. (5.) — Ne croyez point à tous les Esprits. (6, 7.) — Instructions des Esprits : Les faux prophètes. (8.) — Caractères du vrai prophète. (9.) — Les faux prophètes de l’erraticité. (10.) — Jérémie et les faux prophètes. (11.)


On connaît l’arbre à son fruit.


1. L’arbre qui produit de mauvais fruits n’est pas bon, et l’arbre qui produit de bons fruits n’est pas mauvais ; — car chaque arbre se connaît à son propre fruit. On ne cueille point de figues sur des épines, et l’on ne coupe point de grappes de raisin sur des ronces. — L’homme de bien tire de bonnes choses du bon trésor de son cœur, et le méchant en tire de mauvaises du mauvais trésor de son cœur ; car la bouche parle de la plénitude du cœur. (Saint Luc, ch. VI, v. 43, 44, 45.)


2. Gardez-vous des faux prophètes qui viennent à vous couverts de peaux de brebis, et qui au-dedans sont des loups ravisseurs. — Vous les connaîtrez par leurs fruits. Peut-on cueillir des raisins sur des épines ou des figues sur des ronces ? — Ainsi tout arbre qui est bon produit de bons fruits, et tout arbre qui est mauvais produit de mauvais fruits. — Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, et un mauvais arbre ne peut en produire de bons. — Tout arbre qui ne produit point de bons fruits sera coupé et jeté au feu. — Vous les connaîtrez donc à leurs fruits. (Saint Matthieu, ch. VII, v. 15 à 20.)


3. Prenez garde que quelqu’un vous séduise ; — parce que plusieurs viendront sous mon nom, disant : « Je suis le Christ, » et ils en séduiront plusieurs.

Il s’élèvera plusieurs faux prophètes qui séduiront beaucoup de personnes ; — et parce que l’iniquité abondera, la charité de plusieurs se refroidira. — Mais celui-là sera sauvé qui persévérera jusqu’à la fin.

Alors si quelqu’un vous dit : Le Christ est ici, ou il est là, ne le croyez point ; — car il s’élèvera de faux Christs et de faux prophètes qui feront de grands prodiges et des choses étonnantes, jusqu’à séduire, s’il était possible, les élus même. (Saint Matthieu, chap. XXIV, v. 4, 5, 11, 12, 13, 23, 24.Saint Marc, ch. XIII, v. 5, 6, 21, 22.)


Mission des prophètes.


4. On attribue vulgairement aux prophètes le don de révéler l’avenir, de sorte que les mots prophéties et prédictions sont devenus synonymes. 2 Dans le sens évangélique, le mot prophète a une signification plus étendue ; il se dit de tout envoyé de Dieu avec mission d’instruire les hommes et de leur révéler les choses cachées et les mystères de la vie spirituelle. 3 Un homme peut donc être prophète sans faire de prédictions ; cette idée était celle des Juifs au temps de Jésus ; c’est pourquoi, lorsqu’il fut amené devant le grand prêtre Caïphe, les Scribes et les Anciens, étant assemblés, lui crachèrent au visage, le frappèrent à coups de poing et lui donnèrent des soufflets, en disant : « Christ, prophétise-nous, et dis qui est celui qui t’a frappé. » 4 Cependant il est arrivé que des prophètes ont eu la prescience de l’avenir, soit par intuition, soit par révélation providentielle, afin de donner aux hommes des avertissements ; ces événements s’étant accomplis, le don de prédire l’avenir a été regardé comme un des attributs de la qualité de prophète.


Prodiges de faux prophètes.


5. « Il s’élèvera de faux christs et de faux prophètes qui feront de grands prodiges et des choses étonnantes à séduire les élus même. » Ces paroles donnent le véritable sens du mot prodige. 2 Dans l’acception théologique, les prodiges et les miracles sont des phénomènes exceptionnels, en dehors des lois de la nature. 3 Les lois de la nature étant l’œuvre de Dieu seul, il peut sans doute y déroger si cela lui plaît, mais le simple bon sens dit qu’il ne peut avoir donné à des êtres inférieurs et pervers un pouvoir égal au sien, et encore moins le droit de défaire ce qu’il a fait. Jésus ne peut avoir consacré un tel principe. 4 Si donc, selon le sens que l’on attache à ces paroles, l’Esprit du mal a le pouvoir de faire des prodiges tels que les élus même y soient trompés, il en résulterait que, pouvant faire ce que Dieu fait, les prodiges et les miracles ne sont pas le privilège exclusif des envoyés de Dieu, et ne prouvent rien, puisque rien ne distingue les miracles des saints des miracles du démon. 5 Il faut donc chercher un sens plus rationnel à ces paroles.

6 Aux yeux du vulgaire ignorant, tout phénomène dont la cause est inconnue passe pour surnaturel, merveilleux et miraculeux ; la cause une fois connue, on reconnaît que le phénomène, si extraordinaire qu’il paraisse, n’est autre chose que l’application d’une loi de nature. 7 C’est ainsi que le cercle des faits surnaturels se rétrécit à mesure que s’étend celui de la science. 8 De tout temps des hommes ont exploité, au profit de leur ambition, de leur intérêt et de leur domination, certaines connaissances qu’ils possédaient, afin de se donner le prestige d’un pouvoir soi-disant surhumain ou d’une prétendue mission divine. Ce sont là de faux christs et de faux prophètes ; la diffusion des lumières tue leur crédit, c’est pourquoi le nombre en diminue à mesure que les hommes s’éclairent. 9 Le fait d’opérer ce qui, aux yeux de certaines gens, passe pour des prodiges, n’est donc point le signe d’une mission divine, puisqu’il peut résulter de connaissances que chacun peut acquérir, ou de facultés organiques spéciales, que le plus indigne peut posséder aussi bien que le plus digne. 10 Le vrai prophète se reconnaît à des caractères plus sérieux, et exclusivement moraux.


Ne croyez point à tous les Esprits.


6. Mes bien-aimés, ne croyez point à tout Esprit, mais éprouvez si les Esprits sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes se sont élevés dans le monde. (Saint Jean, épître 1º, chap. IV, v. 1.)


7. Les phénomènes spirites, loin d’accréditer les faux christs et les faux prophètes, comme quelques-uns affectent de le dire, viennent au contraire leur porter un dernier coup. 2 Ne demandez pas au Spiritisme des miracles ni des prodiges, car il déclare formellement qu’il n’en produit point ; 3 comme la physique, la chimie, l’astronomie, la géologie sont venues révéler les lois du monde matériel, il vient révéler d’autres lois inconnues, celles qui régissent les rapports du monde corporel et du monde spirituel, et qui, comme leurs aînées de la science, n’en sont pas moins des lois de nature ; 4 en donnant l’explication d’un certain ordre de phénomènes incompris jusqu’à ce jour, il détruit ce qui restait encore dans le domaine du merveilleux. 5 Ceux donc qui seraient tentés d’exploiter ces phénomènes à leur profit, en se faisant passer pour des messies de Dieu, ne pourraient abuser longtemps de la crédulité, et seraient bientôt démasqués. 6 D’ailleurs, ainsi qu’il a été dit, ces phénomènes seuls ne prouvent rien : la mission se prouve par des effets moraux qu’il n’est pas donné au premier venu de produire. 7 C’est là un des résultats du développement de la science spirite ; en scrutant la cause de certains phénomènes, elle lève le voile sur bien des mystères. Ceux qui préfèrent l’obscurité à la lumière ont seuls intérêt à la combattre ; mais la vérité est comme le soleil : elle dissipe les plus épais brouillards.

8 Le Spiritisme vient révéler une autre catégorie bien plus dangereuse de faux Christs et de faux prophètes, qui se trouvent, non parmi les hommes, mais parmi les désincarnés : c’est celle des Esprits trompeurs, hypocrites, orgueilleux et faux savants qui, de la terre, sont passés dans l’erraticité, et se parent de noms vénérés pour chercher, à la faveur du masque dont ils se couvrent, à accréditer les idées souvent les plus bizarres et les plus absurdes. 9 Avant que les rapports médianimiques fussent connus, ils exerçaient leur action d’une manière moins ostensible, par l’inspiration, la médiumnité inconsciente, auditive ou parlante. 10 Le nombre de ceux qui, à diverses époques, mais dans ces derniers temps surtout, se sont donnés pour quelques-uns des anciens prophètes, pour le Christ, pour Marie, mère du Christ, et même pour Dieu, est considérable. 11 Saint Jean met en garde contre eux quand il dit : « Mes bien-aimés, ne croyez point à tout Esprit, mais éprouvez si les Esprits sont de Dieu ; car plusieurs faux prophètes se sont élevés dans le monde. » 12 Le Spiritisme donne les moyens de les éprouver en indiquant les caractères auxquels on reconnaît les bons Esprits, n caractères toujours moraux et jamais matériels13 C’est au discernement des bons et des mauvais Esprits que peuvent surtout s’appliquer ces paroles de Jésus : « On reconnaît la qualité de l’arbre à son fruit ; un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, et un mauvais arbre ne peut en produire de bons. » 14 On juge les Esprits à la qualité de leurs œuvres, comme un arbre à la qualité de ses fruits.


INSTRUCTIONS DES ESPRITS.

Les faux prophètes.


8. Si l’on vous dit : « Christ est ici, » n’y allez pas, mais, au contraire, tenez-vous sur vos gardes, car les faux prophètes seront nombreux. 2 Mais ne voyez-vous pas les feuilles du figuier qui commencent à blanchir ; ne voyez-vous pas leurs pousses nombreuses attendant l’époque de la floraison, et Christ ne vous a-t-il pas dit : On reconnaît un arbre à son fruit ? Si donc les fruits sont amers, vous jugez que l’arbre est mauvais ; mais s’ils sont doux et salutaires, vous dites : Rien de pur ne peut sortir d’une souche mauvaise.

3 C’est ainsi, mes frères, que vous devez juger ; ce sont les œuvres que vous devez examiner.  4 Si ceux qui se disent revêtus de la puissance divine sont accompagnés de toutes les marques d’une pareille mission, c’est-à-dire s’ils possèdent au plus haut degré les vertus chrétiennes et éternelles : la charité, l’amour, l’indulgence, la bonté qui concilie tous les cœurs ; si, à l’appui des paroles, ils joignent les actes, alors vous pourrez dire : Ceux-ci sont bien réellement les envoyés de Dieu.

5 Mais méfiez-vous des paroles mielleuses, méfiez-vous des scribes et des pharisiens qui prient dans les places publiques, vêtus de longues robes. Méfiez-vous de ceux qui prétendent avoir le seul et unique monopole de la vérité !

6 Non, non, Christ n’est point là, car ceux qu’il envoie propager sa sainte doctrine, et régénérer son peuple, seront, à l’exemple du Maître, doux et humbles de cœur par-dessus toutes choses ; 7 ceux qui doivent, par leurs exemples et leurs conseils, sauver l’humanité courant à sa perte et vagabondant dans des routes tortueuses, ceux-là seront par-dessus tout modestes et humbles. 8 ce qui révèle un atome d’orgueil, fuyez-le comme une lèpre contagieuse qui corrompt tout ce qu’elle touche. 9 Rappelez-vous que chaque créature porte sur son front, mais dans ses actes surtout, le cachet de sa grandeur ou de sa décadence.

10 Allez donc, mes enfants bien-aimés, marchez sans tergiversations, sans arrière-pensées, dans la route bénie que vous avez entreprise. Allez, allez toujours sans crainte ; éloignez courageusement tout ce qui pourrait entraver votre marche vers le but éternel. 11 Voyageurs, vous ne serez que bien peu de temps encore dans les ténèbres et les douleurs de l’épreuve, si vous laissez aller vos cœurs à cette douce doctrine qui vient vous révéler les lois éternelles, et satisfaire toutes les aspirations de votre âme vers l’inconnu. Dès à présent, vous pouvez donner un corps à ces sylphes légers que vous voyiez passer dans vos rêves, et qui, éphémères, ne pouvaient que charmer votre esprit, mais ne disaient rien à votre cœur. Maintenant, mes aimés, la mort a disparu pour faire place à l’ange radieux que vous connaissez, l’ange du revoir et de la réunion ! 12 Maintenant, vous qui avez bien accompli la tâche imposée par le Créateur, vous n’avez plus rien à craindre de sa justice, car il est père et pardonne toujours à ses enfants égarés qui crient miséricorde. 13 Continuez donc, avancez sans cesse ; que votre devise soit celle du progrès, du progrès continu en toutes choses, jusqu’à ce que vous arriviez enfin à ce terme heureux où vous attendent tous ceux qui vous ont précédés. (LOUIS. Bordeaux, 1861.)


Caractères du vrai prophète.


9. Défiez-vous des faux prophètes. Cette recommandation est utile dans tous les temps, mais surtout dans les moments de transition où, comme dans celui-ci, s’élabore une transformation de l’humanité, car alors une foule d’ambitieux et d’intrigants se posent en réformateurs et en messies. 2 C’est contre ces imposteurs qu’il faut se tenir en garde, et il est du devoir de tout honnête homme de les démasquer. Vous demanderez sans doute comment on peut les reconnaître ; voici leur signalement :

3 On ne confie le commandement d’une armée qu’à un général habile et capable de la diriger ; croyez-vous donc que Dieu soit moins prudent que les hommes ? Soyez certains qu’il ne confie les missions importantes qu’à ceux qu’il sait capables de les remplir, car les grandes missions sont de lourds fardeaux qui écraseraient l’homme trop faible pour les porter. 4 Comme en toutes choses le maître doit en savoir plus que l’écolier ; pour faire avancer l’humanité moralement et intellectuellement, il faut des hommes supérieurs en intelligence et en moralité ! c’est pourquoi ce sont toujours des Esprits déjà très avancés ayant fait leurs preuves dans d’autres existences, qui s’incarnent dans ce but ; car s’ils ne sont pas supérieurs au milieu dans lequel ils doivent agir, leur action sera nulle.

5 Ceci posé, concluez que le vrai missionnaire de Dieu doit justifier sa mission par sa supériorité, par ses vertus, par la grandeur, par le résultat et l’influence moralisatrice de ses œuvres. 6 Tirez encore cette conséquence, que s’il est, par son caractère, par ses vertus, par son intelligence, au-dessous du rôle qu’il se donne, ou du personnage sous le nom duquel il s’abrite, ce n’est qu’un histrion de bas étage qui ne sait pas même copier son modèle.

7 Une autre considération, c’est que la plupart des vrais missionnaires de Dieu s’ignorent eux-mêmes ; ils accomplissent ce à quoi ils sont appelés, par la force de leur génie secondé par la puissance occulte qui les inspire et les dirige à leur insu, mais sans dessein prémédité. 8 En un mot, les vrais prophètes se révèlent par leurs actes : on les devine ; tandis que les faux prophètes se posent eux-mêmes comme les envoyés de Dieu ; le premier est humble et modeste ; le second est orgueilleux et plein de lui-même ; il parle avec hauteur, et, comme tous les menteurs, il semble toujours craindre de n’être pas cru.

9 On a vu de ces imposteurs se donner pour les apôtres du Christ, d’autres pour le Christ lui-même, et ce qui est à la honte de l’humanité, c’est qu’ils ont trouvé des gens assez crédules pour ajouter foi à de pareilles turpitudes. Une considération bien simple cependant devrait ouvrir les yeux du plus aveugle, c’est que si le Christ se réincarnait sur la terre, il y viendrait avec toute sa puissance et toutes ses vertus, à moins d’admettre, ce qui serait absurde, qu’il eût dégénéré ; 10 or, de même que si vous ôtez à Dieu un seul de ses attributs vous n’aurez plus Dieu, si vous ôtez une seule des vertus du Christ, vous n’avez plus le Christ. 11 Ceux qui se donnent pour le Christ ont-ils toutes ses vertus ? Là est la question ; regardez ; scrutez leurs pensées et leurs actes, et vous reconnaîtrez qu’ils manquent par-dessus tout des qualités distinctives du Christ : l’humilité et la charité, tandis qu’ils ont ce qu’il n’avait pas : la cupidité et l’orgueil. 12 Remarquez d’ailleurs qu’il y a dans ce moment, et dans différents pays, plusieurs prétendus Christs, comme il y a plusieurs prétendus Élie, saint Jean ou saint Pierre, et que nécessairement ils ne peuvent être tous véritables. Tenez pour certain que ce sont des gens qui exploitent la crédulité et trouvent commode de vivre aux dépens de ceux qui les écoutent.

13 Défiez-vous donc des faux prophètes, surtout dans un temps de rénovation, parce que beaucoup d’imposteurs se diront les envoyés de Dieu ; ils se procurent une vaniteuse satisfaction sur la terre, mais une terrible justice les attend, vous pouvez en être certains. (ERASTE. Paris, 1862.)


Les faux prophètes de l’erraticité.


10. Les faux prophètes ne sont pas seulement parmi les incarnés ; ils sont aussi, et en bien plus grand nombre, parmi les Esprits orgueilleux qui, sous de faux-semblants d’amour et de charité, sèment la désunion et retardent l’œuvre émancipatrice de l’humanité, 2 en jetant à la traverse leurs systèmes absurdes qu’ils font accepter par leurs médiums ; et pour mieux fasciner ceux qu’ils veulent abuser, pour donner plus de poids à leurs théories, ils se parent sans scrupule de noms que les hommes ne prononcent qu’avec respect.

3 Ce sont eux qui sèment des ferments d’antagonisme entre les groupes, qui les poussent à s’isoler les uns des autres, et à se voir d’un mauvais œil.  4 Cela seul suffirait pour les démasquer ; car, en agissant ainsi, ils donnent eux-mêmes le plus formel démenti à ce qu’ils prétendent être. Aveugles donc sont les hommes qui se laissent prendre à un piège aussi grossier.

5 Mais il y a bien d’autres moyens de les reconnaître. Des Esprits de l’ordre auquel ils disent appartenir, doivent être non seulement très bons, mais, en outre, éminemment rationnels. Eh bien, passez leurs systèmes au tamis de la raison et du bon sens, et vous verrez ce qui en restera. 6 Convenez donc avec moi que, toutes les fois qu’un Esprit indique, comme remède aux maux de l’humanité, ou comme moyens d’arriver à sa transformation, des choses utopiques et impraticables, des mesures puériles et ridicules ; quand il formule un système contredit par les plus vulgaires notions de la science, ce ne peut être qu’un Esprit ignorant et menteur.

7 D’un autre côté, croyez bien que si la vérité n’est pas toujours appréciée par les individus, elle l’est toujours par le bon sens des masses, et c’est encore là un critérium. 8 Si deux principes se contredisent, vous aurez la mesure de leur valeur intrinsèque en cherchant celui qui trouve le plus d’échos et de sympathies ; 9 il serait illogique, en effet, d’admettre qu’une doctrine qui verrait diminuer le nombre de ses partisans fût plus vraie que celle qui voit les siens s’augmenter. 10 Dieu, voulant que la vérité arrive à tous, ne la confine pas dans un cercle restreint : il la fait surgir sur différents points, afin que partout la lumière soit à côté des ténèbres.

11 Repoussez impitoyablement tous ces Esprits qui se donnent comme conseils exclusifs, en prêchant la division et l’isolement. 12 Ce sont presque toujours des Esprits vaniteux et médiocres, qui tendent à s’imposer aux hommes faibles et crédules, en leur prodiguant des louanges exagérées, afin de les fasciner et de les tenir sous leur domination. 13 Ce sont généralement des Esprits affamés de pouvoir, qui, despotes publics ou privés de leur vivant, veulent avoir encore des victimes à tyranniser après leur mort. 14 En général, défiez-vous des communications qui portent un caractère de mysticisme et d’étrangeté, ou qui prescrivent des cérémonies et des actes bizarres ; il y a toujours alors un motif légitime de suspicion.

15 D’un autre côté, croyez bien que lorsqu’une vérité doit être révélée à l’humanité, elle est pour ainsi dire instantanément communiquée dans tous les groupes sérieux qui possèdent de sérieux médiums, et non pas à tels ou tels, à l’exclusion des autres. 16 Nul n’est parfait médium s’il est obsédé, et il y a obsession manifeste lorsqu’un médium n’est apte qu’à recevoir les communications d’un Esprit spécial, si haut que celui-ci cherche à se placer lui-même. 17 En conséquence, tout médium, tout groupe qui se croient privilégiés par des communications que seuls ils peuvent recevoir, et qui, d’autre part, sont assujettis à des pratiques qui frisent la superstition, sont indubitablement sous le coup d’une obsession des mieux caractérisées, 18 surtout quand l’Esprit dominateur se targue d’un nom que tous, Esprits et incarnés, nous devons honorer et respecter, et ne pas laisser commettre à tout propos.

19 Il est incontestable qu’en soumettant au creuset de la raison et de la logique toutes les données et toutes les communications des Esprits, il sera facile de repousser l’absurdité et l’erreur. 20 Un médium peut être fasciné, un groupe abusé ; mais le contrôle sévère des autres groupes, mais la science acquise, et la haute autorité morale des chefs de groupe, mais des communications des principaux médiums qui reçoivent un cachet de logique et d’authenticité de nos meilleurs Esprits, feront rapidement justice de ces dictées mensongères et astucieuses émanées d’une tourbe d’Esprits trompeurs ou méchants. (ERASTE, disciple de saint Paul. Paris, 1862.)


(Voir à l’Introduction le paragraphe : II. Contrôle universel de l’enseignement des Esprits. — Livre des médiums, chap. XXIII, De l’obsession.)


Jérémie et les faux prophètes.


11. Voici ce que dit le Seigneur des armées : N’écoutez point les paroles des prophètes qui vous prophétisent et qui vous trompent. Ils publient les visions de leur cœur, et non ce qu’ils ont appris de la bouche du Seigneur. — Ils disent à ceux qui me blasphèment : Le Seigneur l’a dit, vous aurez la paix ; et à tous ceux qui marchent dans la corruption de leur cœur : Il ne vous arrivera point de mal. — Mais qui d’entre eux a assisté au conseil de Dieu ; qui l’a vu et qui a entendu ce qu’il a dit ? — Je n’envoyais point ces prophètes, et ils couraient d’eux-mêmes ; je ne leur parlais point, et ils prophétisaient de leur tête. — J’ai entendu ce qu’ont dit ces prophètes qui prophétisent le mensonge en mon nom ; en disant : J’ai songé, j’ai songé. — Jusques à quand cette imagination sera-t-elle dans le cœur des prophètes qui prophétisent le mensonge, et dont les prophéties ne sont que les séductions de leur cœur ? Si donc ce peuple, ou un prophète, ou un prêtre vous interroge et vous dit : Quel est le fardeau du Seigneur ? Vous lui direz : C’est vous-même qui êtes le fardeau, et je vous jetterai bien loin de moi, dit le Seigneur. (JEREMIE, ch. XXIII, v. 16, 17, 18, 21, 25, 26, 33.)


2 C’est sur ce passage du prophète Jérémie que je vais vous entretenir, mes amis. Dieu, parlant par sa bouche, dit : « C’est la vision de leur cœur qui les fait parler. »  3 Ces mots indiquent clairement que déjà, à cette époque, les charlatans et les exaltés abusaient du don de prophétie et l’exploitaient. 4 Ils abusaient, par conséquent, de la foi simple et presque aveugle du peuple en prédisant pour de l’argent de bonnes et agréables choses. 5 Cette sorte de tromperie était assez générale chez la nation juive, et il est facile de comprendre que le pauvre peuple, dans son ignorance, était dans l’impossibilité de distinguer les bons d’avec les mauvais, et il était toujours plus ou moins dupe de ces soi-disant prophètes qui n’étaient que des imposteurs ou des fanatiques. 6 Y a-t-il rien de plus significatif que ces paroles : « Je n’ai point envoyé ces prophètes-là, et ils ont couru d’eux-mêmes ; je ne leur ai point parlé, et ils ont prophétisé ? » 7 Plus loin il dit : « J’ai entendu ces prophètes qui prophétisent le mensonge en mon nom, en disant : J’ai songé, j’ai songé ; » il indiquait ainsi un des moyens employés pour exploiter la confiance qu’on avait en eux. La multitude, toujours crédule, ne pensait point à contester la véracité de leurs songes ou de leurs visions ; elle trouvait cela tout naturel et invitait toujours ces prophètes à parler.

8 Après les paroles du prophète, écoutez les sages conseils de l’apôtre saint Jean, quand il dit : « Ne croyez point à tout Esprit, mais éprouvez si les Esprits sont de Dieu ; » car parmi les invisibles il en est aussi qui se plaisent à faire des dupes quand ils en trouvent l’occasion.  9 Ces dupes sont, bien entendu, les médiums qui ne prennent pas assez de précautions. 10 Là est sans contredit un des plus grands écueils, contre lequel beaucoup viennent se briser, surtout quand ils sont novices dans le Spiritisme. C’est pour eux une épreuve dont ils ne peuvent triompher que par une grande prudence. 11 Apprenez donc, avant toute chose, à distinguer les bons et les mauvais Esprits, pour ne pas devenir vous-mêmes de faux prophètes. (LUOZ, Esp. protect. Karlsruhe, 1861.)



[1] Voir, pour la distinction des Esprits, Livre des Médiums, ch. 24 et suiv.


Il y a une image de ce chapitre dans le service Google - Recherche de livres (Quatrième édition - 1868).


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